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En ordre de bataille contre le Covid-19

La résilience de l’économie marocaine mise à rude épreuve


Rédigé par Zineb El Andaloussi le Vendredi 1 Mai 2020

Face à la propagation du Covid-19, virus mortel qui touche désormais plus de 190 pays et pour lequel aucun remède n’existe pour le moment, les gouvernements à travers tout le globe ont délibérément opté pour l’alternative de sauver et de protéger les vies humaines au détriment de l’économie.



Zineb El Andaloussi, Professeure Universitaire à l'École nationale de commerce et de gestion de Tanger
Zineb El Andaloussi, Professeure Universitaire à l'École nationale de commerce et de gestion de Tanger
Au Maroc, et en parallèle des conséquences dramatiques du Coronavirus sur la santé de la population (4.252 cas de contamination et 165 décès en date de 28 Avril), les conséquences économiques sont d'ores et déjà palpables. En effet, l’évolution de la pandémie aux niveaux national et mondial a poussé la banque centrale à revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour l’année en cours (2,3% contre une prévision initiale de 3,8%). De même, le HCP, et suite au prolongement de la période de confinement au Maroc et à l’évolution de la pandémie aux niveaux national et international, vient de réviser ses prévisions de croissance (0,7% au 1er semestre 2020 au lieu de +1,1 % arrêté le 7 avril).

Choc de loffre et ralentissement de lactivité économique

Pour l'économie marocaine, les premiers effets du Covid-19 se sont rapidement fait ressentir sur l’offre engendrant ainsi les premiers dégâts économiques et sociaux. En effet, les perturbations des chaînes logistiques mondiales (et les difficultés dapprovisionnement qui en découlent)  ainsi que le confinement décrété au Maroc depuis le 20 mars dernier ont eu un impact significatif sur l’activité d’un bon nombre d’unités de production. Une enquête publiée récemment par le HCP montre que 57% des entreprises du tissu économique marocain auraient déclaré l’arrêt total, partiel ou temporaire de leurs activités. Cela s’est accompagné par une réduction de 20 % de la main-d’œuvre et par une baisse alarmante de la production ayant dépassé le seuil de 50% chez certaines entreprises. Ces impacts auraient pu être bien plus dramatiques si les décisions visant le soutien des capacités de production n’étaient pas prises (report des échéances fiscales et bancaires, lancement par la CCG de Damane Oxygène, etc.). Rappelons que ces mesures ont visé essentiellement les TPME qui constituent 98% des entreprises grandement touchées par la crise sanitaire actuelle (HCP).
 
Une crise de la demande qui sest installée progressivement

En début de pandémie, les opérateurs économiques avaient exprimé à maintes reprises, leur crainte que ce choc de l’offre ne se combine avec un choc de la demande. Ces craintes se sont rapidement réalisées et une crise de la demande, malgré qu’elle soit moins prononcée que celle de l’offre, est aujourd’hui visible. En effet, les derniers chiffres publiés par le Haut Commissariat aux Plans montrent que les exportations marocaines ont été significativement impactées par le reflux de la demande étrangère. Une situation qui a conduit à l’aggravation de la situation des exportateurs marocains dont 67% déclarent qu'ils ont été victimes de la crise sanitaire actuelle. De son côté, la demande intérieure a vu, elle aussi, son rythme de croissance ralentir. Une évolution qui s’explique par le repli de l’investissement (traduisant le manque de visibilité et le comportement de méfiance qui règnent chez les entreprises) mais aussi par le ralentissement de la consommation des ménages notamment des dépenses en biens durables, en habillement, en transport et tourisme.
 
Laprès-Covid entre rigueur et relance

Face à cette situation inédite, le Maroc a fait et continue à faire preuve de robustesse et d’agilité appréciées par les citoyens et saluées par la communauté internationale. En effet, les décisions prises par le gouvernement ont permis jusque là de gérer efficacement la bataille sanitaire tout en limitant l’ampleur de ses conséquences socio-économiques. La fin du confinement marquera certainement le début d’une nouvelle bataille d’ordre économique et sociale pendant laquelle l’économie nationale doit faire preuve d’une forte résilience. Le débat sur les scénarios de sortie de crise et sur les mesures à prendre pour redémarrer l’économie est loin de faire l’unanimité. Une grande controverse s’élève aujourd’hui entre les défenseurs de la rigueur budgétaire et les partisans des politiques de relance.

Toutefois, nous croyons que la sortie de crise ne peut en aucun cas se faire sans appui à l’appareil productif et sans soutien à la demande intérieure. L’Etat n’aura d’autre alternative que d’accompagner les acteurs jusqu’à ce qu’ils soient remis sur pied et ce, au prix même d’une détérioration de la situation budgétaire. La politique monétaire, profitant d’un contexte marqué par la stabilité des prix, devra elle aussi contribuer activement aux efforts visant la relance de l’économie.

Ainsi, Bank-Al-Maghrib sera appelée à apaiser les tensions sur le marché des capitaux à travers des injections massives de liquidités. Les banques seront également appelées à faire preuve de plus de flexibilité en matière de conditions d’octroi de crédit et de renégociation des conditions de prêt pour les emprunteurs en difficulté.

Zineb El Andaloussi
 







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