- Le Maroc et l’Égypte viennent de franchir une nouvelle étape dans leur coopération économique avec le lancement du mécanisme « Fast Track », destiné à faciliter l’accès des exportations marocaines au marché égyptien. Quelles perspectives ouvre cette initiative pour le commerce bilatéral ?
Le mécanisme « Fast Track » s’inscrit dans un cadre de coopération plus large, visant à renforcer les relations économiques et commerciales entre le Maroc et l’Égypte dans une logique de partenariat gagnant-gagnant. Cette dynamique repose sur une forte volonté politique des deux gouvernements de lever tout obstacle entravant les échanges commerciaux.
Plusieurs mesures ont été mises en œuvre pour concrétiser cette ambition. D’abord, la mise en place d’un système de communication direct et réactif entre les responsables commerciaux des deux pays, afin de traiter rapidement tout problème. Ensuite, le mécanisme « Fast Track » pour que les exportations vers l’Égypte soient traitées de manière accélérée.
Enfin, un forum d’affaires se tiendra d’ailleurs au Caire le 4 mai prochain, à l’occasion de la visite du Secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, Omar Hejira, accompagné d’une importante délégation d’exportateurs marocains. Nous nous réjouissons de cette visite et oeuvrons à sa réussite avec les responsables marocains.
- La récente réunion de haut niveau entre les ministres marocains et le ministre égyptien de l’Investissement et du Commerce extérieur, Hassan Al-Khatib, a mis l’accent sur le rééquilibrage des échanges commerciaux. Comment évaluez-vous aujourd’hui la relation économique entre Rabat et Le Caire ?
La relation économique entre Rabat et Le Caire recèle un potentiel considérable. Les deux pays connaissent un dynamisme économique important et s’orientent vers un renforcement continu de leurs partenariats. Du côté égyptien, nous recherchons un véritable partenariat avec le Maroc, non seulement sur le plan commercial, mais aussi en matière d’investissement et d’industrie, un partenariat mutuellement bénéfique basé sur la complémentarité entre nos économies. Le Maroc a accompli des avancées remarquables dans le domaine des infrastructures et du développement industriel, ce qui ouvre de nombreuses perspectives de coopération.
L’Égypte, qui importe pour 87 milliards de dollars par an, est tout à fait ouverte aux exportations marocaines. Il existe donc des opportunités concrètes pour accroître les échanges commerciaux entre nos deux pays.
- Ces dernières années, plusieurs opérateurs marocains ont dénoncé des pratiques anti-dumping de certaines entreprises égyptiennes (notamment dans l’acier laminé, les tomates ou les pommes de terre), sans qu’aucun retour officiel n’ait été communiqué. Quel est votre avis sur cette question ?
Des procédures anti-dumping sont effectivement en cours, mais elles nécessitent du temps car elles impliquent des enquêtes commerciales approfondies. De telles procédures sont fréquentes entre partenaires économiques et doivent suivre un processus rigoureux en conformité avec les procédures et règles régissant ces questions. En Égypte, nous collaborons pleinement en fournissant toutes les informations requises, ces démarches étant menées en toute transparence par les entreprises concernées.
- Quels sont, selon vous, les secteurs phares du Maroc qui attirent particulièrement l’intérêt du gouvernement égyptien ?
Il ne s’agit pas uniquement d’un intérêt gouvernemental, mais également d’un fort engouement du secteur privé. Le Maroc a connu de belles réussites, notamment dans l’industrie automobile, avec une production annuelle de 700.000 véhicules, ainsi que dans les infrastructures. Ces réussites attirent naturellement l’attention de l’Égypte dans le cade de la recherche de partenariats gagnant/gagnant. Le secteur du tourisme, qui est un domaine commun aux deux pays, suscite également beaucoup d’intérêt. De nombreux investisseurs égyptiens admirent l’expérience marocaine en matière de valorisation du patrimoine culturel qui est aussi une priorité pour l’Egypte. À ce titre, j’aimerais souligner l’inauguration prochaine du Grand Musée Égyptien, prévue pour le 3 juillet, qui deviendra le plus grand musée au monde consacré à une seule civilisation. Les secteurs de la logistique, des ports et du textile présentent eux aussi un potentiel considérable pour une coopération renforcée. J’aimerai aussi souligner l’intérêt que porte les fonds égyptiens dans le domaine du capital-risque et le fait que certains ont d’ores et déjà investi dans des start-ups marocaines. Il y a des exemples de partenariats réussis entre le secteur privé des deux pays qui méritent d’être plus mis en valeur, notamment dans le cadre du forum d’affaires qui se tiendra le 4 mai.
- L’Initiative Royale pour l’Atlantique suscite un grand intérêt à l’international, notamment pour les opportunités qu’elle offre au marché africain. Comment est-elle perçue en Égypte ?
Nous suivons cette initiative avec beaucoup d’intérêt. Elle reflète l’ambition du Maroc et son engagement en faveur de la paix, de la stabilité et du développement économique de l’Afrique en général, de l’Afrique de l’Ouest et de la région du Sahel en particulier. C’est une démarche porteuse de grandes perspectives pour l’avenir de l’Afrique.
- Pour finir sur une note touristique : l’Égypte reste une destination prisée par les Marocains. Y a-t-il des projets ou des mesures en cours pour renforcer le tourisme entre les deux pays ?
Le Maroc, devenu une plateforme de rencontres internationales et de conférences, attire de plus en plus de touristes et visiteurs égyptiens. Si les liaisons aériennes sont déjà bonnes, il reste encore des efforts à faire en matière de promotion touristique dans les deux pays. Nous devons capitaliser sur les événements et les festivals pour encourager les échanges culturels, qui sont un puissant levier touristique. À l’ambassade, nous faisons tout notre possible pour traiter efficacement les demandes de visa pour les touristes et visiteurs marocains.
- Vous avez rencontré récemment une délégation de la Confédération Marocaine des Exportateurs (ASMEX). Quels sont les principaux engagements pris dans le cadre de cette réunion au lendemain du nouvel accord commercial entre le Maroc et l’Egypte ?
L’objectif principal de cette rencontre était de renforcer les liens entre les exportateurs marocains et le marché égyptien, et de discuter des partenariats économiques concrets à développer. Je voulais signaler par cette visite notre ouverture aux exportations marocaines et la volonté de renforcer la coopération avec cet organisme important qui représente les exportateurs marocains. À cet effet, un webinaire d’affaires sera organisé le 22 avril à destination des membres de l’ASMEX. Il portera sur les conditions d’exportation vers l’Égypte et sur le climat d’investissement dans notre pays.
Recueillis par
Rime TAYBOUTA
Rime TAYBOUTA