120 milliards de Dhs pour stimuler la reprise des activités économiques, soit 11% du PIB, c’est la grande annonce contenue dans le discours de SM le Roi adressé à la Nation à l’occasion de la Fête du trône. Pour ce faire, il a appelé à la création d’un Fonds d’investissement stratégique qui aurait la charge de soutenir les activités de production, ainsi que d’assurer accompagnement et financement des grands projets d’investissement public-privé.
Établissements publics et visions politiques
Mais à l’instar de la crise pandémique du Sras-Cov2 qui a dévoilé les limites des réseaux de protection sociale, qui n’incluent toujours pas les franges les plus fragiles de la population, le poids réel du secteur informel, dont les travailleurs ne jouissent d’aucune couverture sociale, et la grande sensibilité de plusieurs secteurs d’activités aux bouleversements extérieurs, le besoin d’une relance efficace de l’appareil productif a également rappelé que la réforme du secteur public est un chantier qui est encore loin d’être achevé.
De fil en aiguille, le Souverain a donc estimé toute aussi nécessaire la mise en place d’une agence nationale dont la mission serait d’assurer la gestion stratégique des participations de l’Etat et suivre la performance des établissements publics. Ce qui, en termes implicites, revient à remettre en cause l’efficacité des départements ministériels, qui comptent parmi leurs prérogatives le suivi des résultats des entreprises relevant de leur domaine d’intervention et l’amélioration de leurs performances.
Confier à des technocrates des tâches de l’exécutif est le recours quand l’équipe gouvernementale a fait étalage, à quelques exceptions près, de toute son incompétence, mais c’est également un coup dur pour le politique, qui ne peut ainsi appliquer la vision pour laquelle il a requis mandat auprès des électeurs. Subtile manière d’inviter tenants et requérants au pouvoir exécutif à se réformer également.
Mieux allouer les deniers publics
Puisqu’il s’agit de concevoir et appliquer un plan de relance de l’économie au bénéfice des unités de production, les PME en particulier, en mobilisant financements et mesures incitatives pour ce faire, l’Etat se doit bien de commencer par aiguiser ses propres outils que sont les établissements et entreprises publiques.
À quelque chose malheur est bon, celui de la pandémie du coronavirus aurait eu moins le mérite de motiver l’incontournable réforme du secteur public. Bien des entreprises et établissements publics financés par les contribuables souffrent, en effet, de graves dysfonctionnements. Si de telles entreprises étaient privées, cela fait longtemps qu’elles auraient coulées. Leur maintien à flot sur fonds publics est d’ailleurs un véritable gâchis des ressources.
Le processus de leur restructuration ne va pas seulement ainsi permettre de mieux rentabiliser les deniers des citoyens, mais aussi de stimuler la relance des activités productives par effet d’entraînement. Plutôt que d’être à la traîne du secteur privé, ces entreprises publiques pourraient, au contraire, servir de modèle de bonne gouvernance. Des entreprises du secteur public, à la fois rentables et respectueuses des droits sociaux des travailleurs, seraient de nature à constituer des exemples à suivre par les entreprises privées.
Afin, par ailleurs, d’instaurer complémentarité et cohérence dans les interventions des différents Fonds de financement, le Souverain a insisté sur leur indispensable rationalisation et coordination.
Protection sociale généralisée
Le volet social du discours du Souverain est porteur d’une critique similaire quant à l’effectivité de la mise en oeuvre des objectifs tracés, le manque de coordination entres les différents intervenants et le manque d’efficacité qui en découle. Commençant par rappeler qu’il avait appelé à une « prompte refonte du dispositif de protection sociale », dans son discours du trône d’il y a deux ans, SM le Roi a estimé qu’il est plus que temps de passer à la phase de la réalisation. L’opération généralisation de la couverture sociale à tous les Marocains sera entamée en janvier 2021 et menée à bien au cours des cinq prochaines années. Le premier pas est la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et des allocations familiales. Par la suite, ce sera le tour de la retraite et de l’indemnité pour perte d’emploi. Voilà ce qu’il faut faire et quand le faire, maintenant faîtes-le.
Les Marocains, a rappelé le Souverain, ont démontré à l’occasion de cette crise tout l’esprit de solidarité dont ils savent faire preuve dans les moments difficiles, le Fonds spécial destiné à la lutte contre la pandémie du coronavirus ayant réussi à collecter 33 milliards 700 millions de Dhs auprès des donateurs. Somme sur laquelle 24 milliards 650 millions de Dhs ont déjà été engagés, au titre du financement des mesures sociales et d’acquisition du matériel médical, ainsi que 5 milliards de Dhs alloués à la Caisse Centrale de Garantie à des fins de relance de l’économie.
Mais il s’est avéré que les franges les plus fragiles de la population, celles qui avaient le plus besoin d’appui, étaient malheureusement aussi celles qui ne bénéficiaient d’aucune couverture sociale et furent même difficiles à identifier. D’où toute la pertinence et la nécessité de la mise en oeuvre opérationnelle du registre social unifié, un cadre recouvrant et nécessitant également la réforme des systèmes et programmes sociaux existants.
