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L’industrie marocaine du médicament sous la loupe de l’IMIS


Rédigé par Oussama ABAOUSS Vendredi 5 Juin 2020

Dans une note diffusée lundi 1er juin, l’Institut Marocain d’Intelligence Stratégique (IMIS) analyse les défis post covid-19 auxquels fait face l’industrie pharmaceutique du Royaume.



L’industrie marocaine du médicament sous la loupe de l’IMIS
À l’instar de plusieurs autres secteurs, l’industrie pharmaceutique a subi un véritable « stress test » à cause de la pandémie mondiale de Coronavirus. Ce domaine vital a cependant la particularité d’agir sur la pandémie tout en subissant les répercutions indirectes de sa propagation. Le professeur de management stratégique Abdelmounim Belalia a analysé pour le compte de l’IMIS, les effets et les perspectives de l’industrie pharmaceutique marocaine, à l’aune de ce choc systémique sans précédent. À travers une note diffusée le lundi 1er juin, l’expert a approché le sujet en disséquant d’abord les rouages de l’industrie pharmaceutique mondiale, ceux de la forte connectivité du marché marocain aux marchés mondiaux et enfin en parcourant les impacts de la pandémie sur l’industrie des médicaments dans le monde et dans le Royaume.

Un oligopole de multinationales

Abdelmounim Belalia explique que l’industrie pharmaceutique mondiale a connu un changement rapide de son environnement du fait des investissements massifs des grands laboratoires dans la Recherche et Développement (R&D) et le marketing. La compétitivité mondiale aurait alors amené à la formation d’un oligopole de multinationales contrôlant ces maillons, et la délocalisation de leurs activités de fabrication et de R&D« aujourd’hui toutes deux minées par la crise ». Ces multinationales se sont lancées en outre dans le rachat de PME et s’approvisionnent tous azimuts via des fournisseurs aux intérêts qui s’entrelacent, contribuant à l’apparition d’une chaîne de valeur mondiale fragilisée et à une perte de souveraineté sanitaire des États. De plus, la crise aurait démontré une défaillance majeure de l’industrie en lien avec à la faiblesse des investissements dans la R&D liée aux épidémies considérés comme un « marché peu rentable ».

Le Maroc très connecté aux marchés mondiaux

L’expert analyse les perspectives d’évolution de l’industrie, qui est marquée soit par la relocalisation des activités de fabrication, soit par des partenariats entre filiales et pays hôte, qui se retrouvent forcément en position de faiblesse dans les négociations. La filière du médicament au Maroc est ainsi caractérisée par une forte connectivité aux marchés mondiaux et reste fortement reliée aux chaînes de valeurs mondiales via des multinationales (implantées depuis plus de 50 ans) et d’unités nationales. Deuxième marché (par sa taille) pharmaceutique du continent, l’industrie pharmaceutique marocaine est cependant largement dépendante de l’importation des matières premières en provenance d’Asie et demeure fortement exposée aux risques inhérents à la fluctuation et la mutation des marchés internationaux.
 

Les ingrédients de la résilience

Pour le spécialiste, plusieurs leviers peuvent être actionnés à moyen terme afin de garantir une résilience de l’industrie pharmaceutique du Royaume. Parmi ces leviers, l’amélioration du droit du travail ainsi que le cadre juridique qui permet aux entreprises d’assurer une production continue dans des conditions de sécurité optimales pour le salarié et l’entreprise. « Des mesures doivent aussi être adoptées pour rehausser la productivité dans les entreprises marocaines, ce qui constitue le talon d’Achille de toutes les politiques industrielles du Royaume depuis des années ». Le spécialiste pointe également l’importance d’envisager une intégration des savoir-faire nécessaires à la production des Ingrédients Pharmaceutiques Actifs (API) « en consolidant une industrie chimique de pointe et en instaurant les structures nécessaires incluant les bureaux de contrôle et de normalisation tant ce domaine obéit à des standards rigoureux ».

Abdelmounim Belalia souligne également la nécessité d’améliorer les capacités de stockage et de multiplier les fournisseurs dans des pays différents afin de limiter l’effet des ruptures possibles dans la chaîne d’approvisionnement se rapportant à un fournisseur ou à un pays. L’expert met enfin l’accent sur la formation, la recherche et le développement de synergies. « Développer la recherche scientifique et les activités basées sur la biotechnologie devient aujourd’hui une urgence si le Maroc veut réduire les tares qui caractérisent la chaîne logistique nationale » résume le professeur de management stratégique.

