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Interview avec Loubna Oumeslakht : « La culture scientifique et technique est en plein essor au Maroc »


Rédigé par Safaa KSAANI Dimanche 31 Octobre 2021

Des jeunes marocains ont été invités à la Résidence jeunes talents scientifiques africains à Universcience, à Paris. Immersion dans cet univers avec Loubna Oumeslakht, l’une des participants.



- Du 17 au 22 octobre, vous avez intégré la Résidence jeunes talents scientifiques africains à Universcience à Paris, en vue d’échanger sur la pratique de la médiation scientifique, et découvrir les coulisses des lieux d’Universcience dédiée au partage des sciences et à l’innovation. Sur la base de quels critères avez-vous été choisie, en compagnie de l’enseignant-chercheur marocain Adam Chati ?

- Nous avons été sélectionnés parmi 49 jeunes scientifiques issus de 27 pays africains différents. Cette sélection était basée surtout sur la qualité académique, la capacité à communiquer et à vulgariser des sujets complexes ainsi que d’avoir une expérience reconnue en médiation scientifique.


- Comment a été votre participation à la Résidence jeunes talents scientifiques africains à l’établissement public français Universcience ?

- Nous avons participé à trois rencontres en ligne. La première a eu lieu le 8 décembre 2020, durant laquelle nous avons échangé autour de la médiation scientifique et la promotion de la culture scientifique et technique en Afrique et en France.

Nous avons aussi discuté des différentes méthodes de vulgarisation scientifique, et nous avons partagé les initiatives conduites en Afrique par les jeunes talents. J’ai profité de cette occasion pour présenter les projets de médiation scientifique qui ont été organisés au Maroc, notamment par l’Association Marocaine des Petits Débrouillards (AMPD), un acteur majeur dans ce domaine.

Cette rencontre était aussi l’occasion d’effectuer une première prise de contact avec les participants et créer un réseau afin de partager des réflexions et mener de nouvelles collaborations. La deuxième rencontre a eu lieu le 11 février 2021. Elle coïncidait avec la journée internationale des femmes et filles de sciences, et c’était une occasion pour échanger à propos de la position de la femme dans la recherche scientifique et comment peut-on promouvoir son implication dans ce domaine.

Finalement, nous avons participé à une troisième rencontre qui a eu lieu le 29 juin dernier, durant laquelle nous avons discuté sur les fêtes de la science conduites en Afrique et nous avons commencé à préparer nos présentations de projets. L’objectif de cette résidence est de découvrir le site et les savoir-faire d’Universcience et d’échanger sur les sujets de recherche ou les projets de médiation scientifique des participants.


- Comment comptez-vous valoriser et transmettre vos connaissances ?

- Déjà, je suis très chanceuse d’être doctorante à l’université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) à Benguérir. Une Université qui milite pour la promotion de la recherche et la science au Maroc et qui dispose d’un environnement qui cultive et encourage le partage des connaissances, l’échange et la collaboration, et permet la transmission du savoir à travers les colloques, les séminaires et les congrès.

De même, en tant que médiatrice scientifique au sein de l’AMPD, j’essaie toujours de partager ma passion pour la science et de vulgariser des sujets scientifiques auprès des enfants et de susciter leur curiosité et leur intérêt pour les sciences.


- Quelles leçons tirez-vous de votre participation à la Résidence ?

- Le plus grand investissement est l’investissement dans la recherche scientifique, même si vous ne récoltez pas le fruit immédiatement. Mais, après quelques années, le fruit que vous récolterez aura beaucoup de valeur.


- Quel état des lieux faites-vous de la médiation scientifique au Maroc et quelles conclusions tirez-vous en comparaison avec la France ?

- La France a mis en place une stratégie nationale de culture scientifique, technique et industrielle qui vise à susciter la curiosité des citoyens, ouvrir leur esprit critique et les introduire à la démarche scientifique.

