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Enseignement : Zoom sur les compétences linguistiques des enseignants


Rédigé par Siham MDIJI Mardi 7 Décembre 2021

Outre le faible niveau des élèves dans diverses matières, y compris les langues, les enseignants ont été quant à eux visés par des « critiques » dans le rapport du Conseil Supérieur de l’Education, la Formation et la Recherche Scientifique. Détails.



Par le rôle crucial dans le développement économique et social, l’éducation fait partie des sujets les plus abordés dans la société marocaine. Pour cause : la défaillance de l’école marocaine qui traverse une « crise de l’apprentissage » qui se reflète sur le faible niveau des acquis et des compétences académiques des élèves.

L’enseignement qui pâtit de plusieurs maux et dysfonctionnements, a plus que jamais besoin d’une réforme afin de franchir le cap vers une école de qualité capable de produire des étudiants ayant des performances académiques dignes de ce nom. Niveau de plus en plus bas, déperdition scolaire, qualité des enseignants en dégradation, notamment en ce qui concerne les niveaux linguistiques.

« Il est en effet largement admis que la qualité d’un système éducatif dépend de la qualité de ses enseignants », tel est le constat mis en exergue par le Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche scientifique (CSEFRS) dans son rapport, publié mardi dernier, sur le métier de l’enseignant au Maroc.

Un niveau linguistique à ne pas envier

Pointé du doigt, le niveau linguistique de certains enseignants, notamment en français, laisse à désirer, particulièrement dans le cycle primaire. « La maîtrise des langues par exemple, plus particulièrement de la langue française, est un vrai problème. L’enseignant est appelé à être « bilingue » et de dispenser des enseignements aussi bien en arabe qu’en français », a indiqué le rapport.

Qualifiée de faible, voire très faible, par les inspecteurs pédagogiques qui ont participé à des commissions de recrutement, la langue française peut désormais être à l’origine de plusieurs conflits entre les directeurs d’établissement et le personnel enseignant, spécialement du primaire puisqu’une grande partie de cette catégorie est inapte à enseigner en français. Une langue qui, malgré les moult appels à la remplacer par l’anglais, demeure la deuxième parlée au Royaume et qui est, selon l’ex ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Said Amzazi, « un choix irréversible » puisque « les professeurs de français sont majoritaires ».

A ce propos, ledit rapport a fait remarquer que « la répartition des classes, en début d’année, est un moment de forte tension entre le directeur et les enseignants. Pratiquement personne ne veut prendre en charge l’enseignement en français. Et globalement, le niveau des enseignants de cette matière est faible et se détériore d’année en année ».

Remise en cause des modalités de recrutement

Outre les licenciés en études françaises, l’enseignement au secondaire de la langue de Molière est également ouvert aux titulaires de licence en droit (section française), ce qui suscite là-aussi plusieurs interrogations sur la capacité des lauréats de cette branche à assurer l’enseignement, est-il révélé.

L’étude a regretté qu’il y ait, dans certains cas, une inadéquation entre la discipline d’origine et la matière à enseigner. En témoigne le fait qu’un licencié en histoire puisse être affecté à l’enseignement non pas de l’histoire et géographie, mais du français.

Ainsi, l’enseignement du français est la seule matière accessible à des personnes qui ne sont pas diplômés en la matière et de facto qui ne maîtrise pas sa grammaire ni sa conjugaison. « Comment un enseignant peut enseigner le français alors qu’il n’en maîtrise pas la grammaire ? », s’est interrogée une enseignante au secondaire citée dans le rapport, ajoutant que « cette situation est plus marquante chez les enseignants nouvellement recrutés ». Des propos qui invite le ministère de tutelle à repenser les critères et les mesures d’éligibilité qui peuvent améliorer la gestion des recrutements et de la formation des enseignants.

C’est dans ce sens que la Vision stratégique de la réforme 2015-2030 préconise de « gérer de manière efficiente les carrières professionnelles sur la base de l’accompagnement, de l’évaluation et de la promotion, en se fondant sur le mérite, la performance et le rendement ». Elle estime par ailleurs que les enseignants-formateurs des Centres de formation doivent « bénéficier, avant l’accès au métier, d’une formation comportant les spécialités linguistiques, cognitives et pédagogiques liées aux domaines de formation dans lesquels ils seront appelés à exercer ».


Siham MDIJI

Repères

Vers une révision globale des programmes du cycle secondaire

Une réforme des programmes et des méthodes d’enseignement au profit du cycle secondaire s’impose, a souligné Chakib Benmoussa, ministre de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports. Après la révision des programmes scolaires de l’enseignement primaire, la tutelle se prépare actuellement pour une réforme effective des programmes et des méthodes d’enseignement au profit du cycle secondaire, a-t-il confirmé. Le ministre a également indiqué que « la pratique actuelle n’est plus valable, d’autant plus que les élèves ont accès à Internet et trouvent facilement des informations », ajoutant que « le métier d’enseignant changera de plus en plus ».

 
Les bacheliers, désormais seuls candidats aux métiers d’enseignants
Lors d’une session questions-réponses à la Chambre des représentants, le ministre de tutelle a annoncé que la décision de plafonner à 30 ans le recrutement des enseignants, tout en annonçant que dorénavant, seuls les bacheliers auront accès au métier. Cette décision fait partie d’une feuille de route commune qui a pour but de réaliser une réforme éducative en faisant du métier d’enseignant un métier attractif pour les meilleurs cadres du pays à travers « des séries de formations principales et continues. ».

