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Interview avec Malak Jaafar : « Certains jugent nos mesures trop strictes, mais nous les qualifions de prudentes »


Rédigé par Yassine ELALAMI Mardi 17 Décembre 2024

Malak Jaafar, Responsable des Partenariats et de la Sensibilisation pour la région MENAT chez TikTok, détaille les initiatives de la plateforme pour promouvoir le bien-être mental des utilisateurs, protéger les jeunes et collaborer avec des acteurs régionaux pour briser les tabous autour de la santé mentale. Interview.



Malak Jaafar, responsable des partenariats et de la sensibilisation pour la région MENAT (Moyen-Orient, Afrique du Nord et Turquie) chez TikTok
Malak Jaafar, responsable des partenariats et de la sensibilisation pour la région MENAT (Moyen-Orient, Afrique du Nord et Turquie) chez TikTok
  • Quelles initiatives TikTok a-t-il mis en place pour promouvoir la santé mentale dans la région MENAT ?
La santé mentale est un sujet crucial, et TikTok s’investit profondément pour apporter des solutions concrètes et accessibles. À l’échelle mondiale, nous collaborons avec des partenaires et des experts de premier plan, notamment l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), afin de concevoir des initiatives qui résonnent réellement auprès des jeunes, notre principal public cible.

Il est facile de lancer des campagnes, mais ce qui compte vraiment, c’est leur efficacité et leur pertinence. Pour cela, nous avons établi des partenariats stratégiques avec des organisations régionales, telles qu’Embrace au Liban, Sada Social et Sawa en Palestine, ainsi que le CMRPI au Maroc. Nous bénéficions également des conseils de spécialistes comme Myriam Bahri, psychothérapeute et membre du MENAT SAC. Ces collaborations nous permettent de comprendre les besoins spécifiques de chaque région et de concevoir des campagnes adaptées, tant sur le fond que sur la forme.

Nos actions se déploient de plusieurs manières, qu’il s’agisse de vidéos éducatives sur TikTok ou de notifications ciblées envoyées aux utilisateurs. Par exemple, nous pouvons inciter les utilisateurs à vérifier leur vie privée ou à explorer les outils de gestion de contenu, tout en mettant en avant les fonctionnalités spécifiques de la plateforme qui soutiennent la santé mentale. L’objectif est double : sensibiliser notre audience tout en encourageant des comportements positifs et responsables.

Il ne s’agit pas uniquement d’accompagner les créateurs de contenu, mais aussi les spectateurs passifs, qui consomment sans produire. En rendant nos outils accessibles et visibles, nous cherchons à inspirer des habitudes qui permettent à chacun, utilisateur ou créateur, de mieux prendre soin de lui-même tout en profitant d’une expérience positive sur TikTok.
 
  •  TikTok est une plateforme particulièrement populaire auprès des jeunes. Quelles mesures prenez-vous pour protéger leur bien-être mental face à l’exposition aux contenus potentiellement toxiques ?
TikTok est effectivement très prisé des jeunes, mais il est crucial de préciser que les enfants de moins de 13 ans ne devraient pas se trouver sur notre plateforme. Lorsque nous parlons de jeunes utilisateurs, nous faisons spécifiquement référence aux adolescents âgés de 13 ans et plus. Cette distinction est fondamentale, car nous avons développé des politiques et des fonctionnalités adaptées à chaque tranche d’âge pour garantir leur sécurité en ligne.

Pour les utilisateurs âgés de 13 à 15 ans, nous appliquons une approche stricte : leur compte est automatiquement configuré comme privé dès leur inscription. Cela signifie que ces comptes ne sont pas visibles dans les suggestions, que la messagerie directe est désactivée et que le téléchargement de leurs vidéos est impossible par d'autres utilisateurs. Cette démarche s'inscrit dans notre principe de « sécurité par conception », qui intègre des protections renforcées dès les premières interactions des jeunes avec la plateforme.
 
  •  Comment TikTok accompagne les parents dans cette mission de protection et d’encadrement des adolescents ?
Pour renforcer cette protection, nous avons développé « Connexion famille », un outil qui permet aux parents de relier leur compte TikTok à celui de leur adolescent. Grâce à cet outil, ils peuvent limiter le temps d’écran quotidien, désactiver certaines fonctionnalités comme la recherche ou personnaliser l’expérience, selon leurs besoins. Par exemple, un parent peut fixer un temps d’utilisation maximal de deux heures par jour. Au-delà de ce délai, l’accès à la plateforme est verrouillé jusqu’à leur intervention.

Toutefois, nous veillons à préserver un équilibre : les parents ne peuvent pas accéder aux messages privés de leur adolescent, afin de garantir un espace d’expression personnelle essentiel pour ces derniers. En parallèle, nous collaborons avec des experts locaux et internationaux, y compris au Maroc, pour adapter nos pratiques et nous assurer que les jeunes utilisateurs peuvent interagir en ligne en toute sécurité, tout en explorant leurs centres d’intérêt et en trouvant des communautés positives.

