L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



International

"Échec", "faiblesse", "spectacle": l'avis des économistes sur Trump dans le mond


Rédigé par L'Opinion Avec AFP Mardi 8 Avril 2025

Les critiques s'enchaînent de la part d'économistes de premier plan interrogés par l'AFP pour qualifier les droits de douane massifs imposés par Donald Trump, qui menacent de faire chavirer l'économie mondiale.



"La politique commerciale de Trump signifie la fin du leadership des États-Unis dans la mondialisation", estime Li Daokui, professeur à l'école d'économie de Tsinghua à Pékin pour qui "les États-Unis vont accuser de lourdes pertes".

Selon cet ancien membre du principal organe consultatif politique de la Chine (le CCPPC), "la Chine dispose des bases économiques nécessaires pour mener la mondialisation". Cette situation offre aussi des "opportunités" à Pékin pour "négocier davantage d'accords de libre-échange avec d'autres pays".

Face au "spectacle de politiques économiques ratées" de Trump, la Chine peut par ailleurs tirer son épingle du jeu au sein de ses frontières, veut croire ce diplômé de l'université Harvard: si elle "parvient (...) à développer avec succès son marché intérieur, elle devrait devenir à l'avenir le plus grand marché de la consommation au monde".

"Les perspectives pour les voisins de Pékin comme le Cambodge et le Vietnam sont moins optimistes", a-t-il ajouté, jugeant qu'il serait "difficile pour les pays d'Asie du Sud-Est de servir de points de transit importants pour le commerce" à politique inchangée.

Pour l'économiste français auteur de l'ouvrage à succès "Le capital au XXIe siècle", "le trumpisme est d'abord une réaction à l'échec du reaganisme: les Républicains se rendent compte que le libéralisme économique et la mondialisation n'ont pas bénéficié à la classe moyenne comme ils l'avaient annoncé", affirme-t-il.

"Donc maintenant, ils s'en prennent au reste du monde comme bouc émissaire", poursuit l'économiste classé à gauche. Or, selon M. Piketty, "cela ne va pas marcher: le cocktail trumpiste va simplement engendrer plus d'inflation et plus d'inégalités".

"L'Europe doit définir ses propres priorités et s'apprêter à faire face à la récession mondiale qui s'annonce par un grand plan de relance, avec des investissements dans les infrastructures énergétiques et de transport, la formation, la recherche, la santé...", détaille-t-il.

"Cela va être un moment difficile pour le monde entier", confronté à "une bataille de titans" entre Washington et Pékin, prévient le Nigérian Bismarck Rewane.

Au Nigeria, grand pays pétrolier confronté au plongeon des cours de l'or noir, "nos entrées budgétaires vont chuter, et une récession mondiale aura un effet sur nous", estime ce membre du conseil d'administration du groupe de services financiers FCMB.

Il prévient: "quand vous négociez après avoir déclenché une guerre, vous devez creuser deux tombes, une pour votre ennemi et une pour vous et vous assurer que les deux tombes ne sont pas trop profondes car vous ne savez pas lequel risque de tomber dedans".

"Lorsque des droits de douane de ce type, élevés sans aucune base économique, sont mis en place, les chaînes d'approvisionnement s'en trouvent gravement perturbées", s'alarme Nasser Saidi, ancien ministre de l'Économie et de l'Industrie du Liban, fondateur de la société de conseil économique Saidi & Associates à Dubaï.

Pour lui, "cela va aussi engendrer des effets en matière d'investissements".

Régionalement, "un problème majeur est l'effet sur les pays moins développés et émergents. Des pays comme l'Egypte, le Liban et la Jordanie connaîtront des perturbations dans leurs relations commerciales", s'inquiète-t-il, qualifiant les annonces de Trump de "choc sismique".

"C'est un peu la fin d'un cycle, la fin du modèle taylorien-fordiste sur lequel nous avons fait construire la prospérité mondiale ces trois quarts du siècle dernier", réagit l'économiste et ancien ministre togolais Kako Nubukpo.

"Le protectionnisme est l'arme des faibles et (...) le président Trump se rend compte que dans la compétition avec la Chine, les États-Unis sont devenus les plus faibles", dit-il.

Ces droits de douane surviennent dans un environnement politique déjà très difficile en Afrique et ailleurs: "les laissés-pour-compte de la mondialisation semblent de plus en plus nombreux et d'un point de vue politique, il y a une montée des régimes illibéraux", rappelle-t-il.

Même un économiste américain cité par l'administration Trump pour justifier les droits de douane massifs, Brent Neiman, critique l'initiative: "je suis fondamentalement en désaccord avec l'approche et la politique commerciale", a-t-il écrit dans une tribune parue dans le New York Times lundi.

L'ancien fonctionnaire au Trésor sous l'administration Biden désapprouve une des variables retenues dans la formule de calcul des droits de douane: "le bureau au commerce de l'administration cite notre travail, mais mentionne un résultat différent de celui" de ses recherches, détaille-t-il.

Au final, "les droits de douane calculés devraient être nettement inférieurs", a-t-il dit.







🔴 Top News