- Vous présidez l’association EntrElles Souss Massa, une initiative originale puisqu’elle s’adresse spécifiquement aux femmes. Quelle idée a présidé à la création de cette entreprise ?
- C’est parti d’un élan de solidarité. Notre association est issue d’un programme d’accompagnement initié par les centres régionaux d’investissement du Maroc, Maroc PME et l’Agence de Coopération Internationale Allemande (GIZ). Nous étions un groupe de femmes chefs d’entreprises de la région Souss Massa qui ont bénéficié de ce programme. Par la suite, nous avions décidé de créer une association pour mutualiser nos expériences et rester en connexion afin de déployer la stratégie de la promotion de l’entrepreneuriat féminin. Ainsi a démarré notre aventure qui continue aujourd’hui. Au début, nous avions rencontré d’énormes blocages. Mais par la persévérance et la ténacité, nous avons réussi à rallier toutes les autorités concernées par l’acte d’entreprendre à notre cause. Comme en témoigne l’atelier du 23 novembre dernier, qui a enregistré la participation de douze administrations et le soutien à notre association.
- EntrElles est une association d’accompagnement des femmes chefs d’entreprises de la région Souss Massa. Qu’est-ce qui distingue les projets de ces entrepreneures des autres établies dans d’autres villes marocaines ?
- J’ai envie de dire que toutes les femmes, partout dans le monde, font face aux mêmes problématiques, avec un certain décalage dans le temps. De fait, les femmes issues de pays développés économiquement ont déjà dépassé ces difficultés. Mais dans l’ensemble, la femme entrepreneure fait face au même corpus de défis. A côté, il y a des spécificités. Pour les femmes chefs d’entreprises de la région Souss Massa, elles rencontrent des difficultés socioculturelles, économiques et sans négliger la culture approche genre.
- Depuis la création d’EntrElles, quels enseignements avez-vous tirés ? Que pensez-vous avoir apporté à la société et à votre région ?
-Depuis la création d’EntrElles, nous avons un bilan honorable. Nous avons réussi à changer des mentalités dans une région très conservatrice. Aujourd’hui, nous siégeons à des Conseils, des comités, des commissions. Nous comptons contribuer à l’objectif fixé par notre région dans la création d’entreprises :12.000 entreprises dans la région, soit 36.000 d’emplois par an. Nous sommes également fiers d’être à la base d’actions de sensibilisation dans différents espaces (université, Centres, associations partenaires) pour encourager les femmes à entreprendre. Je souligne que notre association profite également aux hommes et aux jeunes.
-Peut-on corréler cette dynamique à la croissance de l’esprit startup qui crée une véritable richesse dans votre région ?
- Dans notre région Souss Massa, la croissance de l’esprit entrepreneurial, en général, et des startups, en particulier, entre dans le cadre du Plan d’accélération industrielle du Maroc signé devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Consciente de l’importance de repenser l’innovation pour le développement, notre région Souss Massa s’est dotée d’une cité d’innovation qui est considérée comme un véritable levier de l’éclosion d’un environnement de recherche, de développement et d’innovation. EntrElles se doit de se positionner dans cette dynamique, de promouvoir les start-ups et d’encourager les femmes qui veulent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale
- Concrètement, à quels niveaux vous intervenez ? (Vous les aidez à comprendre les risques et les gérer...)
- L’association intervient tout au long de l’acte d’entreprendre. D’abord, au niveau de l’idée (pré- création). Si une femme a juste une idée de projet, nous sommes en mesure de l’étudier avec elle, de la confronter, de la challenger. Récemment, nous avions organisé, grâce au concours d’une coach marocaine, un atelier sur le design thinking pour booster la créativité des membres et des porteuses de projets. Ensuite, dans l’acte de création (création pure et simple), nous lui expliquons la démarche à suivre et l’encadrons à distance pour toutes les formalités administratives. Nous pouvons, également, l’accompagner pour trouver les financements nécessaires. Nous avons des partenariats avec des opérateurs locaux qui nous soutiennent et nous conseillent. Aussi, après la création (post-création), nous gardons le contact avec elle pour nous enquérir de l’état d’avancement de son projet. Depuis peu, nous avons intégré un 4ème niveau : la pérennisation du projet. Pour cela, encore, nous proposons aux femmes chefs d’entreprises un accompagnement adapté pour leur permettre de dépasser les trois premières années qui sont fatidiques pour toutes les entreprises nouvellement créées (par des hommes ou par des femmes).
- Pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées dans le secteur de l’innovation ? Être une femme, qu’est-ce que ça change ?
