L’objectivité est la pierre angulaire de toute analyse sérieuse, notamment dans les conflits internationaux. Pourtant, le dernier rapport de Crisis Group sur le conflit entre le Maroc et l’Algérie tombe dans le piège de l’asymétrie analytique et du biais implicite, occultant les vérités fondamentales et les dynamiques historiques, juridiques et géopolitiques.
Ce document présente une vision erronée de la situation, décrivant la crise comme un affrontement équitable entre deux parties, tout en minimisant le rôle central de l’Algérie en tant qu’acteur déstabilisateur et en omettant les avancées majeures en faveur de la souveraineté marocaine sur son Sahara, notamment l’évolution des positions internationales, dont celle de la France, exprimée avec force par le Président Emmanuel Macron lors de sa récente visite d’État au Maroc.
Ce document présente une vision erronée de la situation, décrivant la crise comme un affrontement équitable entre deux parties, tout en minimisant le rôle central de l’Algérie en tant qu’acteur déstabilisateur et en omettant les avancées majeures en faveur de la souveraineté marocaine sur son Sahara, notamment l’évolution des positions internationales, dont celle de la France, exprimée avec force par le Président Emmanuel Macron lors de sa récente visite d’État au Maroc.
Les fondements historiques et juridiques : Une vérité oubliée
Le rapport de Crisis Group néglige une donnée essentielle : la question du Sahara n’est pas un simple différend bilatéral. Il s’agit d’un conflit artificiel, alimenté par l’Algérie depuis des décennies à travers son soutien militaire, financier et diplomatique au Front Polisario. Cette ingérence vise à fragmenter l’intégrité territoriale marocaine et à affaiblir le rôle stratégique du Maroc en Afrique.
Les bases historiques et juridiques du Sahara marocain sont solides. La Cour Internationale de Justice (CIJ), en 1975, a reconnu les liens juridiques et d’allégeance entre les tribus sahariennes et le Royaume du Maroc. Ce positionnement est renforcé par les réalités contemporaines, notamment l’adhésion croissante au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007, considéré comme une solution crédible et pragmatique. Pourtant, Crisis Group s’abstient de rappeler ces éléments et préfère diluer la légitimité marocaine dans une lecture superficielle et biaisée du conflit.
Reconnaissances internationales : Une évolution majeure ignorée
Depuis quelques années, la diplomatie marocaine a enregistré des succès significatifs. Le soutien des États-Unis au plan d’autonomie en 2020 a ouvert la voie à une série de reconnaissances internationales. L’Espagne a suivi en 2022, en qualifiant le plan marocain de base « la plus sérieuse, réaliste et crédible » pour résoudre le conflit.
Récemment, la France a confirmé son alignement sur cette dynamique historique. Lors de sa visite d’État au Maroc, le Président Emmanuel Macron a déclaré son soutien explicite à la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Cette déclaration marque un tournant stratégique dans les relations franco-marocaines et renforce l’isolement diplomatique de l’Algérie, incapable de rallier un soutien international à sa position rigide et dépassée.
L’Algérie, un acteur déstabilisateur mis sous silence
Le rapport de Crisis Group fait preuve d’une indulgence inexplicable envers l’Algérie, la présentant comme une partie défensive, alors qu’elle est le principal instigateur de la crise. En armant et finançant le Front Polisario, en orchestrant des campagnes hostiles sur la scène internationale et en créant un environnement de violations des droits humains dans les camps de Tindouf, l’Algérie agit non pas pour protéger ses intérêts, mais pour maintenir une posture agressive contre le Maroc.
Les camps de Tindouf, sous contrôle algérien, sont un exemple criant des injustices systématiquement ignorées par de nombreux rapports. Les populations sahariennes y vivent dans des conditions inhumaines, privées de leurs droits fondamentaux, tandis que le Polisario utilise ces camps comme base pour ses activités militaires et propagandistes.
