Depuis des années, l’activité des groupuscules terroristes affiliés à Daech et Al Qaida ne cesse d’inquiéter le Maroc pour autant qu’ils constituent une menace imminente à sa sécurité nationale qu’à ses intérêts stratégiques en Afrique subsaharienne. Vu la déstabilisation de quelques Etats de la région comme le Mali, le Tchad, la Guinée et le Burkina-Faso, le Sahel est devenu un terrain fertile pour l’idéologie extrémiste et une aubaine pour l’organisation de « l’Etat islamique » qui ne cesse d’étendre son activité dans cette région de façon inquiétante. De quoi alarmer les autorités marocaines qui se focalisent désormais sur cette région si stratégique pour le Maroc, comme l’a indiqué le Directeur du Bureau central d’investigations judiciaires, Habboub Cherkaoui, dans une interview accordée à l’Agence EFE.
Selon le Patron du BCIJ, Daech est « intensément actif » au Sahel, ce qui constitue une menace non seulement pour les pays africains mais aussi pour les pays arabes et européens ». « Ce qui gêne et inquiète le plus le Maroc, actuellement, est la région du Sahel, qui est devenue un refuge sûr et fertile pour les réseaux terroristes (...) et où l’EI s’est déplacé après sa défaite en Syrie et en Irak », a-t-il mis en garde.
En effet, après sa faillite et sa neutralisation au Moyen Orient par les forces de la Coalition internationale en Irak et par les forces syriennes en Syrie, Daech s’est installé dans la bande sahélo-saharienne et agit en complicité avec d’autres groupes terroristes tout en enrôlant des combattants des pays voisins. Dans une interview précédente accordée à L’Opinion, le patron du BCIJ a fait savoir qu’il existe des liens entre les groupes terroristes actifs dans la région du Sahel et le Polisario qui, selon lui, est devenu un pourvoyeur de combattants.
Outre le terrorisme, Habboub Cherkaoui a précisé que le Sahel est un espace dans lequel prolifère l’activité de différents réseaux criminels organisés spécialisés dans la traite des êtres humains, l’émigration illégale, la contrebande et le trafic d’armes et de drogues. « Ce qui inquiète le Maroc, c’est aussi la collusion entre (le terrorisme) et les réseaux criminels qui peuvent financer des organisations terroristes grâce à leurs profits », a-t-il prévenu.
En effet, le retrait de la France et des forces de ses alliés européens de la force Takuba du Mali est de nature à renforcer les craintes des pays de la région qui craignent l’épanouissement des groupes terroristes dans le vaste territoire malien d’autant que l’Etat malien peine à faire face aux risques terroristes. Le meurtre des camionneurs marocains en février 2021 reste encore gravé dans les mémoires. Cet incident a suscité des craintes quant aux menaces qui pèsent sur le commerce transsaharien, vital pour les intérêts marocains.