1. Un constat partagé : Un retard à combler, mais un potentiel à exploiter
Le Dr Radouane Mrabet souligne que « le Maroc accuse un retard notable dans le domaine de l’intelligence artificielle ». Ce constat découle d’une absence de stratégie nationale cohérente, d’un manque de ressources humaines hautement qualifiées et d’une gestion des données encore largement sous-optimisée. Toutefois, ce retard ne doit pas occulter les immenses opportunités offertes par l’IA.
L’IA peut catalyser une croissance économique rapide, améliorer la souveraineté numérique et réduire les inégalités sociales. Elle constitue un levier pour répondre à des défis critiques dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et de l’industrie.
Le Dr Az-Eddine Bennani, quant à lui, insiste sur une vision réaliste de l’IA. Il rappelle que cette technologie, bien qu’impressionnante, est limitée et ne doit pas être perçue comme un substitut à l’intelligence humaine. « L’IA doit être envisagée comme un outil d’amplification des capacités humaines, et non comme une solution magique à tous les problèmes », explique-t-il.
2. L'IA comme moteur de transformation socio-économique
Les deux experts s’accordent sur le fait que l’IA peut transformer plusieurs secteurs stratégiques au Maroc si elle est correctement intégrée. Parmi ces secteurs :
3. Souveraineté numérique et défis de la réglementation
Dans un contexte de dérégulation mondiale, notamment dans des pays comme les États-Unis, le Maroc doit impérativement renforcer sa souveraineté numérique pour protéger ses données sensibles. Les deux experts identifient des actions prioritaires :
1. Créer des infrastructures locales : Investir dans des centres de données nationaux afin de réduire la dépendance aux solutions étrangères.
4. Une feuille de route pour le développement de l’IA au Maroc
Pour exploiter pleinement le potentiel de l'intelligence artificielle au Maroc, une feuille de route claire et structurée est essentielle, permettant de poser les bases d’un écosystème innovant, inclusif et adapté aux besoins spécifiques du pays. Les principales étapes proposées par nos deux experts sont :
5. Démystifier l’IA : Une nécessité stratégique et éducative
Démystifier l’intelligence artificielle est une étape cruciale pour éviter les idées reçues et promouvoir une adoption éclairée de cette technologie, tant par les décideurs que par les citoyens, tout en mettant en lumière ses véritables capacités et ses limites. C’est pour cette raison que Dr Bennani met en garde contre une perception exagérée des capacités de l’IA. Il insiste sur l’importance de distinguer entre :
Des campagnes de sensibilisation auprès des décideurs et des citoyens sont nécessaires pour promouvoir une adoption mesurée et responsable des technologies d’IA.
6. Le rôle du secteur privé et des partenariats internationaux
Le développement de l’intelligence artificielle au Maroc repose en grande partie sur l’engagement du secteur privé et la mise en place de partenariats internationaux, qui jouent un rôle déterminant dans le financement, la diffusion des technologies et le renforcement des compétences locales. Dr Mrabet et Dr Bennani s’accordent à dire que les partenariats public-privé (PPP) constituent un levier stratégique pour accélérer le développement de l’intelligence artificielle au Maroc. Ils permettent notamment de :
Conclusion
L’IA représente une opportunité sans précédent pour le Maroc de combler son retard technologique et de s’imposer comme un leader régional en Afrique. Pour cela, une vision stratégique, combinant régulation, formation et investissements dans les infrastructures, est indispensable.
En s’inspirant des perspectives du Dr Bennani et du Dr Mrabet, le Maroc peut réussir sa transition numérique tout en préservant son identité culturelle et en renforçant son indépendance technologique.