Hubert Seillan, avocat au Barreau de Paris et président de la Fondation France-Maroc
Bien qu’elle ait fait une certaine actualité en ces premiers jours de novembre, l’état de mort avancée de l’organisation dite Polisario est un fait aujourd’hui avéré.
Maintenue, depuis des décennies, sous perfusion par des milliards algériens soucieux de cacher les innombrables sujets d’insatisfaction qui grondent depuis les villes et les campagnes, elle est nécessaire à leur maintien. Ce qui permet de comprendre que des liens étranges et bien suspects animent leurs relations obscures. Ainsi, en 2009, par un matin de janvier, à Alger, l’un des membres les plus influents de l’organisation parquée à Tindouf, par le régime algérien, qui avait cru pouvoir dénoncer autant sa domination hautaine que les crimes de tous ordres qu’elle encourageait à des fins d’asservissement, a été arrêté. Presque douze ans plus tard, nul ne sait ce qu’est devenu Ahmed El Khalil.
C’est son avocat qui s’exprime aussi dans ces lignes.
L’appel des Nations-Unies du 30 octobre
En même temps que le droit international est happé par le fait que les Nations Unies lancent au Monde un appel à la raison dans une magnifique Résolution 2548 du 30 octobre dernier du Conseil de Sécurité, des intentions belliqueuses d’un autre temps viennent troubler la paix qui, depuis 45 ans, dynamise le développement de l’Ouest africain.
De quoi s’agit-il ?
D’un phénomène d’arborescence. En novembre 2015, un arbre a été planté sur cette terre du Sahara atlantique, grâce à la Marche Verte. Cet arbre a 45 ans et ses branches portent haut ses fruits. Le climat océanique a sans doute veillé sur sa croissance en le protégeant des vents secs venus de l’Est. Sans doute aussi que ses racines ont trouvé dans ce vieux terroir culturel du Maroc les fertilisants les plus riches et les soins les plus attentifs de ses habitants. Il y a dans ses branches la part des valeurs tribales et démocratiques et les traditions d’un Etat qui a circonscrit les incursions menaçantes des plus grands empires, des Romains, des Ottomans, des Portugais et des Espagnols et qui a su se maintenir dans sa fierté lorsque s’affirmèrent, après Lyautey, les tentations coloniales. Sa majestueuse beauté s’affirme aujourd’hui comme le flambeau de l’unité africaine, parce qu’elle est installée à la croisée des chemins des échanges Nord-Sud, et l’on sait qu’au Nord, il y a l’Europe. Mais le principe de réalité est souvent dérangeant. Cela a été dit maintes fois, certaines idéologies du passé, portées par des organisations désormais disparues, comme le communisme soviétique ou le panarabisme, ont si fortement influencé la jeune république algérienne, qu’il advint la création du Polisario. Son artifice était patent, mais bien utile pour vivifier l’intention algérienne de devenir leader en Afrique et dans le TiersMonde. Le « Polisario » devait donc être le talon d’Achille du Royaume. Le temps a démontré qu’il n’en fut rien et qu’au contraire, les menaces qu’il proférait ont resserré plus encore les liens historiques des Marocains, qu’ils vivent dans l’extrémité Sud du pays ou dans son extrémité Nord, comme cela a été si fermement affirmé lors du procès des événements tragiques de Gdim Izik, près de Laâyoune, survenus il y dix ans, en novembre 2010.
Le monde a changé, ses enjeux aussi
Mais il n’y a pas d’aveuglement plus certain que chez celui qui ne veut pas voir. Le Monde tel qu’il est devenu est bien étranger aux enjeux des décolonisations.
Aux affrontements idéologiques frontaux partageant la planète ont succédé des conflits ethniques et religieux prolongés, suscitant des organisations terroristes dont l’expression est particulièrement féroce au Sahara et au Sahel, mais qui n’ont jamais été en mesure de pénétrer dans les provinces du Sud marocain.
Or, le Polisario n’existant que par la volonté de l’Algérie, mais en même temps lié aux groupes terroristes de natures diverses qui se sont installés en son Sud saharien et dans les pays du Sahel, a déclaré, courant octobre, se mettre « en état de guerre » contre le Maroc, vu comme une « puissance coloniale » au Sahara.
