La crise monte d’un cran entre le ministère de l’Enseignement supérieur et les futures blouses blanches. Au moment où Abdellatif Miraoui campe toujours sur sa position, et refuse tout retour en arrière, les étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie multiplient les formes de protestation contre les réformes entreprises dans le système de formation dans ces filières.
Lors d’un sit-in organisé, samedi devant le Parlement, les étudiants grévistes ont appelé Abdellatif Miraoui à privilégier la voie du dialogue pour mettre un terme aux tensions persistantes au sein des Universités. Ils ont de même appelé le ministère de tutelle à surseoir sur les sanctions et suspensions prises à l’encontre de certains protestants.
Lors d’un sit-in organisé, samedi devant le Parlement, les étudiants grévistes ont appelé Abdellatif Miraoui à privilégier la voie du dialogue pour mettre un terme aux tensions persistantes au sein des Universités. Ils ont de même appelé le ministère de tutelle à surseoir sur les sanctions et suspensions prises à l’encontre de certains protestants.
Position ferme de la tutelle
Devant l'Hémicycle, les protestants ont exprimé leur refus quant au contenu de la dernière prise de parole du ministre à ce propos. Sur un ton ferme, Miraoui avait indiqué que les examens du deuxième semestre se dérouleront début juin prochain, conformément au calendrier initial, annonçant qu'aucune session extraordinaire n’est en vue.
Il a, en outre, lancé un appel, aux futures blouses blanches pour retourner dans les classes et à passer leurs examens en vue de rattraper les retards enregistrés cette année. Au regard de la tutelle, le mouvement de grève des étudiants n’est pas justifié d’autant plus que le gouvernement a réussi à satisfaire 45 revendications défendues par les contestataires.
Cependant, les étudiants s’attachent aux grèves pour pousser le gouvernement à rouvrir la porte du dialogue sur les désagréments qui, jugent-ils, portent atteinte à leur parcours de formation. Pour eux, aucune reprise n’est en vue tant qu’un accord satisfaisant n’aura pas été signé. D’autant plus, ajoutent-ils, que « le spectre d’une année blanche plane sur les Universités ».
En réalité, cette option ne pourrait profiter à aucune des parties concernées, selon les professionnels du secteur qui évoquent déjà un déficit criant de blouses blanches dans les hôpitaux publics. Ainsi, une année blanche ne serait pas sans effets, car elle risque de peser gravement sur l’agenda de formation fixé par le département, visant à former 2800 médecins à l’horizon de 2030.
Dans ce contexte, Allal Amraoui, député du Parti de l'Istiqlal, estime que la réduction de la durée de formation doit être expliquée et accompagnée d’une vision globale sur la refonte du système de formation. Il reproche au ministère de tutelle l’absence de communication qui a fini par soulever des doutes chez les étudiants.
Communication à grande échelle
Pour rattraper ce retard, Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé plaide pour la réunion des différentes parties prenantes pour la résolution immédiate de ce dossier épineux. Ainsi, il est question, selon lui, d'organiser, vers fin juillet, un colloque scientifique national sous la présidence du Chef de l'Exécutif, avec la participation de l’ensemble des acteurs du secteur de santé.
Cette rencontre sous le thème : « Les enjeux de la formation médicale au Maroc, son rôle et ses priorités pour la réussite des grands projets de santé dans le Royaume » devra servir de plateforme de communication autour de la vision de la réforme entreprise. « L’occasion de discuter clairement les bénéfices et des implications des réformes envisagées pour les prochaines années, sans ambiguïté », souligne-t-il.
La voix des futures blouses blanches ne devrait pas être incluse dans cette initiative. En effet, Tayeb Hamdi exhorte les ministères à être à l'écoute, des visions, des suggestions, des craintes exprimées par les concernés, dans un climat de débat scientifique serein, loin de la pression des contraintes du dialogue et des pressions temporelles liées à l’année universitaire en cours.
En attendant la date de la tenue de cet événement, Tayeb Hamdi appelle à user de la période de préparation du colloque, de sa tenue et de ses suites pour reconstruire un pont de confiance et prendre en considération, par l’ensemble des parties concernées, les enjeux majeurs des grands chantiers de santé au Maroc.
Écoute mutuelle
En réponse aux appels de dialogue lancés par les étudiants, Hamdi préconise la reprise du dialogue entre les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé et les étudiants ainsi que les autres intervenants avant la mi-septembre, à la lumière des procès-verbaux des réunions suspendues, de l'esprit du colloque national et ses recommandations.
De ce fait, il exhorte les étudiants, sans exception, à reprendre les études et les stages au plus tard la semaine prochaine, appelant les futures médecins à faire preuve de flexibilité pour gérer les programmes de rattrapage ainsi que le département de Miraoui pour dépasser les récentes suspensions à l’encontre de certains étudiants protestants.
Au regard de notre interlocuteur, la résolution de cette crise va au-delà de la simple reprise des cours au sein des Universités. « En ouvrant les voies possibles au dialogue, la tutelle va donner de l'espoir en l'avenir de la profession sans exception dans notre pays et pour arrêter la migration des compétences médicales vers l'étranger qui nous coûte très cher », explique Tayeb Hamdi.
Jusqu'à présent, le ministère n’affiche pas l’intention d’ouvrir un dialogue national avec les futurs médecins, du moment que celui-ci se poursuit avec les étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie au niveau local.