- Racontez nous comment s’est déroulé le tournage de la vidéo clip de votre nouveau titre « Srek F’bir »…
- Le tournage s’est fait dans la douceur et la bienveillance. Toute l’équipe était portée par le projet. Nous tenions à faire quelque chose de juste et sincère pour raconter au mieux l’histoire, être capable de justifier les choix artistiques pour lesquels nous avions opté. Je voulais un acteur débordant d’humanité pour raconter l’histoire des hommes de ma famille.
Assaad Bouab, un artiste de talent et un ami avant, tout était parfait. Il a été d’une générosité sans nom. Le confinement a fait qu’il avait du temps et l’envie de le faire, il s’est approprié le projet, il l’a fait sien. Et puis il y a Julien Fouré, un chef monteur et réalisateur avec qui je veux travailler depuis longtemps, qui connaît bien Assaad aussi et avec qui il voulait travailler, qui s’est beaucoup investi. Il s’est créé une belle dynamique de travail avec Paulin Amato à l’image, un oeil aiguisé et toujours juste qui a donné une belle dimension au clip. Essaouira était une belle évidence.
Une envie que j’avais depuis toujours de tourner là-bas, ville de ma grand-mère et ville qui m’a toujours soutenu puisque l’Océan Vagabond et Sébastien Deflandre ont produit le premier album et ce clip. Ce clip était une addition de belles ondes, un concentré de belles énergies où tout le monde était dédié à mettre mes secrets en images avec beaucoup de respect. Deux photographes de talent faisaient partie de l’aventure pour ajouter leur touche artistique et humaine : Mehdi Triqui et Jean Baptiste Liotard. J’ai eu beaucoup de chance !
- Quelles ont été vos inspirations pour ce single ?
- Je ne réfléchis pas vraiment aux influences même si elles sont forcément là. J’ai grandi avec Alanis Morissette et The Cranberries, des femmes musiciennes, compositrices et auteures qui racontaient des choses fortes. J’ai beaucoup écouté Souad Massi, Fatoumata Diawara. Les influences viennent de là et d’ailleurs.
De mon passé, de ce que racontait ma grand-mère et ses histoires avant de dormir, de ma vie, mes peines, mes bonheurs, mon quotidien. Ma musique c’est tout cela. Ce sont des textes qui se manifestent et que j’accompagne à la guitare dans un premier temps avant que la musique ne se développe. Pour Serek F’Bir, j’ai fait confiance à Ayoub Toute qui y a ajouté un côté électro. Mes instruments de prédilection comme le Oud sont là, toujours. C’est une sorte de Indie Pop en darija. Si le premier album avait un son acoustique assumé, le deuxième sera plus Indie Eléctro, avec des nouveaux sons.
- Quel est votre « secret bien gardé » ? Et à qui confiez-vous vos secrets ?
- C’est un secret de famille. J’ai cette chance d’avoir grandi avec des parents qui communiquaient beaucoup. Et je n’avais pas conscience de cette chance. Je pensais que toutes les familles étaient pareilles. Mais quand je me comparais aux cousins, ou amis, ce n’était pas toujours le cas. J’ai toujours voulu écrire sur le poids des secrets dans nos sociétés, où la communication n’est pas le fort. Et « Serek F’ Bir » est une expression que ma grand-mère utilisait beaucoup. Cela me faisait rire. Et en même temps, elle rappelait à quel point il était primordial de garder un secret.
Il y a 4 ans, je suis tombée sur « Une chute infinie » de Mohamed Leftah. En lisant l’ouvrage, je me suis rendue compte qu’il s’agissait de l’histoire de mon oncle décédé des années avant ma naissance quand ma mère avait moins de 10 ans. On nous a toujours parlé d’un accident. Il s’agissait d’un suicide. Ce fut un choc. J’ai eu l’impression que mon oncle m’envoyait un message, voulait que je rattrape un passé, que je rétablisse une vérité. Beaucoup de questions me taraudaient : est-ce qu’il avait quelqu’un à qui parler, quelqu’un qui le soulageait de tout ce poids sur ses épaules, de tous ses secrets ? Cela m’a inspiré cette chanson…
- Après « Dima Labass », vous comptez sortir votre deuxième album « Lyam ». Quelles autres surprises préparez-vous à votre public ?
- Je ne sais pas si ce sont des surprises ! J’espère ! (Rires). J’ai écrit ce deuxième album pendant le confinement quand les concerts se sont arrêtés et que nous étions en promo de « Dima Labass », avec mes musiciens. Je me suis dit, qu’en attendant la reprise, cela ne pouvait pas faire de mal d’avoir des chansons de plus pour les concerts. J’ai écrit Lyam ! La plus belle des surprises serait de reprendre le chemin de la scène. Et si tout va bien, deux nouveaux clips d’ici mars 2022…
- Par ailleurs, vous faite s partie de l’équipe des chroniqueurs du Talk Show « Masaa Nour ya Maghrib », vous êtes rédactrice en chef du magazine « VH ». La musique vous a-t-elle appris à être polyvalente et créatrice ?
