Les spécialistes ne l’ignorent pas : le Nouveau Roman a été fondé par un ingénieur agronome, Alain-Robbe Grillet qui en est resté le porte-fanion avec Claude Simon ; Michel Butor et Nathalie Sarraute. En poésie, l’autre grand mouvement littéraire, le surréalisme, a été fondé par un médecin, André Breton, un mouvement qui fut porté par d’illustres poètes comme Paul Eluard ou encore Aragon.
Alain-Robbe Grillet et André Breton sont loin de constituer une exception dans la création romanesque et poétique, sinon celle d’avoir fondé des mouvements qui ont largement transcendé les frontières de la littérature française. Dans la littérature maghrébine, Driss Chraïbi, chimiste, et Rachid Boudjedra, mathématicien, montrent que les scientifiques ne sont pas dépourvus d’imagination devant l’acte littéraire, poétique et romanesque.
Si Driss Chraïbi s’investit pleinement dans l’acte créatif, Rachid Boudjedra a gardé le sens de la recherche et ses oeuvres se remarquent par un investissement dans la recherche qui en fait, par certains aspects, de véritables traités par son travail documentaire sur le métro parisien (Topographie idéale pour une agression caractérisée), le football (Le vainqueur de coupe), l’escargot et le rat (L’escargot entêté).
Tahar Ben Jelloun, romancier et poète à l’inspiration intarissable a, par ailleurs, mené des études en psychopathologie sociale et s’inscrit de belle manière dans cette lignée de scientifiques voués à l’écriture.
Mohamed Sijilmassi, pédiatre, a construit une oeuvre importante sur la culture marocaine, arabe et musulmane, dont l’art calligraphique arabe avec Abdelkébir Khatibi. Jalil Bennani, psychiatre, a balisé les chemins de la recherche sur la psychanalyse au Maghreb et a même obtenu le Prix Grand Atlas pour un « psy dans la cité », un livre d’entretien qui met la psychanalyse à la portée du grand public.
Nutritionniste, Bouchra Benchekroun est également dans le périmètre de sa formation et de sa pratique médicale avec « Au coeur de la guérison », « un livre qui peut éclairer sur les clés pour une santé optimale et éviter les maladies dites de civilisation telles que le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies auto-immunes, l’obésité, le cancer, l’alzheimer, etc », dira-t-elle. Ghita El Khayat, psychiatre de son état, a combiné essais, poésies, nouvelles et récits, dont des échanges épistolaires avec Abdelkébir Khatibi « Correspondance ouverte ».
Cette proximité de la médecine avec la littérature n’est pas une démarche accidentelle et isolée. Ces dix dernières années ont vu l’éclosion de plusieurs auteurs dans ce qu’il est convenu d’appeler « roman », médecins de formation et exerçant dans le corps médical.
Parmi ces auteurs, Reda Sadiki, médecin généraliste avant sa spécialisation en chirurgie urologique, a obtenu le Grand Prix Atlas, avec son unique oeuvre de fiction « Les cahiers de Zahir », décerné par le Service Culturel de l’Ambassade de France au Maroc.
Une littérature sans influence
Dans la fiction, Souad Jamaï, cardiologue, en est déjà à sa 3ème oeuvre. Si « Un toubib dans la ville » se déroule dans un cabinet médical, « Des ailes de papier » se confronte à une autre réalité, celle du rêve et de l’ambition : « Ce livre met en scène le parcours parfois complexe des jeunes pour accéder à un métier, mais aussi leur désir de s’envoler vers d’autres cieux, sans vraiment savoir ce qui les attend », avec cette sentence, sous forme de conseil : « Il ne faut jamais emprunter les rêves des autres, au risque de se brûler les ailes ».
« Le serment du dernier messager » se replonge dans l’univers professionnel et met en scène « un jeune chirurgien prénommé Yélif, … confronté à des évènements intriguant qui lui feront découvrir des procédures anormales au sein de l’hôpital dans lequel il exerce ».
