- Vous avez été récemment décoré Chevalier de l’Ordre du mérite de la République italienne. En quoi consiste concrètement cette distinction ?
- L’Ordre du Mérite de la République est le premier des Ordres nationaux qui vise à “récompenser les mérites acquis envers la nation dans le domaine des lettres, des arts, de l’économie et dans le désengagement des fonctions publiques et des activités menées à des fins sociales, philanthropiques et humanitaires, ainsi que pour des longs services signalés rapportés dans les carrières civiles et militaires”. Le Président de la République est le Chef de l’Ordre. Dans mon cas, cette distinction a été offerte pour récompenser mon “engagement visant à contribuer au prestige de la République Italienne en Europe et dans le monde et pour avoir créé des programmes à fort impact social diffusant une culture basée sur les valeurs du mérite et de l’intégrité. L’aspect exceptionnel de cette reconnaissance c’est ma décoration en “très jeune” âge et par Motu Proprio du Président de la République. Ce qui dénote que cette distinction n’a aucune couleur politique. Au contraire, c’est la plus haute forme de reconnaissance de la nation incarnée par le Président de la République. J’en suis honoré.
- Visiblement, depuis le déclenchement de la pandémie du nouveau Coronavirus, l’engagement politique des jeunes a été « gelé ». Quel commentaire en faites-vous ? Et comment agissez-vous, en tant que directeur exécutif de l’Académie diplomatique italienne (IDA), pour y remédier ?
- Malheureusement, la pandémie a offert une opportunité extraordinaire pour geler la participation des différents segments de la société civile. Et cela non seulement au niveau local et national, mais aussi dans le contexte onusien. Cependant, on peut observer que malgré les fortes limitations, une grande forme de résilience et de grande volonté des jeunes et de la société civile à se manifester s’est poursuivie sur le web sous des formes plus innovantes offertes par le monde digital. En quelque sorte, je peux remarquer que la participation de ce dit segment s’est parfois rendue plus efficace et a pu achever le sommet de l’information et de l’accessibilité au système décisionnel de manière plus structurée et robuste dans le contexte digital plus de ce qu’on avait par les moyens formels. L’Académie, en ce sens, joue un rôle décisif. Grâce aux programmes dédiés aux jeunes et à la société civile, ces derniers sont en mesure de déchiffrer les mécanismes du decision-making et ses acteurs principaux afin de savoir comment agir et sous quelle forme, au-delà de la participation. L’Académie considère les jeunes des livres blancs, où l’on peut écrire l’avenir que l’on souhaite. Cette philosophie nous a permis de concevoir des programmes de haut niveau visant à rendre les jeunes compétents, intègres et avec un fort sens du patriotisme positif et fierté nationale. Je dois avouer que les résultats de ce modèle d’approche nous ont beaucoup surpris positivement. J’encourage fortement les instances nationales à considérer cette approche.
- En général, comment veillez-vous sur la promotion de l’engagement et la participation des jeunes marocains dans les processus décisionnels ?
- Lorsque nous évoquons la participation des jeunes dans les processus décisionnels, je dois tout d’abord clarifier dans quel cadre et en quelle manière. Ma perspective est simple. Pour que les jeunes puissent s’engager dans ces processus, il faut d’abord leur permettre de maîtriser le sens des instances nationales, leur fonctionnement et surtout leurs « règles de jeux ». Les interactions de ces instances sont parfois complexes et demandent une connaissance approfondie des méthodologies d’engagement. Ce sont des éléments qui apparaissent très difficiles à comprendre même par les citoyens les plus érudits. Mais, lorsque les intérêts de l’État nous sont clairs, sa vraie raison d’être, ses valeurs, sa trajectoire temporelle-géopolitique, tout prend du sens et devient plus simple à comprendre. Grâce aux programmes de l’Académie, nous visons à créer des espaces de rencontre privilégiés entre les Top-Decisioners et les jeunes afin de doter ces derniers des notions clés, de savoir-faire et savoir-être. A cet égard, je constate qu’au Maroc les institutions nationales manquent parfois d’une capacité de Public-Diplomacy, c’est-à-dire la capacité de promouvoir et expliquer leur rôle aux plus amples audiences. Cela existe au niveau de l’image du pays pour la promotion de la « Marque Maroc » mais pas au niveau de ses institutions. Cette pratique est beaucoup diffusée dans les pays occidentaux, et je peux assurer que cela se révèle très efficace.
- L’Académie Diplomatique Italienne (IDA) a ouvert son bureau à Casablanca, en 2018. Quel bilan en faites-vous ?
