Routes d'approvisionnement coupées pour le cannabis en provenance du Maroc, raréfaction du consommateur confiné, points de deal fermés, vols entre la Guyane et la métropole supprimés pour les mules transportant de la cocaïne : les 55 jours du confinement ont eu des conséquences sévères sur un secteur dont le chiffre d'affaires annuel est estimé, au bas mot, à 3 milliards d'euros.
"Les trafics ont été fortement touchés et on estime qu'ils ont diminué de 30 à 40%", a affirmé vendredi le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, au siège de l'Office antistupéfiants (Ofast) à Nanterre.
Cette estimation se base sur plusieurs éléments, a détaillé la cheffe de l'Ofast, Stéphanie Cherbonnier : la baisse des faits constatés, du volume de produits saisis, du nombre de personnes interpellées et "les informations qui nous remontent sur la disponibilité des produits".
Selon Mme Cherbonnier, qui a pris la tête du nouvel office "antistups" créé fin 2019, le confinement a d'abord provoqué une importante désorganisation, voire une "sidération" chez les trafiquants.
Une "rupture de l'approvisionnement" a été constatée avec, à la clef, une désorganisation des points de deal.
Cette période a permis à l'Ofast d'estimer à 10 jours l'ampleur des stocks avant la "pénurie" de produits, qui s'est traduite par une augmentation "massive" des prix, au détail comme en gros, de l'ordre de 30 à 60% par exemple pour le cannabis.
La barrette de cannabis "vendue 15-20 euros en temps normal pouvait parfois atteindre les 40 euros", observe un policier du Val-d'Oise
Cette hausse été moins palpable dans les zones frontalières, par exemple les Pyrénées-Orientales ou le nord du pays.
Au cours de cette période exceptionnelle, les services antidrogues ont pu cependant constater la grande adaptabilité des trafiquants.
Outre la recherche de nouvelles routes et moyens d'approvisionnement, ils ont su s'appuyer sur le développement de la cannabiculture et "l'ubérisation" des trafics renforcée par les réseaux sociaux, à savoir les commandes et livraisons à domicile de drogues.
Ils ont pu aussi déplacer les points de vente "à l'intérieur des bâtiments", "pour être moins visibles des forces de l'ordre", ajoute le policier de banlieue parisienne. "Certains s'étaient aussi postés directement près des commerces autorisés à ouvrir, comme les épiceries ou les supermarchés."
Cette brusque contraction du marché s'est par ailleurs accompagnée de son lot de violences, sur fond de rivalités exacerbées.
Ainsi à Marseille, dans la nuit de jeudi à vendredi, un homme de 25 ans a été tué par balles, dans le secteur de la Cayolle (sud de la ville), où se trouve un important point de vente de drogue.
A Rennes, l'agression d'un trafiquant en avril a provoqué trois tentatives de règlements de comptes, qui se sont soldées par huit interpellations.
Pour le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez, la "guerre des territoires" aiguisée par le confinement est venue accentuer la politique de déstabilisation des réseaux habituellement menée par les forces de l'ordre, qui provoque, elle aussi, des pénuries et perturbe les réseaux de distribution.
Reste que comme le montrent de récentes saisies de cannabis, les trafiquants ont continué de vouloir importer de volumineuses cargaisons de drogues. Ainsi, dans la nuit du 23 au 24 avril, les Douanes ont mis la main sur 645 kg de cannabis dans un camion, en région lyonnaise.
Mardi, toujours dans la grande agglomération lyonnaise, deux véhicules "go fast" ont été interceptés par la police, qui a découvert 430 kg de cannabis et 10 kg de cocaïne, témoignant d'une volonté de reprise rapide des approvisionnements par la route.
Mme Cherbonnier promet que tout "le renseignement" glané durant cette période sera "mis à profit" dans la lutte contre des trafics.
"Les trafics ont été fortement touchés et on estime qu'ils ont diminué de 30 à 40%", a affirmé vendredi le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, au siège de l'Office antistupéfiants (Ofast) à Nanterre.
Cette estimation se base sur plusieurs éléments, a détaillé la cheffe de l'Ofast, Stéphanie Cherbonnier : la baisse des faits constatés, du volume de produits saisis, du nombre de personnes interpellées et "les informations qui nous remontent sur la disponibilité des produits".
Selon Mme Cherbonnier, qui a pris la tête du nouvel office "antistups" créé fin 2019, le confinement a d'abord provoqué une importante désorganisation, voire une "sidération" chez les trafiquants.
Une "rupture de l'approvisionnement" a été constatée avec, à la clef, une désorganisation des points de deal.
Cette période a permis à l'Ofast d'estimer à 10 jours l'ampleur des stocks avant la "pénurie" de produits, qui s'est traduite par une augmentation "massive" des prix, au détail comme en gros, de l'ordre de 30 à 60% par exemple pour le cannabis.
La barrette de cannabis "vendue 15-20 euros en temps normal pouvait parfois atteindre les 40 euros", observe un policier du Val-d'Oise
Cette hausse été moins palpable dans les zones frontalières, par exemple les Pyrénées-Orientales ou le nord du pays.
Au cours de cette période exceptionnelle, les services antidrogues ont pu cependant constater la grande adaptabilité des trafiquants.
Outre la recherche de nouvelles routes et moyens d'approvisionnement, ils ont su s'appuyer sur le développement de la cannabiculture et "l'ubérisation" des trafics renforcée par les réseaux sociaux, à savoir les commandes et livraisons à domicile de drogues.
Ils ont pu aussi déplacer les points de vente "à l'intérieur des bâtiments", "pour être moins visibles des forces de l'ordre", ajoute le policier de banlieue parisienne. "Certains s'étaient aussi postés directement près des commerces autorisés à ouvrir, comme les épiceries ou les supermarchés."
Cette brusque contraction du marché s'est par ailleurs accompagnée de son lot de violences, sur fond de rivalités exacerbées.
Ainsi à Marseille, dans la nuit de jeudi à vendredi, un homme de 25 ans a été tué par balles, dans le secteur de la Cayolle (sud de la ville), où se trouve un important point de vente de drogue.
A Rennes, l'agression d'un trafiquant en avril a provoqué trois tentatives de règlements de comptes, qui se sont soldées par huit interpellations.
Pour le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez, la "guerre des territoires" aiguisée par le confinement est venue accentuer la politique de déstabilisation des réseaux habituellement menée par les forces de l'ordre, qui provoque, elle aussi, des pénuries et perturbe les réseaux de distribution.
Reste que comme le montrent de récentes saisies de cannabis, les trafiquants ont continué de vouloir importer de volumineuses cargaisons de drogues. Ainsi, dans la nuit du 23 au 24 avril, les Douanes ont mis la main sur 645 kg de cannabis dans un camion, en région lyonnaise.
Mardi, toujours dans la grande agglomération lyonnaise, deux véhicules "go fast" ont été interceptés par la police, qui a découvert 430 kg de cannabis et 10 kg de cocaïne, témoignant d'une volonté de reprise rapide des approvisionnements par la route.
Mme Cherbonnier promet que tout "le renseignement" glané durant cette période sera "mis à profit" dans la lutte contre des trafics.