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Défense antiaérienne, artillerie : La mise à niveau de la puissance de feu des Forces Armées Royales


Rédigé par Anass Machloukh Dimanche 30 Mars 2025

En phase d’expérimentation, les systèmes Patriot devraient bientôt renforcer la défense antiaérienne des FAR, qui s’efforcent depuis des années de raffermir leur puissance de feu à tous les niveaux. Décryptage.



Défense antiaérienne, artillerie : La mise à niveau de la puissance de feu des Forces Armées Royales
 

Le Maroc est plus proche que jamais d’acquérir les fameux systèmes américains Patriot. Un convoi de batteries a été aperçu récemment sur une autoroute vers la base aérienne de Benguérir. Ils seraient en cours d’expérimentation. C’est ce qu’a indiqué l’Observatoire Atlas de la défense et de l’armement. Une hypothèse corroborée par plusieurs experts. Cela confirme ce qu’avait annoncé, deux ans plus tôt, un rapport déclassifié du Département américain de la Défense. Ce document date de 2019. Le Maroc y est cité parmi les pays intéressés par le système américain.
 

Les FAR en passent de se doter de Patriot


Cette phase expérimentale devrait être le prélude d’un éventuel contrat en cours de négociation. Ce contrat est annoncé depuis 2021, lorsque l’Agence de coopération de défense du département de la Défense des États-Unis avait fait part de la volonté du Royaume de se procurer ces systèmes réputés pour leur efficacité dans la défense anti-aérienne. Après la phase expérimentale, le contrat dépend de l’aval de l’Administration américaine puis de ceux du Congrès et du Sénat.


Il est de coutume que les Forces Armées Royales procèdent à des tests sur le sol marocain des armes américaines convoitées avant leur achat. Ce fut le cas pour les hélicoptères Apache qui ont été déployés en 2016 par l’Armée américaine au Royaume avant la conclusion officielle du contrat de vente en 2020. Il en est de même pour les lance-roquettes HIMARS qui ont été déployés à plusieurs reprises lors des exercices d’artillerie d'African Lion à El Mahbes, avant d’être officiellement vendus au Maroc en 2023. Les exercices conjoints sont souvent un théâtre d’expérimentation des équipements militaires ciblés et une occasion de permettre aux officiers des FAR de se familiariser à leur usage.


Pourquoi le Patriot ?


Le Patriot est le système le plus utilisé par les pays membres de l’OTAN, qui en ont commandé, en janvier 2024, 1000 unités pour les prochaines années. Une commande qui montre à quel point les Etats de l’Alliance transatlantique croient au système américain
pour sécuriser leur sol contre les menaces du ciel. Pour une raison simple, le Patriot confère trois avantages principaux : tir rapide, capacité d'interception de plusieurs cibles simultanément, et surtout sa capacité de résistance au brouillage.

 

Fabriquées par le constructeur américain Raytheon, ces batteries anti-missiles sont redoutablement efficaces dans l’interception des missiles balistiques et les missiles de croisière, grâce à un radar ultra-performant avec une portée qui peut aller au-delà de 150 kilomètres.


Les enseignements de la guerre en Ukraine


Son efficacité ne fait pas l’ombre d’un doute. Tout le monde s’en est aperçu pendant le conflit russo-ukrainien où l’Armée ukrainienne s’en est servi pour sanctuariser plusieurs villes, dont Kiev, contre les tirs de missiles russes.
 

De nombreux experts internationaux conviennent que le Patriot a été en mesure de sanctuariser le ciel de la capitale ukrainienne en dépit de quelques déconvenues exceptionnelles. En plus des missiles conventionnels classiques, le Patriot serait aussi capable d’intercepter les fameux missiles hypersoniques dont se targue la Russie comme ce fut le cas lorsqu’un missile russe Kinjal a été abattu par un Patriot, en mai 2023, même si ces missiles, possédés exclusivement par la Russie, sont réputés indétectables. Toutefois, cela serait dû davantage aux carences techniques de quelques missiles russes, surtout en matière de navigation et d’explosion au contact de la cible. En somme, la défense anti-aérienne ukrainienne, qui utilise généralement la technologie américaine, s’est montrée tellement performante qu’elle a contraint l’aviation russe à voler loin derrière les lignes du front et souvent hors du ciel ukrainien. L’Armée russe en est venue à utiliser les fameuses bombes planantes pour cibler aléatoirement des cibles militaires.


