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Internationalisation de l’économie marocaine : les perspectives de l’IMIS sur les dix prochaines années


Rédigé par Saâd JAFRI Dimanche 24 Janvier 2021

La crise sanitaire se profile aujourd’hui comme un accélérateur du processus de recomposition des CVM. Dans ce cadre, l’IMIS a élaboré un rapport qui analyse les perspectives d’évolution de la dynamique d’internationalisation de l’économie marocaine post-pandémie. Détails.



Internationalisation de l’économie marocaine : les perspectives de l’IMIS sur les dix prochaines années
L’intégration du Maroc dans l’économie mondiale est étroitement liée à sa participation aux Chaînes de Valeur Mondiales (CVM). Afin d’étudier l’évolution future de l’internationalisation de l’économie marocaine, il convient d’énoncer le cadre et les hypothèses qui sous-tendent les scénarii de recomposition de ces dernières, indique l’Institut Marocain d’Intelligence Stratégique (IMIS), dans un rapport consacré aux défis post-pandémie que pourrait rencontrer le Royaume et qui propose un tour d’horizon de l’orientation des relations économiques du Royaume sur la prochaine décennie (2020-2030).

L’expansion des CVM semble avoir freiné, voire s’être arrêtée dans certains cas ces dernières années, indique l’auteur du rapport. 

De nombreux facteurs, tels que l’augmentation des coûts des salaires dans certains pays émergents, le progrès technologique et l’automatisation des sites de production, ainsi que la montée de mouvements protectionnistes viennent redéfinir la structuration des CVM et laissent présager des relocalisations dans le futur. Dans ce même d’ordre d’idée, le rapport précise que si l’expansion des CVM sera «mise en suspens à cause du manque de visibilité et de l’incertitude qui continue de peser sur l’économie mondiale», l’accélération de la recomposition desdites chaînes qui a déjà commencé à se profiler avant la pandémie du Coronavirus, «constitue un scénario plausible». Ce mouvement de recomposition peut prendre la forme de relocalisations dans une double direction. Des relocalisations régionales afin de raccourcir les circuits d’approvisionnement et des mouvements de rapatriement ou de repli national afin de garantir la reconquête de la souveraineté nationale des Etats dans certains secteurs stratégiques.

La troisième orientation envisageable selon l’IMIS est celle de la continuité, c’est à dire continuer dans l’ancienne configuration de décomposition internationale de la production dans certains secteurs qui ne connaîtront aucun changement. Le rapport précise que la détermination des secteurs les plus exposés au risque, est une condition sine qua non pour présenter le positionnement du Maroc dans les CVM. Ainsi, il estime que les secteurs les plus touchés sont l’automobile, les équipements de communication, les instruments de précision, la machinerie ainsi que les secteurs manufacturiers à matières souples, dont les activités d’assemblage qui ne sont pas robotisables (textile, habillement, cuir, chaussures...).

Scénarii de recomposition : la continuité et ses défis
La production dans les différents secteurs précités pourrait connaître une dynamique de réagencement suivant les trois scénarii, avance l’IMIS à savoir : «relocalisations régionales», «repli national» qui entre dans le cadre des scénarios de ruptures et la «décomposition internationale du processus de production» qui est considérée comme un scénario de continuité.

Dans le cadre de ce dernier, le Maroc peut continuer sur sa lancée en capitalisant sur son plan d’accélération industrielle PAI, précise l’auteur du rapport, notant que les secteurs les plus concernés par un tel scénario sont «l’automobile, l’aéronautique et les services».

La montée de la chaîne de valeur à travers la maîtrise des chaînons manquants, la numérisation des processus de production et le déploiement d’écosystèmes, source d’externalités technologiques et de formation constituent les défis majeurs dans les deux secteurs automobile et aéronautique, précise-t-on de même source. 

Pour ce qui est de la filière aéronautique, le rapport rappelle que la décennie 2010 a été marquée par une ascension fulgurante en la matière. En effet, en 2019, le Maroc est classé en 5ème position mondiale des pays les plus attractifs dans le domaine de l’aéronautique. Le chiffre d’affaires dans ce secteur est estimé à 17 milliards de DH et le taux d’intégration locale de l’industrie a dépassé les 38%. Toutefois, selon divers experts, ce secteur connaîtra un ralentissement sans précédent suite aux conséquences économiques de la pandémie du Coronavirus, souligne la même source. Par ailleurs, bien que le Maroc ait pu réaliser des avancées notables dans ce secteur en élargissant son positionnement dans les activités amont et aval de la chaîne de valeur, il reste encore un long chemin à parcourir. Dans les activités de production, le défi pour le Maroc est d’intégrer des métiers de spécialisation tels que la sécuritédéfense, le spatial et les composites, précise l’étude. 

