- Vous avez annoncé il y a quelques mois l’ouverture du Centre d’excellence en cybersécurité pour l’Afrique, pouvez-vous nous donner des détails sur ce projet et notamment la date d’ouverture et le coût d’investissement ?
- C’est un projet prometteur et nous n’avons pas trouvé un pays hôte mieux que le Maroc pour abriter le nouveau centre qui ouvrira ses postes le 24 septembre prochain à Marrakech. Nous avons travaillé en partenariat avec les chercheurs, des experts du monde académique aussi bien des universités britanniques que marocaines et nous avions eu le soutien des autorités qui ont facilité la concrétisation de ce projet. Il s’agit d’un centre de 7000 m² avec un campus qui s’étendra sur une superficie de 4 hectares. Ça nous permettra d’accueillir près de 1000 étudiants de différents parcours.
Nous offrons des formations à la fois aux étudiants et au grand public, c’est-à-dire les gens qui veulent développer leurs connaissances dans la cybersécurité. Le Centre est ouvert également aux militaires pour ce qui concerne les formations relatives aux tactiques défensives.
En somme, ce projet a nécessité une enveloppe d’environ 45 millions de dollars. Nous avons assez de fonds pour financer le lancement du projet. Plusieurs organisations ont fait part de leur volonté d’y contribuer prochainement. De notre côté, nous n’excluons pas une levée de fonds en cas de besoin.
- Avez-vous commencé les préparatifs ?
- Nous avons commencé à préparer les cours et les programmes pédagogiques qui seront disponibles dès le mois de mai. En attendant que le centre soit opérationnel, nous avons fait appel aux universités marocaines tels que l’Université Mohammed V pour mettre à notre disposition l’infrastructure et ce dans le cadre d’un partenariat avec Maritemex.
- Pourquoi le choix du Maroc ?
- Après le Brexit, nous avons eu l’occasion d’explorer de nouveaux marchés et faire de nouveaux deals. Nous avons choisi le Maroc en tant que hub en Afrique, nous avons la conviction que le Royaume a vocation d’être une portée d’entrée des IDE et des flux vers le continent. Eu égard à l’importance et à la vitalité même de la cybersécurité qui est un domaine en cours de développement, nous avons choisi d’y investir à travers le Centre pour permettre au grand public l’accès à la formation dans la cybersécurité.
D’autant que le Maroc compte une jeunesse instruite et hautement qualifiée. Il existe d’ailleurs des gens brillants à l’Université Mohammed VI dans ce domaine. En définitive, il est indispensable que tout le monde ait assez de connaissances dans la cybersécurité puisque nos vies en dépendent désormais à l’ère de la révolution numérique.
- Quel genre de formations allez-vous proposer ?
- Sur le plan académique, nous avons prévu des masters scientifiques et des MBA. En plus de nos cours en présentiel, le Centre proposera des formations en e-learning concentrés généralement sur les notions de base et les techniques de protection contre les cyber-attaques et les programmes malveillants. Aussi, comptons-nous prodiguer des formations spécifiques aux enfants sur l’usage sûr d’internet et également aux parents. Personne n’est ni trop âgé ni assez peu âgé pour s’instruire dans la cybersécurité. J’ajoute que toutes les formations sont certifiantes.
- Le Centre accordera-t-il des bourses d’excellence aux jeunes talents marocains ?
- Oui, nous allons certainement programmer des bourses annuelles, en plus des programmes d’échanges que nous souhaitons mettre en place en partenariat avec les universités britanniques. La mobilité et l’échange de savoir-faire sont très importants et ne peuvent qu’être fructueux à nos yeux.
- Vous opérez dans un marché avec des concurrents de taille comme Thales, quelle est votre stratégie de positionnement vis-à-vis de la concurrence ?
- Comme vous le savez, notre activité est différente de celle de Thales. Nous travaillons plus dans l’Education et la Recherche et Développement alors que Thales se focalise davantage sur les entreprises et les organisations et leurs propose des solutions en matière de protection des données. C’est tout à fait différent de notre vocation qui va dans le sens de la recherche dans les nouvelles technologies de cybersécurité. En outre, nous avons l’ambition de soutenir les start-ups dans la formation.
- Votre Centre est le fruit d’un partenariat entre vous et votre être associé Rahal Boulgoute, patron de Marita Group, comment avez-vous conçu la gestion du Centre ?
- Notre association fonctionne de façon assez simple. La société « Templar Executives » que je dirige s’occupera de tout ce qui est académique tandis que Marita Group va fournir les infrastructures. Concernant le management de la « Cyber Academy », elle sera gérée de façon conjointe. Nous serons d’ailleurs soutenus par des universités britanniques prestigieuses dont nous annoncerons le nom dans les semaines qui viennent.
Actuellement, nous cherchons à nommer le plus tôt possible un « Senior Advisor » et d’autres conseilleurs marocains et britanniques. Ces derniers seront choisis du monde académique et de celui du Business.