De plus, durant ma participation à la Résidence, j’ai découvert la Cité des Sciences et de l’Industrie ainsi que l’Universcience, le plus important centre de science en Europe et le premier établissement public français de diffusion de la culture scientifique, placé sous la double tutelle des ministères de la Culture, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Ceci montre à quel point la science est un centre d’intérêt du pays.

Au Maroc, je vois que la culture scientifique et technique est en progression. Plusieurs initiatives de médiation scientifique ont été réalisées que ça soit par des associations telles que l’AMPD, ou par des influenceurs qui promeuvent la culture scientifique, la pensée critique et la démarche scientifique à travers les réseaux sociaux.

De plus, le Maroc dispose d’une richesse archéologique très importante. Je cite comme exemple la découverte des plus anciens outils de confection des vêtements ainsi que la découverte de l’Homo sapiens au Djebel Irhoud. Ceci renforce la nécessité de la construction des musées et instituts scientifiques afin de valoriser ses ressources.

Le Maroc dispose également d’excellentes ressources humaines et de chercheurs de haut calibre. Ce qui fait que nous devons nous inspirer des expériences étrangères dans le domaine de la culture scientifique, et tracer une stratégie en impliquant tous les acteurs académiques, gouvernementaux, institutionnels, associatifs,… afin de mener de nouveaux projets qui visent à inculquer l’esprit scientifique chez les jeunes.


- En tant que doctorante en Immuno-oncologie, vous travaillez l’immunothérapie anti-tumorale. Quels sont les tenants et aboutissants de ce projet ?

- Actuellement, je suis doctorante à l’institut des sciences biologiques et paramédicales à l’UM6P à Benguerir. Mon projet de thèse se focalise sur l’étude du rôle du microenvironnement tumoral dans la progression des cancers hématologiques. Nous visons aussi à modifier ce microenvironnement et réactiver l’activité immunitaire anti-tumorale via l’utilisation des anticorps monoclonaux.

Cette approche thérapeutique très prometteuse suscite beaucoup d’intérêt car elle a permis de traiter plusieurs types de cancer même aux stades avancés et est toujours en cours d’évolution. 


- Au Royaume, le ministère de tutelle porte désormais le titre de ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. Quelles sont vos attentes de ce ministère ? Et quels échos cette nomination fait-elle dans les universités marocaines ?

- La principale attente pour moi est le fait que la recherche scientifique prenne le rôle qu’elle joue aujourd’hui dans les pays occidentaux, puisque le développement d’un pays dépend clairement de l’importance qu’on accorde à la recherche scientifique. Et c’est très important que le ministère soit conscient de l’importance de ce secteur.

De plus, il est temps pour que le Maroc promeuve ses capacités en matière de recherche scientifique et technique afin de dynamiser la productivité scientifique ainsi que la productivité industrielle tout en levant des fonds et en renforçant la coopération. Il est aussi nécessaire d’anglophoniser l’éducation, de digitaliser l’enseignement et d’inculquer la culture scientifique et technique chez la nouvelle génération qui a l’avenir de notre pays dans ses mains.

Aujourd’hui, le fait qu’on a cet intitulé prouve que l’éducation et l’enseignement supérieur prennent de l’élan, et que le ministère compte élaborer de nouvelles stratégies pour promouvoir tous ces secteurs et les mettre au coeur des enjeux communs pour le développement de notre pays.


Recueillis par Safaa KSAANI

Bio


Une militante de la médiation scientifique

Membre de plusieurs associations telles que World Merit Rabat, Lions Club FSR, Junior Chamber International (JCI) et l’Association marocaine des petits débrouillards (AMPD), Loubna Oumeslakht a pu mener de nombreuses actions associatives. Elle a participé et animé des événements, dont le projet des sciences en milieu rural, en partenariat avec la fondation DROSOS et l’Académie régionale de l’éducation et de la formation de Rabat-Salé-Kénitra, le Festival des explorateurs de la biodiversité, ainsi que la caravane « Etre humain et mobilité » en partenariat avec la GIZ.
 








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