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L’Eau, Défi du Siècle : Le Maroc Face à Son Destin Hydrique


Rédigé par Said Temsamani le Mercredi 26 Mars 2025



Said Temsamani, analyste politique.
Said Temsamani, analyste politique.
 

Chaque année, le 22 mars, la Journée mondiale de l’eau nous rappelle que cette ressource, longtemps perçue comme une évidence, est devenue un enjeu stratégique, une bataille quotidienne pour les nations qui anticipent l’avenir. Pour le Maroc, pays à la croisée des défis climatiques et économiques, la question de l’eau n’est plus seulement une préoccupation environnementale : elle conditionne son développement, sa souveraineté alimentaire et sa stabilité sociale.

 

À l’heure où les sécheresses se multiplient et où le stress hydrique s’intensifie, la gestion de l’eau s’impose comme l’un des principaux chantiers du XXIe siècle. La question n’est pas de savoir si le Maroc doit agir, mais comment il peut transformer cette contrainte en une opportunité de résilience et d’innovation.

 

Un Bilan Sans Concessions

 

Lors de son intervention sur Radio 2M, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a dressé un état des lieux sans complaisance. Certes, les récentes précipitations ont permis de relever le taux de remplissage des barrages, offrant un répit bienvenu. Mais derrière cette embellie conjoncturelle se cache une réalité plus inquiétante : 53 % des précipitations sont concentrées sur seulement 7 % du territoire, laissant de vastes régions dans une dépendance chronique aux infrastructures hydrauliques.

 

Ce constat impose une refonte profonde des stratégies de gestion de l’eau. La période où l’on pouvait compter uniquement sur les barrages pour réguler les ressources appartient au passé. Le Maroc, sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a amorcé une transition vers une approche plus diversifiée et intégrée : interconnexion des bassins, généralisation des stations de dessalement, réutilisation des eaux usées et promotion des techniques d’irrigation économes en eau.

 

Un Nouveau Modèle de Gestion Territoriale

 

Face à la disparité géographique des ressources, le Maroc doit repenser son modèle hydrique en l’adaptant aux spécificités de chaque région. Les territoires du Nord, bénéficiant de précipitations plus abondantes, doivent renforcer la protection de leurs nappes phréatiques et optimiser leur stockage. Dans le Sud et l’Oriental, où la raréfaction de l’eau est une menace structurelle, l’avenir repose sur des solutions technologiques comme le dessalement et le transfert d’eau entre bassins.

 

Mais les infrastructures, aussi modernes soient-elles, ne suffiront pas si elles ne sont pas accompagnées d’un changement culturel profond. La sensibilisation à la préservation de l’eau doit devenir un axe central des politiques publiques. Il est impératif d’ancrer, dès le plus jeune âge, une conscience hydrique qui transforme notre rapport à l’eau, non plus comme une ressource inépuisable, mais comme un bien précieux à gérer avec rigueur et responsabilité.

 

L’Eau et l’Agriculture : L’Heure des Choix Stratégiques

 

L’agriculture, pilier de l’économie marocaine, est à la fois victime et acteur clé de la gestion de l’eau. Le secteur absorbe près de 85 % des ressources hydriques du pays, une situation qui, dans le contexte actuel, n’est plus soutenable sans réforme profonde.

 

Il est temps de repenser notre modèle agricole en intégrant pleinement la contrainte hydrique. Cela passe par la promotion de cultures résilientes, l’extension de l’irrigation goutte-à-goutte et l’investissement dans des technologies agricoles de précision. Mais au-delà des solutions techniques, un débat de fond doit s’ouvrir sur la répartition des ressources entre les différents usages. Comment arbitrer entre les besoins de l’agriculture, de l’industrie et des populations ? Quels choix devons-nous faire pour garantir la sécurité alimentaire tout en préservant l’équilibre écologique ?

 

Des Infrastructures au Service du Développement

 

L’eau n’est pas le seul défi structurel auquel le Maroc fait face. Le développement des infrastructures de transport et d’énergie est tout aussi crucial pour assurer une croissance durable. À ce titre, le ministre a annoncé la présentation en avril d’un programme ambitieux détaillant les projets d’infrastructures pour 2025. Une initiative qui apporte une visibilité essentielle aux investisseurs et témoigne de la volonté du gouvernement d’inscrire le développement dans une logique de long terme.

 

Cette approche intégrée, combinant gestion de l’eau, modernisation des routes et développement des énergies renouvelables, est la seule voie possible pour garantir au Maroc une prospérité durable et résiliente face aux bouleversements climatiques.

 

L’Heure de l’Action, Plus de Temps à Perdre

 

Les chiffres sont implacables : d’ici 2050, le Maroc pourrait voir sa disponibilité en eau douce chuter de manière drastique si des mesures radicales ne sont pas prises dès aujourd’hui. Le défi est immense, mais il est à la hauteur de l’ambition du Royaume.

 

L’eau n’est pas qu’une question technique ou environnementale. C’est un enjeu de souveraineté nationale, un facteur de paix sociale et un moteur de développement. Laisser ce dossier en suspens reviendrait à compromettre l’avenir du pays.

 

L’histoire jugera les nations sur leur capacité à anticiper les crises. Le Maroc, sous la conduite visionnaire de Sa Majesté, a montré qu’il savait prendre les décisions courageuses lorsqu’il le fallait. Il est temps d’accélérer la mise en œuvre des réformes, de mobiliser toutes les énergies et de faire de la gestion de l’eau une priorité absolue. Car dans cette bataille, chaque goutte compte.

 







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