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Culture : Un appel d’offres pour soutenir l’art, l’édition et le livre


Rédigé par Saâd JAFRI et Abdallah BENSMAÏN Jeudi 2 Juillet 2020

La culture et la communication sont en ébullition. Le ministère de tutelle, qui a pris le taureau par les cornes pour faire face à la crise provoquée par le coronavirus et faire redémarrer le secteur, annonce plan de relance sur plan de relance.



Othman El Ferdaous ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports
Othman El Ferdaous ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports
Les bonnes nouvelles pleuvent sur le secteur de l’édition et du livre. Après avoir bénéficié d’un soutien massif de la part du ministère de tutelle qui avait mis à contribution le budget du Fonds National pour payer les arriérés des éditeurs et libraires, le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Othmane El Ferdaous, a annoncé lors d’une réunion avec la Commission de l’Enseignement, de la Culture et de la Communication mardi 30 juin, le lancement d’un appel d’offres «exceptionnel» pour soutenir les projets artistiques et le secteur de l’édition et du livre.

«Le secteur de la Culture fait partie de ceux qui ont le plus souffert des répercussions de la pandémie», a déclaré El Ferdaous lors de sa présentation devant la Commission. C’est ainsi qu’il a annoncé que le ministère a lancé un programme «exceptionnel pour soutenir le secteur de l’édition et du livre au titre de l’année 2020», en allouant une enveloppe budgétaire de 11 MDH au profit de l’ensemble des acteurs culturels, notamment «les auteurs, les éditeurs et les acteurs associatifs». Plus précisément, «le programme de soutien du secteur concerne l’acquisition de livres des bibliothèques et des éditeurs pour distribution aux bibliothèques scolaires et publiques, la publication et l’édition de magazines culturels qu’ils soient en version papier ou électronique, ainsi que la sensibilisation à l’importance de la lecture».

Prendre la mesure de la lecture sur internet

Dans ce cadre, le ministère de la Culture semble avoir pris la juste mesure des choses. La dimension digitale du livre et de la lecture est clairement affirmée dans les propos de Othman El Ferdaous devant la Commission de l’Enseignement, de la Culture et de la Communication. Il s’agit ainsi non plus d’attendre et voir venir le lecteur dans les bibliothèques et salles de lecture : «On ne trouve pas le jeune d’aujourd’hui à la médiathèque, mais sur les réseaux sociaux», a-til affirmé, ajoutant que «plus de 15 millions de Marocains sont inscrits sur Facebook, dont huit millions de jeunes». Il est donc primordial, selon lui, de livrer du contenu culturel «là où se trouve le citoyen, de ne pas attendre qu’il vienne vers nous».

Le ministre a également annoncé une autre mesure au bénéfice du secteur qui vient renforcer sa résilience financière et afin de s’engager dans des projets. Le département de la Culture a pris des dispositions pour épurer sa dette et régler les échéances dues au titre des années 2016, 2017, 2018 et 2019. Le montant dégagé à cet effet est de 13,5 MDH qui ira aux projets soutenus dans le domaine de l’édition et du livre.  

Outre le livre, le ministre a affirmé que son département s’est attelé, en coordination avec le ministère de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’administration, à prendre des mesures pour régler les dossiers des projets culturels et artistiques pour l’année 2019 dans les secteurs du théâtre, de la musique et des arts plastiques. Il a souligné qu’il a été procédé au versement de plus de 80% des montants de soutien restants (22 MDH), au profit d’artistes et de groupes artistiques bénéficiant du soutien de projets artistiques au titre de l’année écoulée et qui ont rempli leurs engagements.

Dans ce sens, il a aussi affirmé qu’un montant estimé à 20 MDH a été alloué aux tournées théâtrales nationales, 12 MDH à la musique, au chant, aux arts de la scène et à la chorégraphie et une enveloppe financière de 2 MDH aux expositions d’art plastique et d’art visuel.

La librairie, les salles de cinéma, pour un commerce légal

Sur un plan autre que financier et en rapport avec la carte d’artiste et le statut des artistes, le ministre a annoncé que «2.000 nouvelles cartes seront délivrées dans les prochains jours», mettant fin, ainsi, aux rumeurs circulant sur la suppression pure et simple de la carte d’artiste.

Le dossier Cinéma qui n’a pas beaucoup fait parler de lui a été évoqué par le ministre de la Culture, Othman El Ferdaous, devant la Commission de l’Enseignement, de la Culture et de la Communication pour annoncer une intention : « Des mesures de résistance en faveur du cinéma vont être prises afin de répondre à la crise majeure que connaît ce secteur », avec cette précision en introduction : « Le cinéma n’est pas qu’un segment de l’industrie culturelle, c’est un écosystème complet qui englobe et fait vivre plusieurs métiers (musique, théâtre, écriture, etc.) », avec une mention spéciale pour les salles de de cinéma, qui sont pour le cinéma ce que sont les librairies pour l’édition, qui « constituent un médiateur culturel important pour l’équité territoriale et pour le maintien du dernier débouché commercial légal pour la production cinématographique nationale, afin que les films marocains rencontrent le public marocain ».
Saad JAFRI et
Abdallah BENSMAÏN

Encadré

Un cahier des charges de la tutelle 
Le département de la Culture a annoncé le lancement d’un programme de soutien aux filières artistiques et culturelles au profit des artistes, des associations et des entreprises œuvrant dans les secteurs suivants : théâtre, musique, chanson, arts de la scène et art chorégraphique, arts plastiques et visuels. L’objectif est de soutenir et promouvoir la scène artistique marocaine et d’atténuer l’impact socio-économique de la crise sanitaire sur ce secteur vital. 