Une lecture géopolitique déformée
L’autre faiblesse majeure du rapport est son incapacité à reconnaître l’importance stratégique du Maroc en tant que pilier de stabilité régionale et de coopération internationale. Alors que Rabat consolide son rôle de leader en Afrique et au-delà, l’Algérie s’isole par ses choix politiques, notamment son rejet d’initiatives régionales inclusives et sa dépendance à un discours belliqueux.
Les dynamiques internationales évoluent rapidement en faveur du Maroc, notamment grâce à sa diplomatie proactive. L’ouverture de consulats dans les villes de Laâyoune et Dakhla par de nombreux pays africains, arabes et caribéens est une démonstration éclatante de cette reconnaissance. Pourtant, ces avancées sont minimisées dans le rapport, qui préfère détourner l’attention sur des sujets secondaires pour diluer l’impact des victoires marocaines.
L’exigence d’une analyse juste et équilibrée
Le rapport de Crisis Group illustre un danger récurrent dans les analyses internationales : celui de privilégier des narratifs biaisés au détriment des faits et des vérités historiques. En refusant de contextualiser le conflit du Sahara, en occultant les violations des droits humains dans les camps de Tindouf et en minimisant les avancées diplomatiques en faveur du Maroc, ce rapport manque à son devoir d’objectivité.
Le Sahara marocain est un enjeu de souveraineté nationale, mais aussi une clé pour la stabilité régionale et la coopération internationale. Le Maroc, à travers ses initiatives diplomatiques, économiques et sociales, offre une voie réaliste et durable pour résoudre ce conflit. Il appartient aux organisations et aux analystes internationaux de reconnaître cette réalité et d’adopter une approche plus responsable et équilibrée.
La vérité et la justice doivent guider les discussions sur cette question cruciale, car seule une reconnaissance claire des faits permettra de bâtir une paix durable, non seulement pour le Maroc, mais pour toute la région.
Trois questions à Frédéric Encel : “Une aventure militaire serait potentiellement catastrophique pour l’Algérie”
Frédéric Encel, géopolitologue, essayiste et maître de conférences à Sciences-Po Paris, a répondu à nos questions.
- Compte tenu de la tension qui règne actuellement entre l’Algérie et le Maroc et le bellicisme échevelé du régime algérien, y a-t-il à vos yeux un risque que la situation actuelle dégénère en conflit ?
- Le risque existe pour une raison assez classique en géopolitique. Lorsqu’un régime autoritaire, d’une part, se sent à bout de souffle et très contesté par une grande partie de sa population et que, de l’autre, il se trouve dans une situation géopolitique difficile, il a souvent tendance à pointer artificiellement du doigt l’ennemi extérieur ou l’adversaire sempiternel pour tenter de faire oublier à sa population son incompétence et sa corruption. Dans le cas de l’Algérie, on a vu à quel point le régime était contesté pendant le Hirak qui fut réprimé. Le régime se sent isolé et “cornerisé”, si vous me permettez cet anglicisme, sans oublier la dégradation de la situation politique à l’intérieur du pays et les complexités de l’Algérie au Sahel.
- Est-ce possible que l’Algérie soit tentée d’une aventure militaire après avoir échoué à remporter la bataille diplomatique du Sahara que le Maroc tranche à son profit vu la succession des reconnaissances internationales ?
- Ce qui me rend optimiste, selon ma vision de la géopolitique de la région, c’est qu’une aventure militaire irréfléchie serait potentiellement catastrophique pour l’Algérie. C’est d’autant plus vrai que le Maroc est très proche de deux grandes puissances, à savoir les Etats-Unis et la France, qui le soutiendront immédiatement en cas d’agression. Donc, dans cette configuration, on peut espérer qu’il y a de grandes chances qu’un tel scénario ne se produise pas.
- Aujourd'hui, l'isolement de l’Algérie est tel que le régime a des problèmes même avec ses alliés, dont la Russie. Au Sahel, les deux alliés ne s’entendent pas. Quelle conclusion tirez-vous de cette situation ?