- L’ouverture de IDA Maroc à Casablanca était une grande première dans l’Histoire d’une Académie diplomatique. Ce n’est pas une praxis très diffusée de retrouver des bureaux des Académies Diplomatiques d’un pays dans un autre pays. Cette ouverture a représenté aussi de grands challenges non seulement budgétaires, mais aussi institutionnels. La question qu’on me posait sans cesse c’était : comment une Académie Diplomatique Italienne peut apprendre la diplomatie aux Marocains ? Finalement, j’ai pu satisfaire cette interrogation grâce à une approche très singulière : pourquoi ne pas imaginer une Académie italienne qui a accès aux fonds en Europe et qui peut délivrer des cours en diplomatie et relations internationales à des Marocains grâce à un Comité scientifique purement marocain ? Et si ce Comité serait inclusif des personnalités nationales de haut profil et aurait la compétence de tracer la trajectoire de développement de ce bureau ? Cette intuition nous a permis non seulement d’installer notre bureau à Casablanca, mais aussi de trouver un cadre idéal pour stipuler des partenariats ainsi que de travailler et de nous engager dans la trajectoire nationale dictée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. A cet égard, IDA Maroc a organisé pour deux ans consécutifs, en collaboration avec l’Institut Amadeus et avec le support du ministère des Affaires Étrangères, la plus grande conférence jamais organisée par la société civile marocaine aux Nations Unies de New York. Cette initiative a été un grand succès, déterminé surtout par le niveau et la qualité de la participation marocaine, notamment des jeunes. Depuis 2018, j’ai eu l’opportunité de rencontrer plus de 23.000 étudiants des écoles et des universités marocaines de Tanger à Agadir. Je ne peux que me féliciter par la forte ambition de nos jeunes marocains et leur qualité. Leur capacité linguistique, souvent un excellent trilinguisme, et leur faim d’autoréalisation, j’en suis sûr, fera d’eux des excellents ambassadeurs du Royaume
- L’Ordre du Mérite de la République est le premier des Ordres nationaux qui vise à “récompenser les mérites acquis envers la nation dans le domaine des lettres, des arts, de l’économie et dans le désengagement des fonctions publiques et des activités menées à des fins sociales, philanthropiques et humanitaires, ainsi que pour des longs services signalés rapportés dans les carrières civiles et militaires”. Le Président de la République est le Chef de l’Ordre. Dans mon cas, cette distinction a été offerte pour récompenser mon “engagement visant à contribuer au prestige de la République Italienne en Europe et dans le monde et pour avoir créé des programmes à fort impact social diffusant une culture basée sur les valeurs du mérite et de l’intégrité. L’aspect exceptionnel de cette reconnaissance c’est ma décoration en “très jeune” âge et par Motu Proprio du Président de la République. Ce qui dénote que cette distinction n’a aucune couleur politique. Au contraire, c’est la plus haute forme de reconnaissance de la nation incarnée par le Président de la République. J’en suis honoré.
- Visiblement, depuis le déclenchement de la pandémie du nouveau Coronavirus, l’engagement politique des jeunes a été « gelé ». Quel commentaire en faites-vous ? Et comment agissez-vous, en tant que directeur exécutif de l’Académie diplomatique italienne (IDA), pour y remédier ?
- Malheureusement, la pandémie a offert une opportunité extraordinaire pour geler la participation des différents segments de la société civile. Et cela non seulement au niveau local et national, mais aussi dans le contexte onusien. Cependant, on peut observer que malgré les fortes limitations, une grande forme de résilience et de grande volonté des jeunes et de la société civile à se manifester s’est poursuivie sur le web sous des formes plus innovantes offertes par le monde digital. En quelque sorte, je peux remarquer que la participation de ce dit segment s’est parfois rendue plus efficace et a pu achever le sommet de l’information et de l’accessibilité au système décisionnel de manière plus structurée et robuste dans le contexte digital plus de ce qu’on avait par les moyens formels. L’Académie, en ce sens, joue un rôle décisif. Grâce aux programmes dédiés aux jeunes et à la société civile, ces derniers sont en mesure de déchiffrer les mécanismes du decision-making et ses acteurs principaux afin de savoir comment agir et sous quelle forme, au-delà de la participation. L’Académie considère les jeunes des livres blancs, où l’on peut écrire l’avenir que l’on souhaite. Cette philosophie nous a permis de concevoir des programmes de haut niveau visant à rendre les jeunes compétents, intègres et avec un fort sens du patriotisme positif et fierté nationale. Je dois avouer que les résultats de ce modèle d’approche nous ont beaucoup surpris positivement. J’encourage fortement les instances nationales à considérer cette approche.
- En général, comment veillez-vous sur la promotion de l’engagement et la participation des jeunes marocains dans les processus décisionnels ?
