L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



Actu Maroc

Crise de la Covid-19 et sécheresse : Un coup dur pour la consommation des Marocains


Rédigé par A. CHANNAJE Mardi 24 Novembre 2020

Sous l’effet du double choc de la crise sanitaire liée au Covid-19 et de la sécheresse, la consommation des ménages poursuit son ralentissement.



Crise de la Covid-19 et sécheresse : Un coup dur pour la consommation des Marocains
La consommation des ménages poursuit son ralentissement, pâtissant des effets négatifs de la sécheresse sur les revenus ruraux et de l’impact sévère de la crise sanitaire sur le marché de travail qui a marqué une perte nette de 581.000 postes d’emploi au troisième trimestre ainsi que de la baisse des crédits à la consommation (-2,1% à fin septembre), estime la Direction des Etudes et de la Prévision Financière (DEPF) qui vient de dévoiler sa Note de Conjoncture du mois de novembre.

Cette contre-performance a toutefois été limitée par la reprise des transferts des MRE (+2,2% à fin septembre) et par l’aide financière d’une somme de 21 milliards de dirhams octroyée par le Fonds Spécial Covid au profit de près de 6 millions de ménages, dans un contexte toujours marqué par une évolution modérée des prix à la consommation (+0,7% à fin septembre).

A ce sujet, la DEPF nous apprend que l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré, en septembre 2020, une hausse de 0,3% par rapport au mois précédent.

Cette variation est le résultat de la hausse de 0,5% de l’IPC alimentaire et de 0,3% de l’IPC non alimentaire. L’augmentation observée au niveau des prix des produits alimentaires a été portée notamment par l’accroissement des prix des légumes (+3,7%), des fruits (+2,1%), de lait, fromage et œufs (+0,8%) et de viandes et café, thé et cacao (+0,1%), atténué par la diminution des prix de poissons et fruits de mer de 4,7% et des huiles et graisses de 0,2%. Pour les produits non alimentaires, la baisse a concerné principalement les prix des carburants (-1%).

Au terme des neuf premiers mois de l’année 2020, le rythme de progression de l’IPC a préservé le même niveau enregistré il y a un mois (+0,7%), avec toutefois une accélération au niveau de l’IPC alimentaire (+1,1%, après +0,8%). Quant à l’IPC non alimentaire, sa croissance est restée stable à +0,4%. Concernant le secteur manufacturier, la DEPF, relevant du ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme Administrative, note que son indice des prix à la production, hors raffinage de pétrole, a reculé de 0,1% au cours du mois de septembre, comparativement au mois d’août 2020. Ce repli est expliqué par le retrait de 1,5% des prix de l’industrie de métallurgie, de 0,2% de celle de fabrication d’autres produits minéraux non métalliques, de 0,4% de celle de fabrication de textiles, de 0,8% de celle du travail du bois et fabrication d’articles en bois et en liège et de 0,1% de celles d’habillement et de fabrication des équipements électriques, modéré par l’augmentation de 0,2% des prix des industries alimentaires.

Pour leur part, les indices des prix à la production des secteurs extractifs et ceux de la production et distribution d’électricité et eau ont connu une stagnation au cours du mois de septembre 2020.

Autre facteur expliquant le ralentissement continu de la consommation des ménages  : l’effort d’investissement aurait, en dépit du bon comportement des crédits à l’équipement (+3,4% à fin septembre 2020), poursuivi son ralentissement, comme le signale le recul persistant des importations de biens d’équipement (-17,6% à fin septembre 2020) et de l’investissement budgétaire (-6,1% à fin octobre).

Covid-19 fait perdre 581.000 postes d’emploi
La DEPF indique que le marché de l’emploi, sous l’impact de la crise Covid-19, poursuit son évolution négative pour le deuxième trimestre consécutif, enregistrant une perte de 581.000 postes d’emploi au troisième trimestre 2020, après une perte de 589.000 postes au deuxième trimestre 2020, et un grain de 143.000 postes un an plus tôt. Près de 237.000 des emplois perdus au troisième trimestre se situent dans les zones urbaines et 344.000 au milieu rural.

Par type d’emploi, le volume de l’emploi rémunéré a connu une baisse de 421.000 postes, suite à une baisse de 226.000 au milieu urbain et de 195.000 en milieu rural. L’emploi non rémunéré, quant à lui, a régressé de 160.000 postes, résultant d’une perte de 149.000 emplois en zones rurales et de 11.000 en zones urbaines.

Cette évolution négative a concerné l’ensemble des branches d’activité, excepté pour le secteur du BTP qui a connu une création nette de 1000 postes (+2000 postes dans les villes et -1000 en zones rurales). Les pertes d’emplois se sont établies à 260.000 postes pour les services, 258.000 pour l’agriculture, forêt et pêche et 61.000 pour l’industrie, y compris l’artisanat.

