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​Chaînes d'approvisionnement en ENR : Le Maroc, acteur clé dans la région MENA


Rédigé par A. CHANNAJE Dimanche 5 Janvier 2025

Dans les 25 prochaines années, la région MENA deviendra un pôle pour les chaînes d’approvisionnement internationales en Energies Renouvelables (ENR). Selon le Middle East Institute (MEI), le Maroc sera le fer de lance de cette tendance en développant son écosystème d’énergie verte.



Le Maroc possède l’écosystème d’énergie verte le plus avancé d’Afrique du Nord et est en passe d’atteindre son objectif de 2030, à savoir la production de 52 % de son électricité à partir de sources d’énergie renouvelables, souligne le Middle East Institute (MEI).

« L’écosystème énergétique vert du Maroc est ancré dans le lien entre l’alimentation, l’eau et l’énergie, les énergies renouvelables étant de plus en plus utilisées pour la production d’engrais et le dessalement de l’eau pour le secteur agricole, qui consomme environ 89 % de l’approvisionnement national en eau », souligne le think-tank américain, basé à Washington dans une récente étude.

« Étant donné que le secteur agricole représente environ 21 % des exportations nationales, l’écologisation de sa production agroalimentaire établira de nouvelles chaînes d’approvisionnement internationales en énergie renouvelable par le biais des exportations alimentaires», explique l’étude.

Intitulé : « L'émergence de la région MENA en tant que plaque tournante des chaînes d'approvisionnement en énergies renouvelables », le rapport souligne que l’OCP, profitant du contrôle sur 73 % des réserves mondiales de phosphate, est le quatrième exportateur mondial d’engrais et est en passe de remplacer tous ses intrants d’ammoniac dérivé du gaz naturel par de l’ammoniac vert produit localement.

« L’entreprise s’efforce d’atteindre la neutralité carbone dans toutes ses opérations d’ici 2040 grâce à la construction d’infrastructures dédiées à la production d’énergie renouvelable », écrit l’analyse, indiquant que le Maroc prévoit d’exporter 1 à 3 millions de tonnes d’ammoniac vert par an.

En effet, l’un des plus importants engagements de l’OCP pour un développement durable, est celui d'atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2040. Pour y parvenir,  elle adapte en continu ses opérations et sa consommation énergétique sur ses sites de production. « Nous visons une réduction de 50% des émissions totales de Co2 ainsi qu’une amélioration continue de la qualité de l'air en multipliant les systèmes de surveillance des émissions en temps réel et les unités de lavage de gaz.
 
Recyclage des batteries de VE
 
Par ailleurs, l’étude note que le principal pilier industriel de l’écosystème énergétique vert du Maroc est la fabrication de véhicules électriques (VE) et de batteries pour ce type d’automobiles, ainsi que l’exploitation minière et la transformation des métaux qui y sont associées.

« L’énergie renouvelable sera utilisée dans la production de VE, à commencer par le phosphate et l’acide phosphorique pour la fabrication de batteries au lithium-fer-phosphate (LFP). De plus, le recyclage des batteries de VE pour obtenir du lithium et d’autres métaux, qui est en cours, sera à terme alimenté par des sources renouvelables», relève l’étude.

 
Valorisation des déchets d’aluminium
 
 
Au-delà des métaux pour batteries, poursuit-elle, le Maroc développe d’autres productions de métaux verts. « En décembre 2022, le Royaume a produit sa première cargaison d’acier vert avec 100 % de la matière recyclée au Maroc et 85 % de la transformation alimentée par des énergies renouvelables. Si le Maroc n’a pas encore produit d’aluminium vert, il a inauguré en 2024 une usine de valorisation des déchets d’aluminium », explique le think-tank américain.

« Ces métaux verts pourraient également être utilisés pour les composants automobiles et les carrosseries de voitures ainsi que dans les exportations de composants aéronautiques », estime le think-tank.

Le 30 avril 2024, faut-il rappeler, la compagnie jordanienne Alucop a inauguré sa nouvelle fonderie de cuivre et d’aluminium à Berrechid, en présence du ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour.

Cette initiative vise à valoriser les déchets métalliques non ferreux, essentiellement issus du secteur très polluant du BTP, favorisant ainsi l’économie circulaire et la préservation de l’environnement.

Ainsi, Alucop s’engage à réduire la problématique en recyclant les métaux issus de ces déchets. D’un montant global de 95 millions de dirhams, ce projet a permis la création de 110 nouveaux emplois directs et la génération d’un chiffre d’affaires additionnel de plus de 700 millions de dirhams.

« À travers l’inauguration de la nouvelle unité industrielle de la société Alucop aujourd’hui, nous célébrons un événement d’une importance capitale pour l’industrie marocaine. C’est un moment exceptionnel dans le développement économique de la société, traduisant une vision royale visant à faire émerger une nouvelle économie verte, un véritable moteur de croissance et de dynamisme », avait déclaré M. Mezzour.

La promotion d’une économie circulaire et le développement des filières de valorisation des déchets sont cruciaux pour réussir la transition du Maroc vers une économie verte créatrice de richesse et d’emploi, avait-il ajouté.