- Lorsque nous évoquons la participation des jeunes dans les processus décisionnels, je dois tout d’abord clarifier dans quel cadre et en quelle manière. Ma perspective est simple. Pour que les jeunes puissent s’engager dans ces processus, il faut d’abord leur permettre de maîtriser le sens des instances nationales, leur fonctionnement et surtout leurs « règles de jeux ». Les interactions de ces instances sont parfois complexes et demandent une connaissance approfondie des méthodologies d’engagement. Ce sont des éléments qui apparaissent très difficiles à comprendre même par les citoyens les plus érudits. Mais, lorsque les intérêts de l’État nous sont clairs, sa vraie raison d’être, ses valeurs, sa trajectoire temporelle-géopolitique, tout prend du sens et devient plus simple à comprendre. Grâce aux programmes de l’Académie, nous visons à créer des espaces de rencontre privilégiés entre les Top-Decisioners et les jeunes afin de doter ces derniers des notions clés, de savoir-faire et savoir-être. A cet égard, je constate qu’au Maroc les institutions nationales manquent parfois d’une capacité de Public-Diplomacy, c’est-à-dire la capacité de promouvoir et expliquer leur rôle aux plus amples audiences. Cela existe au niveau de l’image du pays pour la promotion de la « Marque Maroc » mais pas au niveau de ses institutions. Cette pratique est beaucoup diffusée dans les pays occidentaux, et je peux assurer que cela se révèle très efficace.
- L’Académie Diplomatique Italienne (IDA) a ouvert son bureau à Casablanca, en 2018. Quel bilan en faites-vous ?
- L’ouverture de IDA Maroc à Casablanca était une grande première dans l’Histoire d’une Académie diplomatique. Ce n’est pas une praxis très diffusée de retrouver des bureaux des Académies Diplomatiques d’un pays dans un autre pays. Cette ouverture a représenté aussi de grands challenges non seulement budgétaires, mais aussi institutionnels. La question qu’on me posait sans cesse c’était : comment une Académie Diplomatique Italienne peut apprendre la diplomatie aux Marocains ? Finalement, j’ai pu satisfaire cette interrogation grâce à une approche très singulière : pourquoi ne pas imaginer une Académie italienne qui a accès aux fonds en Europe et qui peut délivrer des cours en diplomatie et relations internationales à des Marocains grâce à un Comité scientifique purement marocain ? Et si ce Comité serait inclusif des personnalités nationales de haut profil et aurait la compétence de tracer la trajectoire de développement de ce bureau ? Cette intuition nous a permis non seulement d’installer notre bureau à Casablanca, mais aussi de trouver un cadre idéal pour stipuler des partenariats ainsi que de travailler et de nous engager dans la trajectoire nationale dictée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. A cet égard, IDA Maroc a organisé pour deux ans consécutifs, en collaboration avec l’Institut Amadeus et avec le support du ministère des Affaires Étrangères, la plus grande conférence jamais organisée par la société civile marocaine aux Nations Unies de New York. Cette initiative a été un grand succès, déterminé surtout par le niveau et la qualité de la participation marocaine, notamment des jeunes. Depuis 2018, j’ai eu l’opportunité de rencontrer plus de 23.000 étudiants des écoles et des universités marocaines de Tanger à Agadir. Je ne peux que me féliciter par la forte ambition de nos jeunes marocains et leur qualité. Leur capacité linguistique, souvent un excellent trilinguisme, et leur faim d’autoréalisation, j’en suis sûr, fera d’eux des excellents ambassadeurs du Royaume
Portrait: Vers la formation d’une nouvelle “élite politique”
Né dans le quartier populaire de Sidi Bernoussi, à Casablanca, Abderrahmane Chabib a émigré en Italie avec sa famille en 1992. A l’âge de 14 ans, lors du choix du lycée, il rêvait de devenir pilote. Décidé, il s’inscrit à un Lycée Aéronautique. Pour financer ses frais de scolarité, qui s’élevaient à 8.000€/an, il a commencé par un emploi de serveur dans un restaurant. Après le lycée, il souhaitait continuer ses études dans l’Académie Aéronautique. Faute de nationalité italienne, il s’est orienté vers des études en science politique. “C’était la seule voie pour essayer de changer les choses, car en Italie, le seul critère déterminant pour l’acquisition de la nationalité est le revenu annuel”, nous raconte-t-il. Au sein de l’Académie, Abderrahmane Chabib est devenu, entre autres, responsable de tous les programmes et initiatives et en supervise le fonctionnement stratégique. Depuis 2018, il est Chairman du Conseil Mondial pour la Jeunesse et la Diplomatie. Il est aussi Professeur à l’Université de Vérone où il dispense des cours en Diplomatie économique.