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Interview avec S. E. Rajae Naji Mekkaoui : « La Reconnaissance de la marocanité du Sahara par le Royaume-Uni n’est qu’une question de temps.»


Rédigé par Youssef Benkirane Mardi 8 Avril 2025

Diplomatie, justice, tolérance, lutte contre l’extrémisme… autant de sujets prééminents et qui façonnent les axes prioritaires de la diplomatie marocaine. Dans cet entretien exclusif, Son Excellence Dr. Rajae Naji Mekkaoui, Ambassadrice de SM le Roi près le Saint-Siège et l’Ordre souverain militaire de Malte, lève le voile sur des révélations inédites.



  • Peu mise en lumière, mais d’un poids certain et d’une influence majeure, la relation Maroc–Saint-Siège soulève des enjeux fondamentaux. Comment le Royaume oriente-t-il, aujourd’hui, cette coopération ?
 
La diplomatie marocaine, multiple et synchronisée, a la chance d’être inscrite dans le long terme et dans la continuité de l’Etat, dont l’Age et l’Expérience dépassent 12 siècles. Ces deux dernières décennies, elle s’est marquée par l’audace et la persévérance inédites : par la créativité, l’initiative et le compte sur soi-même, la multitude des partenaires… et donc le succès.

Les relations Maroco-Vaticanes, très ancrées dans l’histoire (au moins depuis le XIème), n’ont pas cessé d’évoluer, et plus encore ces 6 dernières années. Pour en témoigner, il suffirait de rappeler que la 1ère visite d’un Chef d’Etat Musulman au Vatican fut celle de Feu Hassan II (1980), que la première prosternation du Pape sur un sol Musulman, fut dans le Royaume Chérifien (1985). Sa Majesté le Roi Mohammed VI s’y est rendu en 2000.

Avec le Pape François, plus ouvert que son prédécesseur, sa visite au Royaume (2019) reste, d’après ses propres élocutions réitérées, la plus cotée, la plus inoubliable, l’ayant touché le plus.  Il n’omet pas de reconnaitre que c’est de Sa Majesté qu’il a appris et eu le courage de nommer des femmes dans la Curie Roumaine, jusque-là exclusivement masculine. En 2021, il nomma 2 dames à la tête de Dicastère (Ministère) et haute fonction religieuse. Tout récemment et au moment où le Pape était en crise sanitaire critique, il confia la clé du Vatican à une dame, comme Préfet du Dicastère (Ministère) pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. Il s’agit du «Ministère» de la Curie (gouvernement du Vatican) chargé des ordres et congrégations religieux.

Par ailleurs, il est de la mission de l’Ambassade de faire découvrir et mieux connaitre le Royaume, Sa culture, Ses Valeurs, Ses prouesses Diplomatiques et autres. C’est dans cet esprit que beaucoup d’activités et dynamiques de dialogue et de co-connaissance ont été entrepris. Tout récemment, l’Ambassade a organisé un Iftar inédit dans l’un des plus prestigieux Palaces de Rome, avec la présence du Chef du Gouvernement du Saint-Siège, le Cardinal Pietro Parolin (candidat n°1 à la papauté), des Doyens des corps diplomatiques et des Ambassadeurs accrédités près le Vatican et l’Italie, de Hautes Personnalités engagées. Un Iftar qui a su gagner un rayonnement médiatique locale et internationale dépassant une centaine de tribunes.

La Clef de voûte de la diplomatie Marocaine est, inéluctablement, la Commanderie des Croyants, spécificité exclusive du Royaume et autorité religieuse sans égale au monde. Amir Al-Mouminine, garant de l’Islam Modéré, du juste milieu, de la tolérance, du dialogue, de la liberté du culte pour toutes les croyances, assure une diplomatie spirituelle œuvrant pour la promotion de la paix au monde. Il est du Rôle d’Imarate Al-Mouminine de concrétiser L’Appel Divin qui vise à guider les êtres humains vers la voie de la modération la tolérance, la paix, la lutte contre la radicalisation… et de sécher les sources de l’extrémisme, à commencer par la formation (institut Mohammed VI pour la formation des Imams et Prédicatrices, Fondation Mohammed VI pour les Oulémas de l’Afrique, dont l’une des missions est la prolifération de la modération, la tolérance, la fraternité humaine…)… C’est pour ne citer que des exemples.

Connaisseur des spécificités d’Imarate Al-Mouminine, de Sa Valeur et ses Retombées, le Pape François a révélé, à maintes reprises, qu’il compte beaucoup sur Sa Majesté pour la protection des Chrétiens en Afrique.

Sans pour autant omettre les stratégies de développement de l’Afrique, comme Gage de partnership. Là aussi, la diplomatie Mohammadienne est plurielle, large, équitable et dont le rayonnement international est formidablement félicité, de manière à positionner le Royaume comme acteur central dans la stabilisation de la région nord-africaine et sahélo-saharienne, mais aussi comme second investisseur africain en Afrique.

