Samir Kaddar, Fondateur de C3M
- A quel point la crise liée à la pandémie de Covid-19 a-t-elle montré le besoin de penser de nouvelles manières de soigner à distance et d’adapter les services de santé ?
- Dans le contexte de la pandémie, avec les difficultés de continuité des soins, l’isolement et la crainte de la part des patients, la téléconsultation a été éminemment recommandée. Il est apparu important de savoir quelle en était l’utilisation par les patients et les professionnels de Santé. A travers leur expérience et leur point de vue, la téléconsultation semble incontournable. Mais sa démocratisation auprès des professionnels de Santé et des patients repose sur une réflexion préalable quant aux freins et leviers de sa mise en oeuvre et sa pérennité en période post- pandémique.
- Au sein du Réseau des Compétences Médicales des Marocains du Monde (C3M), vous avez créé et mis en place l’application MedHelp, en période de confinement. Concrètement, de quoi s’agit-il ?
- Il s’agit d’une première plateforme numérique lancée par le réseau pour les conseils médico-psychologiques. Une vingtaine de professionnels de Santé membres de C3M, émanant de plus de dix pays de par le monde, ont mis à la disposition des Marocains bloqués à l’étranger cette plateforme. Nous avons récolté plus de 1.000 consultations à distance, sans compter des centaines d’avis de conseil et d’orientation vers des administrations marocaines ou étrangères.
- Les zones rurales en situation d’enclavement sanitaire seraient-elles les premières bénéficiaires de la télémédecine ?
- Il faut savoir que depuis les premières expérimentations, vieilles de plus d’un siècle, la télémédecine n’a connu un véritable développement qu’au début des années 2000. La crise sanitaire liée au Covid-19 nous a démontré le besoin si important du développement de la télésanté, en faveur des citoyens. L’intérêt de recourir à ces techniques a été révélé au grand jour par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Cette crise a facilité son acceptation sociale par les professionnels de Santé et par les patients.
D’autre part, avec le développement des technologies, de la formation et de la communication, et de leur implication dans différents domaines, la santé ne peut être en reste. Elle doit muer et s’appuyer sur de nouvelles technologies afin de moderniser l’offre des soins et d’assurer l’équité des services de santé rendus au citoyens qui font partie intégrante du système de santé à des politiques de soins bien menées.
La télésanté permet d’offrir des services de santé à distance par le recours aux moyens des technologies de l’information et de la communication. Elle contribue à la démocratisation de la santé en décloisonnant des régions moins desservies par l’offre sanitaire et de réduire ainsi les déserts médicaux, où il y a moins de médecins et de professionnels de Santé ou de structures sanitaires, avec une prise en charge rapide et de meilleure qualité.
- La télémédecine a progressé de manière significative ? Quel état des lieux dressez-vous concernant le Royaume ?
- Je n’ai pas beaucoup de données à cet égard mais je sais que beaucoup d’applications ont vu le jour durant le confinement et qu’il y a un cadre juridique de la pratique de la télémédecine qui est bien défini au sein de la loi 131-13 relative à l’exercice de la médecine. Il est opportun à mon avis de pratiquer la télémédecine en adoptant des textes juridiques plus avancés, permettant d’assouplir les conditions afin de recourir à cette technologie d’une manière assez fluide.
- Les médecins et les universités de médecine se soucient-ils des capacités des télécommunications ? Sont-ils suffisamment outillés pour adhérer à ce nouveau langage de communication dans leur domaine ?
- La pérennisation des usages de la télémédecine suppose toutefois, d’une part, de s’assurer de la protection du secret médical et des données à caractère personnel et de préciser les règles d’application concernant la responsabilité des professionnels de Santé. D’autre part, une révision de la nomenclature s’impose afin de définir une rémunération adéquate des soignants et garantir une relation humaine avec les patients.
A mon sens, une phase de concentration est indiquée afin de faire de bons choix et éviter les risques qui pourraient survenir à la suite de l’utilisation des nouvelles technologies. Nous avons un très bon réseau de communication, et une expertise d’ingénierie numérique. Il y a une volonté de la part des pouvoirs publics, surtout que nous sommes en pleine refonte du système de santé. Il est donc opportun d’intégrer l’université marocaine et les sociétés savantes dans un débat constructif afin d’en tirer le meilleur et définir une bonne stratégie de télésanté (télémédecine, téléconseil, tétéassistance …). Un élément important à ne pas oublier est l’implication effective des Conseils régionaux. Car la réussite d’une telle politique dépend principalement des élus locaux et de leur implication dans cette nouvelle politique.
- Pensez-vous que la 5G va pallier le manque de ressources humaines dans la Santé ?
- Il faut savoir que l’arrivée de la 5G ne peut que booster le déploiement de la télésanté. C’est une technologie clé pour le déploiement de technologies connectées à travers des réseaux nettement plus rapides et fiables. La 5G est caractérisée par une latence très réduite et des débits de données jusqu’à 100 fois supérieurs à la 4G, et peut supporter jusqu’à 1 million d’appareils connectés simultanément par kilomètre carré. Mais pour cela, il faut asseoir toutes les conditions technologiques des antennes.
