Jeudi 5 mars, une circulaire du ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports signée par El Hassan Abyaba, en sa qualité de porte-parole du gouvernement, annonce que l’ensemble des événements, colloques, rencontres culturelles ou sportives, impliquant des personnes venant de l’étranger, étaient interdits d’organisation jusqu’à la fin du mois.
La même circulaire indique que toutes les manifestations rassemblant un public de nationaux dépassant les 1000 personnes et organisées dans des espaces clos ou confinés étaient également interdites. Idem pour les festivals, à l’exception étrange des moussems. Pour ce qui est des compétitions sportives, celles-ci doivent en application de ladite circulaire se dérouler en l’absence du public. Cette circulaire qui intervient au bout de plusieurs jours d’incertitude et d’hésitation, dissout légèrement la situation de vague dans laquelle baignaient les professionnels de l’événementiel avant même l’entrée du Coronavirus au Maroc. Elle officialise aussi la crise dans laquelle ce secteur porteur de l’économie nationale se savait déjà empêtré. Flashback.
La même circulaire indique que toutes les manifestations rassemblant un public de nationaux dépassant les 1000 personnes et organisées dans des espaces clos ou confinés étaient également interdites. Idem pour les festivals, à l’exception étrange des moussems. Pour ce qui est des compétitions sportives, celles-ci doivent en application de ladite circulaire se dérouler en l’absence du public. Cette circulaire qui intervient au bout de plusieurs jours d’incertitude et d’hésitation, dissout légèrement la situation de vague dans laquelle baignaient les professionnels de l’événementiel avant même l’entrée du Coronavirus au Maroc. Elle officialise aussi la crise dans laquelle ce secteur porteur de l’économie nationale se savait déjà empêtré. Flashback.
Cascade d’annulations
Lundi 2 mars 2020. Aussitôt annoncé le premier cas positif de Covid 19, le calendrier des événements programmés à court et à moyen termes au Maroc a commencé à s’effondrer comme un vulgaire château de cartes. Première manifestation d’envergure touchée, le Salon International de l’Agriculture de Meknès (SIAM) a vu sa 15ème édition annulée lundi. Le lendemain, le forum de Crans Montana qui était prévu pour le 20 mars à Dakhla sera également annulé.
Au-delà du mois de mars, date limite fixée par la circulaire d’Abyaba, et à moins d’un renversement spectaculaire de situation, tout indique que d’autres événements impliquant des rassemblements de masse viendront s’ajouter à cette liste d’annulations et de reports qui risque encore de s’allonger au fil du temps. C’est le cas par exemple du salon Auto-Expo prévu en juin et dont on évoque en coulisses le très probable report. «Ce n’est que la partie visible de l’iceberg, puisqu’une multitude d’événements régionaux moins médiatisés ont été déjà annulés», révèle une professionnelle de l’événementiel. Plus que l’impact festif ou politique de ces annulations, c’est leur coût économique direct qui interpelle.
Parmi les victimes collatérales les plus affectées par cette situation, les agences d’événementiel et leurs cohortes de prestataires tels que les traiteurs, hôteliers, voyagistes et transporteurs subissent de plein fouet le contre-coup de cette crise. Petites et grandes mains de l’industrie de l’événementiel, un secteur dynamique qui n’a eu cesse d’évoluer durant les vingt dernières années au Maroc, suivent aujourd’hui avec inquiétude cette cascade d’annulations qui réduisent comme peau de chagrin leurs listes de commandes. Difficilement évaluable, le manque à gagner qui est certainement astronomique aura inévitablement un lourd coût économique et social. Notamment parmi le microcosme des sous-traitants encore dominé par l’informel et le travail occasionnel en mode free-lance.
«Je peux vous assurer qu’un très grand nombre d’entreprises du secteur vont fermer, tandis que d’autres vont réduire leurs effectifs pour amortir leurs pertes», nous dit notre interlocutrice qui ajoute : « Et là, on parle de milliers d’emplois». Fabricants de bâches pour dalots et chapiteaux, monteurs et menuisiers de stands, éclairagistes et techniciens de son, serveurs, manutentionnaires et hôtesses d’accueil… Nombreux sont en effet les Marocains qui vivent de cette activité autrefois périodique, mais qui a fini par s’inscrire dans la durée à la faveur de la multiplication dans le Royaume des manifestations comme les festivals, les colloques et autres congrès internationaux. Du côté des Majors du secteur, l’année 2020 est déjà décrétée «annus horribilis» compte tenu des annulations en série des commandes à une période de pic d’activité où les agences d’événementiel font d’habitude l’essentiel de leurs recettes annuelles.
Au-delà du mois de mars, date limite fixée par la circulaire d’Abyaba, et à moins d’un renversement spectaculaire de situation, tout indique que d’autres événements impliquant des rassemblements de masse viendront s’ajouter à cette liste d’annulations et de reports qui risque encore de s’allonger au fil du temps. C’est le cas par exemple du salon Auto-Expo prévu en juin et dont on évoque en coulisses le très probable report. «Ce n’est que la partie visible de l’iceberg, puisqu’une multitude d’événements régionaux moins médiatisés ont été déjà annulés», révèle une professionnelle de l’événementiel. Plus que l’impact festif ou politique de ces annulations, c’est leur coût économique direct qui interpelle.
