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La solidarité à l’ère de la Covid-19, le Maroc appelé à plus d’altruisme dans le nouveau modèle de développement


Rédigé par Anass Machloukh Jeudi 5 Novembre 2020

Dans ces temps de pandémie, la solidarité au sein de l’humanité n’a jamais été aussi indispensable pour surpasser cette épreuve douloureuse. Cette valeur essentielle à la cohésion de toute société développée doit être concrétisée dans le système d’organisation sociale et économique. Celle-ci doit présider à la construction du Maroc de demain et prise en compte dans le nouveau modèle de développement.



La solidarité à l’ère de la Covid-19, le Maroc appelé à plus d’altruisme dans le nouveau modèle de développement
Lors d’un webinaire intitulé « la Solidarité à l’ère de Covid-19 : Tous mobilisés » organisé, mercredi 4 novembre, la Fondation Tadamone s’est intéressée à la solidarité en tant que source de cohésion de la société et au rôle de tous les acteurs sociaux à savoir l’Etat, les entreprises les associations dans sa promotion.

La solidarité ne peut avoir un écho dans une société que si la philanthropie y est répandue à grande échelle. Selon Adil Lahlou, Président de la Fondation Tadamone, l’écosystème de solidarité ne peut fonctionner correctement que par la confiance. Il rappelle que cet écosystème est constitué d’acteurs institutionnels à savoir les associations et les différents contributeurs (entreprises, donateurs et institutions publiques).

S’agissant de l’état de la solidarité au Maroc, M. Lahlou a fait état d’une société souffrant de la méfiance entre ses membres. Il est revenu sur une étude sur l’impact socio-économique de la pandémie de Covid-19, réalisée sur 200 personnes démunies représentants l’ensemble des régions. Celle-ci conclue que 75 % des personnes interrogées ont reçu de l’aide pendant la période de la pandémie, celle-ci est souvent d’origine citoyenne, provenant des membres de la famille et de la société civile.

Une personne au moins a reçu une seule aide a ajouté M. Lahlou poursuivant que la pandémie a provoqué des difficultés financières pour l’ensemble des personnes concernées, sachant que 38% des ménages ont été impactés socialement par la pandémie. « Il faut inviter les entreprises et l’Etat à s’intéresser davantage aux populations défavorisées », a-t-il conclu.

M. Lahlou a également évoqué les attentes des populations démunies concernées par cette étude. « 21% cherche à développer un projet d’entreprenariat, alors que 57% cherchent un financement », a-t-il indiqué, tout en ajoutant que « 45% des personnes ont des attentes de nature humaine (accompagnement etc…) et 39% ont besoin d’être intégrés dans la sécurité sociale ».

« Aider les autres parce qu’on en a besoin »

Le Webinaire s’est penché sur la valeur de la solidarité dans son aspect intrinsèque. Celle-ci serait une source de bonheur Selon M Abdelmajid Benmlih, qui pense que le bonheur trouve parfois son fondement dans l’altruisme plus que dans le progrès matériel. « Le bonheur est totalement dissocié du matériel », a-t-il insisté.

« Être généreux, montrer de l’empathie et le bénévolat sans contrepartie permet au cerveau de secréter des hormones de plaisir », a-t-il conclu.

«En somme, en aidant les autres, on rend service à nous même, pas uniquement à autrui, c’est ce que prouve les conclusions de plusieurs études de psychologie positive et d’intelligence émotionnelle», a précisé M. Benmlih qui n’a pas manqué d’évoquer moult versets coraniques et habdiths du prophète pour rappeler que l’altruisme est la principale valeur que promeut la religion islamique. Laquelle valorise les gens les plus utiles à la société.

De son côté, Hassan Charaf, modérateur du débat et chercheur en Sagesse, est allé dans le même sens, affirmant que « le bonheur personnel grandit au fur et à mesure que la personne répand la joie autour d’elle-même et notamment chez les autres ».

 Solidarité et droits sociaux

Saad Taoujni, juriste et expert en management de la Santé et en protection sociale, estime que « la couverture sociale est une des principaux reflets de la solidarité institutionnelle », rappelant que le Maroc est actuellement en cours d’exécution d’un vaste projet de couverture sociale voulu par SM le Roi. « Ce chantier, doit être en harmonie avec les recommandations de l’Organisation mondiale du Travail », a-t-il réclamé.

Selon lui, la constitution marocaine reconnait plusieurs droits sociaux, qui ont autant de valeur que les droits politiques « on ne peut pas demander aux citoyens de voter alors qu’ils ne disposent pas de quoi vivre dignement », a-t-il martelé.

Dans le même contexte, le Maroc doit mettre la question de la Santé et la promotion des droits sociaux au centre du nouveau modèle de développement dont la Commission spéciale chargée de l’élaborer n’a pas encore livrer son rapport. M. Taoujni a appelé à s’inspirer des objectifs de Développement durable des Nations unies pour 2030 qui placent la Santé, et l’éducation et le bien être au cœur de ses priorités.
Bien que le Maroc soit un pays musulman, censé avoir ancré la solidarité dans son système économique, il est encore loin d’établir d’un véritable système de protection sociale. M. Taoujni a ouvertement critiqué la tendance évasive des entreprises à déclarer leurs employés dans les régimes sociaux. « L’Etat ne contribue pas assez dans la couverture sociale sachant que ses contributions ne dépassent pas 25,4% alors que les ménages contribuent à hauteur de 63,3% en termes de cotisations », a-t-il soutenu.   

Dans ce sens, M. Taoujni a appelé à ce que le chantier de la généralisation de la couverture médicale annoncé par SM le Roi soit exécuté avec autant de sérieux et d’assiduité que l’était celle des grands projets d’infrastructures.

Solidarité et lutte contre la pauvreté  

De son côté, Said Errakib, Président de la section Casa-Settat du Centre des Droits des gens, a rappelé que « l’abandon scolaire est l’une des causes qui exacerbent la pauvreté », rappelant que l’enseignement et la formation ainsi que l’accompagnement dans le marché de travail sont des responsabilités de la société et en l’occurrence des acteurs institutionnelles à savoir le gouvernement, les collectivités territoriales et les associations locales à titre bénévole. Par conséquent, la marginalisation des jeunes ayant raté leur parcours scolaire ne peut que « reproduire la pauvreté » surtout parmi les populations démunies, a-t-il relevé.
 
 Rappelons que la fondation Tadamone est une association à but non lucratif œuvrant dans le domaine du développement humain et la réduction des inégalités sociales. Les missions de l’Association sont multiples. Elle œuvre pour la promotion de l’esprit associatif, les valeurs d’entraide et de solidarité au sein de la société à travers des actions concrètes telles que le lancement des activités génératrices de revenus et de fortification des capacités individuelles.








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