La 5G peut donc pallier, dans le système de santé, le manque de personnel pour des tâches automatisables qu’on peut déléguer aux robots ou à la technologie 5G. Elle peut assurer un meilleur partage des données relatives aux patients. Elle peut ainsi apporter une aide précieuse au niveau de la gestion des ressources humaines et matérielles. Il faut savoir que grâce à la 5G, il peut y avoir des standards de communication plus rapides et performants. On verra certaines disciplines se développer rapidement, notamment la radiologie qui permet un transfert rapide des données, des images assez conséquentes avec la célérité requise.
Si on insère l’Intelligence Artificielle, on créera une dynamique qui verra se développer de manière spectaculaire cette discipline. On peut remarquer cela au niveau de la chirurgie de la cardiologie et télécardiologie, télésurveillance, la santé mentale, sans oublier la gestion des soins préhospitaliers : ambulances connectées comme c’est le cas à Rabat. C’est un projet réussi à mon sens.
- Dans le contexte de la pandémie, avec les difficultés de continuité des soins, l’isolement et la crainte de la part des patients, la téléconsultation a été éminemment recommandée. Il est apparu important de savoir quelle en était l’utilisation par les patients et les professionnels de Santé. A travers leur expérience et leur point de vue, la téléconsultation semble incontournable. Mais sa démocratisation auprès des professionnels de Santé et des patients repose sur une réflexion préalable quant aux freins et leviers de sa mise en oeuvre et sa pérennité en période post- pandémique.
- Au sein du Réseau des Compétences Médicales des Marocains du Monde (C3M), vous avez créé et mis en place l’application MedHelp, en période de confinement. Concrètement, de quoi s’agit-il ?
- Il s’agit d’une première plateforme numérique lancée par le réseau pour les conseils médico-psychologiques. Une vingtaine de professionnels de Santé membres de C3M, émanant de plus de dix pays de par le monde, ont mis à la disposition des Marocains bloqués à l’étranger cette plateforme. Nous avons récolté plus de 1.000 consultations à distance, sans compter des centaines d’avis de conseil et d’orientation vers des administrations marocaines ou étrangères.
- Les zones rurales en situation d’enclavement sanitaire seraient-elles les premières bénéficiaires de la télémédecine ?
- Il faut savoir que depuis les premières expérimentations, vieilles de plus d’un siècle, la télémédecine n’a connu un véritable développement qu’au début des années 2000. La crise sanitaire liée au Covid-19 nous a démontré le besoin si important du développement de la télésanté, en faveur des citoyens. L’intérêt de recourir à ces techniques a été révélé au grand jour par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Cette crise a facilité son acceptation sociale par les professionnels de Santé et par les patients.
D’autre part, avec le développement des technologies, de la formation et de la communication, et de leur implication dans différents domaines, la santé ne peut être en reste. Elle doit muer et s’appuyer sur de nouvelles technologies afin de moderniser l’offre des soins et d’assurer l’équité des services de santé rendus au citoyens qui font partie intégrante du système de santé à des politiques de soins bien menées.
La télésanté permet d’offrir des services de santé à distance par le recours aux moyens des technologies de l’information et de la communication. Elle contribue à la démocratisation de la santé en décloisonnant des régions moins desservies par l’offre sanitaire et de réduire ainsi les déserts médicaux, où il y a moins de médecins et de professionnels de Santé ou de structures sanitaires, avec une prise en charge rapide et de meilleure qualité.
- La télémédecine a progressé de manière significative ? Quel état des lieux dressez-vous concernant le Royaume ?
- Je n’ai pas beaucoup de données à cet égard mais je sais que beaucoup d’applications ont vu le jour durant le confinement et qu’il y a un cadre juridique de la pratique de la télémédecine qui est bien défini au sein de la loi 131-13 relative à l’exercice de la médecine. Il est opportun à mon avis de pratiquer la télémédecine en adoptant des textes juridiques plus avancés, permettant d’assouplir les conditions afin de recourir à cette technologie d’une manière assez fluide.
- Les médecins et les universités de médecine se soucient-ils des capacités des télécommunications ? Sont-ils suffisamment outillés pour adhérer à ce nouveau langage de communication dans leur domaine ?
- La pérennisation des usages de la télémédecine suppose toutefois, d’une part, de s’assurer de la protection du secret médical et des données à caractère personnel et de préciser les règles d’application concernant la responsabilité des professionnels de Santé. D’autre part, une révision de la nomenclature s’impose afin de définir une rémunération adéquate des soignants et garantir une relation humaine avec les patients.
