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Destruction des postes d’emploi et hausse du chômage… le marché du travail en pleine déroute


Rédigé par Saad Jafri Mercredi 3 Février 2021

Sous le triple coup de la sécheresse, de la pandémie du Covid et du manque d’anticipation et de réaction du gouvernement, le marché marocain du travail est en piètre posture selon le HCP.



Outre la crainte qu’elle suscite dans le cœur des Marocains, la crise sanitaire réduit à minima leur espoir d’un éventuel redressement du marché du travail. Dans une conjoncture morose, où les entreprises et commerces se retrouvent de plus en plus obligés à mettre les clés sous la porte, jeunes et moins jeunes sont pour beaucoup contraints à l’arrêt de travail.

Les chiffres qui ressortent de la dernière note d’information du Haut-Commissariat au Plan, relative à la situation du marché du travail en 2020, démontrent de manière limpide l’état déplorable de ce dernier qui a été marqué l’année dernière par la perte de quelque 432.000 postes d’emploi contre une création de 165.000 postes en 2019. Une perte qui a concerné les deux milieux (295.000 en milieu rural et 137.000 en milieu urbain) et tous les secteurs d’activité économique.

Selon ladite note, le secteur des services serait le plus impacté par cette conjoncture défavorable accusant une perte de 107.000 postes, suivi par celui de l’«agriculture, forêt et pêche» 273.000, l’«industrie, y compris l’artisanat» 37.000, alors que celui des BTP a perdu 9.000. Cette situation critique du marché de l’emploi a causé une forte hausse du chômage qui est passé de 9,2% en 2019 à 11,9% en 2020. Le nombre de chômeurs a ainsi augmenté de 322.000 personnes, passant de 1.107.000 à 1.429.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 29%, selon le HCP.

Cette hausse est la conséquence d’une augmentation de 224.000 chômeurs en milieu urbain et de 98.000 en milieu rural. Elle est exclusivement attribuable au chômage des personnes qui ont perdu leur emploi. Dans ce sens, il convient de rappeler que 38% des entreprises au Maroc ont réduit leurs effectifs employés durant le deuxième semestre 2020. Un phénomène qui touche toutes les catégories d’entreprises, mais la proportion la plus importante concerne les grandes entreprises (GE) qui auraient réduit leurs effectifs de 41.9%, les très petites entreprises (TPE) viennent en second avec un taux de 39.3%.

Les jeunes, grandes victimes de la conjoncture !

La hausse du chômage a concerné l’ensemble des catégories de la population. Ainsi, le taux de chômage s’est accru respectivement de 2,9 points pour les hommes, passant de 7,8% à 10,7%, et de 2,7 points pour les femmes, de 13,5% à 16,2%.

Sans surprise, les jeunes sont encore une fois les plus grandes victimes de la conjoncture avec un taux de chômage s’élevant à 31,2%. Au niveau des diplômés, ce même taux a enregistré une hausse de 2,8 points, passant de 15,7% à 18,5%. Un état des lieux qui témoigne de la faiblesse de la politique de relance engagée par le gouvernement. Car pour relancer le marché du travail, un accompagnement particulier des secteurs à fort potentiel d’employabilité, comme le tourisme, l’événementiel, ou encore l’export, s’impose.

Or, la Loi de Finances 2021, qui était synonyme d’espoir pour les professionnels de ces secteurs, n’a apporté aucune disposition crédible garantissant une relance durable, et les mesures fiscales actées sont en deçà des attentes et des ambitions des opérateurs économiques. Il ne faut donc pas s’étonner si les entreprises campent dans une politique d’austérité, favorable à la réduction des postes budgétaires et le non-recrutement.

