La Fondation TGCC accueille l’exposition « Khass bi annisae ?/Consacré aux femmes ? » de l’artiste Khadija El Abyad, lauréate de la première édition du Prix Mustaqbal. Lancé en 2021, ce prix est un concours de jeune création contemporaine. L’exposition, curatée par Fatima Zahra Lakrissa, a lieu à l’espace d’art Artorium jusqu’au 12 novembre 2022.
« ‘’Consacré aux femmes ?’’ désigne une performance photographiée de 2022 qui a inspiré le titre de cette exposition. L’artiste l’inscrit de sa main droite sur et dans sa main gauche, à la pointe de l’aiguille. Entre la chair et la peau, révélant l’implication totale du corps dans l’acte de l’écriture. Mais en s’inscrivant, la question s’efface à elle-même, puisque l’artiste a choisi de décrocher les voyelles ainsi que le point d’interrogation, lui permettant de devenir reconnaissable en tant qu’entité écrite tout en restant illisible, et par conséquent, intraduisible. La résistance au lisible manifeste une volonté de préserver ce qui précède et survit à tout texte, à toute lecture, et qui révèle une nature nue : la puissance originaire de l’écriture, qui s’annonce comme une graphie à la fois psychique et physique. Là où défaille l’écriture, intervient le langage, et là où celui-ci à son tour défaille apparaît l’image, elle-même insuffisante mais déjà relayée par la sensation. Cette relation intermédiale et le parcours qu’elle dessine entre corps, matière, médium deviennent le lieu d’un questionnement sur la possibilité d’une autorité d’essence féminine qui s’achemine vers une réflexion de plus en plus abstraite pour en suggérer la complexité bien plus que la certitude du point de vue unique. L’inachèvement dont la main porte trace (lecture promise mais refusée), mais aussi sa position érigée, tendue vers l’extérieur (d’où dépend le rapport de la main au monde), nous incite à y reconnaître la souveraineté d’une compétence sensorielle entre la vue et le toucher : la perception haptique qui contribue au rapprochement du tactile et de l’optique. »
« ‘’Consacré aux femmes ?’’ désigne une performance photographiée de 2022 qui a inspiré le titre de cette exposition. L’artiste l’inscrit de sa main droite sur et dans sa main gauche, à la pointe de l’aiguille. Entre la chair et la peau, révélant l’implication totale du corps dans l’acte de l’écriture. Mais en s’inscrivant, la question s’efface à elle-même, puisque l’artiste a choisi de décrocher les voyelles ainsi que le point d’interrogation, lui permettant de devenir reconnaissable en tant qu’entité écrite tout en restant illisible, et par conséquent, intraduisible. La résistance au lisible manifeste une volonté de préserver ce qui précède et survit à tout texte, à toute lecture, et qui révèle une nature nue : la puissance originaire de l’écriture, qui s’annonce comme une graphie à la fois psychique et physique. Là où défaille l’écriture, intervient le langage, et là où celui-ci à son tour défaille apparaît l’image, elle-même insuffisante mais déjà relayée par la sensation. Cette relation intermédiale et le parcours qu’elle dessine entre corps, matière, médium deviennent le lieu d’un questionnement sur la possibilité d’une autorité d’essence féminine qui s’achemine vers une réflexion de plus en plus abstraite pour en suggérer la complexité bien plus que la certitude du point de vue unique. L’inachèvement dont la main porte trace (lecture promise mais refusée), mais aussi sa position érigée, tendue vers l’extérieur (d’où dépend le rapport de la main au monde), nous incite à y reconnaître la souveraineté d’une compétence sensorielle entre la vue et le toucher : la perception haptique qui contribue au rapprochement du tactile et de l’optique. »
Fatima Zahra Lakrissa