L'info...Graphie

Enseignement : Zoom sur les compétences linguistiques des enseignants

Conseil Supérieur de l’Education


Les écoles communautaires et satellites, un fiasco annoncé

Malgré les efforts déployés par le ministère de l’Education nationale au niveau des écoles satellites et communautaires, des modèles d’écoles censés faciliter la généralisation de scolarisation dans le milieu rural au Maroc, elles souffrent aujourd’hui encore de plusieurs lacunes, en témoigne le rapport du Conseil supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche scientifique.

S’agissant des écoles communautaires, le rapport pointe un manque de personnel enseignant et administratif, de faibles ressources en infrastructures de base (d’infrastructure de base (électricité, eau potable, assainissement, route, etc.) et d’appui social (internat, cantine, transport, etc.). Malgré le fait qu’elles demeurent des écoles de proximité, les écoles satellites font, quant à elles, face à plusieurs contraintes liées parfois à la disponibilité des terrains ou aux conflits d’intérêt entre les douars, aux logements de fonctions insuffisants ainsi qu’au faible encadrement pédagogique et administratif de proximité.

A rappeler que le principe de l’école communautaire repose sur la fédération de plusieurs écoles satellites d’une commune au sein d’une seule école communautaire.
 

Scolarité


Le PNEA alerte sur le niveau scolaire des élèves
 
Le Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche scientifique a publié, mardi 30 novembre, quatre rapports sur l’enseignement au Maroc, dressant ainsi un état des lieux peu reluisant sur le niveau des étudiants en dégradation continue dans les différents cycles et niveaux scolaires.

Tout en s’attardant sur l’attractivité du métier et la formation des enseignants, le Conseil a également publié les résultats de l’enquête relative au Programme national d’évaluation des acquis des élèves (PNEA) concernant le faible niveau scolaire des élèves, spécifiquement de la 6ème année du primaire et de la 3ème année du secondaire collégial. L’étude a porté sur les apprentissages de 36.808 élèves dans les milieux rural et urbain, dans le public et le privé et dans les écoles communales.

Ces résultats reflètent une faiblesse notoire au niveau des acquis chez une bonne partie des élèves à l’enseignement fondamental, à des degrés variés, en langues, en mathématiques et en sciences. Ceci est de nature à engendrer des déperditions à travers l’abandon et le redoublement, impactant ainsi négativement la survie scolaire des jeunes, et anéantissant tous les efforts investis par les pouvoirs publics dans les réformes successives de l’Education. Outre cela, ledit rapport met évidence que la performance des élèves scolarisés dans le secteur privé est supérieure à celle des élèves du public.

Quelle que soit la matière principale (mathématiques, arabe, français, SVT, physique-chimie), seuls 8 à 9% des élèves de l’école publique ont un niveau satisfaisant contre une moyenne de 50% dans l’école privée. Il faut cependant souligner que le secteur privé dote ses établissements de ressources et d’infrastructure nécessaires pour attirer le plus d’élèves et de familles disposant des moyens pour payer les frais de scolarité de leurs enfants.
 

3 questions à Mohammed Guedira

Enseignement : Zoom sur les compétences linguistiques des enseignants

« Nous suivons un système éducatif qu’il faut entièrement revoir »
 
Le Professeur universitaire, expert en Politique Éducative et ingénierie des compétences, Mohammed Guedira, a accepté de répondre à nos questions sur les conditions de recrutement des enseignants.


- Dans son rapport, le conseil pointe du doigt les compétences linguistiques des enseignants, notamment en français. A quel point jugez-vous corrects ces propos ?

- Nous ne pouvons pas venir, aujourd’hui, est pointé du doigt le niveau linguistique de ces enseignants puisque c’est le ministère de l’Education nationale qui est lui-même responsable de ces recrutements. Nous devons plutôt pointer du doigt tout un processus de recrutement, de formation, de stages etc. J’accepte, à mon sens, d’évaluer tout un processus, particulièrement les politiques publiques qui ont été mises en avant depuis le plan d’urgence, qui façonnent l’environnement du travail de l’enseignant à l’école et qui guident leur sélection, recrutement et développement.



- Pensez-vous que le nouveau système d’accès aux métiers de l’enseignement public comblera efficacement les lacunes dont souffre l’école marocaine ?

- Je dirai que c’est une petite partie de la solution. Le métier d’enseignant nécessite avant tout une passion et une vocation qui ne peuvent pas être découvertes qu’à l’âge de 40 ans. J’adhère complétement à cette décision, mais à condition qu’il y ait une pédagogie d’accompagnement et qu’il y ait un effectif suffisant de personnes compétentes et motivées pour effectuer le travail nécessaire, bien gérer et mettre en application les décisions ministérielles.


- A votre avis, quels sont les actions à suivre afin de résoudre tous ces maux ?

- Aujourd’hui, nous avons des problèmes de gouvernance, d’agilité et de prise de décision. Tant qu’il n’y a pas de prise de décision dans le sens de la sanction, nous allons tourner en rond. C’est pour cela qu’il faut, d’abord, opérer dans la transparence. Ensuite, procéder à des évaluations, des inspections et des audits et établir par conséquent des recherches actions très pointues qui vont déboucher sur des actions à mettre en oeuvre. Enfin, revoir entièrement ce système éducatif qui pâtit de plusieurs maux.

 

Recueillis par S.M.

 








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