L’annonce ne trompe pas, celle-ci n’est que la manifestation allergique d’un pays qui n’est pas en mesure de gérer ses contradictions internes. Son but est de détourner l’attention sur un sujet international dans l’espoir que la fierté du pays resserre sa communauté. Cependant, nombre d’observateurs voient dans cette stratégie rien d’autre qu’un un leurre promené devant les populations algériennes, invitées, tels des lévriers anglais, à courir derrière cette chimère d’un Sahara sahraoui. Mais le calcul n’a pas la moindre chance de succès, parce que, d’une part, ses populations ignorent tout de ce conflit juridique, et, d’autre part, attendent bien d’autres choses de leurs dirigeants que des ukases guerriers. En dehors de la presse officielle, la déclaration n’a aucun impact social réel.
Les provinces du Sud, vecteurs de paix et de développement
Il est clair qu’à l’approche de la session du Conseil de Sécurité, dont il était notoire que sa décision ouvrirait largement la porte à la reconnaissance juridique définitive et solennelle de la souveraineté marocaine, la déclaration du « Polisario » a eu pour objectif d’adoucir la déception des quelques Etats qui persistent à revendiquer la création d’un Etat indépendant, au premier rang desquels l’Algérie.
De même que, visant un effet tremplin pour relancer sa diplomatie, en particulier en Europe et en Amérique du Sud, celle-ci a, selon les termes de son agence officielle, « activé ses ambassadeurs » pour défendre le « Polisario »… Mais la crédibilité de la thèse algérienne est aujourd’hui quasiment nulle dans les pays musulmans, en Afrique et en Europe, non seulement parce qu’elle heurte le fait historique et culturel de la souveraineté entière du Maroc, mais aussi parce qu’elle est source de nouveaux facteurs de désordre et d’insécurité dans une zone en profond développement.
Serait-ce le chant du cygne de l’organisation ? Sans doute, mais mis en musique par son guide.
Durant tout ce temps, la sagesse avec laquelle le Maroc a observé, analysé, évalué et décidé, a été remarquée par les Nations-Unies, les milieux diplomatiques et les chefs d’Etat. Ce n’est que le 9 novembre 2020 qu’un convoi de plusieurs véhicules blindés a été dirigé vers la zone de Guerguerat. Le 13, la circulation était rétablie, sans qu’ait été relevé aucun incident.
« Face à l’événement, c’est à soi-même que recourt l’homme de caractère », a écrit De Gaulle, dont le cinquantenaire de la mort est célébré en ce mois de novembre. La formule illustre parfaitement l’action du Roi Mohammed VI et de son gouvernement. Elle vaut conclusion.
Hubert Seillan, avocat au Barreau de Paris et président de la Fondation France-Maroc
Maintenue, depuis des décennies, sous perfusion par des milliards algériens soucieux de cacher les innombrables sujets d’insatisfaction qui grondent depuis les villes et les campagnes, elle est nécessaire à leur maintien. Ce qui permet de comprendre que des liens étranges et bien suspects animent leurs relations obscures. Ainsi, en 2009, par un matin de janvier, à Alger, l’un des membres les plus influents de l’organisation parquée à Tindouf, par le régime algérien, qui avait cru pouvoir dénoncer autant sa domination hautaine que les crimes de tous ordres qu’elle encourageait à des fins d’asservissement, a été arrêté. Presque douze ans plus tard, nul ne sait ce qu’est devenu Ahmed El Khalil.
C’est son avocat qui s’exprime aussi dans ces lignes.
L’appel des Nations-Unies du 30 octobre
En même temps que le droit international est happé par le fait que les Nations Unies lancent au Monde un appel à la raison dans une magnifique Résolution 2548 du 30 octobre dernier du Conseil de Sécurité, des intentions belliqueuses d’un autre temps viennent troubler la paix qui, depuis 45 ans, dynamise le développement de l’Ouest africain.
De quoi s’agit-il ?