- C’est une belle façon de voir les choses ! Oui, sûrement ! J’aime l’idée en tout cas. C’est un trait de caractère aussi, je pense. Je suis de nature hyperactive. Depuis petite. Je ne peux pas me contenter de faire une seule chose. Peut-être par peur de l’’ennui. La musique a toujours été présente dans ma vie. Elle a rythmé mes années collège, lycée, universitaires, elle a été un guide dans mes choix de vie. A un moment, le journalisme est venu à moi, s’est imposé presque naturellement. Le journalisme culturel. Il s’agissait de rencontrer des gens profonds, parler d’artistes, aller aux évènements, ce que je faisais naturellement dans ma vie de tous les jours. Mais j’étais payée pour ça, cette fois-ci. J’aime profondément la culture, je suis une amoureuse de cinéma, j’aime en parler, écrire dessus. J’ai la chance de vivre de mes passions. L’écriture est le lien. Le fil conducteur. J’écris des articles, des chansons, des histoires…C’est ce qui me maintient en vie. C’est ce qui me permet de ne pas sombrer dans la folie. La musique m’a tout appris et elle continue à m’apprendre tous les jours.
- A quel point la musique a façonné Jihane d’aujourd’hui ?
- Sur tous les points, je pense ! (Rires). La musique a façonné ma vision de la vie, m’a donné du recul, m’a apaisée. Elle m’apprend la bienveillance, elle m’apprend à comprendre l’autre, l’empathie. La musique est une leçon de vie, je pense. L’écouter, en faire, chanter, composer, faire raisonner des cordes et créer une mélodie, c’est magique. Il faut de la patience, et de la passion. De la sincérité aussi. J’ai souvent dit qu’il s’agissait d’une fatalité aussi. Parce qu’il nous est impossible de faire autre chose ou de s’en éloigner. En même temps, elle nourrit l’âme, elle guérit l’être. Je reste persuadée que la musique m’a sauvé la vie.
- Si vous avez l’opportunité de vivre de la musique, abandonnerez-vous le journalisme ?
- Je ne veux rien abandonner. Je suis auteure compositrice, interprète et journaliste. La musique sera toujours là, le journalisme aussi. Sous quelle forme ? Je ne sais pas, mais je suis sûre que l’être humain est capable d’être plein de choses à la fois. La pandémie nous l’a prouvé. Nous sommes plusieurs choses, nous devons être plusieurs choses, avoir plusieurs casquettes. Tant que cela nous rend heureux, qu’on le fait pour les bonnes raisons et par passion. Avec sincérité et coeur. Et puis la vie choisira pour moi comme elle a toujours fait…
- Le tournage s’est fait dans la douceur et la bienveillance. Toute l’équipe était portée par le projet. Nous tenions à faire quelque chose de juste et sincère pour raconter au mieux l’histoire, être capable de justifier les choix artistiques pour lesquels nous avions opté. Je voulais un acteur débordant d’humanité pour raconter l’histoire des hommes de ma famille.
Assaad Bouab, un artiste de talent et un ami avant, tout était parfait. Il a été d’une générosité sans nom. Le confinement a fait qu’il avait du temps et l’envie de le faire, il s’est approprié le projet, il l’a fait sien. Et puis il y a Julien Fouré, un chef monteur et réalisateur avec qui je veux travailler depuis longtemps, qui connaît bien Assaad aussi et avec qui il voulait travailler, qui s’est beaucoup investi. Il s’est créé une belle dynamique de travail avec Paulin Amato à l’image, un oeil aiguisé et toujours juste qui a donné une belle dimension au clip. Essaouira était une belle évidence.
Une envie que j’avais depuis toujours de tourner là-bas, ville de ma grand-mère et ville qui m’a toujours soutenu puisque l’Océan Vagabond et Sébastien Deflandre ont produit le premier album et ce clip. Ce clip était une addition de belles ondes, un concentré de belles énergies où tout le monde était dédié à mettre mes secrets en images avec beaucoup de respect. Deux photographes de talent faisaient partie de l’aventure pour ajouter leur touche artistique et humaine : Mehdi Triqui et Jean Baptiste Liotard. J’ai eu beaucoup de chance !
- Quelles ont été vos inspirations pour ce single ?
- Je ne réfléchis pas vraiment aux influences même si elles sont forcément là. J’ai grandi avec Alanis Morissette et The Cranberries, des femmes musiciennes, compositrices et auteures qui racontaient des choses fortes. J’ai beaucoup écouté Souad Massi, Fatoumata Diawara. Les influences viennent de là et d’ailleurs.
