La recherche scientifique au Maroc avance à pas de tortue. Contrairement à d’autres pays émergents qui aspirent à une société de savoir, le Maroc ne consacre que 0,75% de son Produit Intérieur Brut (PIB) à la recherche scientifique. Un financement « très timide » pour la production d’un travail de qualité apte à apporter une plus-value à la société.
« L’effort consenti par le Maroc pour financer la recherche scientifique ramené à son Produit Intérieur Brut (PIB) est assez faible », a indiqué l’Instance Nationale d’Evaluation du Système d’Education, de Formation et de Recherche Scientifique (CSEFRS) dans un rapport baptisé « La recherche scientifique et technologique au Maroc ».
« Ce ratio n’est que de 0,75% quand bien même la Vision Stratégique de la réforme 2015-2030 avait déjà recommandé en 2015 d’atteindre 1% à court terme, 1,5% en 2025 et 2% en 2030 », a-t-il fait savoir, précisant que « l’État demeure le principal pourvoyeur de ressources financières pour la recherche.
Pour le Conseil supérieur de l’éducation, « le mécanisme d’appels à projets ne semble pas encore constituer la priorité pour optimiser les ressources de financement disponibles, les faire converger et traduire et afficher les priorités et les choix de la stratégie nationale en recherche ».
En plus du financement, les ressources humaines...
Malgré le fait que la recherche scientifique revêt une grande importance, notamment dans le processus de développement de la société, le capital humain qui lui est consacré demeure très limité.
Ce dernier, qui doit être aussi bien qualifié que productif, est d’environ 1.508 par million d’habitants du Maroc. « Le Maroc au côté de l’Afrique du Sud est moins doté en ressources humaines dédiées à la recherche scientifique par comparaison à la population totale », a fait savoir le CSEFRS, sachant que la Vision Stratégique de la réforme 2015- 2030 préconisait dans ses recommandations de recruter 15.000 enseignants-chercheurs à l’horizon 2030, dans le but de renforcer les structures de recherche.
Désormais, même l’organisation du capital humain laisse à désirer. Malgré le fait que la recherche scientifique est une activité conduite par plusieurs institutions et acteurs, à savoir les établissements d’enseignement supérieur ne relevant pas de l’université, les universités en partenariat public-privé, les universités privées, ou même les institutions publiques de recherche, les universités publiques constituent les plus grands pourvoyeurs de ressources humaines, a révélé la même source.
Un constat observé également dans le rapport de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques concernant le volet des ressources humaines en 2016. « Par type d’institution, (ce constat) montre que 77% de ce personnel existent au niveau des universités publiques », a indiqué le rapport.
Quid des bourses d’excellence ?
Pour encourager les titulaires d’un bac+5 à opter pour un doctorat, le Maroc octroi des bourses d’excellence pour la recherche. Des bourses, consacrées aux plus méritants, qui ne dépassent pas les 3.000 Dhs. En effet, « l’analyse du cycle doctoral entreprise par l’INE en 2017 montre que le taux d’abandon est de 32,7% pour toute la période 2004- 2013. Celui-ci s’élève à 41,4% si on se limite à la période d’analyse 2004-2010 », a révélé le Conseil qui pointe du doigt l’insuffisance de ce montant.
« C’est un peu plus du tiers du salaire dans la fonction publique pour un lauréat de Master (ou ingénieur), et à peine l’équivalent d’une fois et demie le SMIG au Maroc pour un doctorant talentueux après 5 années d’études supérieures », a-t-il fait observer.
Outre cela, l’efficacité aval du cycle doctoral n’est pas meilleure que celle en amont. Le ratio du nombre de thèses de doctorat soutenues par rapport au nombre de doctorants est assez faible (5,7% en 2017), par comparaison aux autres pays.
À titre d’exemple, en France, quatre doctorants sur dix obtiennent leurs doctorats chaque deux ans alors qu’en Tunisie ce ratio est nettement meilleur. Ce ratio pour le Maroc a même chuté entre 2014 et 2017, a noté le rapport.
« L’effort consenti par le Maroc pour financer la recherche scientifique ramené à son Produit Intérieur Brut (PIB) est assez faible », a indiqué l’Instance Nationale d’Evaluation du Système d’Education, de Formation et de Recherche Scientifique (CSEFRS) dans un rapport baptisé « La recherche scientifique et technologique au Maroc ».
