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Escroquerie dite " samaoui " ou par hypnose


Rédigé par Dr Adil Loubbardi le Jeudi 13 Mars 2025



Dr Adil Loubbardi, commissaire divisionnaire ex chef du service ADN du laboratoire de police scientifique et de différents services de la police judiciaire de la DGSN.
Dr Adil Loubbardi, commissaire divisionnaire ex chef du service ADN du laboratoire de police scientifique et de différents services de la police judiciaire de la DGSN.
L'histoire se répète, on change de technique d'approche mais le résultat est le même. Les victimes de l’escroquerie à la «Samaoui» ne cessent de proliférer dans toutes les villes du Royaume.

Une technique utilisée par des arnaqueurs qui se font passer pour des marabouts ou fqihs, dotés de pouvoirs surnaturels la baraka, qui exploitent la superstition des gens, principalement des femmes, à qui ils proposent de «purifier» leurs bijoux et leur argent d’une malédiction avant de les subtiliser.

Approche initiale : 

Les escrocs, agissent généralement en bande composée de deux hommes et une femme, avant de contacter leurs victimes potentielles ils opèrent un repérage au préalable et une analyse de leur environnement. Ils receuillent des informations comme leurs noms, leur situation familiale et financière.

La technique consiste à entrer en contact direct avec la victime. Celle-ci est sollicitée par le chef de la bande à l’aspect respectable qui lui demande de lui indiquer le chemin d'une école coranique ou de la mosquée. La victime est vite captivée par les révélations de son interlocuteur, qui commence à lui parler de ses propres problèmes, dont il a eu vent suite à une enquête effectuée par la bande. Impressionnée, la victime se laisse progressivement aller et commence à croire aux pouvoirs magiques de son interlocuteur.

Pour mettre en confiance la victime, son interlocuteur fait la même chose avec une autre passante qui se trouve être une complice. Il lui demande les bijoux qu’elle porte, pour la débarrasser des sorts qu’on lui aurait jetés. Tout ça devant les yeux ébahis de la future victime. Quand l’escroc lui demande de rapporter tout son argent et ses bijoux, la victime s’exécute. L’escroc, lui demande ensuite de lui tourner le dos et de ne se retourner qu’après avoir fini de psalmodier cent fois un verset coranique. Un délai suffisant pour que les deux comparses s’enfuient à bord d’une voiture où les attend un chauffeur.

Confiance et crédibilité : 

Pour gagner la confiance de leurs victimes, les escrocs s'appuient sur leur crédulité et leur croyance, ils se présentent comme des croyant dotés de la baraka divine. Ils se font aider de complices qui se prête au jeu dont le principal acteur révèle des informations personnelles les concernant, ce qui le rend crédule vis à vis de la victime. Cette dernière ébahis devant la scène rentre dans un état psychologique qui la rend vulnérable (sorte d'hypnose) et devient prête à exécuter les requêtes de l'escroc sans retissance.

Promesse de gains :

Enlever le sort jeté sur l'argent ou les bijoux n'est, en d'autres termes, qu'une façon de les rendre prolifiques. Les escrocs peuvent aussi prétendre multiplier les sommes d'argent détenues par les victimes, de même que les bijoux.

Disparition : 

Après avoir reçu les bijoux et/ou l'argent, l'escroc demande aux victimes de tourner le dos et de réciter quelques versets coraniques ou simplement de fermer les yeux pendant un laps de temps qui lui permet de disparaître sans laisser de trace. Il peut aussi envelopper les bijoux dans un tissu sur lequel il récite quelques versets ou incantations avant de procéder à un échange sans que sa victime ne s'en aperçoive. Les victimes ne se rendent compte de la duperie qu'après un moment.

Effets spéciaux: 

Lors de l'échange avec la victime, l'escroc peut être amené à utiliser des effets pour influencer son subconscient, comme lui jeter de l'eau, ou lui faire tenir une pierre noire ou du plomb (matières utilisées dans les rituels de magie).

Profil de l'escroc :

L'acteur principal est généralement âgé d'une cinquantaine d'années, les cheveux décoiffés, vêtu d'une jellaba ou gandoura (habits traditionnels). Il prétend avoir des pouvoirs divins (chrif, ouali ou fqih) ou est d'une descendance religieuse. Mais le plus important est qu’il maîtrise l’art de l’allocution. Il doit connaître par cœur quelques versets coraniques spécifiques et aussi des incantations.

En général, les escrocs qui ont réussi et perduré dans ce domaine sont issus des « halqas » des souks.

Le terme « halqa » désigne la réunion que forment des spectateurs ou des auditeurs autour d'une personne donnant un discours ou présentant un spectacle.

C'est dans ces halqas qu'on apprend à captiver l'attention des spectateurs par des histoires imaginaires afin de les inciter à donner de leur argent.

Internationalisation du samaoui:

En effet, des cas similaires de l’escroquerie dite « samaoui » ont été enregistrés à Roubaix et Tourcoing, au nord de la France où existe une importante communauté d’origine maghrébine, mais aussi à Châtellerault et Saint-Étienne. En Belgique aussi, quelques cas ont été répertoriés. 

En conclusion, on remarque que la réussite de cette arnaque tient aussi au fait que la victime est psychologiquement prédisposée à se faire escroquer, et qu'une fois qu'elle réalise qu'elle a été dupée, elle se défend en arguant que les escrocs ont usé de pouvoirs surnaturels, ce qui alimente encore plus les récits fantastiques autour du samaoui.