- En fait, les femmes sont sous-représentées dans l’entrepreneuriat. Elles sont, d’après une enquête nationale, 86% à vouloir créer leur entreprise quand elles sont sur les bancs de la Fac. Mais elles ne représentent que 25% de la population des créateurs d’entreprises. On peut corréler cette information à l’innovation. C’est parce qu’elle est sous-représentée dans l’entrepreneuriat, que la femme est sous- représentée dans l’innovation rattachée à l’entrepreneuriat. Mais, dans l’absolu, les femmes ne manquent pas d’idées innovantes. Elles osent. Elles trouvent des solutions innovantes pour faire sortir leur produit ou service du lot, pour s’imposer, pour communiquer et pour promouvoir leur entreprise. Il ne faut pas oublier que l’arrivée des femmes dans le monde du business est relativement récente. Il faut donner au temps le temps pour espérer des success stories féminines au Maroc et dans la région.
- Aujourd’hui, dans une ère marquée par les pandémies, quels sont les enjeux de l’entrepreneuriat ?
- La pandémie n’est pas misogyne. Elle a frappé toutes les entreprises, quel que soit le sexe du créateur. Les récentes statistiques prouvent que les emplois repartent à la hausse, soit par la création d’entreprise, soit par l’embauche des entreprises. Je vous remercie de me poser cette question. En effet, des enquêtes et des observations au niveau international ont établi que les femmes ont fait preuve de plus d’inventivité. Une enquête datant de 2018 réalisée par McKinsey a révélé que les entreprises qui comptent des femmes dans leur Conseil d’administration ne licencient pas rapidement. Elles trouvent tout le temps des solutions innovantes « à la place de la rupture ». Je suis sûre que les femmes ont su composer avec la pandémie. Ceci dit, les femmes, dans leur grande majorité, ont des entreprises dans le secteur des services. Elles ont été lourdement touchées. Pendant la pandémie, nous avons dû les accueillir, les soutenir, les conseiller et les accompagner dans leur démarche pour l’obtention des aides.
- C’est parti d’un élan de solidarité. Notre association est issue d’un programme d’accompagnement initié par les centres régionaux d’investissement du Maroc, Maroc PME et l’Agence de Coopération Internationale Allemande (GIZ). Nous étions un groupe de femmes chefs d’entreprises de la région Souss Massa qui ont bénéficié de ce programme. Par la suite, nous avions décidé de créer une association pour mutualiser nos expériences et rester en connexion afin de déployer la stratégie de la promotion de l’entrepreneuriat féminin. Ainsi a démarré notre aventure qui continue aujourd’hui. Au début, nous avions rencontré d’énormes blocages. Mais par la persévérance et la ténacité, nous avons réussi à rallier toutes les autorités concernées par l’acte d’entreprendre à notre cause. Comme en témoigne l’atelier du 23 novembre dernier, qui a enregistré la participation de douze administrations et le soutien à notre association.
- EntrElles est une association d’accompagnement des femmes chefs d’entreprises de la région Souss Massa. Qu’est-ce qui distingue les projets de ces entrepreneures des autres établies dans d’autres villes marocaines ?
- J’ai envie de dire que toutes les femmes, partout dans le monde, font face aux mêmes problématiques, avec un certain décalage dans le temps. De fait, les femmes issues de pays développés économiquement ont déjà dépassé ces difficultés. Mais dans l’ensemble, la femme entrepreneure fait face au même corpus de défis. A côté, il y a des spécificités. Pour les femmes chefs d’entreprises de la région Souss Massa, elles rencontrent des difficultés socioculturelles, économiques et sans négliger la culture approche genre.
- Depuis la création d’EntrElles, quels enseignements avez-vous tirés ? Que pensez-vous avoir apporté à la société et à votre région ?
-Depuis la création d’EntrElles, nous avons un bilan honorable. Nous avons réussi à changer des mentalités dans une région très conservatrice. Aujourd’hui, nous siégeons à des Conseils, des comités, des commissions. Nous comptons contribuer à l’objectif fixé par notre région dans la création d’entreprises :12.000 entreprises dans la région, soit 36.000 d’emplois par an. Nous sommes également fiers d’être à la base d’actions de sensibilisation dans différents espaces (université, Centres, associations partenaires) pour encourager les femmes à entreprendre. Je souligne que notre association profite également aux hommes et aux jeunes.
-Peut-on corréler cette dynamique à la croissance de l’esprit startup qui crée une véritable richesse dans votre région ?
- Dans notre région Souss Massa, la croissance de l’esprit entrepreneurial, en général, et des startups, en particulier, entre dans le cadre du Plan d’accélération industrielle du Maroc signé devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Consciente de l’importance de repenser l’innovation pour le développement, notre région Souss Massa s’est dotée d’une cité d’innovation qui est considérée comme un véritable levier de l’éclosion d’un environnement de recherche, de développement et d’innovation. EntrElles se doit de se positionner dans cette dynamique, de promouvoir les start-ups et d’encourager les femmes qui veulent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale
- Concrètement, à quels niveaux vous intervenez ? (Vous les aidez à comprendre les risques et les gérer...)