Un pas de plus vers un meilleur bouclier céleste


En se dotant des batteries américaines, le Royaume se distingue par rapport à ses voisins, notamment l’Algérie, dotée du système russe S-400 qui s’est avéré peu performant en Ukraine. Ne parlons même pas des S-300 qui font preuve d’une piètre qualité aussi bien en Ukraine qu'au Haut Karabakh où ils ont été des cibles faciles aux drones azerbaïdjanais.
 

Cependant, le prix et le coût de maintenance du Patriot peuvent paraître pénalisants, voire prohibitifs pour un pays comme le Maroc. Le Center for Strategic and International Studies (CSIS) estime qu’une batterie Patriot et toutes les installations qui vont avec (radar, centre de commandement, missiles, etc.) coûtent environ 1 milliard de dollars, dont 400 millions dollars pour le système et 690 pour les missiles dont le prix unitaire s’élève à 4,1 millions.


Les FAR fidèles aux choix qualitatifs


Nonobstant la facture, le choix des systèmes Patriot traduit la recherche de qualité par le Maroc qui continue de raffermir ses capacités de défense anti-aérienne. Ce chantier dure depuis plus de deux décennies durant lesquelles le Royaume a renforcé son arsenal anti-aérien avec l’acquisition des systèmes chinois PL9 Sky-Dragon et Skydragon 50. Pour ce qui concerne les systèmes de moyenne et longue portée, les FAR ont opté pour les systèmes israéliens Barack MX et les systèmes français MICA-VL, dont elles possèdent deux lanceurs avec des missiles placés aussi sur des avions de chasse et des frégates Sigma de la Marine Royale.


Ce à quoi s'ajoutent maintenant les Patriot qui devraient servir non seulement à sanctuariser des sites militaires mais à protéger de vastes zones géographiques comme des zones urbaines et des installations de grande envergure. Le Patriot permettra surtout de protéger des métropoles et des sites stratégiques comme, par exemple, des sites énergétiques tels que les centrales solaires. La défense anti-aérienne du Royaume pourrait être enrichie par les fameux dômes de fer israéliens à en croire de nombreuses fuites médiatiques.


Le renforcement de la défense anti-aérienne intervient en même temps que la refonte de l’artillerie des Forces Armées Royales qui s’efforcent depuis des années de renforcer leur puissance de feu suite au vieillissement de leur arsenal hérité de l’époque de la guerre du Sahara. Lance-missiles multiples, armes antichars, canons automoteurs, les FAR ont raffermi leur artillerie à tous les niveaux. L’acquisition des Javelin, HIMARS, canons CAESAR, lance-roquettes PULS s’inscrit dans cette foulée.


Le Royaume essaye tout de même de diversifier autant que possible ses fournisseurs en recourant régulièrement aux industries française, chinoise et israélienne avec une appétence de plus en plus visible pour la technologie turque en ce qui concerne les drones kamikazes.

 


Encadré

Patriot : Comment ça fonctionne ?

 

Techniquement parlant, les systèmes Patriot portent à la base des missiles sol-air propulsés à partir de lanceurs placés sur un véhicule mobile. Ils peuvent atteindre une altitude de croisière supérieure à 24.400 mètres, soit 80.000 pieds à une vitesse importante qui varie en fonction des versions. Le Royaume devrait bénéficier de la version PAC 3 MSE, soit l’un des plus modernes.

Les batteries Patriot étaient initialement conçues pour atteindre des cibles à moyenne portée, essentiellement des avions, avant d’être perfectionnées pour devenir des systèmes de défense anti-missiles à part entière. “C’est un système de combat complet”, lâche une source militaire qui suit de près les systèmes d’armes. L'interception de la cible fonctionne selon un schéma aussi clair que complexe : une fois le radar détecte une cible ennemie dans un rayon de 160 kilomètres, la trajectoire de tir est aussitôt calculée, l’information est transmise aux batteries qui propulsent le missile intercepteur. Lequel explose à proximité de la cible grâce à une charge à fragmentation. Les missiles PAC-3, plus modernes, sont capables de percuter la cible assaillante.

 




Communication financière

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