Capricieux, difficile, l’acteur vit continuellement dans une sorte de trac engendrant parfois la peur, souvent le dégoût. Révélé en 1986 dans « Top Gun » aux côtés de Tom Cruise, il touche le nirvana en 1991 grâce au biopic « The Doors » d’Oliver Stone qui le titille sur le plateau de tournage : « Tu sais que Tom Cruise voulait le rôle de Jim Morrison. Bono aussi. Et Nicolas Cage. » Arrive « Batman Forever » en 1995. L’acteur signe le contrat sans lire le scénario : « Quand le tournage a commencé, j’ai découvert la réalité du costume de Batman. Quand on le revêt, on peut à peine bouger, on n’entend rien, on peut à peine respirer, on est coupé du monde. » Val Kilmer refuse de tourner dans la suite de ce dernier. Hollywood prend la mouche. Et quand Hollywood s’énerve, c’est une carrière qui se brise. Heureusement, il est appelé pour « Heat » de Michael Mann où il partage l’affiche avec Robert De Niro et Al Pacino. Et puis, quelques broutilles qui débouchent sur des Mémoires. On y lit en avant-goût : « Bienvenue dans mon esprit. Un genre de flipper géant où la sincérité se cogne à l’excentricité. Mes poèmes, mes blagues, ma spiritualité, mes aventures, mes amis célèbres, ou sulfureux… Je vais vous faire voyager à la vitesse de l’éclair, car c’est ainsi que j’ai vécu ma vie. » Le voilà ensuite dans le documentaire « Val ». Sur les premières images, on le voit bien portant à 61 ans, mais la maladie paraît gagner du terrain, avec une démarche ardue. Il se réfugie dans la foi : « Les muses et les anges m’ont secouru souvent. Ma grande pudeur a dessiné les frontières de mon art, elle m’a aussi aidé à rester en vie. Depuis le plus jeune âge, j’ai le don de guérir. » Il implore saint Augustin : « Donne-moi la chasteté et la vertu, mais pas tout de suite. » Comme toutes les bonnes histoires hollywoodiennes, celle de Val Kilmer est accidentée et bien cabossée. Amours et trahisons, gloire et rejet, une ambition de tous les diables, une exigence folle et un désir de pureté qui l’ont conduit à démolir sa carrière. « Dieu nous demande de faire le chemin à pied, mais le diable nous envoie une limousine », dit-il. Val Kilmer s’éteint le 1er avril. Il avait 65 ans. « This is The End », lui aurait susurrer Jim Morrison en le prenant dans ses bras.