Intissar Haddiya, néphrologue et professeur agrégée à la Faculté de médecine d’Oujda, est à la tête d’un capital « fiction » important. Depuis 2016, elle enchaîne les oeuvres : « Au fil des songes », « un voyage poétique, une méditation philosophique sur les grandes questions existentielles ». «L'inconnue»« raconte le mystère d’une rencontre inattendue… » et « Trahison pieuse » se présente comme « un roman social qui traite à travers un oxymore troublant la condition féminine au Maroc ». « Si Dieu nous prête vie », enfin, est « un roman qui met de la lumière sur le vécu empreint d’amour, de douleur, d’espoir et d’aventure d’un groupe d’individus partageant la même séance de dialyse », en une sorte d’écho de l’environnement professionnel d’Intissar Haddiya.
Chirurgien, Mohamed Kohen en est à sa seconde oeuvre. Après, « Le Bloc des contradictions », « un voyage insolite et tendre dans la société marocaine à travers l’histoire d’un amour passionné entre un chirurgien humaniste et hédoniste convaincu et une jeune femme instruite élevée dans les traditions d’une riche famille, et que le destin va sauvagement broyer. », il publie « Pour le plaisir ! » qui « raconte les vies de deux femmes, deux amies, que tout sépare. Le rythme de vie effréné sous le signe du désir pour l’une et l’observation retenue silencieuse pour l’autre qui est la narratrice de cette histoire ». Le « chirurgien humaniste » ouvre les portes du milieu médical même si l’ouvrage ne lui est pas, à proprement parler, consacré.
Les thématiques de Mohamed Kohen, l’écriture également, ne seraient pas désavouées par la célèbre bibliothèque Black Rose ou Blanche des Editions Arlequin. Et précisément, en parlant d’influence et d’inscription dans un courant littéraire, Souad Jamaï et Intissar Haddiya ont répondu aux mêmes questions, entretiens que L’Opinion publie intégralement dans lesquels elles affirment, à l’instar de Mohamed Kohen, n’avoir « jamais » cherché à « écrire comme » aucun autre auteur que… soi-même.
Alain-Robbe Grillet et André Breton sont loin de constituer une exception dans la création romanesque et poétique, sinon celle d’avoir fondé des mouvements qui ont largement transcendé les frontières de la littérature française. Dans la littérature maghrébine, Driss Chraïbi, chimiste, et Rachid Boudjedra, mathématicien, montrent que les scientifiques ne sont pas dépourvus d’imagination devant l’acte littéraire, poétique et romanesque.
Si Driss Chraïbi s’investit pleinement dans l’acte créatif, Rachid Boudjedra a gardé le sens de la recherche et ses oeuvres se remarquent par un investissement dans la recherche qui en fait, par certains aspects, de véritables traités par son travail documentaire sur le métro parisien (Topographie idéale pour une agression caractérisée), le football (Le vainqueur de coupe), l’escargot et le rat (L’escargot entêté).
Tahar Ben Jelloun, romancier et poète à l’inspiration intarissable a, par ailleurs, mené des études en psychopathologie sociale et s’inscrit de belle manière dans cette lignée de scientifiques voués à l’écriture.
Mohamed Sijilmassi, pédiatre, a construit une oeuvre importante sur la culture marocaine, arabe et musulmane, dont l’art calligraphique arabe avec Abdelkébir Khatibi. Jalil Bennani, psychiatre, a balisé les chemins de la recherche sur la psychanalyse au Maghreb et a même obtenu le Prix Grand Atlas pour un « psy dans la cité », un livre d’entretien qui met la psychanalyse à la portée du grand public.
