La vulnérabilité des entreprises marocaines du secteur non financier privé est restée relativement stable durant la période 2006-2019, quoiqu’elle ait enregistré une légère hausse à partir de 2014, en lien avec l’atonie de la croissance économique. Le constat de Bank Al-Maghrib (BAM) est dressé dans une nouvelle étude intitulée «Analyse de la vulnérabilité du tissu productif marocain », menée auprès de 306.346 entreprises non financières.
Ce travail de recherche a été élaboré par Feue Sara Benazzi (alors économiste à BAM), Hicham Bennouna (économiste au FMI) et Tomasz Chmielewski (économiste au Département de la Recherche Economique, Narodowy Bank Polski).
Dans cette étude, la vulnérabilité a été analysée par taille, âge, secteur d’activité et région. Et ce, selon quatre principaux critères, à savoir la solvabilité, la liquidité, la rentabilité et la capacité de service de la dette. Il en ressort que le processus de désendettement financier s’est amorcé à partir de 2013, particulièrement dans le secteur de l’immobilier. Une part non négligeable de l’endettement financier a été substituée par la dette commerciale chez les petites, moyennes et grandes entreprises par la dette auprès des associés pour les TPE.
De même, une part importante de l’endettement financier a été substituée par la dette commerciale chez les petites, moyennes et grandes entreprises par la dette auprès des associés pour les TPE. «Près de 31% des entreprises en moyenne sur la période 2006-2019 ont contracté une dette financière, soit un niveau proche de l’estimation de l’Observatoire marocain de la TPME (2020) et des enquêtes du Haut-Commissariat au Plan (2019) et de la Banque Mondiale (2019)», constate l’étude.
Les TPME plus vulnérables que les GE
Au plan de la vulnérabilité, l’étude révèle aussi qu’environ 5 entreprises sur 10 sont vulnérables selon au moins un critère entre 2006 et 2019. Au niveau global, l’indice de vulnérabilité des entreprises est resté relativement stable sur la période étudiée quoiqu’il ait enregistré une légère hausse à partir de 2014, en lien avec l’atonie de la croissance économique. Par source de vulnérabilité, l’analyse révèle que les entreprises non financières (ENF) sont principalement exposées aux risques de liquidité et de capacité relativement limitée à couvrir leurs charges d’intérêt, suivis par les risques de solvabilité et de rentabilité.
Par ailleurs, l’étude de BAM, basée, entre autres, sur le ratio de couverture des intérêts ICR (Interest Coverage Ratio) montre que les secteurs « Hôtels et restauration » et « Agriculture et pêche » demeurent fragiles. Ce ratio permet d’examiner la capacité des ENF à couvrir leurs charges d’intérêts par leurs résultats nets avant intérêts et taxes.
L’étude montre, en outre, que les jeunes entreprises et les TPME (Très Petites et Moyennes Entreprises) sont relativement plus vulnérables que les vieilles et les grandes entreprises (GE). Aussi, et en dépit d’une concentration élevée de l’activité bancaire sur l’axe littoral Tanger-Casa, les dettes à risque des régions « Casablanca-Settat », « Rabat-Salé-Kénitra » et « Tanger- Tétouan-Al Hoceima » demeurent dans des niveaux relativement inférieurs à d’autres régions comme « Marrakech-Safi », « l’Oriental » et certaines régions du Sud, soulignent les auteurs de l’étude.
Ratio du levier financier
Autre résultat frappant de l’étude : le ratio du levier financier, qui indique la capacité des capitaux propres à couvrir la totalité de l’encours de la dette, a connu une légère progression, passant de 20% à 23% entre 2006 et 2013. Cette tendance s’est renversée à partir de 2013 où le ratio d’endettement financier (rapport entre la dette totale et le total des actifs) a enregistré une relative baisse pour se situer à moins de 20% en 2019.
D’après BAM, « cette évolution peut s’expliquer par les contre-performances enregistrées par certaines entreprises, en particulier celles qui ont été fortement touchées par la crise financière internationale, et qui avaient un endettement relativement élevé et un besoin important de liquidité. Ces dernières ont adopté, à partir de 2014, des plans de restructuration et des nouveaux programmes visant à assainir leurs situations financières».
