Au bord des côtes marocaines, la pêche à la canne est bien plus qu'une simple activité ; c'est un art ancien qui relie les générations, nourrit les communautés et attire les passionnés du monde entier. Que ce soit pour les Marocains qui ont hérité de cet art de leurs ancêtres ou pour les visiteurs avides de découvrir les richesses marines, la pêche à la canne au Maroc offre une expérience inoubliable qui mêle traditions millénaires et tourisme moderne.
Hassan est âgé de 52 ans, il a grandi en plein quartier donnant directement sur la cote. « De notre temps, il n’y avait ni jeux vidéo ni jeux de sociétés. A part jouer à la toupie ou aux billes, la majorité des enfants trouvaient refuge dans la mer, avec comme activité principale la pêche à la canne ».
Faute de moyens et vu l’absence d’équipements de pêche dans les années 70 et 80, les pêcheurs avaient recours à des dispositifs traditionnels, il s’agissait de cannes en bambou et de moulinets en bois. Les flotteurs étaient conçus à partir de bouchons de liège, les plombs quant à eux étaient remplacés par des pièces mécaniques (bougies et gros écrous), mêmes les anneaux de la canne étaient bricolés en fil de cuivre.
« Nos journées commençaient par la recherche des appâts, en effet selon les saisons, la couleur de la mer et la météo, on décidait ensemble ce qu’on allait pêcher comme poisson et surtout quelle technique à utiliser. Ça nous faisait du sport d’aller jusqu’au Oued Bouregreg pour ramasser des vers, des crevettes et des couteaux de mer ».
Hassan est âgé de 52 ans, il a grandi en plein quartier donnant directement sur la cote. « De notre temps, il n’y avait ni jeux vidéo ni jeux de sociétés. A part jouer à la toupie ou aux billes, la majorité des enfants trouvaient refuge dans la mer, avec comme activité principale la pêche à la canne ».
Faute de moyens et vu l’absence d’équipements de pêche dans les années 70 et 80, les pêcheurs avaient recours à des dispositifs traditionnels, il s’agissait de cannes en bambou et de moulinets en bois. Les flotteurs étaient conçus à partir de bouchons de liège, les plombs quant à eux étaient remplacés par des pièces mécaniques (bougies et gros écrous), mêmes les anneaux de la canne étaient bricolés en fil de cuivre.
« Nos journées commençaient par la recherche des appâts, en effet selon les saisons, la couleur de la mer et la météo, on décidait ensemble ce qu’on allait pêcher comme poisson et surtout quelle technique à utiliser. Ça nous faisait du sport d’aller jusqu’au Oued Bouregreg pour ramasser des vers, des crevettes et des couteaux de mer ».
La pêche à la canne, un Pilier Économique
La pêche à la canne joue un rôle vital dans l'économie marocaine. Avec une longue côte s'étendant sur l'Atlantique et la Méditerranée, le Maroc possède une richesse marine impressionnante, attirant ainsi les pêcheurs nationaux et internationaux. Les poissons variés comme le mérou, le bar ou encore la dorade sont autant de ressources qui contribuent à l'économie du pays, tant par la pêche artisanale que par la pêche sportive.
« J’ai eu la chance de terminer mes études et de m’inscrire en université, ce n’était malheureusement pas le cas pour la majorité de mes voisins de quartier qui avaient à un certain moment laisser tomber l’école et s’étaient consacré à la pêche. Comme le proverbe marocain le dit, la mer nous demande de ne pas l’oublier mais non plus de ne pas en faire une profession. C’était un bon gagne-pain au quotidien vu que le poisson pêché à la canne était très apprécié sur le marché, sans oublier bien sur ce que nous ramenions à nos parents pour une consommation en famille ».
La pêche à la canne est profondément ancrée dans la culture marocaine. De génération en génération, les connaissances et les techniques de pêche sont transmises, renforçant les liens familiaux et communautaires. Pour de nombreux Marocains, la pêche est bien plus qu'une simple activité de loisir ; c'est un mode de vie, une façon de se reconnecter avec la nature et de partager des moments précieux en famille et entre amis.