De mon passé, de ce que racontait ma grand-mère et ses histoires avant de dormir, de ma vie, mes peines, mes bonheurs, mon quotidien. Ma musique c’est tout cela. Ce sont des textes qui se manifestent et que j’accompagne à la guitare dans un premier temps avant que la musique ne se développe. Pour Serek F’Bir, j’ai fait confiance à Ayoub Toute qui y a ajouté un côté électro. Mes instruments de prédilection comme le Oud sont là, toujours. C’est une sorte de Indie Pop en darija. Si le premier album avait un son acoustique assumé, le deuxième sera plus Indie Eléctro, avec des nouveaux sons.
- Quel est votre « secret bien gardé » ? Et à qui confiez-vous vos secrets ?
- C’est un secret de famille. J’ai cette chance d’avoir grandi avec des parents qui communiquaient beaucoup. Et je n’avais pas conscience de cette chance. Je pensais que toutes les familles étaient pareilles. Mais quand je me comparais aux cousins, ou amis, ce n’était pas toujours le cas. J’ai toujours voulu écrire sur le poids des secrets dans nos sociétés, où la communication n’est pas le fort. Et « Serek F’ Bir » est une expression que ma grand-mère utilisait beaucoup. Cela me faisait rire. Et en même temps, elle rappelait à quel point il était primordial de garder un secret.
Il y a 4 ans, je suis tombée sur « Une chute infinie » de Mohamed Leftah. En lisant l’ouvrage, je me suis rendue compte qu’il s’agissait de l’histoire de mon oncle décédé des années avant ma naissance quand ma mère avait moins de 10 ans. On nous a toujours parlé d’un accident. Il s’agissait d’un suicide. Ce fut un choc. J’ai eu l’impression que mon oncle m’envoyait un message, voulait que je rattrape un passé, que je rétablisse une vérité. Beaucoup de questions me taraudaient : est-ce qu’il avait quelqu’un à qui parler, quelqu’un qui le soulageait de tout ce poids sur ses épaules, de tous ses secrets ? Cela m’a inspiré cette chanson…
- Après « Dima Labass », vous comptez sortir votre deuxième album « Lyam ». Quelles autres surprises préparez-vous à votre public ?
- Je ne sais pas si ce sont des surprises ! J’espère ! (Rires). J’ai écrit ce deuxième album pendant le confinement quand les concerts se sont arrêtés et que nous étions en promo de « Dima Labass », avec mes musiciens. Je me suis dit, qu’en attendant la reprise, cela ne pouvait pas faire de mal d’avoir des chansons de plus pour les concerts. J’ai écrit Lyam ! La plus belle des surprises serait de reprendre le chemin de la scène. Et si tout va bien, deux nouveaux clips d’ici mars 2022…
- Par ailleurs, vous faite s partie de l’équipe des chroniqueurs du Talk Show « Masaa Nour ya Maghrib », vous êtes rédactrice en chef du magazine « VH ». La musique vous a-t-elle appris à être polyvalente et créatrice ?
- C’est une belle façon de voir les choses ! Oui, sûrement ! J’aime l’idée en tout cas. C’est un trait de caractère aussi, je pense. Je suis de nature hyperactive. Depuis petite. Je ne peux pas me contenter de faire une seule chose. Peut-être par peur de l’’ennui. La musique a toujours été présente dans ma vie. Elle a rythmé mes années collège, lycée, universitaires, elle a été un guide dans mes choix de vie. A un moment, le journalisme est venu à moi, s’est imposé presque naturellement. Le journalisme culturel. Il s’agissait de rencontrer des gens profonds, parler d’artistes, aller aux évènements, ce que je faisais naturellement dans ma vie de tous les jours. Mais j’étais payée pour ça, cette fois-ci. J’aime profondément la culture, je suis une amoureuse de cinéma, j’aime en parler, écrire dessus. J’ai la chance de vivre de mes passions. L’écriture est le lien. Le fil conducteur. J’écris des articles, des chansons, des histoires…C’est ce qui me maintient en vie. C’est ce qui me permet de ne pas sombrer dans la folie. La musique m’a tout appris et elle continue à m’apprendre tous les jours.
- A quel point la musique a façonné Jihane d’aujourd’hui ?
- Sur tous les points, je pense ! (Rires). La musique a façonné ma vision de la vie, m’a donné du recul, m’a apaisée. Elle m’apprend la bienveillance, elle m’apprend à comprendre l’autre, l’empathie. La musique est une leçon de vie, je pense. L’écouter, en faire, chanter, composer, faire raisonner des cordes et créer une mélodie, c’est magique. Il faut de la patience, et de la passion. De la sincérité aussi. J’ai souvent dit qu’il s’agissait d’une fatalité aussi. Parce qu’il nous est impossible de faire autre chose ou de s’en éloigner. En même temps, elle nourrit l’âme, elle guérit l’être. Je reste persuadée que la musique m’a sauvé la vie.