Nutritionniste, Bouchra Benchekroun est également dans le périmètre de sa formation et de sa pratique médicale avec « Au coeur de la guérison », « un livre qui peut éclairer sur les clés pour une santé optimale et éviter les maladies dites de civilisation telles que le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies auto-immunes, l’obésité, le cancer, l’alzheimer, etc », dira-t-elle. Ghita El Khayat, psychiatre de son état, a combiné essais, poésies, nouvelles et récits, dont des échanges épistolaires avec Abdelkébir Khatibi « Correspondance ouverte ».
Cette proximité de la médecine avec la littérature n’est pas une démarche accidentelle et isolée. Ces dix dernières années ont vu l’éclosion de plusieurs auteurs dans ce qu’il est convenu d’appeler « roman », médecins de formation et exerçant dans le corps médical.
Parmi ces auteurs, Reda Sadiki, médecin généraliste avant sa spécialisation en chirurgie urologique, a obtenu le Grand Prix Atlas, avec son unique oeuvre de fiction « Les cahiers de Zahir », décerné par le Service Culturel de l’Ambassade de France au Maroc.
Une littérature sans influence
Dans la fiction, Souad Jamaï, cardiologue, en est déjà à sa 3ème oeuvre. Si « Un toubib dans la ville » se déroule dans un cabinet médical, « Des ailes de papier » se confronte à une autre réalité, celle du rêve et de l’ambition : « Ce livre met en scène le parcours parfois complexe des jeunes pour accéder à un métier, mais aussi leur désir de s’envoler vers d’autres cieux, sans vraiment savoir ce qui les attend », avec cette sentence, sous forme de conseil : « Il ne faut jamais emprunter les rêves des autres, au risque de se brûler les ailes ».
« Le serment du dernier messager » se replonge dans l’univers professionnel et met en scène « un jeune chirurgien prénommé Yélif, … confronté à des évènements intriguant qui lui feront découvrir des procédures anormales au sein de l’hôpital dans lequel il exerce ».
Intissar Haddiya, néphrologue et professeur agrégée à la Faculté de médecine d’Oujda, est à la tête d’un capital « fiction » important. Depuis 2016, elle enchaîne les oeuvres : « Au fil des songes », « un voyage poétique, une méditation philosophique sur les grandes questions existentielles ». «L'inconnue»« raconte le mystère d’une rencontre inattendue… » et « Trahison pieuse » se présente comme « un roman social qui traite à travers un oxymore troublant la condition féminine au Maroc ». « Si Dieu nous prête vie », enfin, est « un roman qui met de la lumière sur le vécu empreint d’amour, de douleur, d’espoir et d’aventure d’un groupe d’individus partageant la même séance de dialyse », en une sorte d’écho de l’environnement professionnel d’Intissar Haddiya.
Chirurgien, Mohamed Kohen en est à sa seconde oeuvre. Après, « Le Bloc des contradictions », « un voyage insolite et tendre dans la société marocaine à travers l’histoire d’un amour passionné entre un chirurgien humaniste et hédoniste convaincu et une jeune femme instruite élevée dans les traditions d’une riche famille, et que le destin va sauvagement broyer. », il publie « Pour le plaisir ! » qui « raconte les vies de deux femmes, deux amies, que tout sépare. Le rythme de vie effréné sous le signe du désir pour l’une et l’observation retenue silencieuse pour l’autre qui est la narratrice de cette histoire ». Le « chirurgien humaniste » ouvre les portes du milieu médical même si l’ouvrage ne lui est pas, à proprement parler, consacré.
Les thématiques de Mohamed Kohen, l’écriture également, ne seraient pas désavouées par la célèbre bibliothèque Black Rose ou Blanche des Editions Arlequin. Et précisément, en parlant d’influence et d’inscription dans un courant littéraire, Souad Jamaï et Intissar Haddiya ont répondu aux mêmes questions, entretiens que L’Opinion publie intégralement dans lesquels elles affirment, à l’instar de Mohamed Kohen, n’avoir « jamais » cherché à « écrire comme » aucun autre auteur que… soi-même.
Abdallah BENSMAÏN