- Comme votre société « Templar Executives » est spécialisée dans le domaine militaire, peut-on s’attendre à une coopération avec l’Armée marocaine dans la formation en cybersécurité ?
- Comme vous le savez, Templar prodigue des formations au profit du personnel militaire au Royaume-Uni. Rien ne nous empêche d’exporter ces cours au Maroc. Nous sommes ouverts à toute coopération avec l’Armée marocaine dans ce sens. Il y a eu des discussions initiales mais rien de concret pour le moment.
- A quel point la cybersécurité est importante dans la vie quotidienne ?
-Le fait d’être assez formé pour se défendre sur internet est d’une utilité incommensurable. À notre époque où notre vie dépend du numérique, il est inimaginable qu’on soit dépourvu des capacités de défense contre les menaces sachant que l’ensemble de nos activités quotidiennes passent par internet, j’en cite nos achats quotidiens, nos opérations bancaires, notre correspondance, et nos transferts de données de quelque sorte que ce soit. Donc, il faut se prémunir contre les cyberattaques qui peuvent devenir plus fréquentes pour une nation émergente hyper connectée comme le Maroc.
- Nous assistons à l’essor de la désinformation sur les réseaux sociaux, d’où la nécessité du Fact-checking. Y aura-t-il dans votre centre des programmes dans ce sens pour les journalistes ?
- Oui, absolument. Il y aura des formations spécifiques contre la « concept propaganda » ou la propagande fourvoyante et nous avons les meilleurs experts dans ce domaine pour dispenser ce genre de cours. Force est de reconnaître que la floraison des Fake news est l’un des grands défis de nos sociétés contemporaines.
Aujourd’hui, par de simples cyberattaques et par la propagation de Fake news, on peut bousculer des élections, comme ce fut le cas aux Etats Unis, troubler l’opinion publique, ce à quoi nous avons assisté pendant la pandémie du Covid-19. Donc, il est important que l’information soit épurée des fausses nouvelles et vérifiée. C’est un domaine où il faut investir massivement. En Europe, il existe des entreprises spécialisées dans la vérification des faits.
- C’est un projet prometteur et nous n’avons pas trouvé un pays hôte mieux que le Maroc pour abriter le nouveau centre qui ouvrira ses postes le 24 septembre prochain à Marrakech. Nous avons travaillé en partenariat avec les chercheurs, des experts du monde académique aussi bien des universités britanniques que marocaines et nous avions eu le soutien des autorités qui ont facilité la concrétisation de ce projet. Il s’agit d’un centre de 7000 m² avec un campus qui s’étendra sur une superficie de 4 hectares. Ça nous permettra d’accueillir près de 1000 étudiants de différents parcours.
Nous offrons des formations à la fois aux étudiants et au grand public, c’est-à-dire les gens qui veulent développer leurs connaissances dans la cybersécurité. Le Centre est ouvert également aux militaires pour ce qui concerne les formations relatives aux tactiques défensives.
En somme, ce projet a nécessité une enveloppe d’environ 45 millions de dollars. Nous avons assez de fonds pour financer le lancement du projet. Plusieurs organisations ont fait part de leur volonté d’y contribuer prochainement. De notre côté, nous n’excluons pas une levée de fonds en cas de besoin.
- Avez-vous commencé les préparatifs ?
- Nous avons commencé à préparer les cours et les programmes pédagogiques qui seront disponibles dès le mois de mai. En attendant que le centre soit opérationnel, nous avons fait appel aux universités marocaines tels que l’Université Mohammed V pour mettre à notre disposition l’infrastructure et ce dans le cadre d’un partenariat avec Maritemex.
- Pourquoi le choix du Maroc ?
- Après le Brexit, nous avons eu l’occasion d’explorer de nouveaux marchés et faire de nouveaux deals. Nous avons choisi le Maroc en tant que hub en Afrique, nous avons la conviction que le Royaume a vocation d’être une portée d’entrée des IDE et des flux vers le continent. Eu égard à l’importance et à la vitalité même de la cybersécurité qui est un domaine en cours de développement, nous avons choisi d’y investir à travers le Centre pour permettre au grand public l’accès à la formation dans la cybersécurité.
D’autant que le Maroc compte une jeunesse instruite et hautement qualifiée. Il existe d’ailleurs des gens brillants à l’Université Mohammed VI dans ce domaine. En définitive, il est indispensable que tout le monde ait assez de connaissances dans la cybersécurité puisque nos vies en dépendent désormais à l’ère de la révolution numérique.
- Quel genre de formations allez-vous proposer ?
- Sur le plan académique, nous avons prévu des masters scientifiques et des MBA. En plus de nos cours en présentiel, le Centre proposera des formations en e-learning concentrés généralement sur les notions de base et les techniques de protection contre les cyber-attaques et les programmes malveillants. Aussi, comptons-nous prodiguer des formations spécifiques aux enfants sur l’usage sûr d’internet et également aux parents. Personne n’est ni trop âgé ni assez peu âgé pour s’instruire dans la cybersécurité. J’ajoute que toutes les formations sont certifiantes.
