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Gestion de la crise Covid : le CESE exprime ses griefs et liste ses recommandations


Rédigé par Saad Jafri Jeudi 5 Novembre 2020

Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) vient de publier une étude sur «les impacts sanitaires, économiques et sociaux du virus covid-19 et leviers d'actions envisageables», après avoir été saisi par le président de la Chambre des représentants. Détails d'une étude qui liste les multiples échecs de la gestion gouvernementale.



Ahmed Reda Chami, président du CESE.
Ahmed Reda Chami, président du CESE.
Cette étude s'inscrit dans le cadre d'une double dynamique, marquée par la nécessité de faire face à la crise sanitaire et ses répercussions d'une part, et par la nécessité de mettre en place un modèle de développement renouvelé pour le Maroc d'autre part, souligne le Conseil.

S’agissant de la gestion gouvernementale de la crise sanitaire, le CESE n’a pas manqué de souligner que la phase 3 de la levée progressive du confinement (à partir du 19 juillet 2020) a conduit à une recrudescence des contaminations dans le Royaume, «chose qui a eu un impact négatif sur les résultats sanitaires positifs qui ont marqué la phase de confinement». Et de préciser que les mesures prises durant la période de déconfinement (restrictions de déplacement, suspension des transports dans certaines zones, et autres), ainsi que la communication hésitante autour de ces mesures ont créé la confusion au sein de la population et ont laissé place à des interprétations parfois erronées sur les réseaux sociaux.

Pour ce qui est des services sociaux de base, l’étude considère que le système de santé est marqué par une prédominance de la médecine curative qui accuse plusieurs lacunes et ne répond pas aux besoins des citoyens. Même son de cloche au niveau du système de protection sociale qui demeure inadéquat avec la présente conjoncture et qui ne dispose pas des atouts nécessaires pour atténuer les effets des licenciements massifs, de la hausse du travail dans l’informel, de l’aggravation des maladies et la hausse des prix des soins de base.

Sans surprise, le CESE a pointé du doigt les lacunes du système éducatif, qui a certes enregistré un certain progrès, mais qui reste lacunaire, notamment en termes de digitalisation.

Concernant les choix de politiques industrielles, dont l’Exécutif chante les louanges, le Conseil d’ Ahmed Réda Chami, note qu’ils ont rendu le tissu productif vulnérable aux mutations brusques au niveau des chaines de valeur mondiales et des chaines logistiques. Et ce, suite à la faible importance accordé à l’exploitation des opportunités de substitution aux importations. Par ailleurs, les efforts de restructuration de l’appareil productif déployés par le gouvernement, n’ont pas permis de régler les problèmes de taille et de sous-capitalisation des entreprises nationales, précise-t-on de même source. 

Comment sortir de la crise ?

Cela dit, le CESE considère cette crise une réelle opportunité pour opérer une transformation radicale des mentalités et des modes de pensée, organisation, gestion, production et de consommation prédominantes au Maroc, «une transformation qui requiert de profondes réformes structurelles à même de contribuer à réunir les conditions propices à la mise en place du nouveau modèle de développement, en cours d'élaboration».
 
Le Conseil préconise, dans ce sens, un ensemble de leviers majeurs de transformation et des recommandations d'une dimension graduelle et cumulative pour atteindre trois principaux objectifs stratégiques. Il s'agit de renforcer la résilience du Maroc face aux perturbations et sa capacité à cohabiter avec le virus Covid-19, d'autant plus que cela est devenu nécessaire, ajoute le communiqué, notant qu'il est question de garantir le droit des citoyens à la santé, soutenir le pouvoir d'achat des ménages et de protéger le tissu productif.
 
Le deuxième objectif est celui de relancer l'économie nationale, en incitant les entreprises à gagner en compétitivité et créer des postes d'emploi, tout en veillant à suivre les changements produits par la crise, d'une façon à saisir les opportunités qui découlent de la reconfiguration des chaines de valeurs mondiales. Dans le cadre de la relance, le Conseil estime qu'il est nécessaire de limiter les importations afin de garantir la relance économique et de réduire le transfert de devises à l'étranger.

Il a, à cet effet, recommandé la substitution de certains produits importés par des produits locaux, à travers des incitations financières et fiscales et un appui technique, sur une période de deux à trois ans, au profit des entreprises nationales qui investissent dans de nouveaux produits. Le CESE appelle également à mener une campagne de communication pour promouvoir la marque “Made in Morocco” et “Consommer marocain”, à travers tous les canaux disponibles (médias traditionnels, Internet et réseaux sociaux, affichage dans les supermarchés, etc.). 

Cet effort promotionnel, note l'étude, peut être soutenu par le développement d'un label pour la qualité et le respect du consommateur et de l'environnement à même de favoriser l'achat de produits à vocation nationale.
 
Troisièmement, il s'agit de mettre le Maroc sur les rails d'un nouveau processus de développement en palliant les lacunes et les fragilités dont pâtit notre actuel modèle de développement, à travers l’accélération des réformes et des mesures de restructuration nécessaires pour l'éclosion d'un Maroc prospère d'une manière durable, plus inclusive, solidaire et résiliente face aux changements.
 
C’est dans ce sillage que le CESE propose 149 recommandations s'articulant autour de 7 principaux axes, visant à renforcer la capacité du Maroc à anticiper les transformations et à s'y adapter en toute flexibilité.
 
Il s'agit de cohabiter avec le virus de Covid-19 compte tenu des exigences de l'état d'urgence et la nécessité d'adaptation et de renforcer trois principaux rôles de l’État (un État qui fournit l'assurance à tous durant les crises, un Etat qui assure la mission de couverture sociale, où le citoyen occupe une place centrale et Un État doté d'une vision à long terme et qui assure la planification stratégique).
 
Il est question aussi de transiter d'un «système de soins» à un «système sanitaire», mettre en place un système de couverture sociale généralisée et des stratégies innovantes pour intégrer le secteur informel et relancer l’économie à court terme tout en œuvrant à moyen terme à renforcer sa résilience face aux chocs futurs. Il préconise également de développer les secteurs stratégiques pour consolider la souveraineté économique nationale et de mettre en place une politique économique nationale intégrée et inclusive en matière de transformation digitale.








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