Concernant les activités «Amont», l’intégration du segment «conception» et le développement des activités en recherche et développement (R&D) constituent un défi pour les années à venir. Les expériences de certains pays émergents à l’image du Brésil qui a réussi à attirer les géants de l’aéronautique et de développer des activités de conception peuvent inspirer le Maroc.

La diversification des partenaires constitue en outre un défi majeur pour le Maroc. En plus des constructeurs mondiaux européens et américains déjà présents, le Maroc devra se positionner sur de nouveaux marchés (Allemagne, Japon, Royaume-Uni).

Hypothèse de repli national et relocalisations régionales
Depuis le début de la crise sanitaire du Coronavirus, des voix s’élèvent dans les grands pays industrialisés pour appeler à la reconquête de leur souveraineté économique dans les secteurs stratégiques tels que l’industrie pharmaceutique (on réclame la réimplantation d’une filière industrielle pharmaceutique complète en Europe) et l’agro-alimentaire. 

Dans un scénario de relocalisations défensives des secteurs vitaux, l’analyse des chaînes de production de l’industrie pharmaceutique et de la filière agro-alimentaire au Maroc s’avère indispensable, précise l’étude (voir repères).

S’agissant des scénarios de relocalisations régionales, l’IMIS estime que la logique d’internationalisation qui devrait prédominer dans les années à venir se rapporte à la sécurisation des approvisionnements. « Le raccourcissement des circuits d’approvisionnement et le réagencement de la production à 13 l’échelle régionale constitue un scénario plausible et pourrait présenter une opportunité pour le Maroc», précise le rapport (voir opportunités pour accélérer l’intégration en Afrique en repères).

Il importe de noter que pour la plupart des pays en développement, quel que soit le rôle que l’intégration dans les CVM ait pu jouer, les effets globaux sur l’ensemble de l’économie sont relativement faibles. Ce constat n’est nulle part plus visible que dans l’emploi. Nul besoin d’argumenter que les avantages technologiques et organisationnels associés aux exportations ne sont pas diffusés dans l’ensemble de l’économie. A cet effet, le Maroc est appelé à s’engager sur de nouvelles voies qui pourraient préfigurer les politiques axées sur les chaînes de valeur mondiales et qui peuvent être esquissées autour de quatre orientations. En tête de liste, assurer un environnement propice au développement des affaires, renforcer les synergies entre les écosystèmes industriels, favoriser la collaboration entre acteurs publics et privés et viser l’intégration dans l’économie mondiale sans que cela se fasse aux dépens des priorités nationales. 
 

Repères

Pharmacie et agro-alimentaire
Pour un marché international qui connaît un taux de croissance dynamique, il existe de véritables opportunités de développement à l’export pour l’industrie pharmaceutique marocaine. Le marché africain constitue un relais de croissance pour cette industrie. Le défi pour le Maroc est d’attirer les investissements dans le développement de l’amont de la chaîne de valeur (R&D). En outre, la souveraineté du médicament est fortement conditionnée par la maîtrise de la chimie et de la biotechnologie. Pour ce qui est des défis du secteur pharmaceutique, il s’agit d’améliorer la compétitivité du Maroc sur les marchés étrangers classiques (l’UE et l’Amérique du Nord) et de s’ouvrir davantage sur de nouveaux marchés comme l’Afrique, lesquels constituent un énorme potentiel pour cette industrie. Les experts du secteur estiment également que la gouvernance de la chaîne de valeur grâce aux partenariats public-privé peut contribuer à la pérennisation des projets agricoles.
Opportunités pour accélérer l’intégration en Afrique
Au vu de la conjoncture actuelle, il apparaît évident que la Chine devrait chercher à renforcer son positionnement en Afrique. Le passage par le Maroc pourrait constituer un atout majeur dans cette nouvelle configuration. Des projets à l’image de la cité Mohammed VI Tanger Tech dans lequel la Chine est fortement impliquée peuvent consolider la position du Maroc en tant que plateforme d’export vers l’Europe et l’Afrique.
Saâd JAFRI








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