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International

Diversification de l’économie africaine : En finir avec la dépendance des matières premières


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 18 Juillet 2022

C’est un nouveau rapport que vient éditer la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement sur la diversification de l’économie africaine. Un document important quand on sait que l’Afrique, à elle seule, concentre 45% des pays dépendants des matières premières à l’échelle mondiale. Grille de lecteur.



Dans son étude intitulée : « Rapport 2022 sur le développement économique en Afrique : Repenser les fondements de la diversification des exportations en Afrique-Le rôle de catalyseur des services financiers et des services aux entreprises », la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) offre voies et moyens aux Etats du continent d’avoir une économie résiliente.

Mais aussi et surtout, il permet aux pays africains de capitaliser ses exportations et qui sont souvent basées sur les matières premières. Car il est question de diminuer la dépendance de l’économie nationale aux matières premières afin de développer d’autres activités qui pourront être pourvoyeurs de plein emploi.

Pour comprendre cela, l’agence onusienne considère qu’un pays est dépendant des matières premières lorsque celles-ci représentent plus de 60% du total de ses exportations de marchandises. On comprendra dès lors pourquoi cette question préoccupe les économistes et les experts du CNUCED.

En effet, au regard de cette définition, neuf pays africains seulement ne sont pas dépendants des matières premières : les Comores, Djibouti, l’Egypte, Eswatini, le Lesotho, l’île Maurice, le Maroc, l’Afrique du Sud et la Tunisie. L’Afrique concentre ainsi 45% des pays dépendants des matières premières à l’échelle mondiale.

Cette dépendance est extrêmement forte dans des pays comme la Guinée-Bissau (99,8%), le Soudan du Sud (99%), la Libye (98,7%), le Tchad (98,4%), la Mauritanie (97,3%), le Soudan (97%), l’Angola (96,4%) et le Nigeria (95,7%). A l’inverse, l’étude révèle que 17 pays africains ont réduit la part des matières premières dans leurs paniers d’exportations au cours de la dernière décennie, à des taux allant jusqu’à 16% (Sao Tomé-et-Principe) à 1,5% (Guinée équatoriale, Guinée et Nigeria).

Ainsi en Afrique, 45 pays sont tributaires des produits primaires, et leurs recettes sont très instables en raison de la nature de ce marché caractérisé par des périodes d’envolée et de chute des prix.

Meilleur moyen de prospérer

Si de nombreuses régions d’Afrique ont connu une croissance économique positive, ces dernières années, celle-ci était en partie due à un supercycle des matières premières. A partir de ce constat, le rapport recommande que pour les pays africains, la diversification des exportations et de l’économie est le meilleur moyen de prospérer dans l’économie mondiale et de surmonter les vulnérabilités et les aléas de la conjoncture économique, exacerbés par l’instabilité des prix des produits de base. C’est pour cela, souligne le rapport, que de nombreuses possibilités de transformation, d’approfondissement de la diversification et d’amélioration de la compétitivité s’offrent actuellement à ces pays.

Pour la CNUCED, la mise en place réussie de la Zone de libre-échange continentale africaine, l’expansion de la classe moyenne, l’émergence d’un marché de consommation, le recours accru aux services financiers et aux technologies financières, ainsi que le dynamisme des entrepreneurs privés, favoriseront la diversification des exportations et la croissance économique durable en Afrique.

En d’autres termes, pour que l’Afrique exploite mieux son potentiel en matière de commerce et des services, les politiques et la réglementation devront mieux cibler les causes des défaillances du marché : accessibilité, qualité, caractère abordable, concurrence, coûts élevés du commerce des services, politiques protectionnistes, faibles niveaux de dématérialisation et de technologie, difficultés d’accès aux services financiers et insuffisance des infrastructures. Il sera essentiel de remédier à l’insuffisance des capacités productives et de renforcer l’intégration régionale pour que les services les plus importants soient davantage internalisés.

Accès aux services financiers

La CNUCED estime, cependant, que le continent dispose d’un « énorme potentiel pour briser sa dépendance aux matières premières » et assurer une « intégration solide de ses économies dans les chaînes de valeur mondiales haut de gamme ». Elle recommande dans ce cadre aux pays de stimuler leurs exportations des services à forte valeur ajoutée et à forte intensité de connaissances, et d’élargir l’accès des entreprises privées aux services financiers, en exploitant les nouvelles technologies financières.

Dans cette optique, fait remarquer l’agence onusienne, les services à forte intensité de connaissances, tels que les technologies de l’information et de la communication et les services financiers, pourraient changer ainsi la donne en Afrique.

En attendant, ils ne représentent que 20% des exportations de services du continent, offrant ainsi une immense marge de progression », indique l’étude, notant que le continent compte 50 millions de PME formelles qui ont besoin de combler un déficit de financement de 416 milliards de dollars chaque année. Ce qui fait dire à la Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan, à la publication de ce rapport, que la dépendance à l’égard des exportations de produits de base a laissé les économies africaines vulnérables aux chocs mondiaux et a entravé le développement inclusif pendant trop longtemps.

Pour elle, l’Afrique dispose d’un énorme potentiel pour briser la dépendance aux produits de base et assurer une intégration solide de ses économies dans les chaînes de valeur mondiales haut de gamme. Tout est dit.



Wolondouka SIDIBE


Bon à savoir
 
Pour la CNUCED, il faut aider les entreprises africaines à innover. En effet, la plupart des PME, qui n’ont généralement pas de surplus de ressources à consacrer à l’innovation, risquent d’échouer dans leurs tentatives de diversification.

L’accès à des instruments de financement conçus pour promouvoir la diversification économique, notamment à des fonds mis à disposition par les banques de développement, peut faciliter l’imitation de produits existants. En outre, les mesures d’aide à la recherche-développement, comme les subventions à l’innovation, sont un important outil de promotion de la diversification. Les États devraient agir sur ces fronts pour renforcer la capacité des entreprises à imiter des produits existants et ainsi accélérer la création de produits inspirés d’autres.

L’amélioration des outils d’information commerciale peut aussi réduire les incertitudes liées au marché et accroître les chances de succès. Pour ce faire, il urge de mettre au point des programmes de formation axés sur le développement des compétences entrepreneuriales.
 








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