- Comment avez-vous eu l'idée d'écrire votre autobiographie «Odyssée Nocturne» sortie le 13 février dernier ? Une sorte de soulagement ?
- Je me suis sentie longtemps comme une sorte de cocotte-minute sur le point d’exploser. Je suis une femme qui avait à un stade de sa vie emmagasiné trop de choses horribles, trop de violences misogynes, trop d’humiliations, il fallait absolument que je m’exprime au grand jour pour éteindre le feu qui bouillonnait en moi. Je suis humoriste et je ris de tout, mais certaines étapes de ma vie ne sont pas du tout rigolotes. J’écrivais depuis des années des sketchs, des spectacles humoristiques pour faire rire mon public. Écrire de l’humour c’est se cacher derrière un masque. Mais était arrivée l’heure de dire la vérité. Je n’ai pas écrit ce livre seulement pour moi. J'espérais être en quelque sorte un moteur pour toutes ces femmes et même ces hommes enterrés dans le silence. Soulagement ? Oui. Ma démarche lors de l’écriture a été de rompre le silence, les tabous et les non-dits qui sont un véritable cancer pour toute personne violentée. Si mon livre contribue à sauver des vies, même une, ce sera pour moi une réussite. Dans le silence, où la peur gagne, il n’y a pas de solution. Le soulagement arrive lorsqu’on se confie, c’est en effet la meilleure thérapie. Écrire ces épisodes douloureux qui ont marqué ma vie, c’est un peu le même processus que de se faire suivre par un psychothérapeute qui aide à chercher au plus profond de soi-même ce qui fait mal pour mieux le tolérer et l’accepter. En conclusion, écrire « Odyssée Nocturne » a été une réconciliation avec moi-même, un apaisement, une libération, oui un soulagement, car au fur et à mesure que nous écrivons, après chaque passage douloureux, la douleur s'estompe page après page, et le récit devient de plus en plus clair, autant dans le livre que dans mon esprit et mon cœur, qui se libéraient petit à petit.
-Ecrire un roman est une bonne alternative à la réalisation d’un film en période de confinement ?
- Effectivement, le confinement n’a pas que des effets négatifs, car comme la vie normale s’est arrêtée à beaucoup d’égards, on se retrouve durant cette période avec plus de temps libre pour se pencher sur les choses que l'on devait faire et qu’on repoussait toujours au lendemain. Finie la procrastination, il fallait travailler. Écrire un livre n’est pas moins compliqué intellectuellement que d’écrire un scénario ou de réaliser un film. Cependant, je recherche des réalisateurs pour adapter mon livre en film. Le film sera tourné en France et au Maroc. Mon compagnon, Cédric Bernard, qui est aussi mon manager, verrait bien une actrice comme Oulaya Amamra pour jouer mon rôle, mon moi plus jeune. Sur l’aspect financier, il est clair qu’un film coûte plus cher qu’un livre. En toute transparence, mon livre est sorti en autoédition sur Amazon à moindre coût. Mais pour un film digne de ce nom, il faut lever des fonds, débloquer des crédits, payer tout le monde, ce n’est pas chose aisée, et je n’en suis pas là. C’est pourquoi je recherche un producteur pour financer ce film. Il est vrai que ce qui bloque la réalisation d’un film, c’est le financement, pas la motivation ! Par ailleurs, j’aimerai vivement jouer dans un long-métrage ou un sitcom marocain en darija ou en français.
- Comment voyez-vous les comédiens issus de l’immigration et installés en Europe, comme Gad El Maleh, Jamel Debouzze, Bouder, Mustapha El Atrassi... ?
- Je pense que leur présence est une véritable victoire et un modèle d’intégration. Je les trouve drôles et talentueux. Ils ont su donner une bonne image de leur pays d’origine. Je cite l’exemple de Gad Elmaleh qui fait rire tant les Français que la communauté francophone internationale. Cela prouve que l’humour peut voyager à travers le monde sans frontières. Gad et Jamel Debouzze et tant d'autres se sont adaptés au public français. L’approche de mon frère, Mustapha El Atrassi, dont je suis très fière, est légèrement différente. Il a commencé avec Ruquier en tant que chroniqueur humoristique. Il s’est ensuite concentré sur un public communautaire, en l’occurrence tous les Français d’origine arabe. Son public existait déjà avant même qu’il écrive ses spectacles. Il a su le capter. Je l’admire pour son humour corrosif et hors normes et pour avoir su fidéliser cette communauté qui est toujours au rendez-vous lorsqu’il remplit les Zéniths français.
