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Actu Maroc

Covid-19 et sécheresse : La résilience du secteur bancaire se précise


Rédigé par A.CHANNAJE Mercredi 30 Juin 2021

Les banques marocaines ont réussi à absorber le choc de la pandémie Covid-19 et de la morosité de la conjoncture économique. Une performance applaudie par The Banker Magazine.



Lorsque la pandémie de Covid-19 a frappé pour la première fois, le Maroc était déjà en proie à une sécheresse persistante qui avait durement touché son économie. La crise sanitaire a aggravé les défis économiques auxquels le pays est confronté, une économie largement basée sur les services et une destination touristique régionale majeure, et a mis son secteur bancaire - l’un des plus matures et robustes d’Afrique - sous les projecteurs.

« Le secteur bancaire marocain joue un rôle clé dans l’ économie, avec des actifs bancaires représentant 124% du PIB en 2019. Cela a donné au gouvernement une latitude considérable pour déployer une réponse forte à la crise de Covid-19 début 2020 », indique The Banker Magazine. Bank Al-Maghrib (BAM) a répondu par une série de mesures qui ont permis au secteur de rester résilient jusqu’au milieu de 2021, malgré les défis auxquels sont confrontées les banques et l’économie dans son ensemble, ajoute la publication britannique du Groupe Financial Times dans une analyse, publiée le 24 juin.

Les mesures de Bank Al-Maghrib soutiennent la croissance du crédit

« L’une des premières mesures introduites par BAM au début de la pandémie a été un programme de moratoire sur les prêts. Il était l’un des plus courts de la région, arrivant à échéance fin juin 2020, à l’exception des prêts dans les secteurs du tourisme et des transports. Les prêts sous moratoire ne représentaient que 10 % du total des prêts en décembre 2020, selon le FMI », peuton lire dans ladite analyse. Bank Al-Maghrib a concentré davantage ses efforts sur la fourniture de liquidités aux entreprises touchées par la crise.

La banque centrale a débloqué 3,3 milliards de dollars de dépenses d’urgence et a apporté un soutien au secteur bancaire par le biais d’un soutien en liquidités aux micro, petites et moyennes entreprises et avec le lancement du programme Caisse centrale de garantie, ou prêt garanti par l’État, détaille le magazine.

Toujours selon ledit magazine, ce programme a joué un rôle essentiel dans le soutien du secteur, la banque centrale ayant étendu 55 milliards de DH en 2020. Ce qui équivaut, d’après le magazine, entre 5% et 6% du PIB. Ces prêts bénéficiaient de garanties de l’État pour 80 à 95 % du montant total, avec des taux d’intérêt fixés à 3,5 % et un remboursement étalé sur sept ans, ainsi qu’un différé d’amortissement de deux ans, précise-t-on. « Ces mesures, prises rapidement, ont eu un impact extrêmement positif sur l’ensemble de l’activité bancaire, tant sur les positions en dirhams qu’en devises», souligne, au magazine, Brahim Benjelloun- Touimi, DG de Bank of Africa.

Le seuil minimum du ratio de solvabilité maintenu jusqu’en juin 2022

Autre enseignement de cette analyse est que les banques ont également eu la liberté de se refinancer en dirhams ou en devises étrangères, et les critères de garantie ont été assouplis pour soutenir le refinancement des banques et des entreprises.

BAM a annoncé qu’elle maintiendrait jusqu’en juin 2022 le seuil minimum de deux ratios de solvabilité, «Core Tier 1 » et « Core Tier 2 », à respectivement 8,5% et 11,5%, contre 9% et 12% précédemment. De même, la banque centrale a autorisé l’utilisation d’actifs liquides de qualité inférieure au ratio minimum de couverture de liquidité de 100 %. Entre décembre 2019 et juin 2020, elle a également réduit son taux directeur de 75 points de base cumulés, à 1,5 %, afin de soutenir la croissance du crédit.

 Toutes ces politiques ont eu l’effet désiré : la croissance du crédit au secteur privé a été proche de 4 % en 2020, principalement soutenue par le programme Caisse centrale de garantie. Les crédits débiteurs et de trésorerie représentent 40 % de la progression des encours bruts, suivis des crédits accordés en pension livrée.

« Du point de vue des agences de notation, les mesures d’allégement de la dette sont en quelque sorte négatives pour le crédit car elles nuisent à la transparence des mesures de qualité des actifs déclarées, mais du point de vue des emprunteurs, elles soulagent positivement les pressions à court terme sur leurs flux de trésorerie, et pour les banques, cela atténue temporairement les pressions sur leurs profils de crédit », explique Jamal El Mellali, analyste à Fitch Ratings, au magazine britannique.