Les ressorts de l’informel
Dans la vision de SM le Roi, la généralisation de la couverture sociale devrait aussi constituer l’opportunité et l’instrument afin d’intégrer le secteur informel dans le circuit légal. Là encore, la démarche consiste à sécuriser et mieux canaliser l’énergie partiellement dilapidée d’un secteur économique « souterrain » à la fois dynamique et fragile.
Avec les petites et très petites entreprises, le secteur informel a, suite à cette crise, indéniablement essuyé de sérieux dégâts, mais l’esprit d’entreprise dont ses « opérateurs » font preuve est le garant qu’avec des mesures publiques adaptées, ils disposent des ressorts psychiques nécessaires pour redresser assez rapidement leurs activités ou en changer pour s’adapter aux évolutions du marché.
Les Marocains avaient besoin d’une vision de l’après-covid, SM le Roi vient de la leur donner.
Établissements publics et visions politiques
Mais à l’instar de la crise pandémique du Sras-Cov2 qui a dévoilé les limites des réseaux de protection sociale, qui n’incluent toujours pas les franges les plus fragiles de la population, le poids réel du secteur informel, dont les travailleurs ne jouissent d’aucune couverture sociale, et la grande sensibilité de plusieurs secteurs d’activités aux bouleversements extérieurs, le besoin d’une relance efficace de l’appareil productif a également rappelé que la réforme du secteur public est un chantier qui est encore loin d’être achevé.
De fil en aiguille, le Souverain a donc estimé toute aussi nécessaire la mise en place d’une agence nationale dont la mission serait d’assurer la gestion stratégique des participations de l’Etat et suivre la performance des établissements publics. Ce qui, en termes implicites, revient à remettre en cause l’efficacité des départements ministériels, qui comptent parmi leurs prérogatives le suivi des résultats des entreprises relevant de leur domaine d’intervention et l’amélioration de leurs performances.
Confier à des technocrates des tâches de l’exécutif est le recours quand l’équipe gouvernementale a fait étalage, à quelques exceptions près, de toute son incompétence, mais c’est également un coup dur pour le politique, qui ne peut ainsi appliquer la vision pour laquelle il a requis mandat auprès des électeurs. Subtile manière d’inviter tenants et requérants au pouvoir exécutif à se réformer également.
Mieux allouer les deniers publics
Puisqu’il s’agit de concevoir et appliquer un plan de relance de l’économie au bénéfice des unités de production, les PME en particulier, en mobilisant financements et mesures incitatives pour ce faire, l’Etat se doit bien de commencer par aiguiser ses propres outils que sont les établissements et entreprises publiques.
À quelque chose malheur est bon, celui de la pandémie du coronavirus aurait eu moins le mérite de motiver l’incontournable réforme du secteur public. Bien des entreprises et établissements publics financés par les contribuables souffrent, en effet, de graves dysfonctionnements. Si de telles entreprises étaient privées, cela fait longtemps qu’elles auraient coulées. Leur maintien à flot sur fonds publics est d’ailleurs un véritable gâchis des ressources.
Le processus de leur restructuration ne va pas seulement ainsi permettre de mieux rentabiliser les deniers des citoyens, mais aussi de stimuler la relance des activités productives par effet d’entraînement. Plutôt que d’être à la traîne du secteur privé, ces entreprises publiques pourraient, au contraire, servir de modèle de bonne gouvernance. Des entreprises du secteur public, à la fois rentables et respectueuses des droits sociaux des travailleurs, seraient de nature à constituer des exemples à suivre par les entreprises privées.
Afin, par ailleurs, d’instaurer complémentarité et cohérence dans les interventions des différents Fonds de financement, le Souverain a insisté sur leur indispensable rationalisation et coordination.
Protection sociale généralisée
Le volet social du discours du Souverain est porteur d’une critique similaire quant à l’effectivité de la mise en oeuvre des objectifs tracés, le manque de coordination entres les différents intervenants et le manque d’efficacité qui en découle. Commençant par rappeler qu’il avait appelé à une « prompte refonte du dispositif de protection sociale », dans son discours du trône d’il y a deux ans, SM le Roi a estimé qu’il est plus que temps de passer à la phase de la réalisation. L’opération généralisation de la couverture sociale à tous les Marocains sera entamée en janvier 2021 et menée à bien au cours des cinq prochaines années. Le premier pas est la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et des allocations familiales. Par la suite, ce sera le tour de la retraite et de l’indemnité pour perte d’emploi. Voilà ce qu’il faut faire et quand le faire, maintenant faîtes-le.
Les Marocains, a rappelé le Souverain, ont démontré à l’occasion de cette crise tout l’esprit de solidarité dont ils savent faire preuve dans les moments difficiles, le Fonds spécial destiné à la lutte contre la pandémie du coronavirus ayant réussi à collecter 33 milliards 700 millions de Dhs auprès des donateurs. Somme sur laquelle 24 milliards 650 millions de Dhs ont déjà été engagés, au titre du financement des mesures sociales et d’acquisition du matériel médical, ainsi que 5 milliards de Dhs alloués à la Caisse Centrale de Garantie à des fins de relance de l’économie.