Lorsqu’on évalue le succès global de la diplomatie marocaine ces dernières années, grâce à la Sagesse Royale, les prouesses du plan d’autonomie ont enregistré une vitesse record et, mieux encore, le dossier du Sahara fut transformé en jalons et critères décisifs. Depuis 2019, l’Initiative d’autonomie a gagné la confiance, l’adhésion et le soutien officiel de l’ONU et de la majorité de ses membres, précisément des pays les plus influents sur la scène internationale (Allemagne, Etats Unis, Pays-Bas, Danemark, Finlande Portugal, Espagne, Hongrie, Serbie, Albanie, Estonie…). Le Maroc a su bien Challenger. Pour le Royaume-Uni, il semble que c’est juste question de temps, la société civile, partisane, voire le Gouvernement (en autorisant (ou incitant) les entreprises britanniques à investir et de mener des activités économiques dans la région du Sahara, sans la moindre restriction…), ne cessent de jalonner et aplanir le chemin.
 
  • Le Maroc et le Vatican partagent une vision commune du respect et du vivre-ensemble. Quels actes peuvent être mis en place pour renforcer la tolérance religieuse au niveau mondial ?
 
Dans un monde où les Valeurs sont en crises nécrosées, la diplomatie spirituelle et le soft power demeurent les meilleures alternatives. Sachant que de par le monde, n’existent que deux Chefs Religieux uniquement : Sa Majesté le Roi Amir Al-Mouminine, et le Pape. Les deux Souverains œuvrent d’arrache-pied pour pallier la paix mondiale, pour ressusciter les Valeurs ancestrales : solidarité, vivre ensemble, dialogue, présence de l’Islam en Europe, respect de la nature humaine, Migration sûre, protection et accueil des migrants, protection de leurs droits…

L’on considère donc l’ampleur, l’ancienneté, les portées, les perspectives (…) des relations Maroco-vaticanes, et les grands défis de l’humanité et des Valeurs, de la paix mondiale...
 
  • En tant que pénaliste chevronnée et membre de la Commission Permanente et Indépendante des Droits de l’Homme de l’OCI, quel regard portez-vous sur les réformes actuelles du code de procédure pénale marocain ?
 
La procédure pénale est la branche de droit qui se contente de régir le long processus juridictionnel, elle touche donc plus la forme que le fond et les droits fondamentaux.

Toutefois, certaines dispositions, bien que procédurales, peuvent altérer les droits du détenu, ou l’accusé, tel le droit à la défense, la garde-à-vue… C’est là où la vigilance s’impose !
Il ne faut, pour autant, pas que la ferveur nous fasse délaisser les droits de la Victime et ceux de la société (…), très souvent relégués à l’arrière-plan.

L’approche participative et le débat social, bien que parfois tumultueux, contribuent à créer l’équilibre entre les différents intérêts. Sauf que, parfois, ceux-ci sont submergés par les tiraillements professionnels houleux. Nécessité donc de faire prévaloir : sagesse, patriotisme, paix sociale, bon sens (…) !
 
  • Quel ressenti et quels souvenirs gardez-vous en tant que première femme à avoir animé en 2003 une Causerie du Ramadan devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Gouvernement, le corps diplomatique et les grands Oulémas du monde ?
 
Les souvenirs restent tours vifs. Pour le lecteur, notamment jeune, il faudrait remettre l’événement dans son époque pour le valoriser à sa juste dimension. Où fut totalement prohibée la présence de la gente féminine dans le champ religieux, même pour recevoir la formation et l’information, d’autant moins, sa participation à l’encadrement (prédication), bien que le nombre des femmes docteurs de la Loi furent en accroissement. Et parce que tout a été préparé en top secret, vous pouvez imaginer la grande surprise pour les Marocains et le monde entier. Ceci avait-il suscité de petits susurrements sur la compatibilité de l’Event avec l’Islam !?

C’est le grand lauréat d’Al-Quaraouiyine, le Pr. Abdel Hadi Boutaleb (Rahimaho Allah) qui, promptement fait une déclaration médiatique, très brève et persuasive : « Ce n’est pas la première dame qui présente une conférence de ce calibre ; Elle est la Seconde : la Première fut Oum el Mouminine Aicha ».

A l’échelle internationale, des télévisions et tous autres mass médias, ébahis, se sont venus compétitivement, du monde entier pour enquérir sur l’Event, ses secrets, sur Imarat Al- Mouminine qui a permis cette révolution.

Depuis, l’évènement continue d’être générateur d’évolutions et de révolutions à l’échelle nationale et universelle. L’impact du modèle Marocain (qui d’ailleurs avait produit le modèle Andalous), n’échappe pas à l’œil nu. On est appelé tous à y contribuer, à assumer chacun ses responsabilités.
 
Recueillis par Youssef BENKIRANE







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