- En France comme au Maroc, la concurrence sur la scène artistique est acharnée. Comment arrivez-vous à vous distinguer ?
- Je me suis produite sur plusieurs scènes de théâtre célèbres en France et même au Maroc. C’est dans la concurrence que l’on progresse, j’aime les défis, sans un contexte compétitif, on ne peut pas se surpasser. Sans concurrence, on ne peut pas réaliser qu’on était capable de faire mieux. Ma distinction est très simple : je suis moi-même, je ramène toujours une bonne énergie et je m’adapte à toutes les situations et j’ai une facilité d’improvisation.
- Je me suis sentie longtemps comme une sorte de cocotte-minute sur le point d’exploser. Je suis une femme qui avait à un stade de sa vie emmagasiné trop de choses horribles, trop de violences misogynes, trop d’humiliations, il fallait absolument que je m’exprime au grand jour pour éteindre le feu qui bouillonnait en moi. Je suis humoriste et je ris de tout, mais certaines étapes de ma vie ne sont pas du tout rigolotes. J’écrivais depuis des années des sketchs, des spectacles humoristiques pour faire rire mon public. Écrire de l’humour c’est se cacher derrière un masque. Mais était arrivée l’heure de dire la vérité. Je n’ai pas écrit ce livre seulement pour moi. J'espérais être en quelque sorte un moteur pour toutes ces femmes et même ces hommes enterrés dans le silence. Soulagement ? Oui. Ma démarche lors de l’écriture a été de rompre le silence, les tabous et les non-dits qui sont un véritable cancer pour toute personne violentée. Si mon livre contribue à sauver des vies, même une, ce sera pour moi une réussite. Dans le silence, où la peur gagne, il n’y a pas de solution. Le soulagement arrive lorsqu’on se confie, c’est en effet la meilleure thérapie. Écrire ces épisodes douloureux qui ont marqué ma vie, c’est un peu le même processus que de se faire suivre par un psychothérapeute qui aide à chercher au plus profond de soi-même ce qui fait mal pour mieux le tolérer et l’accepter. En conclusion, écrire « Odyssée Nocturne » a été une réconciliation avec moi-même, un apaisement, une libération, oui un soulagement, car au fur et à mesure que nous écrivons, après chaque passage douloureux, la douleur s'estompe page après page, et le récit devient de plus en plus clair, autant dans le livre que dans mon esprit et mon cœur, qui se libéraient petit à petit.
-Ecrire un roman est une bonne alternative à la réalisation d’un film en période de confinement ?
- Effectivement, le confinement n’a pas que des effets négatifs, car comme la vie normale s’est arrêtée à beaucoup d’égards, on se retrouve durant cette période avec plus de temps libre pour se pencher sur les choses que l'on devait faire et qu’on repoussait toujours au lendemain. Finie la procrastination, il fallait travailler. Écrire un livre n’est pas moins compliqué intellectuellement que d’écrire un scénario ou de réaliser un film. Cependant, je recherche des réalisateurs pour adapter mon livre en film. Le film sera tourné en France et au Maroc. Mon compagnon, Cédric Bernard, qui est aussi mon manager, verrait bien une actrice comme Oulaya Amamra pour jouer mon rôle, mon moi plus jeune. Sur l’aspect financier, il est clair qu’un film coûte plus cher qu’un livre. En toute transparence, mon livre est sorti en autoédition sur Amazon à moindre coût. Mais pour un film digne de ce nom, il faut lever des fonds, débloquer des crédits, payer tout le monde, ce n’est pas chose aisée, et je n’en suis pas là. C’est pourquoi je recherche un producteur pour financer ce film. Il est vrai que ce qui bloque la réalisation d’un film, c’est le financement, pas la motivation ! Par ailleurs, j’aimerai vivement jouer dans un long-métrage ou un sitcom marocain en darija ou en français.