D’un phénomène d’arborescence. En novembre 2015, un arbre a été planté sur cette terre du Sahara atlantique, grâce à la Marche Verte. Cet arbre a 45 ans et ses branches portent haut ses fruits. Le climat océanique a sans doute veillé sur sa croissance en le protégeant des vents secs venus de l’Est. Sans doute aussi que ses racines ont trouvé dans ce vieux terroir culturel du Maroc les fertilisants les plus riches et les soins les plus attentifs de ses habitants. Il y a dans ses branches la part des valeurs tribales et démocratiques et les traditions d’un Etat qui a circonscrit les incursions menaçantes des plus grands empires, des Romains, des Ottomans, des Portugais et des Espagnols et qui a su se maintenir dans sa fierté lorsque s’affirmèrent, après Lyautey, les tentations coloniales. Sa majestueuse beauté s’affirme aujourd’hui comme le flambeau de l’unité africaine, parce qu’elle est installée à la croisée des chemins des échanges Nord-Sud, et l’on sait qu’au Nord, il y a l’Europe. Mais le principe de réalité est souvent dérangeant. Cela a été dit maintes fois, certaines idéologies du passé, portées par des organisations désormais disparues, comme le communisme soviétique ou le panarabisme, ont si fortement influencé la jeune république algérienne, qu’il advint la création du Polisario. Son artifice était patent, mais bien utile pour vivifier l’intention algérienne de devenir leader en Afrique et dans le TiersMonde. Le « Polisario » devait donc être le talon d’Achille du Royaume. Le temps a démontré qu’il n’en fut rien et qu’au contraire, les menaces qu’il proférait ont resserré plus encore les liens historiques des Marocains, qu’ils vivent dans l’extrémité Sud du pays ou dans son extrémité Nord, comme cela a été si fermement affirmé lors du procès des événements tragiques de Gdim Izik, près de Laâyoune, survenus il y dix ans, en novembre 2010.
Le monde a changé, ses enjeux aussi
Mais il n’y a pas d’aveuglement plus certain que chez celui qui ne veut pas voir. Le Monde tel qu’il est devenu est bien étranger aux enjeux des décolonisations.
Aux affrontements idéologiques frontaux partageant la planète ont succédé des conflits ethniques et religieux prolongés, suscitant des organisations terroristes dont l’expression est particulièrement féroce au Sahara et au Sahel, mais qui n’ont jamais été en mesure de pénétrer dans les provinces du Sud marocain.
Or, le Polisario n’existant que par la volonté de l’Algérie, mais en même temps lié aux groupes terroristes de natures diverses qui se sont installés en son Sud saharien et dans les pays du Sahel, a déclaré, courant octobre, se mettre « en état de guerre » contre le Maroc, vu comme une « puissance coloniale » au Sahara.
L’annonce ne trompe pas, celle-ci n’est que la manifestation allergique d’un pays qui n’est pas en mesure de gérer ses contradictions internes. Son but est de détourner l’attention sur un sujet international dans l’espoir que la fierté du pays resserre sa communauté. Cependant, nombre d’observateurs voient dans cette stratégie rien d’autre qu’un un leurre promené devant les populations algériennes, invitées, tels des lévriers anglais, à courir derrière cette chimère d’un Sahara sahraoui. Mais le calcul n’a pas la moindre chance de succès, parce que, d’une part, ses populations ignorent tout de ce conflit juridique, et, d’autre part, attendent bien d’autres choses de leurs dirigeants que des ukases guerriers. En dehors de la presse officielle, la déclaration n’a aucun impact social réel.
Les provinces du Sud, vecteurs de paix et de développement
Il est clair qu’à l’approche de la session du Conseil de Sécurité, dont il était notoire que sa décision ouvrirait largement la porte à la reconnaissance juridique définitive et solennelle de la souveraineté marocaine, la déclaration du « Polisario » a eu pour objectif d’adoucir la déception des quelques Etats qui persistent à revendiquer la création d’un Etat indépendant, au premier rang desquels l’Algérie.
De même que, visant un effet tremplin pour relancer sa diplomatie, en particulier en Europe et en Amérique du Sud, celle-ci a, selon les termes de son agence officielle, « activé ses ambassadeurs » pour défendre le « Polisario »… Mais la crédibilité de la thèse algérienne est aujourd’hui quasiment nulle dans les pays musulmans, en Afrique et en Europe, non seulement parce qu’elle heurte le fait historique et culturel de la souveraineté entière du Maroc, mais aussi parce qu’elle est source de nouveaux facteurs de désordre et d’insécurité dans une zone en profond développement.
Serait-ce le chant du cygne de l’organisation ? Sans doute, mais mis en musique par son guide.
Durant tout ce temps, la sagesse avec laquelle le Maroc a observé, analysé, évalué et décidé, a été remarquée par les Nations-Unies, les milieux diplomatiques et les chefs d’Etat. Ce n’est que le 9 novembre 2020 qu’un convoi de plusieurs véhicules blindés a été dirigé vers la zone de Guerguerat. Le 13, la circulation était rétablie, sans qu’ait été relevé aucun incident.
« Face à l’événement, c’est à soi-même que recourt l’homme de caractère », a écrit De Gaulle, dont le cinquantenaire de la mort est célébré en ce mois de novembre. La formule illustre parfaitement l’action du Roi Mohammed VI et de son gouvernement. Elle vaut conclusion.
Hubert Seillan, avocat au Barreau de Paris et président de la Fondation France-Maroc