Ratio quick
S’agissant de la liquidité, « le ratio quick », qui détermine la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements de court terme en utilisant ses actifs de court terme, s’est inscrit dans une tendance baissière entre 2007 et 2011. Il a connu ensuite une légère amélioration transitoire en 2014 et 2018.
Ceci dit, ce ratio est resté, sur toute la période, inférieur au seuil critique de 1.2, considéré comme niveau de risque élevé dans les travaux empiriques sur le risque de liquidité. Par conséquent, souligne toujours BAM, le tissu productif marocain dans sa globalité demeure vulnérable aux chocs adverses de liquidité.
Ratio ROA
Concernant la rentabilité, l’étude indique que le « ROA », un ratio qui renseigne sur la capacité des entreprises à générer une rentabilité suffisante, est passé de 2% à 6% entre 2006 et 2008 avant de contracter une baisse significative à partir de 2009 pour se stabiliser en moyenne autour de 2% à partir de 2011. La baisse de la rentabilité des ENF est principalement expliquée par les retombées négatives de la crise financière internationale qui a impacté significativement plusieurs secteurs clés de l’économie nationale et par une succession de chocs négatifs dont notamment les fluctuations de la hausse des cours des matières premières et le Printemps arabe, explique l’étude.
Ratio ICR
Enfin, le ratio de couverture des intérêts (ICR) montre que les ENF couvrent en moyenne jusqu’à 4 fois leurs charges d’intérêt sur la période 2006-2019. En revanche, ce ratio s’est inscrit en baisse entre 2008 et 2014 en lien avec la contraction de la rentabilité durant cette période.
L’étude montre, par ailleurs, que le taux d’accès au financement bancaire est de l’ordre de 28% pour les TPE, contre 68% pour les PME et 87% pour les grandes entreprises. Pour conclure, l’étude souligne que la vulnérabilité des entreprises marocaines est restée relativement stable durant la période étudiée, et le degré de vulnérabilité dépend des caractéristiques individuelles des entreprises (taille, âge, secteur d’activité et région)..
Ce travail de recherche a été élaboré par Feue Sara Benazzi (alors économiste à BAM), Hicham Bennouna (économiste au FMI) et Tomasz Chmielewski (économiste au Département de la Recherche Economique, Narodowy Bank Polski).
Dans cette étude, la vulnérabilité a été analysée par taille, âge, secteur d’activité et région. Et ce, selon quatre principaux critères, à savoir la solvabilité, la liquidité, la rentabilité et la capacité de service de la dette. Il en ressort que le processus de désendettement financier s’est amorcé à partir de 2013, particulièrement dans le secteur de l’immobilier. Une part non négligeable de l’endettement financier a été substituée par la dette commerciale chez les petites, moyennes et grandes entreprises par la dette auprès des associés pour les TPE.
De même, une part importante de l’endettement financier a été substituée par la dette commerciale chez les petites, moyennes et grandes entreprises par la dette auprès des associés pour les TPE. «Près de 31% des entreprises en moyenne sur la période 2006-2019 ont contracté une dette financière, soit un niveau proche de l’estimation de l’Observatoire marocain de la TPME (2020) et des enquêtes du Haut-Commissariat au Plan (2019) et de la Banque Mondiale (2019)», constate l’étude.
Les TPME plus vulnérables que les GE
Au plan de la vulnérabilité, l’étude révèle aussi qu’environ 5 entreprises sur 10 sont vulnérables selon au moins un critère entre 2006 et 2019. Au niveau global, l’indice de vulnérabilité des entreprises est resté relativement stable sur la période étudiée quoiqu’il ait enregistré une légère hausse à partir de 2014, en lien avec l’atonie de la croissance économique. Par source de vulnérabilité, l’analyse révèle que les entreprises non financières (ENF) sont principalement exposées aux risques de liquidité et de capacité relativement limitée à couvrir leurs charges d’intérêt, suivis par les risques de solvabilité et de rentabilité.
Par ailleurs, l’étude de BAM, basée, entre autres, sur le ratio de couverture des intérêts ICR (Interest Coverage Ratio) montre que les secteurs « Hôtels et restauration » et « Agriculture et pêche » demeurent fragiles. Ce ratio permet d’examiner la capacité des ENF à couvrir leurs charges d’intérêts par leurs résultats nets avant intérêts et taxes.
