L’homme est d’une discrétion et d’une humilité déconcertantes. Comédien de talent, il ne jure que par son art. Pourtant, au théâtre comme à la télévision ou au cinéma, l’espace d’action qu’on lui confie est généralement chétif. En revanche, les rôles muets qu’il interprète sont d’une grandeur absolue. Hamid Najah ne connaît pas d’ennemis, ni dans sa vie professionnelle ni dans son entourage quotidien. Ses sorties sur les réseaux sociaux témoignent d’un être regorgeant d’un amour qu’il partage ou communique sans retenue.
Son récurrent « Je vous aime » reste une signature indélébile. Une enfance humble et simple est certainement le secret de cette rare grandeur de cœur. Artiste multiple, il crée sans compter, soucieux de donner du bonheur à son contemporain, à son prochain. Il est de la trame de ceux qui agissent en silence, se confient rarement, sinon par leur créativité. Le voilà interprète, poète francophone, dessinateur, décorateur, parfois metteur en scène et une vraie « gueule ». Ce fils de Derb Sultane ne tarit pas d’éloges à l’endroit de son cher quartier : « Derb Sultan est toute mon enfance, c’est presque ma vie, c’est mon savoir, mon existence, car c’est dans ce quartier où a débuté ma carrière artistique en faisant la connaissance de diverses personnes. Je cite Ahmed Habachi, Youssef Fadel, Azzedine Rifky, l’écrivain Mohamed Jabrane, le metteur en scène Mohamed Sahmaoui, Mohamed Ben Brahim, Zaki Billal, Rachid Guennoun et d’autres. On travaillait ensemble au théâtre amateur.
Mes débuts étaient en 1965. Mes études primaires étaient à l’école Mohammedia de Derb Monastir, puis à Al Azhar où il y avait un terrain de foot à l’Hermitage en face du collège Moulay Abdallah. On faisait le théâtre dans une troupe intitulée ‘’Al masrah Al Bassime’’ et on répétait au centre culturel de Derb Bouchentouf. Ahmed Habachi m’a incité à lire Stanislavski à cette époque. On avait joué une pièce intitulée ‘’Le zéro’’ de Mohamed Jabrane. On a fondé aussi une troupe en 1977, intitulé ‘’Groupement 77’’. Il y avait comme membres Ahmed Habachi, Youssef Fadel, Mohamed Kaouti, Salem Kouindi, théoricien du théâtre d’enfants, Amal Ahmed, plus tard professeur de théâtre à l’ISADAC à Rabat, Benrahou, fonctionnaire à l’administration du complexe culturel de Sidi Belyout. J’ai appris énormément de choses avec ces gens-là dans le domaine artistique », raconte l’artiste, en vrac, en 2010 sur les colonnes du quotidien ALM. En fait, l’ancien comptable à l’Office national de l’électricité monte sur scène pour la première fois en 1967. Il donne alors la réplique à son ami Ahmed Habachi.
Son récurrent « Je vous aime » reste une signature indélébile. Une enfance humble et simple est certainement le secret de cette rare grandeur de cœur. Artiste multiple, il crée sans compter, soucieux de donner du bonheur à son contemporain, à son prochain. Il est de la trame de ceux qui agissent en silence, se confient rarement, sinon par leur créativité. Le voilà interprète, poète francophone, dessinateur, décorateur, parfois metteur en scène et une vraie « gueule ». Ce fils de Derb Sultane ne tarit pas d’éloges à l’endroit de son cher quartier : « Derb Sultan est toute mon enfance, c’est presque ma vie, c’est mon savoir, mon existence, car c’est dans ce quartier où a débuté ma carrière artistique en faisant la connaissance de diverses personnes. Je cite Ahmed Habachi, Youssef Fadel, Azzedine Rifky, l’écrivain Mohamed Jabrane, le metteur en scène Mohamed Sahmaoui, Mohamed Ben Brahim, Zaki Billal, Rachid Guennoun et d’autres. On travaillait ensemble au théâtre amateur.
Mes débuts étaient en 1965. Mes études primaires étaient à l’école Mohammedia de Derb Monastir, puis à Al Azhar où il y avait un terrain de foot à l’Hermitage en face du collège Moulay Abdallah. On faisait le théâtre dans une troupe intitulée ‘’Al masrah Al Bassime’’ et on répétait au centre culturel de Derb Bouchentouf. Ahmed Habachi m’a incité à lire Stanislavski à cette époque. On avait joué une pièce intitulée ‘’Le zéro’’ de Mohamed Jabrane. On a fondé aussi une troupe en 1977, intitulé ‘’Groupement 77’’. Il y avait comme membres Ahmed Habachi, Youssef Fadel, Mohamed Kaouti, Salem Kouindi, théoricien du théâtre d’enfants, Amal Ahmed, plus tard professeur de théâtre à l’ISADAC à Rabat, Benrahou, fonctionnaire à l’administration du complexe culturel de Sidi Belyout. J’ai appris énormément de choses avec ces gens-là dans le domaine artistique », raconte l’artiste, en vrac, en 2010 sur les colonnes du quotidien ALM. En fait, l’ancien comptable à l’Office national de l’électricité monte sur scène pour la première fois en 1967. Il donne alors la réplique à son ami Ahmed Habachi.
« Quelques évènements sans signification »
Hamid Najah finit par se rendre à l’évidence. En 1970, il intègre le théâtre de Maâmoura pour mieux se cerner en tant que comédien. Il se rend ensuite en France peaufiner son apprentissage et investir l’univers du dessin. Il retourne au pays et participe au film-manifeste de Mostafa Derkaoui « Quelques évènements sans signification ». Il enchaîne avec de petits rôles avant d’être appelé par Mohamed Reggab pour les besoins du long métrage « Le Coiffeur du quartier des pauvres » où il replonge dans les ruelles de son derb fétiche qu’il fréquente régulièrement : « La maison de mes parents est toujours à Derb Sultan. Ainsi qu’une sœur qui y habite encore. Récemment, j’ai tourné un téléfilm sous la direction de Youssef Fadel. La fourgonnette qui devait m’emmener à mon domicile actuel transportait aussi les costumes du film et devait les poser d’abord au quartier Grégoine, à l’ancienne maison de Fadel. En attendant le déchargement, j’ai constaté le changement total du quartier, envahi par des boutiques et des magasins de commerce. Tout a changé. Complètement. Jadis, cette rue était déserte. On y discutait théâtre devant la maison de Fadel. Je suis resté un moment pour me souvenir du passé. Nostalgie totale. A Derb Sultane, on faisait nos réunions et répétitions au domicile d’Ahmed Habchi, chaque semaine. On cotisait 20 centimes par membre. Il n’y avait pas de soutien du ministère de la Culture, mais on arrivait à faire des chefs-d’œuvre, tels que ‘’Le zéro’’ de Mohamed Jabrane et d’autres pièces de grandes importances durant les années 1970. Il y avait aussi le club « Al Aazaim » dirigé par le cinéaste Saâd Chraïbi. Au cinéma Kawakib, chaque dimanche, on projetait un film, et il y avait une discussion qui se déroulait à la fin de chaque projection. On cotisait 15 dirhams l’an, j’ai appris énormément de choses du club Al Aazaim », poursuit-il avec la même spontanéité. Hamid Najah est convaincu de retourner au Maroc par le cinéaste Ahmed Boulane après 16 ans de résidence en Libye où il pratique le théâtre. Une vie jalonnée de réalisations où l’artiste se donne corps et âme, un parcours de près de soixante années, une âme belle comme on en connaît peu.
Anis HAJJAM