Oussama ABAOUSS

Encadré:

10.000 kits marocains de diagnostic du Coronavirus seront fabriqués avant juillet
La Moroccan Foundation for Advanced science, Innovation and Research (Fondation MAScIR) prévoit de fabriquer quelque 10.000 kits de diagnostic de la Covid-19 avant la fin du mois de juin 2020 pour ensuite aller vers une production plus conséquente qui couvrirait le besoin national. S’exprimant lors d’un point de presse tenu mercredi 3 juin à Rabat, la directrice générale de la Fondation, Mme Nawal Chraibi a annoncé que ces kits (100% Marocains) ont été conçus en un temps-record grâce à l’expertise de l’équipe de biotechnologie médicale de la Fondation. Le « kit MAScIR SARS-COV 2 » qui a été soumis à une série de processus de validation dans des centres biologiques et virologiques de référence, au niveau national et international, a été « reconnu pour sa singularité de par sa composition, ses caractéristiques et sa sensibilité après qu’il ait été comparé aux kits de routine utilisés dans les laboratoires de référence au niveau national », a souligné Mme Chraibi, ajoutant que « dès la validation du kit au niveau de notre laboratoire, celui-ci a fait l’objet d’essais cliniques sur un échantillon de 450 patients atteint de la Covid-19 ». « Ce kit qui a nécessité une durée de travail de 2 mois, est passé par trois grandes étapes, à savoir l’extraction de l’acide ribonucléique (ARN) du virus SARS-COV 2, la transcriptase inverse (reverse transcriptase) ainsi que l’amplification de détection du virus », ont pour leurs parts expliqué les membres de l’équipe de biotechnologie médicale de la Fondation MAScIR.

3 questions à Rachid Lamrini Président du COPER

Rachid Lamrini
Rachid Lamrini
« Nous devons travailler sur nos faiblesses et nous inscrire dans une démarche stratégique »

Le Président du Conseil de l’Ordre des Pharmaciens Fabricants Répartiteurs a répondu à nos questions à propos de l’industrie pharmaceutique face aux défis de la pandémie.

- Comment l’industrie pharmaceutique marocaine a-t-elle traversé cette période de crise sanitaire ?
- Les firmes industrielles marocaines ont pu relever le défi avec un grand engagement et une mobilisation sans faille. L’industrie pharmaceutique au Maroc a su contrôler les différents aléas de la crise et a pu très bien s’en sortir par rapport aux autres pays comparables. La Covid-19 a « permis » de bousculer son organisation et de renforcer davantage son expertise et la compréhension des fluctuations du marché et des aléas logistiques en amont et en aval.

Quels ont été les leçons qui ont été tirées ?
- Nous avons tous appris à pratiquer et à utiliser nos procédures de gestion de crises et de gestion des pénuries. Le COPFR que j’ai l’honneur de présider avec des membres professionnels, dévoués et experts a pu mettre à la disposition de tous les pharmaciens responsables des laboratoires et des grossisteries un plan de gestion de la pénurie et une procédure de contingentement.

- Comment anticipez-vous le futur de l’industrie pharmaceutique au Maroc ?
- Nous devons travailler sur nos faiblesses et nous inscrire dans une démarche stratégique avec un esprit d’amélioration continue qu’on doit tous apprendre à intégrer à notre quotidien. La production locale des médicaments vitaux et anciens est un axe important en post Covid-19. Ces derniers sont abandonnés par certaines firmes pharmaceutiques car souvent à marges faibles et constituent un sujet majeur qui doit être pris en main par nos autorités et par nos industriels. Sans oublier l’importation des médicaments innovants qui sauvent parfois des vies. Le futur de l’industrie pharmaceutique marocaine se voit donc avec plein d’opportunités à saisir en se détachant de la multiplication des fabrications de génériques moins demandés au détriment des produits essentiels et de santé publique et de plus en plus demandés par les marchés africains et européens.

Recueillis par O. A.

Repères

Reprise des exportations de médicaments
Suite à l’avènement de la pandémie de Coronavirus, le ministère de la Santé avait décidé d’imposer une restriction de l’exportation des médicaments. La circulaire qui avait acté cette mesure était cosignée avec le conseil des pharmaciens fabricants et répartiteurs. Les exportations ne pouvaient alors s’effectuer qu’après une autorisation du ministère de la Santé. Cette mesure qui avait pour objectif de sécuriser les réserves nationales de médicament en période de crise sanitaire vient cependant d’être levée.
Acquisition des tests de diagnostic rapide
Le ministère de la Santé a annoncé avoir conclu un marché pour l’acquisition de 2 millions de tests de diagnostic rapide du Coronavirus « conformément aux lois en vigueur sous l’urgence sanitaire et dans le plein respect du principe de concurrence en matière de marchés ». Le ministère a affirmé que les informations de presse selon lesquelles une seule société aurait été retenue pour deux marchés d’acquisition de ces tests de diagnostic rapide (pour un montant de 400 MDH) sont « dénuées de tout fondement »








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