Des symboles d’un Occident qui s’obstinait à reconnaître son passé colonial, raciste, esclavagiste, un passé à peine déguisé derrière une «mission civilisatrice» qui s’est avérée destructrice ! Le White Man’s Burden de Rudyard Kipling, fut en fait un acte traumatisant pour des millions d’africains et autres meurtris, opprimés, subjugués, et vendus par des hommes blancs «civilisés» qui buvaient du champagne, dansaient sur les waltz de Strauss et lisaient la «Phénoménologie de l’Histoire» de Hegel, alors que des noirs enchaînés gémissaient de souffrance, de malaria et de tuberculose dans la profondeur des coques des navires qui les ramenaient vers un destin infernal !
Cela nous rappelle l’officier de la redoutable Sachutzstaffel (SS), qui avait fini de lire la poésie de Rainer Maria Rilke, l’un des poètes allemands les plus intensément lyriques, et avait ensuite ordonné la mort de centaines de juifs confinés dans le camp de concentration qu’il gardait ! Comment se fait-il qu’il apprécie Rilke et en même temps commette une boucherie humaine horrifiante, se demandent les occidentaux naïvement ? Les blancs du Sud-américain appréciaient, certes, Shakespeare, Milton et Marvel et en même temps, affamaient et torturaient quotidiennement « leurs » noirs. Serait-il tristement vrai que l’esprit occidental est capable de marier sensibilité poétique et pratiques meurtrières ? Je ne le pense pas, mais tout un travail de relecture est à faire de cette histoire humaniste et de Lumières qui prêche l’Aufklarung et en même temps réprime ses propres maux, ses démons, ses tendances meurtrières, voire génocidaires (comme on l’avait vécu avec le triste chapitre du Roi Léopold au Congo et la Shoah des juifs aux mains de Hitler).
Depuis au moins le Moyen Age, l’Occident s’est fondé une peur culturelle de l’autre : le sarrasin, le turc, le juif, le mahométan, le nègre, l’indigène, l’homme jaune, le maure…des figures immortalisées par des personnages littéraires tels que Otello, Shylock et d’autres. La peur de l’altérité, de ces autres cultures qui déconstruisent le mythe cultivé par l’Église d’une dominance transhistorique, voire téléologique, de la chrétienté a nourri les tristes chapitres des Croisades, de la Reconquista, de l’Inquisition, même la traite des nègres et l’esclavage ! La faute de l’autre, est qu’il sait ou fait plus qu’il n’en faut ! L’arabe est lascif, le négrier sexuellement puissant, le turc dangereux, le juif frugal, le chinois soumis, le tsigane hyper libre…les stéréotypes d’un trait de plus, d’une jouissance mystérieuse de plus, d’une tendance à l’excès chez l’autre abondent. C’est la notion du « sujet supposé savoir » du psychanalyste français Jaques Lacan. Utilisant ce concept, le philosophe slovénien, Slavoj Zizek avait dit qu’à la base, l’attitude raciste est une forme de jalousie que l’autre sait plus, jouit de la vie plus, cultive une attitude de plus envers l’argent, le pouvoir, le sexe, la vie…
Les huit minutes qu’a duré le contrôle et l’étranglement à mort de George Floyd par le policier de Minneapolis, Derek Chauvin, démontrent cette volonté meurtrière de vouloir contrôler la « jouissance » à outrance supposée exister chez les noirs, eux-mêmes supposés être dangereux juste par la couleur de leur peau. L’excès de savoir, de jouissance, d’altérité, ne peut mériter qu’un excès supplémentaire de contrôle et de pouvoir selon une culture policière blanche de dominance et de hiérarchie de couleurs ! Les trois autres policiers qui regardaient l’homme noir mourir, froidement étranglé, jouaient le rôle de voyeurs dans un acte de dominance qui déborde sur la « jouissance ». L’horreur de l’acte, filmé en cachette par Darnella Frazier, une jeune fille de 17 ans, n’est qu’une représentation de toute une culture de dominance policière meurtrière, motivée uniquement par la couleur des suspects. Un racisme institutionnel et systémique bien ancré dans la culture policière américaine, nourrie d’un machisme blanc et d’un sens de supériorité à peine caché.
Quand les sociétés répriment leurs démons du passé, ceux-ci ne cesseront jamais de resurgir et revenir les hanter ! Freud l’avait dit il y a longtemps : plus on opprime l’acte traumatique du passé, plus il insiste à se manifester sous plusieurs formes. Les psychanalystes prêchent le « talking cure» pour leurs patients : parler, verbaliser, raconter, se réconcilier avec son passé en se l’appropriant, en le mettant sous forme de récit qui donne une forme à l’acte traumatique. C’est ce qu’il faut faire au niveau social et culturel : parler, délibérer, débattre, reconnaître et se réconcilier avec son passé. Le changement d’attitude, de culture ne se fait que dans la douleur, mais une douleur thérapeutique et cathartique.