« Ce ratio n’est que de 0,75% quand bien même la Vision Stratégique de la réforme 2015-2030 avait déjà recommandé en 2015 d’atteindre 1% à court terme, 1,5% en 2025 et 2% en 2030 », a-t-il fait savoir, précisant que « l’État demeure le principal pourvoyeur de ressources financières pour la recherche.
Pour le Conseil supérieur de l’éducation, « le mécanisme d’appels à projets ne semble pas encore constituer la priorité pour optimiser les ressources de financement disponibles, les faire converger et traduire et afficher les priorités et les choix de la stratégie nationale en recherche ».
En plus du financement, les ressources humaines...
Malgré le fait que la recherche scientifique revêt une grande importance, notamment dans le processus de développement de la société, le capital humain qui lui est consacré demeure très limité.
Ce dernier, qui doit être aussi bien qualifié que productif, est d’environ 1.508 par million d’habitants du Maroc. « Le Maroc au côté de l’Afrique du Sud est moins doté en ressources humaines dédiées à la recherche scientifique par comparaison à la population totale », a fait savoir le CSEFRS, sachant que la Vision Stratégique de la réforme 2015- 2030 préconisait dans ses recommandations de recruter 15.000 enseignants-chercheurs à l’horizon 2030, dans le but de renforcer les structures de recherche.
Désormais, même l’organisation du capital humain laisse à désirer. Malgré le fait que la recherche scientifique est une activité conduite par plusieurs institutions et acteurs, à savoir les établissements d’enseignement supérieur ne relevant pas de l’université, les universités en partenariat public-privé, les universités privées, ou même les institutions publiques de recherche, les universités publiques constituent les plus grands pourvoyeurs de ressources humaines, a révélé la même source.
Un constat observé également dans le rapport de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques concernant le volet des ressources humaines en 2016. « Par type d’institution, (ce constat) montre que 77% de ce personnel existent au niveau des universités publiques », a indiqué le rapport.
Quid des bourses d’excellence ?
Pour encourager les titulaires d’un bac+5 à opter pour un doctorat, le Maroc octroi des bourses d’excellence pour la recherche. Des bourses, consacrées aux plus méritants, qui ne dépassent pas les 3.000 Dhs. En effet, « l’analyse du cycle doctoral entreprise par l’INE en 2017 montre que le taux d’abandon est de 32,7% pour toute la période 2004- 2013. Celui-ci s’élève à 41,4% si on se limite à la période d’analyse 2004-2010 », a révélé le Conseil qui pointe du doigt l’insuffisance de ce montant.
« C’est un peu plus du tiers du salaire dans la fonction publique pour un lauréat de Master (ou ingénieur), et à peine l’équivalent d’une fois et demie le SMIG au Maroc pour un doctorant talentueux après 5 années d’études supérieures », a-t-il fait observer.
Outre cela, l’efficacité aval du cycle doctoral n’est pas meilleure que celle en amont. Le ratio du nombre de thèses de doctorat soutenues par rapport au nombre de doctorants est assez faible (5,7% en 2017), par comparaison aux autres pays.
À titre d’exemple, en France, quatre doctorants sur dix obtiennent leurs doctorats chaque deux ans alors qu’en Tunisie ce ratio est nettement meilleur. Ce ratio pour le Maroc a même chuté entre 2014 et 2017, a noté le rapport.
Siham MDIJI
L'info...Graphie
3 questions à Mohammed Guedira
« La recherche au Maroc est liée au syndrome de la diplomite et non pas au développement des secteurs vitaux du pays »
Le Professeur universitaire, expert en Politique Éducative et Ingénierie des Compétences, Mohammed Guedira, a accepté de répondre à nos questions sur les lacunes auxquelles fait face la recherche scientifique.
- Est-ce que vous considérez que le budget alloué à la recherche scientifique est suffisant, notamment pour produire une thèse de qualité ?
- Il faut reconnaitre qu’il n’est pas suffisant. Plusieurs pays consacrent une partie importante de leur PIB à la recherche scientifique, tel est le cas d’Israël (5%), l’Allemagne (3,2%), la Finlande (2,8%), la Belgique (2,77%), etc. Nous sommes très loin des normes qui ont été établies par l’UNESCO en 2000 à la rencontre de Lisbonne.