De son côté, le directeur général d’Alucorp, Yazid El Ali, avait souligné que ce projet s’aligne sur le programme gouvernemental visant à stimuler et à développer intégralement les écosystèmes du secteur mécanique et métallurgique.

« Nous aspirons à être une entreprise citoyenne et à promouvoir la marque « Made in Morocco » sur la scène internationale et nationale », avait-t-il affirmé.

Quant à l’impact du projet sur l’économie marocaine, M. El Ali avait expliqué que le recyclage contribue à réduire les dépenses liées à l’extraction de nouvelles ressources métalliques, limitant ainsi le besoin d’extraire davantage de matières premières.
 
Chaînes d’approvisionnement en ENR
 
 
Par ailleurs, le MEI prévoit que la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord deviendra l’une des régions les plus productrices d’énergies renouvelables au monde et un pôle pour les chaînes d’approvisionnement internationales en énergies renouvelables dans les 25 prochaines années. « Le Maroc, les Émirats Arabes Unis et la Jordanie seront les fers de lance de cette tendance dans la région en développant leurs écosystèmes d’énergie verte respectifs », fait valoir le MEI. De l’avis des experts de ce think-tank britannique, plusieurs pays de cette région devront alors développer leurs propres écosystèmes d’énergie verte et/ou s’intégrer à ceux déjà développés par leurs voisins pour accroître leurs capacités et participer aux chaînes d’approvisionnement internationales.

Pour soutenir cette émergence de la région MENA en tant que plaque tournante des chaînes d’approvisionnement internationales en énergies renouvelables,le MEI estime que des mesures devraient être prises. Parmi ces mesures, la création d’une plateforme régionale MENA pour l’exportation d’ammoniac vert et la promotion des investissements du secteur privé dans la production d’engrais verts à Oman, en Égypte, en Algérie, en Tunisie, en Jordanie et au Soudan.
 
 

L’hydrogène vert, un pari pour l’avenir

Au Maroc, l’année 2024 a marqué une étape importante dans l’intégration de l’hydrogène vert dans la stratégie nationale de transition énergétique. « Avec l’ambition de devenir un hub régional, le Maroc mise sur son potentiel renouvelable pour produire de l’hydrogène décarboné destiné à l’exportation et aux industries locales », souligne Born2Invest, une organisation de presse numérique, basée à Londres.

« Cet engagement se traduit par des partenariats stratégiques, à l’image de celui entre OCP et Engie, visant à développer des infrastructures de production d’hydrogène vert et des projets énergétiques bas carbone. Le potentiel annoncé atteint 2 GW d’ici 2027 et pourrait tripler d’ici 2032 », ajoute la même source dans un article publié le 2 janvier 2025.

Par ailleurs, poursuit la même source, TotalEnergies prévoit d’implanter une usine, nécessitant un investissement de 2 milliards d'euros, près de Chbika dans la région de Guelmim-Oued Noun, capable de transformer l’hydrogène vert en 200.000 tonnes d’ammoniac vert chaque année, pour le marché européen.

 

Le Maroc se dirige vers un avenir énergétique durable avec des défis à relever

Le Maroc continue de consolider sa position de leader régional des énergies renouvelables, atteignant une production totale d'électricité de 42,38 TWh, souligne Juan Antonio Vidal, directeur d'une usine spécialisée dans l’énergie éolienne installée à Tanger.

« Ces progrès reflètent une augmentation remarquable de 22,7 % de la production à partir de sources renouvelables, réaffirmant l'engagement du pays en faveur d'une transition énergétique durable et ambitieuse », ajoute-t-il dans un récent article publié par le média espagnol Atalayar.

Et de poursuivre que cette croissance a été tirée par des projets à grande échelle, tant solaires qu'éoliens, piliers clés de la stratégie nationale visant à atteindre 52 % de la capacité installée en énergies renouvelables d'ici 2030. Cependant, selon Juan Antonio Vidal, ce chemin n'est pas sans défis qui doivent être abordés avec détermination et collaboration.

Pour lui, l'un des principaux défis réside dans l’intégration efficace de ces énergies dans le réseau électrique national, notamment en ce qui concerne la stabilité de l’approvisionnement face aux sources intermittentes.  Cet aspect technique nécessite des investissements supplémentaires dans le stockage de l’énergie, comme les projets d’hydrogène vert, où le Maroc dispose d’un énorme potentiel, mais est encore à un stade précoce de développement.

D’un autre côté,  la demande croissante d’électricité, tirée par le développement économique et l’industrialisation, rend nécessaire une expansion rapide mais durable des infrastructures énergétiques.  Cela comprend non seulement la construction de nouvelles centrales électriques, mais également le renforcement des réseaux de transport et de distribution, notamment dans les régions rurales ou isolées.

Il pense également que, d'un point de vue réglementaire, il reste encore des défis liés à la simplification des procédures administratives et à la clarté de certains aspects réglementaires qui pourraient accélérer la mise en œuvre de projets renouvelables.
 








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