- Si vous avez l’opportunité de vivre de la musique, abandonnerez-vous le journalisme ?
- Je ne veux rien abandonner. Je suis auteure compositrice, interprète et journaliste. La musique sera toujours là, le journalisme aussi. Sous quelle forme ? Je ne sais pas, mais je suis sûre que l’être humain est capable d’être plein de choses à la fois. La pandémie nous l’a prouvé. Nous sommes plusieurs choses, nous devons être plusieurs choses, avoir plusieurs casquettes. Tant que cela nous rend heureux, qu’on le fait pour les bonnes raisons et par passion. Avec sincérité et coeur. Et puis la vie choisira pour moi comme elle a toujours fait…
Recueillis par Safaa KSAANI
Portrait
Quand les lettres et les mélodies se rencontrent
Jihane Bougrine est une personnalité du monde des médias et de la musique, très proche de la scène rap, qui se démarque de par sa polyvalence au sein de cette industrie.
Née à Rabat et exilée en banlieue parisienne dès l’âge de 2 ans, Jihane Bougrine est passionnée de musique depuis toujours. Sa mère lui racontait qu’elle regardait les chanteuses à la télévision et rêvait que sa fille, déjà dans son ventre, fasse la même chose…Souhait exaucé ! La fillette de 4 ans montait déjà des mini-spectacles avec son petit frère, reprenait les tubes de Disney ou chantait les publicités qu’elle écoutait à la télévision.
De retour au pays, elle crée un groupe de chanteuses à l’âge de 13 ans avec ses amies dont Amalya Delepierre qui s’est fait connaître par l’émission « The Voice : la plus belle voix de France ». Ensemble, elles reprenaient les tubes à Capella de Boys II Men et des Beatles. Elles ont même donné des concerts au Théâtre Mohammed V et à la Salle Bahnini de Rabat à l’époque.
Elle commence à tenir un journal et écrire des histoires inspirées de sa vie, son quotidien, ses observations. Elle commence également à écrire des chansons de toutes ces histoires.
Après avoir intégré une école de commerce, qui va s’avérer être un tremplin pour sa carrière, Jihane décide de s’envoler pour Paris, en 2006, là où elle se fait coacher par des grands comme Merwan Rim, Richard Cross ou encore Marco Beacco.
En 2009, une tentative avortée d’un album RnB n’a pas abouti. Elle devra attendre l’année 2014 pour donner naissance à son premier album : LooN Bladi. Elle se fait ensuite connaître du grand public après avoir créé le groupe LooN’ avec qui elle va faire des tournées dans tout le Maroc. En 2020, « Dima Labass », son deuxième album, voit le jour. A ce jour, elle est la première artiste marocaine à signer avec Universal Music Mena en novembre 2019.
Née à Rabat et exilée en banlieue parisienne dès l’âge de 2 ans, Jihane Bougrine est passionnée de musique depuis toujours. Sa mère lui racontait qu’elle regardait les chanteuses à la télévision et rêvait que sa fille, déjà dans son ventre, fasse la même chose…Souhait exaucé ! La fillette de 4 ans montait déjà des mini-spectacles avec son petit frère, reprenait les tubes de Disney ou chantait les publicités qu’elle écoutait à la télévision.
De retour au pays, elle crée un groupe de chanteuses à l’âge de 13 ans avec ses amies dont Amalya Delepierre qui s’est fait connaître par l’émission « The Voice : la plus belle voix de France ». Ensemble, elles reprenaient les tubes à Capella de Boys II Men et des Beatles. Elles ont même donné des concerts au Théâtre Mohammed V et à la Salle Bahnini de Rabat à l’époque.
Elle commence à tenir un journal et écrire des histoires inspirées de sa vie, son quotidien, ses observations. Elle commence également à écrire des chansons de toutes ces histoires.
Après avoir intégré une école de commerce, qui va s’avérer être un tremplin pour sa carrière, Jihane décide de s’envoler pour Paris, en 2006, là où elle se fait coacher par des grands comme Merwan Rim, Richard Cross ou encore Marco Beacco.
En 2009, une tentative avortée d’un album RnB n’a pas abouti. Elle devra attendre l’année 2014 pour donner naissance à son premier album : LooN Bladi. Elle se fait ensuite connaître du grand public après avoir créé le groupe LooN’ avec qui elle va faire des tournées dans tout le Maroc. En 2020, « Dima Labass », son deuxième album, voit le jour. A ce jour, elle est la première artiste marocaine à signer avec Universal Music Mena en novembre 2019.
S. K.