La recherche scientifique ne dépend pas uniquement d’un budget, mais de plusieurs variables, à commencer par les ressources informationnelles et logistiques, la richesse des canaux de publications, l’encadrement rigoureux des enseignants, l’existence de structures collaboratifs et pluridisciplinaires. Malheureusement, la recherche au Maroc est liée au syndrome de la diplomite et non pas au développement des secteurs vitaux du pays.
-Qu’en est-il des bourses de recherche qui ne dépassent pas les 3.000 Dhs ?
- C’est déplorable. Un chercheur ne peut pas faire de la recherche avec 3.000 Dhs/mois. Cependant, il faut une bourse assez conséquente pour permettre des voyages de recherche, des échanges, des formations, etc. Par conséquent, il faut augmenter cette somme et travailler par laboratoire ou par centre de recherche et non pas uniquement par étudiant ou équipe de recherche pour qu’il y ait une économie d’échelle à ce niveau-là. La voie du salut est, dans ce sens, de multiplier les partenariats entre le nord et le sud.
- A votre avis, quel est le meilleur moyen pour attirer plus d’étudiants à faire de la recherche?
- La compétitivité nécessite des moyens, une très bonne sélection basée sur la méritocratie, l’égalité et l’équité, une attractivité par des bourses, des voyages et des partenariats à l’étranger. A mon sens, il faut revoir le nombre de spécialistes en méthodologie qui ne sont pas assez en plus des ressources financières qui doivent dorénavant provenir des collectivités locales, des ministères, des entreprises, etc. Nous assistons aujourd’hui à une course de publications, or nous n’avons pas assez de revue de recherche.
- Est-ce que vous considérez que le budget alloué à la recherche scientifique est suffisant, notamment pour produire une thèse de qualité ?
- Il faut reconnaitre qu’il n’est pas suffisant. Plusieurs pays consacrent une partie importante de leur PIB à la recherche scientifique, tel est le cas d’Israël (5%), l’Allemagne (3,2%), la Finlande (2,8%), la Belgique (2,77%), etc. Nous sommes très loin des normes qui ont été établies par l’UNESCO en 2000 à la rencontre de Lisbonne.
La recherche scientifique ne dépend pas uniquement d’un budget, mais de plusieurs variables, à commencer par les ressources informationnelles et logistiques, la richesse des canaux de publications, l’encadrement rigoureux des enseignants, l’existence de structures collaboratifs et pluridisciplinaires. Malheureusement, la recherche au Maroc est liée au syndrome de la diplomite et non pas au développement des secteurs vitaux du pays.
-Qu’en est-il des bourses de recherche qui ne dépassent pas les 3.000 Dhs ?
- C’est déplorable. Un chercheur ne peut pas faire de la recherche avec 3.000 Dhs/mois. Cependant, il faut une bourse assez conséquente pour permettre des voyages de recherche, des échanges, des formations, etc. Par conséquent, il faut augmenter cette somme et travailler par laboratoire ou par centre de recherche et non pas uniquement par étudiant ou équipe de recherche pour qu’il y ait une économie d’échelle à ce niveau-là. La voie du salut est, dans ce sens, de multiplier les partenariats entre le nord et le sud.
- A votre avis, quel est le meilleur moyen pour attirer plus d’étudiants à faire de la recherche?
- La compétitivité nécessite des moyens, une très bonne sélection basée sur la méritocratie, l’égalité et l’équité, une attractivité par des bourses, des voyages et des partenariats à l’étranger. A mon sens, il faut revoir le nombre de spécialistes en méthodologie qui ne sont pas assez en plus des ressources financières qui doivent dorénavant provenir des collectivités locales, des ministères, des entreprises, etc. Nous assistons aujourd’hui à une course de publications, or nous n’avons pas assez de revue de recherche.
Recueillis par S. M.
Université Hassan 1er d’Oujda
Abdellatif Miraoui limoge la présidente
Après le scandale des chantages sexuels et suite à moult dysfonctionnements liés à la gestion, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui, a décidé de congédier la présidente de l’Université Hassan 1er, nous ont confirmé des sources proches du dossier. Celle-ci a été informée de son limogeage.
Selon nos sources, il ne s’agit pas d’un châtiment après le scandale des harcèlements sexuels. Il est reproché, à la présidente déchue, sa gestion reprochable des affaires de l’Université dont l’image a été fortement compromise dernièrement. Rappelons que l’Université Hassan II a connu un scandale sans précédent en novembre 2021. Des étudiantes ont été victimes d’un chantage de la part de leur professeur qui leur a demandé des faveurs sexuelles en échange de validation de module.