Mais il s’est avéré que les franges les plus fragiles de la population, celles qui avaient le plus besoin d’appui, étaient malheureusement aussi celles qui ne bénéficiaient d’aucune couverture sociale et furent même difficiles à identifier. D’où toute la pertinence et la nécessité de la mise en oeuvre opérationnelle du registre social unifié, un cadre recouvrant et nécessitant également la réforme des systèmes et programmes sociaux existants.
Les ressorts de l’informel
Dans la vision de SM le Roi, la généralisation de la couverture sociale devrait aussi constituer l’opportunité et l’instrument afin d’intégrer le secteur informel dans le circuit légal. Là encore, la démarche consiste à sécuriser et mieux canaliser l’énergie partiellement dilapidée d’un secteur économique « souterrain » à la fois dynamique et fragile.
Avec les petites et très petites entreprises, le secteur informel a, suite à cette crise, indéniablement essuyé de sérieux dégâts, mais l’esprit d’entreprise dont ses « opérateurs » font preuve est le garant qu’avec des mesures publiques adaptées, ils disposent des ressorts psychiques nécessaires pour redresser assez rapidement leurs activités ou en changer pour s’adapter aux évolutions du marché.
Les Marocains avaient besoin d’une vision de l’après-covid, SM le Roi vient de la leur donner.
Ahmed NAJI
Encadré
120 milliards de Dhs injectés dans l’économie
« Il importe d’initier un plan ambitieux de relance économique pour permettre aux secteurs de production de se remettre d’aplomb, d’accroître leur capacité à créer des emplois et à préserver les sources de revenu.
Pour cela, il faut mobiliser tous les moyens disponibles en termes de financements, de dispositifs d’incitation et de mesures de solidarité, en vue d’accompagner les entreprises, essentiellement les petites et les moyennes qui constituent le maillon central du tissu économique national.
Dans ce cadre, environ 120 milliards de dirhams seront injectés dans l’économie nationale, soit l’équivalent de 11% du PIB. Ce taux inscrit le Maroc parmi les pays les plus audacieux en matière de politique de relance économique post-crise.
Nous avons estimé qu’un Fonds d’investissement stratégique devait être créé pour remplir une mission d’appui aux activités de production, d’accompagnement et de financement des grands projets d’investissement public-privé, dans une diversité de domaines.
En sus de la participation de l’Etat, ce Fonds devra compter sur la coordination et la rationalisation des différents Fonds de financement.
Afin de réunir les conditions de réussite de ce plan, Nous recommandons l’adhésion efficace et responsable du gouvernement, des acteurs sociaux et des opérateurs économiques, dans un cadre contractuel constructif qui sera à la hauteur des défis du moment et des attentes des Marocains ».
Pour cela, il faut mobiliser tous les moyens disponibles en termes de financements, de dispositifs d’incitation et de mesures de solidarité, en vue d’accompagner les entreprises, essentiellement les petites et les moyennes qui constituent le maillon central du tissu économique national.
Dans ce cadre, environ 120 milliards de dirhams seront injectés dans l’économie nationale, soit l’équivalent de 11% du PIB. Ce taux inscrit le Maroc parmi les pays les plus audacieux en matière de politique de relance économique post-crise.
Nous avons estimé qu’un Fonds d’investissement stratégique devait être créé pour remplir une mission d’appui aux activités de production, d’accompagnement et de financement des grands projets d’investissement public-privé, dans une diversité de domaines.
En sus de la participation de l’Etat, ce Fonds devra compter sur la coordination et la rationalisation des différents Fonds de financement.
Afin de réunir les conditions de réussite de ce plan, Nous recommandons l’adhésion efficace et responsable du gouvernement, des acteurs sociaux et des opérateurs économiques, dans un cadre contractuel constructif qui sera à la hauteur des défis du moment et des attentes des Marocains ».
Repères
Réforme du secteur public
« Une réforme profonde du secteur public doit être lancée avec diligence pour corriger les dysfonctionnements structurels des établissements et des entreprises publics, garantir une complémentarité et une cohérence optimales entre leurs missions respectives et, in fine, rehausser leur efficience économique et sociale.
À cette fin, Nous appelons à la création d’une Agence Nationale dont la mission consistera à assurer la gestion stratégique des participations de l’Etat et à suivre la performance des établissements publics ».
Insertion du secteur informel
« De fait, la généralisation de la couverture sociale doit devenir un levier essentiel d’insertion du secteur informel dans le tissu économique national. Par conséquent, Nous appelons le gouvernement, en concertation avec les partenaires sociaux, à parachever l’élaboration d’une vision pragmatique globale. Celle-ci devra inclure le planning, le cadre légal ainsi que les options de financement pour parvenir in fine à une généralisation effective de la couverture sociale ».