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Interview avec Mohamed El Gahss: “Nous aspirons à créer une école d’arbitrage à Taza”


Rédigé par Mina Elkhodari Lundi 9 Septembre 2024

Mohamed El Gahss, arbitre de handball et professeur d'éducation physique et sportive à Taza, a récemment obtenu l’insigne international d’arbitrage en handball. Dans cette interview avec ce jeune arbitre, nous explorons les secrets de sa success story et ses projets sportifs dans sa ville natale.



  • Vous venez d’obtenir l’insigne international d’arbitrage en handball après avoir participé à l'évaluation officielle des arbitres de la Fédération internationale de handball (IHF), qui s'est tenue en République populaire de Chine pendant le Championnat du Monde Jeunes (U18) féminin. Quelle est l'importance de cette reconnaissance dans votre carrière d’arbitre et comment comptez-vous en profiter pour développer votre positionnement sur la scène sportive ?

- Cet insigne représente une étape clé dans ma carrière d’arbitre et constitue une reconnaissance de mon expérience dans le domaine. Il constitue une validation internationale de mes compétences,  attestant de ma capacité à arbitrer des compétitions mondiales. C’est un accomplissement auquel j’ai longtemps aspiré et pour lequel j’ai investi énormément de temps et de formation pour acquérir les compétences clés me permettant d’assurer l’équité et l’intégrité des matchs, selon les standards internationaux.

Je suis pleinement conscient que cette distinction est un atout considérable en mesure de m’ouvrir des portes pour officier lors de grands événements internationaux. Raison pour laquelle je compte saisir cette opportunité pour continuer à progresser, contribuer au développement du sport en vue de me positionner en tant qu’arbitre de premier plan sur la scène internationale.
 
  • Pouvez-vous nous parler de votre parcours en tant qu'arbitre ? Comment avez- vous commencé votre aventure ?

- Lorsque j'étais plus jeune, j'ai pratiqué à la fois le football et le handball, mais c'est dans le handball que je me suis vraiment épanoui. Cette passion pour le handball est en grande partie due à mes professeurs d'éducation physique, qui ont su me guider et m'inspirer. Leur engagement et leur passion m'ont poussé à aller plus loin dans ce sport, et c'est ainsi que j'ai découvert une nouvelle ambition : devenir arbitre. Observer les arbitres gérer les matchs, appliquer les règles et maintenir l'équilibre dans le jeu m'a profondément impressionné. Cela me fascinait de voir comment ils parvenaient à gérer des situations parfois tendues avec calme et autorité.

Débutant ma carrière en tant qu’enseignant d’éducation physique à Casablanca, j'ai rejoint l'école d'arbitrage de la Ligue en 2015 pour bénéficier d’une formation complète dans le domaine de l’arbitrage. En 2022, la Confédération Africaine de Handball a lancé un appel pour les arbitres nationaux désirant obtenir le badge continental. J’ai brillamment réussi les épreuves écrites, physiques et théoriques, obtenant ainsi ce précieux insigne. Mais mon ambition ne s’arrêtait pas là : je visais le badge international.

En 2023, lors du Championnat d'Afrique des Clubs en République du Congo, en présence du président de la Fédération Internationale d'Arbitrage, Per Morten Sodal, j’ai eu l'honneur d'arbitrer la finale entre Al-Ahly d'Égypte et la JSK du Congo. À la suite de ce prestigieux match, le Président de l’IHF m'a désigné pour représenter notre pays au Championnat du Monde en Chine. Après avoir brillamment réussi les tests et démontré mes compétences lors des matchs, j'ai finalement été sélectionné pour obtenir le badge international.
 
  • Quelles sont, selon vous, les compétences essentielles qu’un bon arbitre doit avoir  ?

- Pour qu'un arbitre soit efficace, il doit posséder une connaissance approfondie des règlements de la Fédération Internationale, se tenir informé des évolutions et maintenir une excellente condition physique grâce à un entraînement quotidien. En outre, une forte personnalité est également essentielle pour bien gérer les matchs.
 
  • En tant que jeune homme dans le monde de l'arbitrage, avez-vous rencontré des défis particuliers, et comment les avez-vous affrontés ?