Jadis, devenir pêcheur nécessitait l’intégration d’un groupe de passionné ou de professionnels, généralement des personnes issues du même quartier ou ayant des liens de connaissances étroits. Les apprentis pêcheurs commençaient au tout premier rang, au service des chevronnés, ils devaient accomplir des servitudes, ramasser les appâts, nettoyer le spot de pêche, tout ceci pour apprendre les quelques techniques essentielles pour attraper les premiers poissons. Ils bénéficiaient de leçons gratuites, avaient accès au consommable de pêche, et avaient toujours l’ambition de devenir un jour un RAÏSS de renom que les gens évoqueront à chaque fois qu’on parle de grosses prises ou de technicité.
« FEU BA DRISS, notre mentor, était au début inaccessible. Il n’aimait pas beaucoup notre compagnie, pour lui un groupe de gamin n’allait que le retarder sur ses séances de pêche. On a dû le côtoyer jour et nuit, tout au long des quatre saisons afin qu’il accepte notre présence. Au fond, il ne voulait pas de problèmes, surtout quand la mer était dangereuse, c’est comme si on était censé être sous sa responsabilité. Au bout de deux bonnes années, il a fini par nous accepter… mais avec beaucoup de conditions. »
Tous les pêcheurs peuvent attester la grande réduction des quantités de poissons qui logeaient les côtes atlantiques marocaines. De nos jours, il existe encore des destinations certes lointaines mais garantissant une grande activité de pêche avec des prises beaucoup plus importantes en taille et en espèce. On parle bel et bien du sud du Maroc très convoité ces dix dernières années par des pêcheurs à la recherche de sensations fortes. AKHFENIR, MIR LEFT et DAKHLA se situent au Top de cette liste.
« Jusqu’en 2000, la mer regorgeait tous les jours de gros poissons, à chaque fois qu’on allait pêcher, on capturait au minimum des sars et des bars dépassant le KILO, sans oublier bien sûr les surprises. Actuellement, les spots ne sont plus les mêmes qu’auparavant, de nos jours on peut passer toute la journée à pêcher sans attraper aucun poisson, il n’y a pas de mal à cela mais quand ça devient récurrent cela nous décourage. Je rajouterais la quantité d’ordures présente en mer, mais tout cela n’explique pas concrètement pourquoi les poissons se sont éclipsés ».
La surpêche, la pollution marine et le réchauffement climatique sont des facteurs qui menacent cet écosystème fragile. En effet, il est force de constater que récemment les barques ne respectent plus les distances légales pour jeter leurs filets de pêche, elles se rapprochent de plus en plus des côtes. Quid des stations d’épurations et de traitement des eaux usés qui sont sensés garantir un écoulement sain des déchets en eau de mer.
Mais malgré ces défis, la pêche à la canne reste une activité florissante au Maroc, alimentant à la fois l'économie, le tourisme et les traditions culturelles. En combinant habilement héritage ancestral et attrait touristique moderne, le Maroc continue de se positionner comme une destination de choix pour les amoureux de la mer et de la pêche.
« Maintenant que j’ai les moyens, je suis en mesure de choisir mes spots de pêche, des fois c’est des longs voyages en voiture dans un seul but de rencontrer le poisson. Sans oublier bien sûr que de nos jours, il y’a une forte démocratisation du matériel et des articles de pêche sur le marché. On peut s’équiper convenablement à très bon prix. D’ailleurs, et avec l’âge, je préconise le SURFCASTING comme pêche favorite et sécurisée vu qu’elle se pratique depuis les plages, et surtout qu’on peut tomber sur des dorades royales ou encore des loups bars, tout en savourant à côté la nature, le thé et les discussions avec les autres pêcheurs ».
Pêche à la Canne, le Business à côté :
Les magasins de vente d’articles de pêche sont présents pratiquement sur l’ensemble des villes côtières marocaines, mais ils restent peu nombreux par rapport à la loi de l’offre et la demande. Est-ce que c’est un investissement rentable ?