- Aujourd’hui, l’Algérie vit une période d’isolement croissant que traduit concrètement le froid diplomatique actuel avec la Russie. Le Sahel est effectivement à l’origine de plusieurs divergences. Cet isolement est visible aussi en Afrique où Alger garde quelques alliés qui se contentent seulement d’un soutien rhétorique. Bien qu’elle soit un allié traditionnel, la Russie n’a pas apporté à l’Algérie les instruments économiques et technologiques de la puissance au-delà des armes. Ce n’est pas avec des armes qu’on nourrit une population et qu’on construit une économie. Personnellement, à part les Russes, je ne sais pas vers quel autre partenaire l’Algérie pourrait-elle se tourner puisqu’elle entretient de mauvaises relations avec la France et les Etats-Unis. La Chine, pour sa part, se tient à l’écart des tensions en Afrique et n’intervient pas au-delà de ses frontières. Tout cela reflète la cornerisation de l’Algérie sur la scène internationale. Elle en est pleinement responsable.
L'Algérie : Plus que jamais isolée !
Aujourd'hui, l’Algérie n’a jamais été aussi isolée aussi bien sur le plan régional qu’international. Au Sahel, le régime entretient des relations exécrables avec ses voisins, dont le Mali, qui lui reproche son ingérence chronique dans ses affaires et ses liens obscurs avec les séparatistes. La diplomatie algérienne en est arrivée à se quereller avec la Russie, son allié traditionnel, sur fond d’un désaccord profond sur la présence de Wagner et le refus de l’adhésion algérienne aux BRICS. Entretemps, le pays n’a quasiment plus de partenaires en Europe, sauf l’Italie, après avoir rompu de façon vindicative et impulsive ses liens avec l'Espagne et la France, qui ont soutenu la marocanité du Sahara, au moment où les Etats-Unis voient d’un œil réprobateur l’attitude du régime et ses liaisons dangereuses avec l’Iran. Le retour de Donald Trump n’augure rien de bon pour Alger. Le nouveau président a nommé à la tête du Département d’Etat Marco Rubio, qui a déjà appelé, par le passé, à imposer des sanctions au régime algérien pour ses achats d’armes excessifs auprès de la Russie. Cela dit, le régime n’a jamais été si isolé, d’où sa fuite en avant qui ne fait que s’accélérer.
Maroc-Algérie : L’essor de la guerre hybride
Fondé en 1995 et basé à Bruxelles, International Crisis Group a publié, le 29 novembre, son rapport, avec une analyse rétrospective et prospective de l'engrenage qui a mené à la rupture des relations diplomatiques entre Rabat et Alger, décidée unilatéralement par le régime algérien en août 2021. Le contenu est discutable. Le rapport estime que l’escalade à laquelle on a assisté ces dernières années aurait pu dégénérer en conflit armé sans l’intervention des Etats-Unis qui a pu tempérer les ardeurs de l’Algérie. Par contre, les Européens, selon la même source, ont été pris dans un jeu à somme nulle avant de s’aligner complètement derrière le Maroc en soutenant sa souveraineté sur le Sahara. En gros, “la retenue mutuelle et la médiation américaine auraient prévenu un conflit”, affirme le rapport. Le think-tank désigne la reprise des relations maroco-israéliennes comme l’un des facteurs de l’escalade, alléguant que l’Algérie se serait sentie menacée. Concernant le futur, International Crisis Group fait état d’un risque d’escalade sur fond d’une course effrénée à l’armement et de la reprise de l’activité militaire du Polisario, dont les nouvelles générations seraient, selon les rédacteurs du rapport, plus enclines à la guerre. Aussi, le document met en garde contre l’essor inquiétant des campagnes de haine et de désinformation en ligne, et voit dans la réélection de Donald Trump un facteur qui peut accroître le risque d’une confrontation. Pour sortir de l’impasse, le think-tank souligne l’importance d’une médiation extérieure en conseillant aux pays européens d’envoyer des signes apaisants aux deux pays à la fois. Pour ce qui est de la guerre numérique, les réseaux sociaux sont appelés à lutter davantage contre les fake-news qui enveniment le climat entre les opinions publiques des deux côtés. En parallèle, le think-tank juge urgent de reprendre le processus politique sur le Sahara sous les auspices des Nations Unies.