- Les arbitres font face à divers défis, notamment lorsqu'ils progressent à travers les différentes étapes de leur carrière. L'objectif reste toujours d'atteindre des grades plus élevés, ce qui nécessite un travail assidu, incluant la révision quotidienne des règles, l'analyse de matchs et la pratique physique pour maintenir une bonne condition physique. Pour ce faire, il est essentiel d'écouter les observations et d'accepter les critiques constructives venant de toutes les parties prenantes du jeu, y compris les autres arbitres et les spectateurs.
 
  • Y a-t-il des niveaux ou des compétitions spécifiques que vous aimeriez atteindre ou officier à l’avenir ?

- J'aspire à participer à tous les grands tournois. Certes, j’ai travaillé en tant qu’arbitre dans de nombreux événements, mais le plus grand objectif pour tout arbitre reste de se qualifier pour les Jeux Olympiques. Atteindre cet objectif exige beaucoup de travail, de patience et la capacité d'écouter attentivement les observations et critiques.
 
  • Vous êtes originaire de Taza, une petite ville dans la région de Fès-Meknès. Comment comptez vous participez au développement de l'image sportive de cette ville ? 

- La ville de Taza dispose de grandes capacités et compétences dans divers domaines. Mes enseignants d’éducation physique étaient une véritable source d’inspiration et m’ont toujours poussé à aller plus loin. Cependant, les réussites de cette ville se manifestent souvent ailleurs en raison d'un manque d'intérêt pour le sport au sein de la ville et la disponibilité immédiate des infrastructures sportives pour les joueurs.

D'ailleurs, lors de mon passage à Taza, j'ai eu l'occasion de discuter avec un responsable local à propos d'un projet qui me tient particulièrement à cœur : la création d'une école d'arbitrage dans la ville. L'idée est de permettre aux passionnés de ce métier de bénéficier d'une formation de qualité sans avoir à se déplacer dans de grandes villes comme Casablanca, surtout pour ceux qui n'ont pas les moyens financiers nécessaires.

Cependant, bien que le projet suscite de l'intérêt, il reste encore beaucoup à faire. Le développement d'une telle école demande non seulement des ressources matérielles et humaines, mais également un solide soutien institutionnel. Cela permettrait de former une nouvelle génération d'arbitres directement sur place, facilitant ainsi l'accès à cette carrière pour tous ceux qui en rêvent.
 
  • D’après votre expérience, que reste à développer dans cette ville, côté sport, pour le développement de nouvelles figures sportives ?

- Pour le secteur du sport, il serait judicieux que les responsables dans le domaine soient issus du domaine sportif afin d'apporter une sensibilité accrue aux réalités et aux défis du milieu, mais surtout de promouvoir des initiatives qui soutiennent les athlètes et les clubs, et de favoriser un environnement propice à l'émergence et au développement des talents sportifs.

De plus, les infrastructures sportives présentent des lacunes notables, particulièrement dans le domaine du handball. En effet, de nombreux clubs de handball se retrouvent contraints de voyager sur de longues distances pour accéder aux terrains qui demeurent insuffisants dans la ville. Cela dit, il nous faut encore une vraie volonté politique pour investir dans le développement des infrastructures sportives dans cette ville.
 
  • En tant qu’enseignant d’éducation physique, voyez-vous que le sport occupe bien sa place dans le programme pédagogique de l’école ?

- Malheureusement, les cours de sport restent largement traditionnels et n'ont pas encore intégré les nouvelles démarches pédagogiques et les évolutions récentes du domaine sportif.

Actuellement, les activités sportives sont limitées à seulement deux jours par semaine, ce qui ne permet pas aux élèves de développer pleinement leurs compétences techniques ni de bénéficier d'un temps suffisant pour l'apprentissage et la récupération. Malgré les efforts pour faire valoir l'importance d'un jour entier dédié à l'activité sportive, permettant ainsi aux élèves de maîtriser les techniques de manière plus approfondie et de se reposer adéquatement, les propositions en ce sens n'ont pas encore donné de résultats concrets.

Il est donc crucial d'entreprendre une révision pédagogique des cours de sport afin de moderniser les approches éducatives et d'assurer une meilleure intégration des pratiques contemporaines. Une telle révision permettrait de mieux répondre aux besoins des élèves, de promouvoir une approche plus équilibrée et enrichissante du sport à l'école, et de garantir que les activités sportives occupent la place qu'elles méritent dans le développement global des élèves.








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