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Guerre au Proche-Orient : Quel impact sur l’économie marocaine ?


Rédigé par Soufiane CHAHID Lundi 20 Mai 2024

D'après un rapport de la Banque Mondiale, intitulé "Conflit et dette dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord", le Maroc, comme le reste de la région MENA, sera relativement épargné par l'impact de la crise au Proche-Orient. Cependant, la croissance économique du Royaume demeure fragile.



D’après la Banque Mondiale, la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) devrait connaître une croissance de 2,7% en 2024, marquant une légère amélioration par rapport au 1,9% enregistré en 2023. Toutefois, ce rythme de croissance reflète un retour à la faible progression observée dans la décennie précédant la pandémie.

Ces perspectives demeurent incertaines en raison de l'augmentation des niveaux d'endettement et de la persistance des conflits récents dans la région.
 
Effets des conflits

Selon le rapport, de nombreuses économies de la région MENA (telles que l’Algérie, la Libye, les membres du Conseil de Coopération du Golfe et le Maroc) devraient être relativement épargnées par le conflit, car elles n’ont que peu de liens économiques avec la Palestine ou Israël.

Elles pourraient subir des chocs sur les prix des produits de base et, éventuellement, une intensification des tensions internes, mais ni l’un ni l’autre ne devrait se matérialiser si le conflit est maîtrisé. Par exemple, les liens commerciaux directs du Maroc avec Israël sont très limités, tout comme ceux de la Libye et de l’Algérie.

Les pays MENA en situation de fragilité et de conflit, comme le Yémen, pourraient subir certains effets, bien qu’indirects, des chocs commerciaux liés à la crise du canal de Suez ou au détournement éventuel de l’aide internationale, qui est une source essentielle de financement des déficits extérieur et budgétaire structurels.

Au Yémen, la reprise des exportations de pétrole en 2024 est désormais improbable, en raison du ralentissement des négociations de paix dans le contexte du conflit. La reprise des exportations de pétrole est un sujet crucial dans ces négociations qui, au moment de la rédaction de ce rapport, marquent le pas à cause du conflit à Gaza et du bombardement par les Houthis de cargos en mer Rouge.
 
Inflation et croissance

La hausse de l’inflation et la reprise de la croissance réelle dans les pays importateurs de pétrole de la région MENA en 2023 expliquent la baisse observée du ratio dette/PIB, malgré la persistance de fortes augmentations de l’encours nominal de la dette. En revanche, comme les prix du pétrole ont reculé en 2023 après avoir atteint un niveau très élevé l’année précédente, l’inflation et la croissance réelle dans les pays exportateurs de pétrole de la région n’ont pratiquement joué aucun rôle dans le ratio dette/PIB.

Par conséquent, l’encours nominal de la dette étant à peu près inchangé, le ratio est resté constant en 2023. À la fin de 2023, le ratio global dette/PIB des pays exportateurs de pétrole de la région était supérieur de moins de 1 point de pourcentage au niveau de 2019. La chute des prix du pétrole en 2020 explique en partie l’augmentation du ratio dette/PIB cette année-là, mais leur remontée en 2021 et le pic atteint en 2022 expliquent sa baisse par la suite.
Le ratio dette/PIB des pays importateurs de pétrole de la région en 2023 était supérieur de plus de 10 points de pourcentage aux niveaux antérieurs à la pandémie. La forte augmentation de l’encours nominal de la dette en 2020 s’est poursuivie les années suivantes, ce qui signifie qu’en dépit d’une forte croissance du PIB réel en 2021 et d’une inflation élevée en 2022, non seulement le ratio dette/PIB n’a pas diminué, mais il a continué de grimper ces années-là.
 
Croissance atone

D’une part, les pays MENA, en particulier les importateurs de pétrole, affichent une composante « croissance » du PIB réel plus faible que celle des pays émergents et pays en développement (PEDP). Les pays importateurs de pétrole de la région étant plus endettés que leurs homologues des PEPD, une composante « croissance » plus faible peut être attribuée à des taux de croissance économique plus bas.

La croissance économique dans la région est atone ces deux dernières décennies, pour plusieurs raisons. La croissance de la productivité reste à la traîne, même au Maroc et en Égypte, les deux économies ayant les taux les plus élevés de la région, ce qui indique non seulement que la croissance est faible, mais aussi qu’elle est inefficace.

D’autres facteurs comprennent un déficit de gouvernance, un manque de transparence et un niveau insuffisant de responsabilisation. D’autre part, la composante « inflation » dans les pays MENA importateurs de pétrole est à peu près de la même taille que dans les autres PEPD. Là encore, en raison des différences de niveau d’endettement, ce phénomène peut être attribué à des taux d’inflation plus faibles dans la région MENA.
 
Politiques de prix

Au cours de la période allant de mars à juillet 2022, les pays MENA ont enregistré des taux d’inflation inférieurs à ceux des PEPD, parce qu’à des degrés divers, la région MENA a mis en œuvre des politiques qui ont réduit la répercussion de la hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et des carburants sur les prix à la consommation.

Les décideurs de la région sont intervenus sur les marchés de produits, en utilisant des outils tels que le contrôle des prix et les subventions à la consommation, pour faire en sorte que le prix national de certains biens échangeables, tels que les denrées alimentaires et l’énergie, soit inférieur au cours mondial.
 
Prévisions pour le Maroc

Au Maroc, on devrait avoir un taux de croissance du PIB de 2,4% en 2024, contre 2,8% en 2023, en raison du net ralentissement de l’activité agricole, laquelle devrait reculer de près de 3% en 2024 du fait de conditions climatiques anormalement arides et chaudes qui nuisent aux cultures majeures. Les taux des différents groupes de pays devraient être beaucoup moins disparates en 2024 et 2025 que ces dernières années.

Pour 2024, la différence entre les prévisions de croissance dans les pays du CCG et dans les pays en développement importateurs de pétrole, hormis l’Égypte (Cisjordanie et Gaza, Djibouti, Jordanie, Liban, Maroc et Tunisie), est pratiquement d’un point de pourcentage. Elle présente un contraste marqué avec la différence enregistrée en 2022 entre ces deux groupes de pays, à savoir 5,6 points de pourcentage.
 
Soufiane CHAHID









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