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International

Développement de l’énergie sur le continent : 90 milliards $ pour connecter 300 millions d'Africains d'ici 2030


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 23 Septembre 2024

Le programme, porté par des institutions internationales, entend lever 90 milliards de dollars pour fournir de l'électricité à 300 millions d'Africains d'ici 2030, en misant sur les énergies propres. La Fondation Rockefeller, Global Alliance for People and Planet et la Sustainable Energy For All ont annoncé leur soutien à l’initiative de la Banque mondiale et de la BAD.



Une coalition internationale, menée par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD), cherche à lever 90 milliards de dollars pour électrifier 300 millions d'Africains, d'ici 2030.
En effet, des acteurs majeurs de la lutte contre le changement climatique, parmi lesquels la Fondation Rockefeller, la Global Alliance for People and Planet associée à Jeff Bezos, et la Sustainable Energy For All, ont annoncé la création d’un mécanisme d’assistance technique pour soutenir ce programme baptisé « Mission 300 ».  Cette structure va évaluer et sélectionner les projets capables de recevoir des financements, tout en accompagnant les gouvernements dans les réformes nécessaires à la mise en place des infrastructures énergétiques vertes.
 
La coalition espère mobiliser des ressources provenant de divers horizons, notamment des fonds publics, privés et philanthropiques, pour accélérer l'électrification sur un continent où 600 millions de personnes n'ont toujours pas accès à l’électricité. Le programme se concentrera sur l’approvisionnement en énergie propre via des technologies telles que les mini-réseaux.
 
En avril dernier, à Washington, la Banque mondiale avait déjà promis 25 milliards $, et la BAD s'était engagée à hauteur de 5 milliards $ pour ce programme. Les deux institutions avaient indiqué que la levée de fonds devrait se poursuivre lors des prochaines réunions, notamment la réunion de l’Association internationale de développement à Séoul, en décembre prochain. Un sommet sur cette initiative devrait se tenir à Dar es Salaam, en Tanzanie, en janvier, apprend-on.
 
Le Fonds monétaire international (FMI) pourrait également être mis à contribution, notamment à travers son Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité, qui a reçu une grande partie des 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) affectés par les pays développés vers ceux en développement.
 
« Mission 300 » pourrait s’inspirer des expériences de la Fondation Rockefeller et de la GEAPP, qu’elle a co-créée en 2021 avec le Bezos Earth Fund et la Fondation Ikea. Ces organisations ont déjà déployé une première enveloppe de 10 millions de dollars pour soutenir 15 projets dans 11 pays africains. 
 
Electrification universelle
 
En effet, l’électrification universelle reste un défi majeur en Afrique de l’Ouest, accentué par les besoins croissants en énergie de la région. Le Système d’Echanges d’Energie Electrique Ouest Africain doit y répondre. Si les récentes découvertures d’hydrocarbures pourraient permettre d’accélérer l’accès universel à l’électricité, l’Afrique de l’Ouest souhaite dans le même temps réduire sa dépendance aux énergies fossiles. Elle pourra pour ce faire jouir de son potentiel en énergies renouvelables.
 
Faut-il rappeler, en 2021, le taux d’accès à l’électricité était de 51,3% en moyenne dans les pays d’Afrique de l’Ouest, allant de 18,7% au Niger et 19% au Burkina Faso à 93,7% au Cap-Vert et 86,3% au Ghana, soit largement en deçà de la moyenne mondiale (91,4%) [Annexe 1]. En 2011, ce taux était de 37,1%, les pays ayant connu la plus forte progression durant la décennie étant le Liberia, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone.
 
Des disparités géographiques s’observent au sein des pays, avec un taux d’accès à l’électricité en zone rurale largement inférieur à celui des zones urbaines.  Au Mali par exemple, alors que le taux d’accès était de 97% en zone urbaine en 2021, il ne s’élevait qu’à 18% en zone rurale [Annexe 2]. De fait, l’électrification rurale est une priorité des pays de la zone pour parvenir à leur objectif d’électrification universelle.
 
Durant la même année, le gaz naturel était la première source de production d'électricité (42%) dans la CEDEAO, suivi par les produits pétroliers (37%) et l'hydroélectricité (19%) [Annexe 3]. Le solaire photovoltaïque représentait 1% de la production. Au Sénégal, les énergies fossiles, notamment le fioul lourd, représentaient 71% de la capacité totale installée du pays en 2022. Au Nigéria, 78% de l’électricité du réseau national provient du gaz naturel.
 
Réseaux électriques nationaux
 
Malgré cette dépendance aux énergies fossiles, les pays de la zone restent des émetteurs de gaz à effet de serre (GES) modestes à l’échelle mondiale. Les pays de la CEDEAO ne représentent en effet que 1,8% des émissions mondiales de GES. Les économies d’Afrique de l’Ouest sont toutefois parmi les plus vulnérables au changement climatique et cherchent de fait à verdir leur mix énergétique conformément à l’Accord de Paris.
 
Au niveau régional, le West African Power Pool (WAPP) a été créé en 1999. Il regroupe tous les pays de la CEDEAO sauf le Cap-Vert et a pour ambition d’intégrer les réseaux électriques nationaux dans un marché régional unifié de l'électricité. Ce marché doit assurer un approvisionnement en électricité stable, fiable, plus écologique et à des coûts abordables en diminuant d’un tiers à un quart le coût moyen de production d'électricité. Le WAPP prévoit 36,4 Mds USD d’investissements dans le cadre du Plan Directeur de la CEDEAO pour le développement des Moyens Régionaux de Production et de Transport d'Energie Electrique 2019-2033.
 
Des infrastructures de production et de transport d’énergie électrique ont dans ce cadre déjà été réalisées, telles que la ligne entre Ferkéssedougou (Côte d’Ivoire) et Sikasso (Mali) en 2015 ou l’interconnexion de 200 km de ligne haute tension (HT) entre Ouagadougou (Burkina) et Bolgatanga (Ghana) en 2018, réalisée par les équipes d’Eiffage Energie Systèmes et financée par l’AFD, la BEI et la Banque Mondiale [Annexe 4]. D’autres projets sont en cours, dont « dorsale nord », financé par l’AFD, une ligne HT (330 kV) de 832km entre le Nigéria, le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le Bénin ainsi qu’une ligne HT (225 kV) de 1 357 km pour connecter les réseaux nationaux de la Côte d’Ivoire, du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée (CLSG).

Bon à savoir

Au niveau sous-régional, l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) portée par le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et la Guinée, a construit trois centrales hydroélectriques au Mali. Le productible annuel moyen de l’OMVS est ainsi passé de 1150 à 1757 GWh. D’autres barrages pourraient voir le jour à Koukoutamba (Guinée) et Gourbassi (frontière sénégalo-malienne), avec des puissances installées de 300 MW et 18 MW. L’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Gambie (OMVG) a démarré en 2017 le projet Energie qui doit renforcer l’intégration régionale en exploitant les ressources hydroélectriques des pays membres (Sénégal, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau). Il comprend (i) la construction d’un réseau d’interconnexion de lignes HT (225kV) de 1 677 km reliant les réseaux électriques des Etats quasiment achevée et (ii) la construction par Vinci Construction d’un barrage hydroélectrique de 128 MW à Sambangalou, retardé dans sa réalisation. Les entreprises françaises (Vinci Énergies et Construction, Eiffage Énergie) participent largement à ces projets d’envergure.








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