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Culture hébraïque : Une constante de l’Université marocaine


Rédigé par Saâd JAFRI Mardi 15 Décembre 2020

Bien avant l’annonce de la reprise des relations maroco-israéliennes, le Royaume a lancé une réforme scolaire incluant l’histoire et la culture de la communauté juive. Une initiative qui vient renforcer les études hébraïques et juives au Maroc, qui sont monnaie courante à l’Université depuis plusieurs décennies.



Culture hébraïque : Une constante de l’Université marocaine
En moins d’un an après la visite de SM le Roi Mohammed VI à Bayt Dakira, des événements majeurs ont eu lieu dans cet espace emblématique, notamment la signature d’une convention de partenariat et de coopération pour la promotion des valeurs de tolérance, de diversité et de coexistence dans les établissements scolaires et universitaires. Ladite convention, signée le 21 novembre, entend encourager ces valeurs, en introduisant entre autres l’histoire et la culture de la communauté juive dans le programme scolaire des élèves. Il s’agit d’un pas salué massivement par les membres de la communauté juive du Maroc et dans les différents coins du monde, et s’ajoute au pas historique effectué par le Royaume en 2011, en reconnaissant la composante hébraïque comme source de diversité de la culture marocaine.

Cela dit, les premiers cours du résultat de cette réforme scolaire seront dispensés en langue arabe, au prochain trimestre en dernière année de primaire, selon le ministère de l’Education nationale. Le cursus, qui s’inscrit dans un vaste programme de refonte des manuels scolaires impulsé en 2014, contient, dans sa nouvelle édition, des parties sur l’héritage juif et l’histoire de l’existence hébraïque au Royaume. 

Néanmoins, il importe de noter cette initiative n’est pas nouvelle dans ce pays qui n’a jamais effacé sa mémoire juive et où les études hébraïques et juives avaient et continuent d’avoir, une place même dans les universités, sans complexes ni parti pris. D’ailleurs, «l’hébreu s’apprend dans l’Université marocaine depuis plusieurs décennies», nous indique Abderrahim Haydoun, Professeur d’hébreu à l’Université Ibnou Zohr à Agadir (voir 3 questions à).  

L’Université marocaine assure une formation en hébreu
Le début des années soixante, constitue une date-repère, pour l’enseignement supérieur au Maroc, du fait qu’il a été marqué par l’introduction de l’enseignement de l’hébreu dans le programme des universités. D’abord celle de Mohammad V de Rabat, ensuite en 1965 à l’université de Fès. 

Bien que l’enseignement fût statique, se limitant à l’apprentissage de l’alphabet et de quelques règles élémentaires de la grammaire hébraïque, il permettait aux étudiants des départements de littérature et d’études islamiques, de s’ouvrir sur les traditions, l’histoire et surtout la riche littérature du Proche-Orient. Aujourd’hui, même si l’hébreu ne constitue qu’une matière secondaire, à côté d’autres langues étrangères, tel que l’espagnol, l’italien, l’allemand ou encore le chinois, «des études plus approfondies sont proposées pour les étudiants en littératures et linguistiques», nous précise M. Haydoun, avant d’ajouter qu’en atteignant un certain niveau dans les études supérieures (surtout en littérature, en linguistique et même en histoire), l’apprentissage de ladite langue devient fondamental pour mieux comprendre la relation entre les Cultures. 

«Durant leur présence au Maroc, les juifs d’origine marocaine ont constitué un patrimoine culturel massif. En témoigne le nombre important de productions littéraires, qui montre la vitalité de leur culture, de leur contribution au patrimoine marocain (…) Ainsi, les enseignants d’hébreu outillent les étudiants par les compétences nécessaires pour avoir une vision macro sur l’histoire et la culture des différentes sociétés, par exemple pour mener des études comparatives», précise-t-on de même source.  

Cela dit, l’étendu de la culture juive au Maroc, où vivaient près de 250.000 juifs durant la première moitié du XXème siècle et compte toujours la plus importante communauté juive d’Afrique du Nord, impose de donner plus d’importance à cette composante essentielle de la société marocaine dans les programmes d’enseignement. Et ce, en vue de permettre aux Marocains de connaître la totalité de leur histoire de cohabitations, et surtout pour la promotion des valeurs de coexistence dans le système d’enseignement.

Saâd JAFRI

3 questions à Abderrahim Haydoun, Professeur d’hébreu à l’Université Ibnou Zohr à Agadir

« Enseigner le patrimoine du judaïsme marocain c’est aussi enseigner l’Histoire du Maroc »

Nous avons contacté Abderrahim Haydoun, l’un des douze professeurs au Maroc qui enseignent l’hébreu, pour nous parler des études hébraïques et juives à l’université marocaine. 

- Quelle est l’importance d’intégrer les études hébraïques et juives à l’université marocaine ?​ 
- Le législateur a insisté sur l’intégration des études hébraïques à l’Université, premièrement pour des raisons historiques. L’intégration de la variable juive dans l’Histoire du Maroc est une condition sine qua non pour sa compréhension. Car les juifs représentaient durant les années cinquante, une proportion importante de la population marocaine, avant qu’ils ne migrent massivement vers d’autres cieux. 

Néanmoins, le départ des juifs n’a pas mis fin à l’attachement qu’ils éprouvaient à l’égard de leur pays d’origine, ses coutumes, sa tradition, qui sont restées profondément ancrées dans leur cœur et dans leur mémoire. C’est aussi la raison pour laquelle ils se sont intéressés à écrire tout ce qui est en rapport avec leur Histoire. Enseigner le patrimoine culturel du judaïsme marocain c’est aussi enseigner une partie de l’Histoire du Maroc. 

- Quelles sont les contraintes que rencontre cette discipline au Maroc ?
- Actuellement, l’hébreu est toujours considéré comme une matière secondaire, ce qui l’a met en phase à de nombreux défis, notamment l’absence d’un département qui lui serait dédié. C’est ainsi que nous avons longtemps milité pour la création d’un Institut national des langues et civilisations orientales, qui donnera une grande valeur ajoutée aux études hébraïques et juives au Maroc. 

- Quid des ouvrages et la documentation, sont-ils disponibles ?
- Il y a une certaine pénurie d’ouvrages et de documents se rapportant à cette thématique dans les bibliothèques marocaines. Néanmoins, l’association marocaine des études orientales, qui a été créée en 1994, cherche à développer une activité scientifique intense, de sorte à remédier à cette problématique. Etudes historiques et critiques de l’ancien et du nouveau testament, recherches archéologiques du Proche- Orient, grammaire et syntaxe des langues sémitiques. Tant de sujets que nous essayons de traiter et mettre dans les librairies pour rapprocher les Marocains et particulièrement les étudiants à la culture juive, partie intégrante de leur identité. 








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