Après son retentissement dans les médias, cette affaire a pris ensuite une tournure judiciaire avec l’ouverture d’une enquête par la BNPJ. Le professeur a été arrêté et présenté devant la Justice. Janvier 2022, il a été condamné à deux ans de prison ferme par la Chambre criminelle du Tribunal de première instance de Settat pour atteinte à la pudeur avec violence et harcèlement sexuel. Une affaire semblable, rappelons-le, a éclaté également à l’Université d’Oujda.
Selon nos sources, il ne s’agit pas d’un châtiment après le scandale des harcèlements sexuels. Il est reproché, à la présidente déchue, sa gestion reprochable des affaires de l’Université dont l’image a été fortement compromise dernièrement. Rappelons que l’Université Hassan II a connu un scandale sans précédent en novembre 2021. Des étudiantes ont été victimes d’un chantage de la part de leur professeur qui leur a demandé des faveurs sexuelles en échange de validation de module.
Après son retentissement dans les médias, cette affaire a pris ensuite une tournure judiciaire avec l’ouverture d’une enquête par la BNPJ. Le professeur a été arrêté et présenté devant la Justice. Janvier 2022, il a été condamné à deux ans de prison ferme par la Chambre criminelle du Tribunal de première instance de Settat pour atteinte à la pudeur avec violence et harcèlement sexuel. Une affaire semblable, rappelons-le, a éclaté également à l’Université d’Oujda.
Objectif de développement durable
La nécessité de la promotion de l’éducation, des sciences et de la culture
Le Maroc érige la promotion de l’éducation, des sciences et de la culture en priorité nationale et la considère un levier important pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), c’est ce qu’a indiqué le ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, au cours de la session ordinaire de l’Assemblée générale de la Commission nationale pour l’Éducation, les sciences et la culture, tenue la semaine dernière.
Tout en mettant en avant l’engagement du Maroc, dans le cadre de son nouveau modèle de développement, pour donner la priorité au secteur de l’éducation, des sciences et de la culture, M. Benmoussa a mis l’accent sur les réformes urgentes à mettre en oeuvre en faveur d’une nouvelle école inclusive, basée sur les principes d’équité, d’égalité des chances et de qualité pour tous.
S’attardant sur les actions de la Commission, le ministre de tutelle s’est félicité du bilan positif de ses activités en termes de parachèvement de sa restructuration et de la mise en oeuvre de divers projets et programmes en pleine interaction avec les trois organisations (UNESCO, ICESCO et ALESCO).
De même, il a fait part de la détermination de la Commission à agir en fonction de son prochain plan d’action, tout en évoquant les références institutionnelles les plus importantes pour la réforme, notamment le NMD, le programme gouvernemental 2026-2021 et la loi-cadre n° 51-17 relative au système d’éducation, de formation et de recherche scientifique.
Par ailleurs, la Commission a tenu une session consacrée notamment à la présentation de son rapport d’activité au titre de l’année 2021, le plan d’action et le budget pour l’année 2022.
Tout en mettant en avant l’engagement du Maroc, dans le cadre de son nouveau modèle de développement, pour donner la priorité au secteur de l’éducation, des sciences et de la culture, M. Benmoussa a mis l’accent sur les réformes urgentes à mettre en oeuvre en faveur d’une nouvelle école inclusive, basée sur les principes d’équité, d’égalité des chances et de qualité pour tous.
S’attardant sur les actions de la Commission, le ministre de tutelle s’est félicité du bilan positif de ses activités en termes de parachèvement de sa restructuration et de la mise en oeuvre de divers projets et programmes en pleine interaction avec les trois organisations (UNESCO, ICESCO et ALESCO).
De même, il a fait part de la détermination de la Commission à agir en fonction de son prochain plan d’action, tout en évoquant les références institutionnelles les plus importantes pour la réforme, notamment le NMD, le programme gouvernemental 2026-2021 et la loi-cadre n° 51-17 relative au système d’éducation, de formation et de recherche scientifique.
Par ailleurs, la Commission a tenu une session consacrée notamment à la présentation de son rapport d’activité au titre de l’année 2021, le plan d’action et le budget pour l’année 2022.