Invité samedi du journal de 13h de TF1, M. Mélenchon a interpellé les trois partis macronistes et la droite: "le gouvernement de Lucie Castets, s'il ne comportait aucun ministre Insoumis, est-ce que vous vous engagez à ne pas voter la censure et à lui permettre d'appliquer le programme pour lequel nous sommes arrivés en tête des élections législatives ?", a demandé le patriarche de la gauche radicale.
"Si vous nous répondez non, on dira que les ministres Insoumis, en fait, c'est un prétexte, c'est du programme dont vous ne voulez pas", a-t-il ajouté.
L'option d'un soutien de LFI sans participation au gouvernement - comme l'avaient fait les communistes avec le Front populaire en 1936 - est dorénavant sur la table et les cartes sont rebattues.
C'est en tout cas comme cela que l'a entendu le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
"Jean-Luc Mélenchon ouvre la voie à un soutien sans participation de La France insoumise à un gouvernement de Lucie Castets. Le prétexte de la présence de ministres LFI n'existe plus", a-t-il réagi.
"La déclaration de Jean-Luc Mélenchon met le camp Macron face à ses responsabilités. Les écologistes attendent avec impatience la réponse des chefs des partis Renaissance, Horizons et Modem", a de son côté commenté auprès de l'AFP la patronne des écologistes, Marine Tondelier.
"J'attends les réponses à la question de Jean-Luc Mélenchon", a simplement réagi devant la presse Lucie Castets, qui avait été prévenue de l'initiative mélenchoniste en amont, à l'inverse des autres dirigeants de gauche.
"Les quatre forces du NFP ont vocation à gouverner", a rappelé la candidate de la gauche à la primature, en saluant cependant une "position constructive" du leader Insoumis.
Jusqu'ici, devant la presse, les dirigeants de LFI rejetaient l'hypothèse d'une non-participation à un gouvernement de Lucie Castets. Cette dernière, reçue vendredi matin à l'Elysée avec onze représentants du Nouveau Front populaire, avait maintenu devant Emmanuel Macron sa volonté d'avoir des ministres LFI, plus gros groupe du NFP à l'Assemblée, dans son gouvernement.
Mais vendredi soir, tard, Jean-Luc Mélenchon et des proches, qui se présentent comme "du côté de la solution et non du problème" ont discuté de cette option.
Car la présence au gouvernement de membres du mouvement de gauche radicale est une ligne rouge pour les macronistes, la droite et l'extrême droite.
"Pour nous c'est non aux ministres LFI et non à un programme inspiré par LFI. Nous sommes opposés à leur participation à un gouvernement, comme à leurs idées", a maintenu dans l'après-midi le chef des sénateurs LR Bruno Retailleau.
"Si c'est pour appliquer le programme des Insoumis, censure en effet", a abondé le député Renaissance Mathieu Lefèvre." "Pas de ministre LFI, pas de propositions LFI dans le programme et plus de LFI à l'Assemblée nationale. Là oui, on commence à être bien...", a ironisé le député macroniste et ancien rapporteur général du budget Jean-René Cazeneuve.
Emmanuel Macron a entamé vendredi un cycle de consultations des chefs de parti et de groupe parlementaire censé déboucher sur la nomination d'un Premier ministre, six semaines après les élections législatives qui ont vu la coalition de gauche du NFP arriver en tête en nombre avec 193 sièges, toutefois loin de la majorité absolue.
Le président doit encore recevoir les leaders du RN Marine Le Pen et Jordan Bardella lundi, puis leur allié Eric Ciotti.
Et si la macronie prenait les Insoumis au mot? "Chiche!", a répondu le coordinateur national de La France insoumise Manuel Bompard. "Le sujet ce n'est pas nous, c'est l'application du programme", a-t-il promis.
A gauche, ils étaient en tout cas nombreux à saluer un beau coup de poker de Jean-Luc Mélenchon.
"C'est plutôt habile de la part de Jean-Luc d'apparaître comme celui qui ne bloque pas", analysait le député écologiste et ex-Insoumis Alexis Corbière.
"Ça leur permet de garder les mains propres. Tout échec d'un gouvernement NFP sans eux ne serait pas leur échec", se projetait pour sa part un parlementaire socialiste.