- Comment voyez-vous les comédiens issus de l’immigration et installés en Europe, comme Gad El Maleh, Jamel Debouzze, Bouder, Mustapha El Atrassi... ?
- Je pense que leur présence est une véritable victoire et un modèle d’intégration. Je les trouve drôles et talentueux. Ils ont su donner une bonne image de leur pays d’origine. Je cite l’exemple de Gad Elmaleh qui fait rire tant les Français que la communauté francophone internationale. Cela prouve que l’humour peut voyager à travers le monde sans frontières. Gad et Jamel Debouzze et tant d'autres se sont adaptés au public français. L’approche de mon frère, Mustapha El Atrassi, dont je suis très fière, est légèrement différente. Il a commencé avec Ruquier en tant que chroniqueur humoristique. Il s’est ensuite concentré sur un public communautaire, en l’occurrence tous les Français d’origine arabe. Son public existait déjà avant même qu’il écrive ses spectacles. Il a su le capter. Je l’admire pour son humour corrosif et hors normes et pour avoir su fidéliser cette communauté qui est toujours au rendez-vous lorsqu’il remplit les Zéniths français.
- En France comme au Maroc, la concurrence sur la scène artistique est acharnée. Comment arrivez-vous à vous distinguer ?
- Je me suis produite sur plusieurs scènes de théâtre célèbres en France et même au Maroc. C’est dans la concurrence que l’on progresse, j’aime les défis, sans un contexte compétitif, on ne peut pas se surpasser. Sans concurrence, on ne peut pas réaliser qu’on était capable de faire mieux. Ma distinction est très simple : je suis moi-même, je ramène toujours une bonne énergie et je m’adapte à toutes les situations et j’ai une facilité d’improvisation.
Portrait: Hakima El Atrassi ou l’art de cacher ses souffrances derrière le sourire
Hakima El Atrassi ne manque pas de casquettes : elle est humoriste, auteure, réalisatrice et « psychothérapeute ». À travers son livre « Odyssée Nocturne », elle souhaite transmettre un message de résistance pour toutes les personnes qui connaissent la violence. En plus de violences subies depuis son enfance : l’abandon par son père, à 12 ans, lors de vacances d’été au Maroc, séquestration, sévices…, il y a certaines lueurs.
« Pour moi, écrire un livre autobiographique, c’est se replonger dans les étapes douloureuses de ma vie. Mais il y a également les bons moments et souvenirs à retranscrire. Le fil conducteur était de n’en faire ressortir que du positif », explique notre interlocutrice.
Ceux qui connaissent Hakima El Atrassi savent qu’elle a écrit pas mal de courts métrages qui ne sont pas encore mis en lumière. Elle a également écrit trois spectacles de stand ups. Le quatrième est en cours d’écriture.
Par ailleurs, Hakima, née à Tours, se distingue par sa double culture marocaine et française. « C’est une richesse qui m’inspire beaucoup. Cela me permet d’écrire de très bonnes anecdotes en parlant du Maroc et bien sûr de la France, sans pour autant blesser qui que ce soit. Cela ne m’empêche pas d’injecter dans mes sketchs une bonne dose d’autodérision franco-marocaine, de mes deux cultures », affirme-t-elle.
« Pour moi, écrire un livre autobiographique, c’est se replonger dans les étapes douloureuses de ma vie. Mais il y a également les bons moments et souvenirs à retranscrire. Le fil conducteur était de n’en faire ressortir que du positif », explique notre interlocutrice.
Ceux qui connaissent Hakima El Atrassi savent qu’elle a écrit pas mal de courts métrages qui ne sont pas encore mis en lumière. Elle a également écrit trois spectacles de stand ups. Le quatrième est en cours d’écriture.
Par ailleurs, Hakima, née à Tours, se distingue par sa double culture marocaine et française. « C’est une richesse qui m’inspire beaucoup. Cela me permet d’écrire de très bonnes anecdotes en parlant du Maroc et bien sûr de la France, sans pour autant blesser qui que ce soit. Cela ne m’empêche pas d’injecter dans mes sketchs une bonne dose d’autodérision franco-marocaine, de mes deux cultures », affirme-t-elle.