Parmi les victimes collatérales les plus affectées par cette situation, les agences d’événementiel et leurs cohortes de prestataires tels que les traiteurs, hôteliers, voyagistes et transporteurs subissent de plein fouet le contre-coup de cette crise. Petites et grandes mains de l’industrie de l’événementiel, un secteur dynamique qui n’a eu cesse d’évoluer durant les vingt dernières années au Maroc, suivent aujourd’hui avec inquiétude cette cascade d’annulations qui réduisent comme peau de chagrin leurs listes de commandes. Difficilement évaluable, le manque à gagner qui est certainement astronomique aura inévitablement un lourd coût économique et social. Notamment parmi le microcosme des sous-traitants encore dominé par l’informel et le travail occasionnel en mode free-lance.
«Je peux vous assurer qu’un très grand nombre d’entreprises du secteur vont fermer, tandis que d’autres vont réduire leurs effectifs pour amortir leurs pertes», nous dit notre interlocutrice qui ajoute : « Et là, on parle de milliers d’emplois». Fabricants de bâches pour dalots et chapiteaux, monteurs et menuisiers de stands, éclairagistes et techniciens de son, serveurs, manutentionnaires et hôtesses d’accueil… Nombreux sont en effet les Marocains qui vivent de cette activité autrefois périodique, mais qui a fini par s’inscrire dans la durée à la faveur de la multiplication dans le Royaume des manifestations comme les festivals, les colloques et autres congrès internationaux. Du côté des Majors du secteur, l’année 2020 est déjà décrétée «annus horribilis» compte tenu des annulations en série des commandes à une période de pic d’activité où les agences d’événementiel font d’habitude l’essentiel de leurs recettes annuelles.
Flou artistique
En France, les autorités ont établi de véritables cahiers des charges définissant les caractéristiques techniques des événements qui risquent d’être annulés, conjugués à des plans de sauvegarde de ce secteur incluant par exemple l’annulation des pénalités de retard ou d’annulation de fournitures de prestations, notamment pour les marchés publics, au Maroc, rien ou presque n’existait avant la circulaire de jeudi. Interrogés lundi par « L’Opinion » sur la nature et la dimension des événements qui risquent d’être annulés dans le cadre du plan national de protection contre le Coronavirus, le chef du gouvernement et le ministre de la Santé étaient restés évasifs ne sachant pas dire s’il s’agit comme en France de manifestations spécifiques regroupant plus de 5000 personnes dans des espaces confinés, ou bien de toutes les manifestations, quelles que soient leur nature et leur dimension. Il aura donc fallu attendre le jeudi 5 mars pour qu’une circulaire du ministère de la Culture apporte un minimum de visibilité, mais seulement jusqu’à la fin du mois de mars. Qu’en sera-t-il au-delà, sachant que ce genre de manifestations se préparent des mois à l’avance? Mystère et boulle de gomme.
Face à cette situation, quelques-uns des principaux acteurs de l’événementiel se concertent actuellement pour organiser une rencontre. L’objectif étant de demander aux autorités compétentes une meilleure clarification de la situation actuelle et à venir, ainsi que d’étudier les possibilités de la mise en place d’un dispositif de compensation des pertes financières. Dans ce registre et face au refus des assureurs de supporter les conséquences financières de cette crise, certaines voix, qui assimilent le Coronavirus à une catastrophe naturelle, s’élèvent déjà pour demander la mise en oeuvre du Fonds de solidarité entré en vigueur le 1er janvier 2020. Alimenté par le budget de l’Etat à hauteur de 800 millions de dirhams auxquels s’ajoutent les 275 millions de dollars de la ligne de pré-caution contractée par le ministère marocain des Finances auprès de la Banque Mondiale, ce Fonds suffira-t-il à éponger l’impact économique de la pandémie de Coronavirus non seulement sur l’événementiel, mais sur tout un ensemble de secteurs également affectés tel que le tourisme ? Le doute est permis.
Face à cette situation, quelques-uns des principaux acteurs de l’événementiel se concertent actuellement pour organiser une rencontre. L’objectif étant de demander aux autorités compétentes une meilleure clarification de la situation actuelle et à venir, ainsi que d’étudier les possibilités de la mise en place d’un dispositif de compensation des pertes financières. Dans ce registre et face au refus des assureurs de supporter les conséquences financières de cette crise, certaines voix, qui assimilent le Coronavirus à une catastrophe naturelle, s’élèvent déjà pour demander la mise en oeuvre du Fonds de solidarité entré en vigueur le 1er janvier 2020. Alimenté par le budget de l’Etat à hauteur de 800 millions de dirhams auxquels s’ajoutent les 275 millions de dollars de la ligne de pré-caution contractée par le ministère marocain des Finances auprès de la Banque Mondiale, ce Fonds suffira-t-il à éponger l’impact économique de la pandémie de Coronavirus non seulement sur l’événementiel, mais sur tout un ensemble de secteurs également affectés tel que le tourisme ? Le doute est permis.
M. EL ATOUABI
m.elatouabi@lopinion.ma
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