A mon sens, une phase de concentration est indiquée afin de faire de bons choix et éviter les risques qui pourraient survenir à la suite de l’utilisation des nouvelles technologies. Nous avons un très bon réseau de communication, et une expertise d’ingénierie numérique. Il y a une volonté de la part des pouvoirs publics, surtout que nous sommes en pleine refonte du système de santé. Il est donc opportun d’intégrer l’université marocaine et les sociétés savantes dans un débat constructif afin d’en tirer le meilleur et définir une bonne stratégie de télésanté (télémédecine, téléconseil, tétéassistance …). Un élément important à ne pas oublier est l’implication effective des Conseils régionaux. Car la réussite d’une telle politique dépend principalement des élus locaux et de leur implication dans cette nouvelle politique.
- Pensez-vous que la 5G va pallier le manque de ressources humaines dans la Santé ?
- Il faut savoir que l’arrivée de la 5G ne peut que booster le déploiement de la télésanté. C’est une technologie clé pour le déploiement de technologies connectées à travers des réseaux nettement plus rapides et fiables. La 5G est caractérisée par une latence très réduite et des débits de données jusqu’à 100 fois supérieurs à la 4G, et peut supporter jusqu’à 1 million d’appareils connectés simultanément par kilomètre carré. Mais pour cela, il faut asseoir toutes les conditions technologiques des antennes.
La 5G peut donc pallier, dans le système de santé, le manque de personnel pour des tâches automatisables qu’on peut déléguer aux robots ou à la technologie 5G. Elle peut assurer un meilleur partage des données relatives aux patients. Elle peut ainsi apporter une aide précieuse au niveau de la gestion des ressources humaines et matérielles. Il faut savoir que grâce à la 5G, il peut y avoir des standards de communication plus rapides et performants. On verra certaines disciplines se développer rapidement, notamment la radiologie qui permet un transfert rapide des données, des images assez conséquentes avec la célérité requise.
Si on insère l’Intelligence Artificielle, on créera une dynamique qui verra se développer de manière spectaculaire cette discipline. On peut remarquer cela au niveau de la chirurgie de la cardiologie et télécardiologie, télésurveillance, la santé mentale, sans oublier la gestion des soins préhospitaliers : ambulances connectées comme c’est le cas à Rabat. C’est un projet réussi à mon sens.
Recueillis par Safaa KSAANI
La télémédecine autorisée au Maroc depuis 2018
Un projet de décret (N°2.18.378) sur la télémédecine avait été adopté en Conseil de gouvernement en mai 2018, afin de permettre de diagnostiquer, soigner ou faire le suivi à distance des patients et également contribuer à la formation continue des professionnels médicaux à travers la transmission et la diffusion des congrès et séminaires organisés à l’échelle internationale.
Dans une déclaration à la MAP, Hassan Ghazal, président de l’Association marocaine de télémédecine et e-Santé, a précisé que ce cadre législatif a permis le déploiement d’un vaste projet de télémédecine destiné au monde rural et des zones reculées. Il est piloté par la Société marocaine de télémédecine et l’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé de Casablanca, en partenariat avec le ministère de la Santé. Il s’agit du tout premier et vrai programme de téléconsultation médicale que connaît le pays et qui a concerné dans sa première phase-pilote 6 sites situés en zone rurale en situation d’enclavement sanitaire, a-t-il relevé, soulignant que la deuxième phase de ce dispositif concerne une trentaine de sites avec l’ambition d’atteindre 160 sites à l’horizon 2023.
Dès l’apparition des premiers cas du nouveau Coronavirus au Maroc, le ministère de la Santé a mis en place l’interface de télémédecine gratuite “www.tbib24.com” pour réduire les déplacements à des fins de consultations médicales dans les secteurs privé et public en temps de pandémie. Le ministère a également lancé, début juin 2020, une application de notification d’exposition au nouveau Coronavirus baptisée «Wiqaytna» pour réduire de façon efficace la propagation du virus SARS-Cov-2.
Dans une déclaration à la MAP, Hassan Ghazal, président de l’Association marocaine de télémédecine et e-Santé, a précisé que ce cadre législatif a permis le déploiement d’un vaste projet de télémédecine destiné au monde rural et des zones reculées. Il est piloté par la Société marocaine de télémédecine et l’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé de Casablanca, en partenariat avec le ministère de la Santé. Il s’agit du tout premier et vrai programme de téléconsultation médicale que connaît le pays et qui a concerné dans sa première phase-pilote 6 sites situés en zone rurale en situation d’enclavement sanitaire, a-t-il relevé, soulignant que la deuxième phase de ce dispositif concerne une trentaine de sites avec l’ambition d’atteindre 160 sites à l’horizon 2023.
Dès l’apparition des premiers cas du nouveau Coronavirus au Maroc, le ministère de la Santé a mis en place l’interface de télémédecine gratuite “www.tbib24.com” pour réduire les déplacements à des fins de consultations médicales dans les secteurs privé et public en temps de pandémie. Le ministère a également lancé, début juin 2020, une application de notification d’exposition au nouveau Coronavirus baptisée «Wiqaytna» pour réduire de façon efficace la propagation du virus SARS-Cov-2.