  • Comment TikTok travaille-t-il avec les créateurs de contenu pour encourager des discussions positives et ouvertes autour de la santé mentale ?
Les créateurs de contenu jouent un rôle clé dans la promotion de l’empathie, de la sensibilisation et du changement social au sein de leurs communautés en ligne. Ils servent de relais pour comprendre les problématiques vécues par leurs abonnés, notamment le harcèlement numérique, tout en attirant l’attention sur des questions sociétales souvent négligées. Cependant, pour que leur voix reste forte et authentique, il est essentiel de garantir leur propre sécurité, car ils sont eux-mêmes exposés au cyberharcèlement.

Pour y répondre, TikTok met à disposition des outils de protection performants : des filtres pour les commentaires, des rappels automatisés tels que « Êtes-vous sûr de vouloir publier cela ? », ainsi que des fonctionnalités qui incitent à des interactions bienveillantes. Ces mesures visent à créer un environnement où les créateurs peuvent s’exprimer librement, tout en se sentant protégés.
 
  • Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de collaborations ou d’initiatives régionales ayant eu un impact sur la santé mentale ?
Absolument. Nous avons collaboré avec des créateurs et des organisations influentes pour développer des campagnes qui favorisent des comportements positifs en ligne. Par exemple, l’initiative « Pratique la pause », lancée avec l’UNICEF Égypte, encourage les utilisateurs à réfléchir avant de réagir à des situations émotionnelles en ligne. Une autre campagne, intitulée « Créez sans hésiter », met en avant le lien entre créativité et sécurité. Cette dernière a introduit des outils tels que des filtres de commentaires et des notifications de bienveillance, visant à offrir un espace où les créateurs peuvent s’exprimer sans crainte.

Des figures connues comme l’actrice égyptienne Nelly Karim ou la créatrice libanaise Karen Wazen ont soutenu ces initiatives, amplifiant leur portée. De nombreux créateurs issus de la région MENA, notamment en Égypte et dans les pays du Golfe, se sont également mobilisés pour diffuser ces messages positifs. Bien que les célébrités attirent un large public, ce sont les créateurs de contenu locaux, avec leur lien direct et durable avec leurs audiences, qui assurent un impact profond et continu.

Ces efforts, soutenus par des études prouvant l’efficacité des rappels réflexifs auprès des jeunes, témoignent de notre engagement à améliorer non seulement la sécurité des utilisateurs, mais aussi leur bien-être mental. TikTok reste déterminé à offrir une plateforme où authenticité, créativité et sécurité coexistent harmonieusement.
 
  • Avez-vous observé un changement dans la perception de la santé mentale parmi les utilisateurs depuis que TikTok a intensifié ses efforts dans ce domaine ?
Ce sujet peut être abordé sous deux angles. Premièrement, la santé mentale reste, dans de nombreuses régions, un tabou persistant. Beaucoup hésitent à partager leurs vulnérabilités ou à admettre qu’ils traversent des moments difficiles, par crainte d’être perçus comme faibles. Mais être vulnérable ne fait pas de vous une personne faible ; cela fait simplement de vous un être humain.
 
Cette réticence est un véritable défi. Lorsque nous engageons des discussions avec des ONG ou des communautés locales, il n’est pas rare d’entendre : « Nous sommes prêts à en parler, mais s’il vous plaît, ne le rendez pas public ».  Pourtant, pour avancer, il est essentiel de normaliser ces échanges et de rappeler aux gens qu’ils ne sont pas seuls dans leurs luttes.
 
  • Quelles mesures prenez-vous pour garantir que les discussions autour de la santé mentale restent fiables et bénéfiques pour les utilisateurs ?
La clé réside dans les faits. Toute discussion doit s’appuyer sur des bases scientifiques solides. La santé mentale est un domaine complexe et sensible, et la désinformation peut avoir des conséquences graves. Par exemple, des affirmations comme : « Si tu fais ça, tu guériras ta dépression », sans aucune preuve scientifique, peuvent être dangereuses.

Chez TikTok, nous avons mis en place une politique stricte pour limiter la propagation de telles informations. Les contenus contenant de la désinformation nuisible ou médicale, y compris en matière de santé mentale, sont systématiquement supprimés. Nous disposons également de mécanismes pour détecter les contenus potentiellement préjudiciables, car une simple parole mal interprétée peut avoir un impact dévastateur sur une personne fragile ou un adolescent se sentant isolé.

Certains jugent nos mesures trop strictes, mais nous préférons adopter une approche prudente. Si une seule vie peut être affectée par une désinformation, cela justifie pleinement notre vigilance.








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