Une prise de conscience à l’échelle planétaire semble se manifester aujourd’hui : le racisme est une réalité, avec un passé, une histoire, cachée, réprimée et des fois même justifiées ! Si on ne peut pas l’éradiquer complètement, il faut tout au moins le reconnaître, le circonscrire, en parler et construire une culture qui le défie et le déconstruit à chaque fois ! Tout passe par l’éducation et le débat dans un monde pluriel, mais uni par un seul destin : d’une humanité plus juste et plus solidaire.
Cela nous rappelle l’officier de la redoutable Sachutzstaffel (SS), qui avait fini de lire la poésie de Rainer Maria Rilke, l’un des poètes allemands les plus intensément lyriques, et avait ensuite ordonné la mort de centaines de juifs confinés dans le camp de concentration qu’il gardait ! Comment se fait-il qu’il apprécie Rilke et en même temps commette une boucherie humaine horrifiante, se demandent les occidentaux naïvement ? Les blancs du Sud-américain appréciaient, certes, Shakespeare, Milton et Marvel et en même temps, affamaient et torturaient quotidiennement « leurs » noirs. Serait-il tristement vrai que l’esprit occidental est capable de marier sensibilité poétique et pratiques meurtrières ? Je ne le pense pas, mais tout un travail de relecture est à faire de cette histoire humaniste et de Lumières qui prêche l’Aufklarung et en même temps réprime ses propres maux, ses démons, ses tendances meurtrières, voire génocidaires (comme on l’avait vécu avec le triste chapitre du Roi Léopold au Congo et la Shoah des juifs aux mains de Hitler).
Depuis au moins le Moyen Age, l’Occident s’est fondé une peur culturelle de l’autre : le sarrasin, le turc, le juif, le mahométan, le nègre, l’indigène, l’homme jaune, le maure…des figures immortalisées par des personnages littéraires tels que Otello, Shylock et d’autres. La peur de l’altérité, de ces autres cultures qui déconstruisent le mythe cultivé par l’Église d’une dominance transhistorique, voire téléologique, de la chrétienté a nourri les tristes chapitres des Croisades, de la Reconquista, de l’Inquisition, même la traite des nègres et l’esclavage ! La faute de l’autre, est qu’il sait ou fait plus qu’il n’en faut ! L’arabe est lascif, le négrier sexuellement puissant, le turc dangereux, le juif frugal, le chinois soumis, le tsigane hyper libre…les stéréotypes d’un trait de plus, d’une jouissance mystérieuse de plus, d’une tendance à l’excès chez l’autre abondent. C’est la notion du « sujet supposé savoir » du psychanalyste français Jaques Lacan. Utilisant ce concept, le philosophe slovénien, Slavoj Zizek avait dit qu’à la base, l’attitude raciste est une forme de jalousie que l’autre sait plus, jouit de la vie plus, cultive une attitude de plus envers l’argent, le pouvoir, le sexe, la vie…
Les huit minutes qu’a duré le contrôle et l’étranglement à mort de George Floyd par le policier de Minneapolis, Derek Chauvin, démontrent cette volonté meurtrière de vouloir contrôler la « jouissance » à outrance supposée exister chez les noirs, eux-mêmes supposés être dangereux juste par la couleur de leur peau. L’excès de savoir, de jouissance, d’altérité, ne peut mériter qu’un excès supplémentaire de contrôle et de pouvoir selon une culture policière blanche de dominance et de hiérarchie de couleurs ! Les trois autres policiers qui regardaient l’homme noir mourir, froidement étranglé, jouaient le rôle de voyeurs dans un acte de dominance qui déborde sur la « jouissance ». L’horreur de l’acte, filmé en cachette par Darnella Frazier, une jeune fille de 17 ans, n’est qu’une représentation de toute une culture de dominance policière meurtrière, motivée uniquement par la couleur des suspects. Un racisme institutionnel et systémique bien ancré dans la culture policière américaine, nourrie d’un machisme blanc et d’un sens de supériorité à peine caché.
Quand les sociétés répriment leurs démons du passé, ceux-ci ne cesseront jamais de resurgir et revenir les hanter ! Freud l’avait dit il y a longtemps : plus on opprime l’acte traumatique du passé, plus il insiste à se manifester sous plusieurs formes. Les psychanalystes prêchent le « talking cure» pour leurs patients : parler, verbaliser, raconter, se réconcilier avec son passé en se l’appropriant, en le mettant sous forme de récit qui donne une forme à l’acte traumatique. C’est ce qu’il faut faire au niveau social et culturel : parler, délibérer, débattre, reconnaître et se réconcilier avec son passé. Le changement d’attitude, de culture ne se fait que dans la douleur, mais une douleur thérapeutique et cathartique.
Une prise de conscience à l’échelle planétaire semble se manifester aujourd’hui : le racisme est une réalité, avec un passé, une histoire, cachée, réprimée et des fois même justifiées ! Si on ne peut pas l’éradiquer complètement, il faut tout au moins le reconnaître, le circonscrire, en parler et construire une culture qui le défie et le déconstruit à chaque fois ! Tout passe par l’éducation et le débat dans un monde pluriel, mais uni par un seul destin : d’une humanité plus juste et plus solidaire.
Lahcen Haddad