- Le Centre accordera-t-il des bourses d’excellence aux jeunes talents marocains ?
- Oui, nous allons certainement programmer des bourses annuelles, en plus des programmes d’échanges que nous souhaitons mettre en place en partenariat avec les universités britanniques. La mobilité et l’échange de savoir-faire sont très importants et ne peuvent qu’être fructueux à nos yeux.
- Vous opérez dans un marché avec des concurrents de taille comme Thales, quelle est votre stratégie de positionnement vis-à-vis de la concurrence ?
- Comme vous le savez, notre activité est différente de celle de Thales. Nous travaillons plus dans l’Education et la Recherche et Développement alors que Thales se focalise davantage sur les entreprises et les organisations et leurs propose des solutions en matière de protection des données. C’est tout à fait différent de notre vocation qui va dans le sens de la recherche dans les nouvelles technologies de cybersécurité. En outre, nous avons l’ambition de soutenir les start-ups dans la formation.
- Votre Centre est le fruit d’un partenariat entre vous et votre être associé Rahal Boulgoute, patron de Marita Group, comment avez-vous conçu la gestion du Centre ?
- Notre association fonctionne de façon assez simple. La société « Templar Executives » que je dirige s’occupera de tout ce qui est académique tandis que Marita Group va fournir les infrastructures. Concernant le management de la « Cyber Academy », elle sera gérée de façon conjointe. Nous serons d’ailleurs soutenus par des universités britanniques prestigieuses dont nous annoncerons le nom dans les semaines qui viennent.
Actuellement, nous cherchons à nommer le plus tôt possible un « Senior Advisor » et d’autres conseilleurs marocains et britanniques. Ces derniers seront choisis du monde académique et de celui du Business.
- Comme votre société « Templar Executives » est spécialisée dans le domaine militaire, peut-on s’attendre à une coopération avec l’Armée marocaine dans la formation en cybersécurité ?
- Comme vous le savez, Templar prodigue des formations au profit du personnel militaire au Royaume-Uni. Rien ne nous empêche d’exporter ces cours au Maroc. Nous sommes ouverts à toute coopération avec l’Armée marocaine dans ce sens. Il y a eu des discussions initiales mais rien de concret pour le moment.
- A quel point la cybersécurité est importante dans la vie quotidienne ?
-Le fait d’être assez formé pour se défendre sur internet est d’une utilité incommensurable. À notre époque où notre vie dépend du numérique, il est inimaginable qu’on soit dépourvu des capacités de défense contre les menaces sachant que l’ensemble de nos activités quotidiennes passent par internet, j’en cite nos achats quotidiens, nos opérations bancaires, notre correspondance, et nos transferts de données de quelque sorte que ce soit. Donc, il faut se prémunir contre les cyberattaques qui peuvent devenir plus fréquentes pour une nation émergente hyper connectée comme le Maroc.
- Nous assistons à l’essor de la désinformation sur les réseaux sociaux, d’où la nécessité du Fact-checking. Y aura-t-il dans votre centre des programmes dans ce sens pour les journalistes ?
- Oui, absolument. Il y aura des formations spécifiques contre la « concept propaganda » ou la propagande fourvoyante et nous avons les meilleurs experts dans ce domaine pour dispenser ce genre de cours. Force est de reconnaître que la floraison des Fake news est l’un des grands défis de nos sociétés contemporaines.
Aujourd’hui, par de simples cyberattaques et par la propagation de Fake news, on peut bousculer des élections, comme ce fut le cas aux Etats Unis, troubler l’opinion publique, ce à quoi nous avons assisté pendant la pandémie du Covid-19. Donc, il est important que l’information soit épurée des fausses nouvelles et vérifiée. C’est un domaine où il faut investir massivement. En Europe, il existe des entreprises spécialisées dans la vérification des faits.
Recueillis par Anass MACHLOUKH
Portrait
Qui est Andrew Fitzmaurice ?
Andrew Fitzmaurice est PDG de Templar Executives, société de conseil en cybersécurité et co-président de Maritemex, une co-entreprise de cybersécurité basée au Maroc. Il est également professeur invité à l’Université d’Oxford et conseiller expert au sein du Conseil d’administration du Global Cyber Capacity Building Center basé à Oxford. Engagé au programme de cybersécurité du Commonwealth du FCO, Andrew Fitzmaurice est également conseiller au “The Royal Household”. Pendant 18 ans, il a travaillé dans l’armée au sein du commandement et le contrôle aériens. Par la suite, il a travaillé à l’”Office of the Government Senior Information Risk Owner (OGSIRO)”. Andrew Fitzmaurice est auteur de plusieurs ouvrages dans le domaine de la cybersécurité.