L’étude montre, en outre, que les jeunes entreprises et les TPME (Très Petites et Moyennes Entreprises) sont relativement plus vulnérables que les vieilles et les grandes entreprises (GE). Aussi, et en dépit d’une concentration élevée de l’activité bancaire sur l’axe littoral Tanger-Casa, les dettes à risque des régions « Casablanca-Settat », « Rabat-Salé-Kénitra » et « Tanger- Tétouan-Al Hoceima » demeurent dans des niveaux relativement inférieurs à d’autres régions comme « Marrakech-Safi », « l’Oriental » et certaines régions du Sud, soulignent les auteurs de l’étude.
Ratio du levier financier
Autre résultat frappant de l’étude : le ratio du levier financier, qui indique la capacité des capitaux propres à couvrir la totalité de l’encours de la dette, a connu une légère progression, passant de 20% à 23% entre 2006 et 2013. Cette tendance s’est renversée à partir de 2013 où le ratio d’endettement financier (rapport entre la dette totale et le total des actifs) a enregistré une relative baisse pour se situer à moins de 20% en 2019.
D’après BAM, « cette évolution peut s’expliquer par les contre-performances enregistrées par certaines entreprises, en particulier celles qui ont été fortement touchées par la crise financière internationale, et qui avaient un endettement relativement élevé et un besoin important de liquidité. Ces dernières ont adopté, à partir de 2014, des plans de restructuration et des nouveaux programmes visant à assainir leurs situations financières».
Ratio quick
S’agissant de la liquidité, « le ratio quick », qui détermine la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements de court terme en utilisant ses actifs de court terme, s’est inscrit dans une tendance baissière entre 2007 et 2011. Il a connu ensuite une légère amélioration transitoire en 2014 et 2018.
Ceci dit, ce ratio est resté, sur toute la période, inférieur au seuil critique de 1.2, considéré comme niveau de risque élevé dans les travaux empiriques sur le risque de liquidité. Par conséquent, souligne toujours BAM, le tissu productif marocain dans sa globalité demeure vulnérable aux chocs adverses de liquidité.
Ratio ROA
Concernant la rentabilité, l’étude indique que le « ROA », un ratio qui renseigne sur la capacité des entreprises à générer une rentabilité suffisante, est passé de 2% à 6% entre 2006 et 2008 avant de contracter une baisse significative à partir de 2009 pour se stabiliser en moyenne autour de 2% à partir de 2011. La baisse de la rentabilité des ENF est principalement expliquée par les retombées négatives de la crise financière internationale qui a impacté significativement plusieurs secteurs clés de l’économie nationale et par une succession de chocs négatifs dont notamment les fluctuations de la hausse des cours des matières premières et le Printemps arabe, explique l’étude.
Ratio ICR
Enfin, le ratio de couverture des intérêts (ICR) montre que les ENF couvrent en moyenne jusqu’à 4 fois leurs charges d’intérêt sur la période 2006-2019. En revanche, ce ratio s’est inscrit en baisse entre 2008 et 2014 en lien avec la contraction de la rentabilité durant cette période.
L’étude montre, par ailleurs, que le taux d’accès au financement bancaire est de l’ordre de 28% pour les TPE, contre 68% pour les PME et 87% pour les grandes entreprises. Pour conclure, l’étude souligne que la vulnérabilité des entreprises marocaines est restée relativement stable durant la période étudiée, et le degré de vulnérabilité dépend des caractéristiques individuelles des entreprises (taille, âge, secteur d’activité et région)..
A. CHANNAJE
Evolution de la réglementation de l’IS au Maroc
L’impôt sur les sociétés (IS) est souvent présenté comme un instrument budgétaire efficace pour encourager l’investissement. Après son instauration en 1987, l’IS a connu une série de révisions entre 1988 et 1996 qui ont réduit son taux de 45% à 35%. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport de Bank Al-Maghrib intitulé «Impôt sur les sociétés et investissement : quel lien au Maroc ?» Ensuite, la réforme de 2008 a fixé les taux d’imposition à 30% pour les entreprises non-financières et à 37% pour les entreprises financières. La réforme adoptée en 2011 a permis aux entreprises réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 3 MDH de bénéficier d’un taux d’IS préférentiel de 15%.
Plus récemment, l’IS a connu une succession de réformes qui ont débuté en 2016 avec le changement du barème d’imposition en reposant cette fois sur le résultat au lieu du chiffre d’affaires et en adoptant des taux progressifs.