- L’association intervient tout au long de l’acte d’entreprendre. D’abord, au niveau de l’idée (pré- création). Si une femme a juste une idée de projet, nous sommes en mesure de l’étudier avec elle, de la confronter, de la challenger. Récemment, nous avions organisé, grâce au concours d’une coach marocaine, un atelier sur le design thinking pour booster la créativité des membres et des porteuses de projets. Ensuite, dans l’acte de création (création pure et simple), nous lui expliquons la démarche à suivre et l’encadrons à distance pour toutes les formalités administratives. Nous pouvons, également, l’accompagner pour trouver les financements nécessaires. Nous avons des partenariats avec des opérateurs locaux qui nous soutiennent et nous conseillent. Aussi, après la création (post-création), nous gardons le contact avec elle pour nous enquérir de l’état d’avancement de son projet. Depuis peu, nous avons intégré un 4ème niveau : la pérennisation du projet. Pour cela, encore, nous proposons aux femmes chefs d’entreprises un accompagnement adapté pour leur permettre de dépasser les trois premières années qui sont fatidiques pour toutes les entreprises nouvellement créées (par des hommes ou par des femmes).
- Pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées dans le secteur de l’innovation ? Être une femme, qu’est-ce que ça change ?
- En fait, les femmes sont sous-représentées dans l’entrepreneuriat. Elles sont, d’après une enquête nationale, 86% à vouloir créer leur entreprise quand elles sont sur les bancs de la Fac. Mais elles ne représentent que 25% de la population des créateurs d’entreprises. On peut corréler cette information à l’innovation. C’est parce qu’elle est sous-représentée dans l’entrepreneuriat, que la femme est sous- représentée dans l’innovation rattachée à l’entrepreneuriat. Mais, dans l’absolu, les femmes ne manquent pas d’idées innovantes. Elles osent. Elles trouvent des solutions innovantes pour faire sortir leur produit ou service du lot, pour s’imposer, pour communiquer et pour promouvoir leur entreprise. Il ne faut pas oublier que l’arrivée des femmes dans le monde du business est relativement récente. Il faut donner au temps le temps pour espérer des success stories féminines au Maroc et dans la région.
- Aujourd’hui, dans une ère marquée par les pandémies, quels sont les enjeux de l’entrepreneuriat ?
- La pandémie n’est pas misogyne. Elle a frappé toutes les entreprises, quel que soit le sexe du créateur. Les récentes statistiques prouvent que les emplois repartent à la hausse, soit par la création d’entreprise, soit par l’embauche des entreprises. Je vous remercie de me poser cette question. En effet, des enquêtes et des observations au niveau international ont établi que les femmes ont fait preuve de plus d’inventivité. Une enquête datant de 2018 réalisée par McKinsey a révélé que les entreprises qui comptent des femmes dans leur Conseil d’administration ne licencient pas rapidement. Elles trouvent tout le temps des solutions innovantes « à la place de la rupture ». Je suis sûre que les femmes ont su composer avec la pandémie. Ceci dit, les femmes, dans leur grande majorité, ont des entreprises dans le secteur des services. Elles ont été lourdement touchées. Pendant la pandémie, nous avons dû les accueillir, les soutenir, les conseiller et les accompagner dans leur démarche pour l’obtention des aides.
Une culture du « give-back »
Créée en 2010, l’association EntrElles Souss Mas- sa est l’aboutissement d’un programme de for- mations et d’accompagnement des femmes chefs d’entreprises de la région établi en collaboration entre l’Agence Nationale pour la Promotion de la PME, le Centre Régional d’Investissement de Souss Massa et l’Agence Allemande de Dévelop- pement (GIZ). Pionnière dans l’entrepreneuriat féminin, EntrElles regroupe les femmes chefs d’entreprises autour d’une seule structure, afin de rehausser leur statut, de leur permettre de s’assumer et de s’affirmer en tant que chefs d’entreprises ou dirigeantes.
Parmi ses missions : accompagner la femme entrepreneure, porteuse de projet ou auto-entrepreneure, afin qu’elle soit un acteur de développement économique durable performant au niveau régional, national et international ; promouvoir une vision optimale et efficiente auprès des femmes chefs d’entreprises de la région en plaidant pour un entrepreneuriat féminin à forte valeur ajoutée.
Pour EntrElles, la culture du « give-back » est primordiale pour insérer durablement et formellement les femmes dans le monde de l’entrepreneuriat. « C’est le fait de faire bénéficier des femmes de l’écosystème qui a aidé au développement du projet d’une femme qui a déjà intégré l’entrepreneuriat », nous explique Khadija Ben Moumen, qui est à la tête de cette association.