La qualité des actifs devrait encore se détériorer en 2021

Durant l’année à venir, the Banker Magazine pense que la qualité des actifs devrait encore se détériorer en 2021, les prêts devant ralentir à mesure que les dépenses de relance s’amenuisent. Les agences de notation internationales ont déjà dégradé la note des quatre plus grandes banques marocaines, avertissant que le soutien du gouvernement à leur égard sera beaucoup plus limité en 2021.

Pourtant, le magazine estime que les perspectives à moyen terme sont positives, soulignant que « le Maroc reste une plaque tournante financière majeure pour la région et le continent, et le secteur bancaire est stable, les banques restant rentables et bien approvisionnées ».

D’après le magazine, il existe quand même de nombreuses raisons d’être optimiste. « Fitch rapporte que les mesures de rentabilité des banques ont augmenté au premier trimestre 2021, la rentabilité devant être raisonnablement saine cette année car les efforts de provisionnement tirent à leur fin et parce que les banques ne contribueront pas au Fonds de solidarité de l’État Covid-19 comme elles l’ont fait l’année dernière ».

« Le coût du crédit sera forcément impacté par la hausse du coût du risque. En effet, les conséquences économiques de la crise sanitaire devraient s’étendre de 2020 à 2022 », précise M. Benjelloun-Touimi. Par ailleurs, les banques marocaines sont bien positionnées pour rebondir à moyen terme car nombre d’entre elles ont une forte présence panafricaine. Moody’s note que l’Afrique subsaharienne représente 18% des prêts combinés des quatre grandes banques marocaines, explique le magazine.

Même avis partagé par Fitch Rating qui prédit qu’à moyen terme, « l’Afrique subsaharienne continuera d’être un puissant moteur de croissance pour les banques panafricaines du Maroc, car la pénétration des prêts est faible et les taux d’intérêt sont beaucoup plus élevés dans d’autres pays africains ».
 
A. CHANNAJE

Un secteur très concentré

Le secteur bancaire marocain est très concentré, les quatre principaux prêteurs du pays - Attijariwafa Bank, Groupe Banque Centrale Populaire (BCP), BMCE et Crédit du Maroc (CDM) - représentant 88 % du total des prêts. Il existe 10 établissements de crédit cotés à la Bourse de Casablanca, dont six banques et cinq sociétés de financement, et ils représentent la plus grande tranche de capitalisation boursière, 33,8% en décembre 2020, selon les données d’Attijariwafa Bank.
Selon BMCE Capital Research, le résultat net global des six groupes bancaires a augmenté de 2,7% sur l’année écoulée jusqu’en avril 2021, atteignant un peu plus de 66 milliards de dirhams. Au total, Bank Al-Maghrib a mis à disposition du secteur 400 milliards de dirhams, soit plus de 40 % du total du bilan du secteur.

 
Ratio de solvabilité

En vertu des accords de Bâle II, le ratio de solvabilité est scindé en deux éléments.
Le premier ratio dit « Tier 1 », au minimum égal à 4 % des risques, doit comporter du capital sans risque. Il est lui-même décomposé en deux sous-ratios : le « Core Tier 1 », de 2 % minimum, qui ne prend en compte pour le calcul des fonds propres que les actions et les réserves constituées des bénéfices non distribués, et le « Core Tier 2 » - également de 2 % des risques pondérés au minimum, qui intègre les titres super subordonnés (obligations à caractère perpétuel) ou certains titres hybrides présentant d’étroites ressemblances avec le capital.
Le second ratio, dit « Tier 2 », est lui aussi au minimum égal à 4 %, intègre des éléments de fonds propres complémentaires qui ne peuvent toutefois excéder 100 % des fonds propres pris en compte dans le « Tier 1 ».


Quatre banques marocaines dans le Top 25 africain
 
The Banker a dévoilé le classement de 1.000 premières banques mondiales. En Afrique, le Top 25 est dominé par l’Afrique du Sud et l’Egypte qui placent chacune 6 banques ainsi que le Nigeria (5 banques). Avec 4 banques figurant dans le Top 25 africain, le Maroc reste le quatrième pays le plus représenté. Et c’est Attijariwafa bank (AWB) qui arrive en tête parmi les banques nationales. Le Groupe occupe la 7ème place continentale, selon ce classement basé sur les fonds propres de base. AWB devance ainsi le Groupe BCP (8ème), Bank of Africa (13ème) et Crédit Agricole du Maroc (23ème).

« Les banques nord-africaines sont au nombre de huit parmi les plus performantes du continent, ce qui souligne le profil de croissance de la région par rapport aux économies subsahariennes », souligne The Banker. « La banque marocaine Attijariwafa bank reste la meilleure de la région (excepté celles d’Egypte), ses fonds propres de catégorie 1 s’améliorant de 15,7 % en 2020, note The Banker.








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