Par ailleurs, la note du HCP fait ressortir que cinq régions concentrent près des trois quarts des chômeurs (72,8%) au niveau national. Casablanca-Settat arrive en première position avec 25,1%, devant RabatSalé-Kénitra (14,4%), Fès-Meknès avec (12,2%), l’Oriental (11,5%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (9,6%). Les taux de chômage les plus élevés sont observés dans l’Oriental (20,7%) et les régions du Sud (19,8%). Avec une acuité moindre, trois autres régions dépassent la moyenne nationale (11,9%), à savoir Casablanca-Settat (13,4%) Rabat-Salé-Kénitra (12,7%) et FèsMeknès (12,5%). En revanche, les régions de Marrakech-Safi et de Béni Mellal- Khénifra enregistrent les taux les plus bas, respectivement 6,9% et 7,4%.

Sous-emploi, grand dilemme au Maroc

L’institution d’Ahmed Lahlimi Alami fait également état de l’accentuation, en 2020, de la baisse structurelle du taux d’activité qui caractérise le marché du travail. Après avoir régressé de 0,2 point en 2019, ce taux a reculé d’un point pour s’établir à 44,8%.

Cette baisse, qui est plus prononcée en milieu rural qu’en milieu urbain, résulte de l’accroissement de la population en âge d’activité de 1,5%, par rapport à 2019, et du recul de la population active de 0,9% (-111.000 personnes). Le volume du sous-emploi (qui est composé de deux composantes, la première liée au nombre d’heures travaillées et la deuxième à l’insuffisance du revenu ou à l’inadéquation entre la formation et l’emploi exercé) est passé de 1.001.000 personnes en 2019 à 1.127.000 en 2020, indique le rapport, 514.000 à 619.000 dans les villes et de 487.000 à 508.000 à la campagne.

Le taux de sous-emploi est ainsi passé, au niveau national, de 9,2% à 10,7%, de 8,3% à 10,1% en milieu urbain et de 10,4% à 11,6% en milieu rural. Partant des résultats alarmants du HCP, le moins que l’on puisse dire est que la pandémie du Covid-19 a causé des dommages massifs dans le marché de l’emploi qui accusait déjà de nombreux déficits, bien avant la crise sanitaire.

Ainsi, dans la perspective de la mise en place du nouveau modèle de développement, tout l’enjeu est d’accompagner les secteurs industriels à fort potentiel de recrutement de sorte à permettre aux Marocains qualifiés, aujourd’hui sceptiques suite au manque d’opportunités, d’accéder aux emplois décents.
 
Baisse du volume horaire de travail

Le nombre total d’heures travaillées par semaine a baissé de 494 millions heures en 2019 à 394 millions heures en 2020, ce qui correspond à une baisse de 20% des heures de travail. Cette baisse correspond à 2,1 millions emplois à temps plein. Le volume d’heures travaillées par semaine est passé, en milieu urbain, de 300 millions à 237 millions heures (-21%) et, en milieu rural, de 194 millions à 157 millions heures (-19%). Cette baisse du volume de travail a concerné tous les secteurs, 49 millions heures dans les services (-20,4%), 24 millions dans l’agriculture, forêt et pêche (-17%),14 millions dans l’industrie, y compris l’artisanat (-22,3%), et 14 millions dans les BTP (-25,4%).

Taux d’activité par région

Cinq régions abritent 72% de l’ensemble des actifs âgés de 15 ans et plus. La région de Casablanca-Settat vient en première position avec 22,4% d’actifs, suivie de Rabat-Salé-Kénitra (13,5%), Marrakech-Safi (13,4%), Fès-Meknès (11,6%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11%). Trois régions enregistrent des taux d’activité supérieurs à la moyenne nationale (44,8%). Il s’agit de Casablanca-Settat (47,8%), Marrakech-Safi (46,6%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (46,6%). En revanche, les taux les plus bas sont enregistrés dans les régions de Drâa-Tafilalet (40,9%) et de Souss-Massa (41,5%).

Emplois rémunérés et non rémunérés

Quelque 255.000 postes d’emploi rémunérés ont été perdus, 116.000 en milieu urbain et 139.000 en milieu rural. L’emploi non rémunéré a, de son côté, régressé de 176.000 postes, 157.000 en zones rurales et 19.000 en zones urbaines.








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