Le taux de chômage s’est situé à 12,7% au troisième trimestre 2020, niveau record sur les 13 dernières années, en hausse de 3,3 points par rapport à l’année précédente. Ce taux a augmenté dans les villes de 3,8 points à 16,5% et de 2,3 points dans les zones rurales à 6,8%. Par catégorie, les plus fortes hausses ont été enregistrées parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (+5,6 points) et parmi les jeunes de 25 à 34 ans (+4,5 points).

Des signes de redressement quand même
Quoiqu’il en soit, la DEPF se montre optimiste, estimant que l’activité économique, après une chute brutale au deuxième trimestre 2020, sous l’effet des retombées négatives de la crise sanitaire de la Covid-19 et de la sécheresse, commence à montrer des signes de redressement. «  Sur le plan sectoriel, les baromètres conjoncturels laissent augurer des signaux positifs dans plusieurs secteurs, à l’exception de certaines branches d’activité comme le tourisme. C’est le cas, notamment, pour certaines filières industrielles, dont l’automobile, l’électronique, le «textile et cuir» et l’agroalimentaire, en ligne avec le redressement du taux d’utilisation des capacités de production et avec le regain d’optimisme au niveau des exportations durant le mois de septembre », explique la même source.

D’après la DEPF, cette dynamique conjoncturelle a eu lieu dans un contexte international marqué par une reprise vigoureuse de l’économie mondiale au 3ème trimestre 2020, notamment aux Etats-Unis et dans la zone euro, principal partenaire commercial du Maroc. « Le scénario de reprise économique mondiale est conforté par des résultats prometteurs des essais de certains vaccins Covid-19, renforçant l’espoir d’une maîtrise rapide de la pandémie…», note la même source.

Encadré

Poursuite du redressement de la mobilité post-confinement
Citant le rapport sur la mobilité de la communauté (Covid-19) de Google, la DEPF souligne que la mobilité dans les principaux lieux publics, au Maroc, a affiché au 08 novembre, juste avant la fin de la 6ème prolongation de l’état d’urgence sanitaire, une évolution positive dans les lieux d’alimentation et pharmacies de 9% par rapport à la période de référence 2 après -52% durant la période de confinement général 3. La mobilité dans les lieux de résidence a maintenu sa croissance positive quoiqu’à un rythme en baisse par rapport à la période de confinement (+12% contre +26%). Par ailleurs, la mobilité a affiché une atténuation du rythme baissier enregistré pendant le confinement, et ce, dans les lieux de travail (-8% contre -56%), dans les arrêts de transport en commun (-22% après -70%), les parcs (-23% après -64%) et les lieux de commerces et loisirs 4 (-23% après -77%).

Repères

Les cours du pétrole à 40,5 dollars le baril
Les cours du pétrole (Brent) se sont établis à 40,5 dollars le baril en moyenne en octobre, en baisse de 1,5% sur un mois et de 39% depuis début 2020. D’après la DEPF, cette baisse est liée à un regain d’incertitudes sur la demande mondiale, dans un contexte marqué par la résurgence du Covid-19 en Europe et aux Etats-Unis. Sur les dix premiers mois de 2020, les prix moyens du Brent ont enregistré 41,5 dollars, en repli de 35% en glissement annuel. Le marché pétrolier est largement excédentaire en 2020, suite à une chute de la demande, sous l’effet de la crise sanitaire. Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), la demande mondiale de pétrole devrait diminuer de 8,8 mbj en 2020, avant de rebondir de 5,8 millions de barils par jour en 2021, souligne toujours la DEPF.
Redressement sensible de l’activité industrielle
La valeur ajoutée du secteur manufacturier a clôturé le premier semestre 2020 sur une baisse moyenne de 10,7%, après une hausse de 2,9% un an plus tôt, recouvrant un recul de 22% au deuxième trimestre et une augmentation de 0,6% au premier trimestre 2020. La DEPF tient à noter que cette évolution a été atténuée par la résilience relative des secteurs chimique et parachimique (+6,2%) et alimentaire (+2,3%). Par ailleurs, l’amélioration progressive de la production d’un mois à l’autre observée à partir du mois de mai reprend au cours du mois de septembre, après un ralentissement au mois d’août coïncidant avec les vacances d’été et de Aïd Al-Adha. Cette progression aurait concerné l’ensemble des branches d’activité. Pour ce qui est des ventes, elles auraient augmenté dans toutes les branches, à l’exception de celles de l’agro-alimentaire où elles auraient plutôt stagné.








🔴 Top News