3 Questions posées à RACHID HAMAMA, grand pêcheur à la canne et propriétaire de magasin de pêche à la ville de TEMARA :
Parlez-nous de la rentabilité de ce business,
« ce type de business est considéré comme étant saisonnier, on parle souvent de mauvais temps, quand la mer est agitée, on ne reçoit pas beaucoup de clients, c’est pour cette raison qu’il ne faudrait pas s’étonner quand les petits magasins de vente d’articles de pêche transforment une partie de leurs locaux en épicerie ou papeterie ou autre commerce, dans le but de compenser les charges. La rentabilité dépend aussi des articles vendus, on marge plus sur tout ce qui est équipement (cannes, moulinets) mais beaucoup moins sur les consommables. Il est à noter aussi qu’en plein quartier populaire, les besoins ne sont pas les mêmes que pour certains boutiques présentes sur les grandes artères ou aux alentours de ports de plaisance. Je fais référence aux boutiques de pêche casablancaises de roche noire ».
Comment booster le business et rentabiliser encore plus ce projet ?
« J’ai créé une chaine YouTube sous le nom de Rachid pêche sur laquelle je partage avec mes fans et amis mes prises de poissons, et j’en profite pour faire la promotion de matériel de pêche ou encore de consommable que j’ai brandé en mon nom, d’ailleurs mon bas de fil a connu beaucoup de succès. En parallèle à cela je vends les appâts de pêche, certains sont à la demande du client, il faut au préalable me les commander car ils sont rapidement périssables, on parle de couteaux de mer, de crabes et de crevettes, par contre d’autres sont disponibles pratiquement à tout moment vu qu’ils sont congelables, comme le poulpe et la pâtée de sardines dite pelote (pelota). Une nouveauté dans ma boutique, j’ai récemment commencé à vendre certains articles utilisés par les pêcheurs mais qui n’ont pas un lien direct avec l’activité de pêche, comme par exemple les carafes d’eau, les mini tentes, les petites bombes à gaz, les petits barbecues, le consommable pour allumer du feu ou encore faire du thé. En résumé, une journée de pêche est aussi une journée de pique-nique. Et mes clients ont beaucoup apprécié cette résolution.
Maintenant, au vue de ma situation géographique loin de la côte, j’ai une ambition de changer de local pour m’installer dans un secteur proche du trafic des pêcheurs, cela va me permettre de rajouter à ma gamme de produits le matériel de plongée sous-marine et de pêche en haute mer, avec une grande ambition de pouvoir livrer directement les appâts et consommables sur les spots de pêche via une future application à l’instar de celles existantes pour la livraison de nourriture ».
Peut-on dire qu’il y’a une concurrence entre les magasins physiques et les nombreux stores digitaux qui proposent des produits similaires ?
« Honnêtement, pratiquement la majorité de mes clients qui ont initié un achat sur le web ont été choqués des articles qu’ils ont reçus, surtout que les photos des catalogues en ligne sont tout sauf ce que le produit est censé être en réalité. Sans oublier qu’on parle principalement d’expéditions depuis la chine avec des délais de livraisons allant de 15 à 45 jours en moyenne, et sans garantie de l’état de l’article. Maintenant cela pourrait être intéressant pour les consommables de pêches comme les leurres artificiels, mais déconseillé pour le matériel comme cannes et moulinets. Qui oserait payer en devise sur un site une somme de 2000 DH pour une canne à pêche dont le seul argument de vente reste les quelques photos disponibles sur le site.. ».
Pêche à la Canne, Jargon universel :
Si l’habit ne fait pas le moine, un pêcheur (Siyad) avec une canne (Kasba) et du matos (9rab) n’est pas forcément un Raïs. Pour le devenir, il faut démontrer ses capacités tout d’abord à prendre des appâts (t3am) directement des spots de pêche (Msayed), d’être autonome dans les montages (Ter9a3), de choisir les bons bas de lignes et les bons hameçons (Snaner), d’avoir la capacité de lancer au bon endroit (tech7at), d’être passion et attentif (Smir), de ferrer le poisson au bon moment (Te9wass) et de prendre le temps de fatiguer sa prise dans un combat passionnant avant de le sortir de l’eau (9tel l7out).