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Interview avec Ayoub Krir : « Kénitra est toujours sous la menace de la pollution de l’air »


Rédigé par Safaa KSAANI Jeudi 13 Janvier 2022

La poussière noire qui menace les habitants de Kénitra n’a toujours pas disparu et persiste depuis près de dix ans. Entretien avec une figure incontournable de la cause climatique et écologique de cette ville.



Interview avec Ayoub Krir : « Kénitra est toujours sous la menace de la pollution de l’air »
- Les habitants de Kénitra se plaignent depuis des années de cette poussière noire qui se colle sur les toits, les fenêtres des maisons. Pourquoi cette situation perdure-t- elle ?

- La ville de Kénitra est soumise à une pollution atmosphérique particulaire et métallique. Les sources sont essentiellement industrielles, diffuses ou ponctuelles. Le trafic automobile, en particulier les transports en commun très vétustes, en est une autre source. Le trafic de bus et taxis vétustes et probablement également la voie ferrée et de nombreuses activités artisanales. Les vents y sont essentiellement de direction Ouest à Nord-Ouest (venant de la mer).

Outre un trafic automobile important (axe routier Rabat-Tanger), la ville présente une industrialisation faite de petites entreprises et une activité portuaire. Face à la déforestation et au déboisement des forêts de la ville, la situation s’aggrave.


- La poussière noire n’a toujours pas disparu. A quel point cela menace la santé de la population de Kénitra ?

- Il va sans dire que les habitants de la ville craignent pour leur santé dès lors que cette pollution cause des dégâts environnementaux et sanitaires graves. On a constaté une augmentation sensible des pathologies respiratoires infectieuses et de l’asthme, notamment chez les enfants. Pour leur part, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur ce phénomène environnemental grave qui risque de provoquer des cancers du poumon au sein de la population.

Dans le détail, les particules en suspension pénètrent en profondeur dans les poumons. Elles peuvent être à l’origine d’inflammations, et de l’aggravation de l’état de santé des personnes atteintes de maladies cardiaques et pulmonaires. Le monoxyde de carbone (CO) se fixe à la place de l’oxygène sur l’hémoglobine conduisant à un manque d’oxygénation de l’organisme. Les premiers symptômes sont des maux de tête et des vertiges. Quant au NO2, un gaz toxique, il entraîne une inflammation importante des voies respiratoires.


- Au vu de ces données et de cette situation, que proposez- vous pour mettre fin à cette situation dangereuse ?

- Kénitra est toujours sous la menace de la pollution de l’air, depuis près de 10 ans. A court terme, il est impératif d’éloigner les zones industrielles des habitants. Il apparaît nécessaire de développer les études dans ces villes, tant sur les niveaux de pollution que sur leurs effets sanitaires et environnementaux, ainsi que de mettre en place des réseaux de surveillance, d’améliorer la réglementation et de veiller à son respect.

Il faut également un contrôle rigoureux des émissions des unités industrielles, dont les données doivent être publiques et accessibles à la société civile notamment. Il faut également déterminer les sources de ce fléau.




Recueillis par Safaa KSAANI

Pollution de l’air


La problématique a fait son entrée au parlement
 
La question de la pollution de l’air dans la ville de Kénitra est toujours d’actualité. En effet, après plusieurs promesses de la part des autorités pour les rassurer, les habitants de la ville ne semblent pas convaincus. Plusieurs pétitions circulant sur les réseaux sociaux démontrent clairement la colère des habitants de plusieurs quartiers de la ville. La capitale du Gharb est sous une grande menace environnementale.

“Depuis 10 années, une poussière noire se colle sur les toits, les fenêtres des maisons et dans les espaces publics”, se désole Ayoub Krir, président de l’Association « Oxygène pour l’Environnement et la Santé ».

Dans ce sens, des députés ont demandé, la semaine dernière à la Chambre des Représentants, à connaître les dispositions prises par le gouvernement pour déterminer la source de cette pollution. Les parlementaires ont indiqué que les habitants de Kénitra vivent une situation critique suite à l’augmentation de cette poussière dégagée par les déchets d’unités industrielles et notamment par la centrale thermique. Selon Ayoub Krir, les efforts des parlementaires qui représentent la province se sont multipliés récemment.

S. K.








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