Dans le nouveau cahier des charges, publié par la tutelle, il est indiqué que pour bénéficier des programmes, en plus de la nationalité marocaine, il faut que les candidats aient honoré tous leurs engagements antérieurs avec le Département de la Culture, précisant que les œuvres d’art proposées doivent être de qualité. Et bien évidemment les normes de sécurité sanitaire en vigueur doivent être respectées. Le ministère précise que la Tournée théâtrale nationale est plafonnée à 200.000 DH, la production musicale et les expositions en arts plastiques et/ou visuels, sont plafonnées à 250.000 DH. S’agissant de l’acquisition d’une œuvre d’art plastique ou visuel auprès d’un artiste, elle est entre 5.000 DH et 30.000 DH. 

La première tranche du soutien est versée après signature des contrats par les porteurs des projets retenus et visa des services de la trésorerie ministérielle, la seconde tranche est versée une fois que les engagements du porteur de projet sont remplis, notamment la réalisation du projet tel qu’il a été présenté à la commission et présentation de rapport moral et financier avec les pièces justificatives des rémunérations des participants au projet. 

Lorsque les engagements du porteur de projet ne sont pas remplis, la restitution de la 1ère tranche est exigée et le porteur de projet n’a plus le droit de présenter de projet de soutien durant les 2 années suivantes.

3 questions à Abdelkader Retnani, Editeur

Abdelkader Retnani
Abdelkader Retnani
« Le montant des aides accordées est dérisoire »

Editeur et acteur associatif aux avant-postes, Abdelkader Retnani, éditeur, président de l’Union Professionnelle des Editeurs du Maroc et vice-président de la Fédération des Industries Créatives et Culturelles (CGEM), juge insuffisantes les aides au secteur du livre (auteurs, éditeurs et libraires).

- Des aides aux éditeurs et auteurs viennent d’être décidées. Est-ce suffisant? Pouvez-vous nous faire un rappel des subventions à l’édition ?
- Nous ne pouvons pas répondre à cette question car le soutien est nécessaire mais pas n’importe quel montant. 40 à 50.000 dh ne serviront à quasiment rien et n’aideront pas vraiment les auteurs et éditeurs pour sortir la tête de l’eau. L’impact du la crise du Coronavirus reste grave. Le malaise est plus profond et chaque cas doit être étudié en fonction de sa véritable dimension.

- Une aide à la lecture a été décidée. Quels rôles pour les bibliothèques publiques et scolaires dans la promotion de l’édition ?
Les aides pour les bibliothèques sont destinées uniquement à celle du ministère de la Culture. Ce qui n’est pas rien. Mais est-ce suffisant ? Les autres ministères devraient faire de même pour les centres de documentation qui font souvent office de bibliothèques. Cela contribuerait à la promotion du livre et de l’édition nationale.

- Présent dans les librairies, les bibliothèques, le lecteur est présent sur internet. Quelle est la réalité et l’avenir de l’édition électronique au Maroc ?
- La réalité n’ est pas exacte en pensant à l’ édition électronique. Elle s’annonce mais n’est pas encore arrivée. L’édition électronique n’est pas pour demain. Il faut prendre la peine de regarder la carte géographique du Royaume pour comprendre que le gisement commercial du livre, sa réussite éditoriale et son progrès sont dans les bibliothèques dans toutes les communes qui ne sont, malheureusement, pas alimentées.
Propos recueillis par
Abdallah BENSMAÏN 

Repères

Renforcement de la santé des salles de cinéma
La tutelle a annoncé la prise en charge de certaines charges fixes des salles de cinéma engagées sur la période de quatre mois allant de mars à juin 2020 et n’ayant pas pu être amorties du fait de la crise sanitaire. Il y aura également versement aux exploitants d’une prime exceptionnelle à la réouverture des salles, équivalente à un mois de chiffre d’affaires pour accompagner la reprise d’activité, conditionnée au respect des normes sanitaires et à l’engagement de garder la salle ouverte au moins 18 mois. Le premier versement de 50% aura lieu dès la signature de conventions par les parties concernées, le second trois mois après la réouverture. Pour ces deux mesures de renforcement de la résilience des salles de cinéma, une enveloppe prévisionnelle de 10 MDH est mobilisée.
Accord de partenariat entre la BNRM et la FNM
Un accord de partenariat a été signé, mercredi à Rabat, entre la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc (BNRM) et la Fondation Nationale des Musées (FNM), portant sur l’accélération du projet de numérisation des collections artistiques constituées par le travail des artistes marocains. Le projet comprend la modernisation et la dématérialisation de ses services, incluant la numérisation de manuscrits marocains, de livres rares et de périodiques nationaux, sans oublier l’ouverture d’un accès sans conditions à des bouquets électroniques de grande qualité et de manière générale aux services à distance.








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