Mis à rude épreuve par une situation économique chaotique à l'échelle internationale, le Maroc a su surmonter la tempête. En 2023, l'économie marocaine a montré des signes de reprise significative, enregistrant une croissance de 3,4 % par rapport aux 1,5 % de l'année précédente. Selon une récente note d'information du Haut-Commissariat au Plan, cette croissance a été largement soutenue par la demande intérieure, se manifestant dans un environnement marqué par une forte inflation et une réduction du besoin de financement de l'économie.
Dynamisme des secteurs non agricoles
Le secteur primaire, comprenant l'agriculture et la pêche, a enregistré une hausse de 1,6 % en volume, après une chute sévère de 11,8 % en 2022. L'agriculture a progressé de 1,4 % contre une baisse de 11,3 % l'année précédente, tandis que la pêche a rebondi de 7 % après une chute drastique de 20,8 % .
Le secteur secondaire a connu une croissance de 1,3 % en 2023, en contraste avec une diminution de 2,7 % en 2022. Cette performance résulte principalement de l'augmentation de la valeur ajoutée dans l'industrie manufacturière (+2,7 % contre +0,6 % en 2022) et dans l'électricité, le gaz, l'eau, l'assainissement et les déchets (+0,7 % contre une baisse de 4,4 %). Toutefois, certaines industries ont continué de décliner, telles que l'industrie d'extraction (-2,7 % contre -23 %) et le bâtiment et travaux publics (-0,4 % contre -3,7 %).
Le secteur tertiaire a vu son taux de croissance ralentir à 4,4 % en 2023, après une hausse de 6,8 % en 2022. Ce ralentissement s'explique par la diminution de la croissance dans plusieurs sous-secteurs, notamment l'hébergement et la restauration (+23,5 % contre +68 %), la recherche et le développement ainsi que les services rendus aux entreprises (+5,1 % contre +10,8 %), et les services financiers et assurances (+5 % contre +10,2 %). Cependant, certains segments ont montré une accélération, comme le transport et l'entreposage (+5,9 % contre +3,9 %) et les services immobiliers (+3 % après une stagnation).
PIB et inflation : Une double dynamique
Le Produit Intérieur Brut (PIB) en volume a augmenté de 3,4 % en 2023, soutenu par une hausse de 4,9 % des impôts nets des subventions sur les produits. Aux prix courants, le PIB a grimpé de 10 %, contre 4,2 % en 2022, reflétant une augmentation significative du niveau général des prix de 6,4 %, comparé à 2,7 % l'année précédente.
La demande intérieure a rebondi avec une hausse de 3,3 % en 2023, après une baisse de 1,2 % en 2022, contribuant positivement à la croissance économique nationale de 3,7 points. Les dépenses de consommation finale des ménages ont augmenté de 3,9 %, après une stagnation, apportant une contribution positive de 2,4 points à la croissance. L'investissement brut a progressé de 1,5 % après une baisse de 6 % en 2022, soutenant la croissance à hauteur de 0,5 point.
Échanges extérieurs : Une contribution négative
Les échanges extérieurs ont affiché une contribution négative à la croissance économique en 2023. Les exportations de biens et services ont augmenté de 8,8 %, en baisse par rapport à la croissance de 20,5 % en 2022, apportant une contribution de 3,9 points à la croissance contre 6,8 points l'année précédente. Les importations ont progressé de 7,4 % contre 9,5 % en 2022, entraînant une contribution négative de 4,2 points, légèrement plus importante que la contribution négative de 4 points enregistrée l'année précédente. Globalement, les échanges extérieurs ont dégagé une contribution négative de 0,3 point à la croissance économique, contre une contribution positive de 2,8 points en 2022.
L'allègement du besoin de financement de l'économie nationale a également été notable. Avec une hausse de 10 % du PIB aux prix courants contre 4,2 % en 2022, et une augmentation de 7,5 % des revenus nets reçus du reste du monde contre 10,5 %, le revenu national brut disponible a enregistré une croissance de 9,7 % contre 5,2 % en 2022, atteignant 1 576 milliards de dirhams en 2023. L'épargne nationale s'est située à 28,2 % du PIB contre 26,7 % en 2022, grâce à une hausse de 7,6 % de la consommation finale nationale en valeur contre 7,7 % l'année précédente. Le niveau d'investissement brut, représentant 28,8 % du PIB contre 30,3 %, a conduit à un allègement du besoin de financement de l'économie nationale, passant de 3,6 % du PIB en 2022 à 0,6 % en 2023.