Avec le mois sacré de Ramadan qui approche à grands pas, les hausses de prix de certains produits alimentaires sont devenues une préoccupation majeure pour les consommateurs marocains. Le 12 février 2025, les données de SDL Casa Prestations ont révélé des flambées notables des prix de plusieurs fruits et légumes essentiels, notamment les tomates, les oignons et les bananes, mais aussi une tension persistante sur le prix de la viande rouge. Cette situation s’inscrit dans un contexte d’incertitude où la demande alimentaire traditionnelle de Ramadan, combinée à des problèmes d’approvisionnement, pourrait aggraver les difficultés économiques de nombreuses familles.
Fruits et légumes : Hausse préoccupante des prix
Les hausses de prix de certains fruits et légumes de consommation courante risquent de peser lourdement sur le budget des ménages marocains pendant le mois de Ramadan. Les données des dernières semaines montrent que des produits clés ont enregistré des augmentations significatives. Les tomates ont vu leur prix augmenter de 0,50 DH/kg à 1,30 DH/kg, les oignons secs ont pris 0,50 DH/kg, et les bananes locales ont enregistré une hausse importante de 2,00 DH/kg. Bien que les prix de certaines pommes de terre aient légèrement baissé, la tendance générale reste préoccupante. Cette augmentation des prix est attribuée à une réduction des récoltes, des conditions climatiques instables et une demande accrue en vue de Ramadan. Cette situation met en lumière la vulnérabilité des familles à revenus modestes et souligne la nécessité de régulations pour stabiliser les prix et protéger le pouvoir d’achat des citoyens.
Viande rouge : Prix en hausse
malgré les importations
malgré les importations
Dans un contexte où les prix des produits alimentaires sont sous pression, la viande rouge reste un des secteurs les plus affectés par la flambée des prix. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a souligné que la crise de la viande rouge est principalement liée à une réduction drastique du cheptel national, avec des difficultés d’approvisionnement qui compliquent les importations. En effet, le cheptel marocain a diminué de près de la moitié, un problème structurel qui a conduit à une rareté de l’offre et une forte augmentation des prix.
Malgré l’ouverture de nouvelles importations, le Maroc rencontre des difficultés logistiques liées à la qualité des animaux importés et à leurs conditions de transport. De plus, le marché de la viande importée ne semble pas répondre pleinement aux attentes des consommateurs, une réticence à l’adoption de la viande étrangère étant notable dans certaines régions. Le prix de la viande rouge reste élevé, oscillant entre 115,00 DH/kg et 120,00 DH/kg pour l’agneau et 75,00 DH/kg à 88,00 DH/kg pour le veau. Cette situation continue de peser lourdement sur le pouvoir d’achat, particulièrement pendant une période de consommation accrue.
Volaille : Stabilité malgré la demande
En revanche, le secteur de la volaille semble relativement stable pour le moment, à l’approche de Ramadan. Selon les producteurs, l’offre de poulet est abondante, ce qui permet de maintenir les prix relativement stables malgré les coûts de production qui augmentent. Ainsi, les prix devraient se maintenir autour de 15 à 16 DH/kg dans les fermes, 18 DH/kg sur le marché de gros et 21 DH/kg pour le consommateur final.
Malgré l’augmentation des coûts de production, notamment les frais d’alimentation des volailles, les producteurs ont assuré qu’il n’y aurait pas d’augmentation significative des prix durant Ramadan. Cela est dû à l’équilibre actuel entre l’offre et la demande, ainsi qu’à la volonté des producteurs de maintenir la compétitivité des prix pour répondre aux besoins des consommateurs pendant une période cruciale.
En parallèle, Ryad Mezzour a souligné que le gouvernement continue de surveiller de près la situation de la filière de la volaille. Il a également précisé que les autorités restent vigilantes face à toute tentative de spéculation ou de manipulation des prix, et qu’elles sont prêtes à intervenir pour maintenir les prix sous contrôle.
Cette stabilité des prix de la volaille, combinée à l’augmentation des prix d’autres produits alimentaires, pourrait soulager une partie de la population, surtout les familles ayant recours à la volaille comme source de protéines bon marché pendant le mois de Ramadan. Toutefois, l’évolution des prix d’autres produits alimentaires, tels que les fruits et légumes, et des pratiques de stockage spéculatives restent des enjeux majeurs à surveiller dans les semaines à venir.
Régulation pour freiner la spéculation
Face à cette inflation des prix, le gouvernement met en place des mesures strictes pour contenir la spéculation, notamment en luttant contre les pratiques illégales telles que le stockage et l’augmentation artificielle des prix. Le ministre Mezzour a insisté sur la nécessité de contrôler les circuits de distribution, surtout pour les produits non réglementés, comme certains légumes et fruits. En outre, il a souligné que les autorités allaient intensifier leurs efforts pour surveiller les grandes surfaces de vente, où des pratiques de rétention de produits sont parfois observées pour faire monter les prix de manière délibérée.
Dans ce cadre, des appels à renforcer la lutte contre le stockage illégal, ainsi qu’à mettre en place des aides exceptionnelles pour les travailleurs afin de soutenir leur pouvoir d’achat, ont été lancés. Certains syndicats, notamment l’Union Marocaine du Travail (UMT), ont proposé de réduire la dépendance du pays aux importations, tout en poursuivant les efforts pour stimuler la production locale, en particulier dans le secteur de la viande.
Yousra RHARDOUD